Advenir

 

 

Advenir c’est parvenir à un mode de vie où la jouissance est possible, effective, grâce à une mise en continuité avec tout le procès de vie, avec le cosmos.


Nous donnons un aperçu de ce que cela implique.


La manifestation de tout homme, de toute femme, s’opère à partir d’une affirmation qui est, en définitive, un positionnement au sein de l’éternité. La disparition de toute lutte contre, redimensionne le domaine de la négation comme celui de l’interrogation.


La disparition de la menace fait qu’il est possible d’accueillir l’imprévu sans être remis en cause et donc d’être dans l’ouverture à ce qui advient. L’étonnement peut être considéré comme la faculté de percevoir l’imprévu, l’original, le non encore advenu. Chez les êtres ontosés la stupeur, et même l’effroi, lui sont souvent liés; c’est pourquoi engendre-t-il presque inévitablement l’interrogation support de souffrance. Advenir signifie dans ce domaine jouir de ce qui advient d’imprévu, de spontané, parce que cela emplit l’individualité d’un contenu lui conférant ample plénitude.


Les parents acceptent la spontanéité de leur enfant, son immédiateté et son unicité, ce qui renforce, chez les uns et les autres, la capacité à s’ouvrir à l’imprévu. La répression a disparu, qui fut une grande source de questionnement.


L’acceptation de la spontanéité implique la capacité de percevoir l’évidence, donc l’aptitude à vivre la certitude, et de ne plus être mystifié par les mystères.


Hommes et femmes participent au cosmos. Ils ne se positionnent plus en un affrontement qui aboutit soit à la dynamique de domination, soit à celle de dépendance, ainsi qu’à une exacerbation d’une théorisation en fonction d’un sujet et d’un objet. S’il y a participation, on ne pose plus de dualité, de séparabilité, de localité; on se trouve sur le mode de l’écoute et de l’ouverture, avec l’aptitude toujours renouvelée de comprendre ce qui advient.


Le mode de manifestation n’est plus dominé par l’adaptation qui implique la réaction, mais par un agir qui a la dimension de la création.


Du fait de l’ouverture,  le procès de connaissance se caractérise par une pensée rayonnante, exsudat de toute l’individualité-gemeinwesen, qui est apte à percevoir soit l’immédiat de l’advenu (imprévu) soit ce qui n’est accessible qu’à la suite d’un intense procès réflexif. Elle permet d’être présent à tous les niveaux du réel et de surmonter obstacles et difficultés.


La mise en continuité induit la possibilité d’aimer en affirmant son pouvoir, sa puissance de vie, source de joie, de jouissance et de plénitude. Or vivre c’est se mouvoir dans l’être-avoir jouissance et plénitude.



fin 2003