CAPITAL
ET GEMEINWESEN
II
- IMPORTANCE
DE LA DÉFINITION
DU CAPITAL
VALEUR ΕΝ PROCÈS ET
CONSÉQUENCES QU'ELLE
IMPLIQUE
Α.
- Importance
de la
définition du
capital valeur en procès.
«
Pour
développer le concept de capital, il n'est pas nécessaire de partir
du travail, mais de la valeur, et plus précisément
de la valeur d'échange déjà développée dans le mouvement de la circulation. Ιl
est tout aussi impossible de passer directement du
travail au capital que
de passer directement des diverses races humaines au banquier, ou de la nature à la machine à vapeur ». (Fondements,
t.
Τ,
ρ.
206).
L'apparition
du capital suppose donc un long développement
historique en
lequel
on voit progressivement la valeur
d'échange accéder à l'autonomie. Cela implique corrélativement
que l'on ne peut
pas considérer le capital uniquement
comme
du «travail
accumulé» (réalisé), en fait, du travail objectivé qui
sert de moyen au travail
(production) nouveau ».
(Ibid). On n'aurait en vue « que la matière du capital,
abstraction faite de la détermination formelle sans laquelle il n'est
pas capital ».
(Ibid. p. 204). Envisager
l'aspect matériel, le contenu,
c'est être
à nouveau victime de l'apparence, comme le furent les physiocrates lors de leur analyse de la plus-value. En effet, ceux-ci concevaient cette derniere
uniquement dans
l'agriculture, branche de production où, effectivement, le sur-travail apparaît clairement et distinctement en des quantités de matière. Mais l'aspect matériel masque le mouvement réel, l'être véritable du capital. C'est pourquoi K. Marx a
plusieurs fois critiqué la conception selon laquelle le capital est une somme de valeurs.
«
Si
je dis, comme Say,
par exemple que le capital est une somme de valeurs, je ne dis rien d'autre que
le capital est égal à la valeur d'échange. Toute somme de valeurs est une valeur d'échange, et
tout valeur d'échange est une somme de valeurs. On ne
saurait passer de la valeur
d'échange au capital
par simple addition. Comme nous l'avons vu, le rapport de la capitalisation
n'existe pas
encore dans la simple accumulation de
l'argent ». (Ibid. p. 197).
Cette
définition qui
pouvait
être
valable pour une quantité d'argent donnée dans la période de production simple des marchandises, n'est absolument pas suffisante pour le
capitalisme. Dans le VIéme
Chapitre, K. Marx
part de
l'argent somme de valeur pour expliquer la formation du capital: «
Le
capital n'existe ici que comme une somme donnée de valeur = A (argent) dans laquelle toute 1a valeur d'usage s'est effacée dans sa forme argent ».
Ou bien: « Si le capital originel est une somme de valeur ègale à x
» Il fallait donc expliquer comment une somme de valeur donnée est
capable d'engendrer un incrément: Nous l'avons vu, le capital ne s'accroît que parce qu'il
absorbe une marchandise particulière: la force de travail. Par cette opération, il devient, à la fois, marchandise et argent; il unit ces deux apparences phénoménales de la valeur et peut ensuite se présenter sous l'une ou l'autre forme.
La définition de J.B. Say est une autre formulation de celle de A. Smith considérant que le capital est la
somme des revenus: le salaire, le profit et la rente foncière. Là se trouve, en plus, une contradiction criante en ce sens que sont mélangées des
conditions de la production (salaire) et les produits de celles-ci: rente
foncière, profit. Doù évidemment les impasses dans lesquelles se fourvoya Smίth lorsqu'il voulut étudier la reproduction du capital. En revanche, si
l'on considère le capital comme la valeur en procès,
il est évident
qu'il est
possible d'analyser le mouvement de la régénération, de la reformation du procès.
Dans le Livre II du capital, K. Marx
analyse la circulation et la reproduction du capital. C'est là qu'il critique la position de A. Smith et
met en évidence ce qu'est le
capital: «
Si
nous réunissons les trois formes, toutes les présuppositions du procès
apparaissent comme son résultat, comme une présupposition produite par lui-même ». (...) « Les trois cycles ont ce point commun: la valorisation de la valeur comme fin déterminante, comme moteur ».
(Tome 4, p. 93).
«
Le capital, en tant que valeur qui se valorise, n'implique pas seulement des rapports de classe, ou un caractère social déterminé reposant sur l'existence
du travail comme travail salarié. C'est un mouvement, un procès
cyclique traversant différents stades et qui lui-même implique à son tour trois formes différentes du procès cyclique. C'est pourquoi on ne peut le comprendre que comme mouvement, et non comme une chose au repos. Ceux qui
considèrent l'autonomisation de la valeur comme une pure abstraction oublient que le mouvement du capital industriel est cette abstraction in actu »[1]. (Livre ΙΙ, tome 4, p. 97).
Peu comprirent et comprennent cette accession de la valeur à
l'autonomie que nous avons analysée dans la version
primitive et dans le VIéme Chapitre. C'est pourquoi K. Marx
abondonna la première rédaction pour passer à une version où l'on aborde directement le stade où
l'autonomie est déjà réalisée. Mais cela ne veut pas dire qu'il fasse des concessions,
disons qu'il laisse simplement de coté cet aspect difficile pour mieux l'étudier
ailleurs; cela rend parfois elliptique certains passages. Mais, une fois connue la définition du capital valeur en procès
et le développement historico-logique dont elle est l'aboutissement, une phrase comme celle qui suit, se révéle d'une éblouissante clarté: "La valeur traverse ici différentes formes, différents mouvements, dans lesquels elle se conserve et en même temps se valorise, s'agrandit ».
( Le Capital ,
Livre II,
t.
4, ρ.
97).
Avec
le capital,
on n'a plus
affaire
à une
chose
comme
c'est indiqué
dans 1a Version primitive, mais à un procès: «
Si
on dit que le capital est de la valeur d'échange qui produit un profit, ou du moins que l'on utilise en vue de produire un profit, on a déjà présupposé le capital dans l'explication car le profit est un rapport déterminé du capital à lui même; le
capital n'est pas
un simple rapport mais un procès
dans les divers moments duquel il est toujours capital ».
(Fondements, t. Ι,
ρ.
205).
K.
Marx a
analysé, tout au long de son oeuvre, les conséquences de ces deux erreurs de définition du capital et, chaque fois, il a montré que les économistes en étaient arrivés là parce qu'ils
n'avaient pas
compris l'aspect dualistique du procès de production immédiat: procès de travail et procès de valorisation.
a
- Définition du
capital
comme
somme
de valeurs.
Dans son analyyse du
capital fixe et du capital circulant, A. Smith présente le capital variable qui
est du capital circulant non comme «la valeur déboursée pour la force de travail, mais la valeur déboursée pour les moyens de subsistance de l'ouvrier» (L.
II, t. 4, ρ.
197). Ceci
venait
du
fait
qu'il
mettait
en
avant comme caractère essentiel, déterminant, le fait que la force de travail voit sa valeur disparaître en un seul coup; fait qui évidemment lui
confère
l'aspect de
capital circulant. Ceci était inévitable chez A. Smith du moment qu'il essaie de connaître les composants de
1a valeur à partir de ses résultats et de
ses formes dérivées: salaire, profit et rente. Mais la conséquence est qu' «il devient
impossible de
saisir la différence entre capital variable et capital constant, et par conséquent, de saisir en aucune manière le procès
de production capitaliste ».
(Livre
II, tome 4, ρ.
197).
Cette
conception
erronée fut reprise par l'économie vulgaire (jusqu'à nos jours): «Pour elle, la fraction de capital déboursée pour le salaire ne se distingue absolument plus de la fraction du capital déboursée pour les matières premières, et elle ne se distingue du capital constant que par la forme, suivant qu'elle est mise en cίdculation par le produit par
fractions ou en
entier. Voilà renversée, d'un seul coup, la
base nécessaire pour comprendre le mouvement réel de la production capitaliste et, par
suite, de l'exploitation capitaliste. Ι1
ne
s'agit que
de la réapparition de valeurs avancées ».
(L. II, t. 4, pp. 202-203).
Pour K. Marx,
le
capital n'est valeur en procès que dans 1a mesure où il consomme la force de travail et non la somme des valeurs
réprésentant les subsistances de
l'ouvrier. D'autre part, la force de travail ne devient capital que lorsqu'elle est aliénée, quand elle se trouve dans le procès de production sous forme de capital variable en face des moyens de production capital constant: «L'essentiel dans la détermination du capital variable, -
et par conséquent, pour la conversion en capital d'une somme de valeurs quelconque -
c'est le fait que le capitaliste échange une grandeur de valeur déterminée, donnée (et en ce sens constante) contre une force créatrice de valeur, une grandeur de valeur contre une production de valeur, une autovalorisation ». (p.
203).
«Mais cette force
d'autovalorisatίon, le capitaliste ne la vend pas. Elle n'est
jamais qu'un élément constitutif de son capital productif, au même titre que ses moyens de travail, elle ne fait jamais partie de son capital
marchandise, comme par exemple le produit achevé qu'il vend».
(Ibid., 205).
Plus loin, K. Marx
explique le procès de production
immédiat, le délimitant du procès de circulation, ce qui suppose la
délimitation des catégories valables dans l'un et l'autre cas. Nous revoyons apparaître les défίnίtions cristallines
du VIéme Chapitre: « À l'intérieur du procés de production, les moyens de travail, en tant qu'éléments du capital productif, ne s'opposent pas à la
force de travail, comme capital fixe, pas plus que les matériaux du travail et les matières auxiliaires ne se confondent avec elles comme capital circulant. La force de travail, en sa qualité de facteur personnel, s'oppose aux deux catégories en leur qualité de facteurs matériels (Sachtichen) - ceci du point de vue du procès
de travail. Les deux catégories s'opposent en leur qualité de capital constant à la force de travail, capital variable,
ceci du point de vue du procès de
valorisation. Ou, s'il faut parler ici d'une différence
matérielle pour autant qu'elle influe sur le procès de circulation, ce ne peut être que celle-ci: la valeur n'étant que du travail objectivé, et la force de travail en activité n'étant que travail en train de s'objectiver, il s'ensuit que, durant son fonctionnement, la force de travail crée en permanence de la valeur et de la plus-value, et que ce qui de son côté se présente comme mouvement, comme création de valeur, se présente, du côté opposé du produit, sous forme statique, comme valeur créée. Dès
que la force de travail a agi,
le capital ne se compose plus de force de travail d'une part et, d'autre part, de moyens de production. La valeur-capital, qui
était déboursée en force de travail est maintenant valeur conférée (avec 1a plus-value) au produit. Pour recommencer le procès, il faut vendre le produit et, avec l'argent
ainsi obtenu, renouveler sans cesse
l'achat de la force de travail et son incorporation au capital
productif. C'est par là que la fraction capital déboursée en force de travail prend, au même titre que la fraction déboursée en
matériaux de
travail, etc., le caractère de capital circulant par opposition au capital qui reste fixé dans les moyens de travail ». (Ibid.,
205).
b
-
Définition du
capital
par
rapport à lui-même, le profit.
A. Smith indique
une
autre
cause
à la différence
entre
capital
circulant et
fixe: «il y
introduit la notion totalement indue
du profit, en disant que certains moyens de production rapportent du profit en gardant leur aspect, d'autres en la
perdant» (Livre
II, t. 4, ρ.
187). Or
le
profit,
forme modifiée de la plus-value, ne peut se comprendre lui-même que par la compréhension du procès de production et donc par celui de valorisation.
La grande erreur est d'avoir confondu les éléments du procès de production (capital constant et variable) avec ceux du procès de circulation (capital fixe et
circulant). Dans le second procès, la valeur est produite, elle n'a plus qu'à se réaliser. On peut exprimer autrement cette erreur: vouloir expliquer le mouvement par son résultat. Elle se résoud enfin dans 1a confusion entre "valeur du produit de
l'année et produit valeur annuel ». Ce dernier est uniquement
le
produit du travail de l'année
écoulée; la première inclut en outre, tous les éléments de valeur consommée pour fabriquer la production de l'année, mais
produits eux-mêmes dans l'année précédente ou, pour une part, dans les années d'avant: il s'agit des moyens de production dont la valeur ne fait que réapparaître, et
qui, quant à leur valeur, n'ont été ni
produits ni reproduits par le travail fourni au cours de 1a dernière année.
C'est grâce à cette confusion qu'A. Smith escamote 1a partie constante de la
valeur du produit de
l'année ». (Livre II, t. 5, p. 31). Ι1
escamote
ainsi un des composants du procès de production. Celui-ci devient incompréhensible. K. Marx
montre ensuite que cette confusion repose sur l'incapacité de Smith à comprendre le double caractère de la force de
travail: «créateur de valeur» et «créateur
d'objet d'usage», double caractère qui conditionne la dualité même du procès de production immédiat du capital et résoud l'énigme
du capital - valeur en procès.
B- Conséquence
de la
définition du capital valeur en procès.
1
- Production
et
circulation
Dans 1a période de circulation simple des marchandises,
celles-ci n'étaient produites qu'en tant qu'excédent. L'auto-consommation impliquait que l'on produisait tout ce qui était nécessaire. Ce n'est que lorsqu'il y avait un excédent, ou
bien lorsqu'il fallait se procurer quelque chose qu'il était
impossible de
produire, qu'étaient portés sur le marché les produits devenus marchandises. Les deux moments du procès
économique production et circulation étaient bien distincts. «À l'origine, la production apparaissait au-delà de la
circulation et la circulation au-delà de 1a production. Le cycle du capital - la circulation posée en tant que circulation du capital - comprend deux moments. En lui
1a production apparaît comme point de départ et point d'arrivée de la circulation et vice-versa. L'autonomie de la circulation est réduite maintenant à une pure apparence;
il en est
de même
de l'aptitude de la production à se situer au-delà [2].» (Fondements, t.
Ι, p.
479).
«
La
circulation du capital est à la fois son devenir
sa croissance, son procès
vital.
Ce qui est
comparable
à la circulation du sang,
ce n'est pas
la circulation formelle de l'argent, mais celle substancielle du
capital.
» (Fondements,
t. 2, ρ.
7).[3]
Ceci
explique l'erreur des
économistes qui proclament que la
loi de la valeur est valable pour les
sociétés
pré-capitalistes,
mais
qu'il n'en est plus de
même sous le capitalisme.
Or qu'est-ce
qui changeait
réllement?
C'est que dans
le mouvement Μ-A-Μ, la
valeur
d'usage
et donc
l'homme est encore le but de production, mais
dans le
mouvement A-Μ-A, c'est uniquement la valeur d'échange se valorisant,
donc la plus-value, le
profit[4]. Or,
la valeur
n'est réellement autonome que si elle s'abandonne
à la circulation (c'est là que se produit son
procès
de vie réel). Ainsi le procès
de production aura tendance à devenir un
moment
de celui de la circulation.
En
effet lorsqu'on
envisage A-Μ-A, on envisage
deux choses
à la fois
un procès
de production et un procès
de circulation. K. Marx montre
que pour comprendre le
procès de production, le surgissement d'un
incrément de valeur Δa
ou Δv, i1
faut comprendre le procès
de production immédiat, mais celui-ci est
conditionné par un acte
d'échange qui lui est antérieur A
M
(v) qui est l'achat de 1a force
de travail. Sans cela,
pas de possibilité de procès de production immédiat. « La condition pour que l'argent
se transforme en capital est que le possesseur d'argent puisse échanger
de l'argent
contre la capacité de travail
étrangère en tant que marchandise.
Ιl
faut donc
que dans
le cadre de la circulation, la capacité de travail soit mise en vente
comme marchandise,
puisque dans la circulation
simple
les échangistes ne
s'affrontent qu'en qualité de vendeurs et d'acheteurs. Ιl
faut
donc que
l'ouvrier mette
en vente sa capacité de travail comme marchandise à consommer par
usage: il ne peut
donc
s'agir que de
l'ouvrier libre. »
(Version
primitive, pp. 252-53).
Le salariat, il faut y
insister, est
une présupposition de la production du capital. En effet: «Se trompent aussi bien ceux qui
considèrent
le travail salarié, la vente de
travail au capital, et donc la forme du salariat,
en
tant qu'extérieur à la production capitaliste; elle est une forme essentielle du rapport de production
capitaliste, constamment reproduite par
ce dernier». (VIème Chapitre, ρ.
263). L'homme doit
devenir
une marchandise,
stade de
généralisation de la production marchande où le producteur acquiert
lui-même le caractère de 1a chose qu'il produit, non pas immédiatement, mais au travers d'un rapport
social donné.
Le
procès de
production est d'autre
part déterminé
par
l'acte M'A’,
réalisation
de la valeur
qui était sous 1a forme
marchandise
et qui doit devenir
sous la forme
argent. D'où l'on peut
détailler
le mouvement
A-M-A' en ses trois moments:
A Μ (ν) Achat de la force de travail.
Procès de production immédiat
M'A' Réalisation de la valeur.
Ce qui est déterminant et imprime les caractères distinctifs à l'ensemble, c'est t'échange
AM
(ν).
«Dans
le procès d'échange
lui-même, un quamtum en argent
en tant que marchandise
travail objectivé
s'échange contre une quantité égale de travail objectivé dans une capacité de travail vivant. Selon la
loi de 1a valeur
d'échange des
marchandises,
on y échange des
équivalents, des
quantités égales de travail objectivé bien que
l'une des
quantités soit objectivée
en une chose et l'autre en une personne vivante». (VIéme Chapitre, p Ι74).
Une
fois ceci
bien
précisé, i1 est important de suivre le
mouvement
apparent du capital qui est
un mouvement
circulatoire. En lui le
procès de production est assujetti au
procès de
circulation. Ce qui compte
essentiellement c'est que
1a valeur
se valorise.
C'est pourquoi
dans le
VIéme
Chapitre,
K. Marx part d'une donnée constatable:
le
capital naît sur 1a base de 1a
production marchande.
Ce stade est le
mieux exprimé par
la formule
mercantiliste
que nous
avons analysée:
A Μ ==
Μ' A'
« À l'origine, le capital se présente comme argent qui doit se transformer en capital, il n'était capital qu'en puissance ». (VIéme Chapitre, ρ. 117). Ιl est dès l'abord « un fluens qui doit poser une fluxio » (VIémeChapitre, ρ. 118). C'est-à-dire que ce qui le caractérise, c'est la fluidité, la faculté de circuler, d'être toujours en mouvement. Ceci peut s'exprimer très simplement de la façon suivante: le capital est une grandeur x qui est capable de se transformer en x + Δx; 100 francs investis dans la production peuvent rapporter 110 francs. « .. et la nature spécifίque, caractéristique du procès de production capitaliste se manifeste alors, d'une manière aussi abstraite, aussi simple. (VIéme Chapitre, p.119). « L'expression doit être 1a fonction d'une grandeur variable ou se transformer en celle-ci au cours du procès ». (VIémeChapitre, ρ. 120). De ce fait, K. Marx remplace x par ce qu'il est réellement, c'est-à-dire le capital constant plus le capital variable et nous avons:
Mais c étant constant, ν variable, ν
est la véritable
grandeur qui varie au cours du procès,
d'où:
C'
-
C = ΔC
(c'est-à-dire l'incrément de capital)
et:
ΔC
= Δν
«
Autrement
dit,
l'incrément du capital total = à
l'incrément de la partie variable du capital, de sorte que Δc
ou la variation de la partie
constante du capital = 0.
Dans cette recherche concernant ΔC,
Δx
ou Δν,
le capital
constant
est donc
posé égal à 0, autrement dit il n'a pas à être considéré ».
(VIéme Chapitre,p. 121).[5]
Ceci
est en
parfaite
conformité
avec
le Livre
Ι où,
de même, lorsqu'il s'agit de savoir d'où provient l'incrément de valeur, on ne pose pas la
distinction entre c et ν.
Elle n'est
posée qu'une fois
l'origine de
1a plus-value élucidée.
D'autre part, on comprend pourquoi K. Marx
a
parlé de procès de production immédiat, parce que la plus-value y apparait de
façon immédiate de l'exploitation
de
la force de travail prolétarienne. Lorsqu'on s'éloigne de ce procès, l'origine de la plus-valus est de plus en plus obscurcie. Enfin, la plus-value ne peut exister qu'en tant que différence par rapport à une valeur préexistante, par rapport à celle qui l'a engendrée, d'où 1a nécessié de la conservation de la valeur avancée. C'est pourquoi le procès de valorisation inclut cette dernière.
K.
Marx anticipe ensuite sur tout le développement et montre que ce mode d'être du capital
(valeur se valorisant en procès) pose déjà deux rapports essentiels:
«la proportion dans laquelle ν s'est
accru
taux
de
plus-value)
».
C'est
le point de vue du prolétariat. «
La
proportion dans laquelle C a augmenté (taux de profit). C'est le point de vue du capitaliste ».
(VIéme Chapitre,p. 121). "La
fonction spécifique propre du capital en
tant que capital est donc la production
de la plus-value qui,
comme cela apparaît ultérieurement, n'est
rien d'autre que production de
sur-travail, appropriation de travail non payé dans le procès de production réel; sur-travail qui
se présente et
s'objective dans la plus- value".
(VIéme Chapitre, pp. 121-22).
Remarque I.
C'est
cette
formule condensée
x → x+ Δx
qui caractérise le mieux
l'apparence du
phénomène capitaliste.
«
Nous avons vu du reste que toute la valeur-capital est
engagée dans
une circulation continuelle et qu'en ce sens tout capital est
capital circulant ». (Le Capital, Livre 11, t.
4, p. 146):
Remarque
Il
Dans sa forme
suprême de capital financier, de capital porteur d'intérêt, le capital semble revenir à celle sous laquelle il est
apparu. Ιl
semble
ici encore
que c'est de 1a circulation que naisse
l'incrément de
valeur. Le procès de
production, comme nous le verrons ultérieurement est escamoté. Nous retrouverons cette forme lorsque nous serons parvenus au bout de l'évolution du phénomène apparent.
En
apparence,
tout
se ramène à la circulation. K. Marx
précise cela dans les «Grundrisse». Ι1
fait tout d'abord remarquer:
1
- «La durée du séjour du capital dans la phase du procès de production devient elle-même un moment de la circulation quand on suppose des
capitaux différents».
(Fondements, t. 2, p. 208).
2
- «
Si nous
considérons l'ensemble de la circulation du capital quatre moments apparaissent: les deux grand moments du procès de production et du procès
de
circulation se scindant en deux. Nous pouvons partir soit de la circulation, soit de la production. Nous avons déjà suffisamment dit: la circulation est un moment de la
production car ce n'est que par cette dernière que le capital devient capital; 1a production n'est
qu'un moment de la circulation, dans 1a mesure où
celle-ci est considérée en totalité (Ganzes) du procès de
production. Ces moments sont:
Ι
-
« Procès
de production réel et sa durée
». (Ι1
coïncide avec
les conditions de
valorisation en général. C'est ce qui a été montré dans le Sixième chapitre).
II-
«Transformation
du produit
en
argent. Durée de cette
opération».
III
- «
Transformation de
l'argent en portions adéquates de matières premières, moyens de
travail, bref en éléments productifs du capital ».
IV
- «L'échange d'une partie du capital contre la force
vivante de travail peut et doit être considéré comme un moment
particulier ». (Fondements,
pp. 10-11).
À
cette question
répond
une
remarque du VIéme chapitre: «
C'est pourquoi, bien que le premier procès -
échange de l'argent contre de la force de travail, ou vente de la force de travail -
n'entre pas
comme tel, dans le procès de production immédiat, il entre en revanche dans la production de l'ensemble du rapport». (p. 169). Cet échange
conditionne, en fait; tout le mode capitaliste
de production [6]. C'est pourquoi dans la plupart des plans du Capital , K. Marx
place le travail salarié comme devant être traité à part.
Ι1
avait même pensé, à un
moment donné, commencer l'analyse à partir de celle du salariat, puisque ce dernier présuppose 1a production capitaliste. Ι1
en fut ainsi dans les Manuscrits de 1844.
Ainsi,
l'exposé du
chapitre VI,
sa
présentation du capital comme étant un fluens, ne contredit en rien le reste de l'œuvre, mais
l'éclaire au contraire. L'étude plus approfondie
du capital montre d'ailleurs que 1a plus grande difficulté que rencontre celui-ci dans la réalisation de son procès vital, réside dans la circulation. Elle devient pour les
économistes comme pour le capital lui-même le problème essentiel. Ce
n'est pas
pour rien que K. Marx l'a
longuement analysée. «
Le
procès de production apparaît comme un intermédiaire inévitable, un mal nécessaire pour faire de
l'argent. C'est pourquoi les nations adonnées au mode de production capitaliste sont prises périodiquement du vertige de vouloir faire de
l'argent sans l'intermédiaire du procès de production ».
(Le Capital, Livre II, t. 4, ρ.
54). Le développement du capital [7] ne rentre pas en contradiction avec la façon dont il apparaît historiquement. Au contraire, c'est une réalisation plus évoluée: la tendance à la valorisation
absolue. On voit bien encore une fois que la circulation est une donnée fondamentale puisque c'est en elle, par elle, que le capital tend à réaliser son être: la valeur en
procès, une valeur qui tend à échapper à ses propres conditions
de
production pour s'accroître toujours plus et le plus rapidement
possible.
C'est
à ce moment de l'exposition que K. Marx
distingue
bien les deux parties de la circulation: AΜ (v)
et
A'
Μ'.
Ι1
appelle petite circulation la première; l'autre
étant la grande. Pour l'être
vivant, c'est la petite qui est
essentielle parce
qu'elle apporte l'oxygène indispensable à
la vie. C'est là que celle-ci, pour ainsi dire, se renouvelle. Il
en
est de même ici. Seulement dans le capital, c'est la grande qui tend à dominer. Ι1
semble
alors
que,
par l'intermédiaire
du crédit, du capital engendre du capital.
Tout n'apparaît plus que sous l'aspect de ce dernier, l'homme est un simple exécutant, un esclave du capital.
C'est dans
le Livre III du Capital que
K. Marx met en claire évidence cela parce que c'est là
qu'il raisonne sur les phénomènes apparents. Or,
lorsqu'il analyse l'apparence, il ne fait que mettre en relief la force du capital qui impose
son mode d'être, sa valorisation; lorsqu'il explique le secret de cette apparence, il dévoile le devenir réel du capital qui s'est
assujetti le travail et se présente comme son propre géniteur. Ι1
faut non seulement connaître le secret de l'apparence,
mais le devenir de
celle-ci. C'est là que nous saisissons tout
l'intérêt du
VIèmechapitre avec sa distinction entre procès de travail et procès de valorisation et l'indication qu'au cours du développement capitaliste
le second νa
supplanter le premier, parce que le capital est la
valeur se valorisant. Le VIéme chapitre éclaire toute l'œuvre et permet de la saisir dans toute sa portée et sa
grandeur.
2)
Fixation
et libération
de
capital:
valorisation
et dévalorisation.
Si
le capital est un fluens posant un fluxio, si sa
continuité, son mouvement
en spirale,
sont ses caractéristiques essentielles, il est intéressant de montrer quelles sont les conditions qui fixent le capital et celles qui le libèrent, lui permettent de rentrer dans de nouveaux cycles
afin de se valoriser.[8]
a)
Cas du procès de production immédiat.
Au
sein
du
procès
de production
immédiat, il
y a déjà un frein à ce devenir incessant de la
valorisation. En effet une partie du capital
avancé ne circule pas en une fois dans les marchandises produites
au cours d'un procès de production donné. Ce qui veut dire qu'elle ne subit pas les métamorphoses, mais sa valeur reste
sous forme argent. Ceci
est une conséquence de certaines parties entrant clans
le procès de production: «
Les
moyens de travail, au contraire, une fois entrés dans 1a sphère de production, ne la quittent jamais.
Leur fonction les y
retient. Une partie de la valeur capital avancée se
fixe sous cette forme déterminée par la fonction des moyens de
travail dans le procès. Avec le fonctionnement du moyen de
travail et l'usure qui
en est la
conséquence, une partie de sa valeur passe au produit, tandis qu'une autre reste fixée dans le moyen de travail et, par conséquent, dans le procès de production. La valeur ainsi fixée diminue constamment, jusqu'à ce que le moyen de travail ne puisse plus servir et qu'ainsi la valeur soit répartie, au bout d'une période plus ou moins longue, sur une masse de produits sortis d'une série de procès de
travail constamment renouvelés »
(Le
Capital,
Livre II,
t.
4, p145116).
Les moyens de travail sont les
machines, les installations immobilières, etc.
Prenons un exemple et supposon que le capitaliste ait payé 12.000 Fr. un tel moyen de travail et supposons que le procès de production immédiat de
cette entreprise nécessite
l'avance suivante de
capital: 800c +
200v = 1000
k. Si nous supposons d'autre part un taux de plus-value de 100 %,
nous avons 1a valeur des produits qui est la suivante:
800c+200ν+200p
= 1200k (k'=
k+p).
Ι1
est évident que 1200 se trouvent d'abord
sous
forme marchandise: Μ
1200. Ι1
faut donc qu'ils circulent pour être transformés
en argent A 1200. (Μ
1200 A 1200). Une fois
que ces
1200 sont
de retour
sous
forme argent, le capitaliste
en consomme 200 (reproduction
simple), il reste
1000 pour une nouvelle anticipation.
C'est ici
que 1a différence entre capital fixe et circulant νa
apparaître clairement.
En effet, du moment que le
moyen
de travail ne
voit par sa valeur d'usage s'abolir
un une seule fois, il se
produit deux phénomènes complémentaires: fixation
sous forme d'usage et fixation sous
forme de
valeur. La dernière croit en
sens contraire de l'autre. Supposons que le
capitaliste mette 400
fr de
côté
pour l'amortissement
des frais causés
par
l'achat de la machine,
nous
devons
diviser alors les 800 Fr. en deux parties: une circulante
et une autre fixée.
La valeur des produits peut s'exprimer par 1a
relation suivante:
(400
f. + 400 c) c
+ 200 ν +
200
p = 1200 k'
Analysons les
mouvements d'échange,
donc les
métamorphoses de chacun
des constituants
de k' capital produit:
1) 200 p
: Μ 200 A 200 M
200
2) 200 ν
: Μ 200 A 200 M200
3 )
400 c
: Μ 400 A 400M400
4) 400 f. : Μ 400 A400
Pour la partie
destinée à amortir les frais de la machine
(400 f.) la série des métamorphoses
s'arrête
à A400; il y a
fixation
de 1a valeur. Le procès de celle-ci
est arrêté.
Ceci se répètera le
nombre
de cycles nécessaires
pour reformer la valeur avancée. Ici
30 semaines (12000:
400). Mais,
à 1a fin, nous avons:
A
(400 x 30) Μ
12.000
La
fixation a été surmontée: « Cette
partie de la valeur capital fixée dans le moyen de
travail circule comme n'importe quelle autre
partie
». Seulement,
étant donné que son
usage,
sa consommation
productive, ne
peut
s'abolir
en un seul cycle, parallèlement, à l'autre
pôle, sa forme
valeur
se fixe.
Mais, celle-ci une fois
régénérée, circule.
D'où la remarque que nous
avons
déjà citée: « Nous avons vu du reste que toute la valeur capital est engagée dans une circulation continuelle et qu'en ce sens, tout capital est capital circulant ». [9]
Le capital au cours de son développement essaye de détruire cette fixation. Ι1
ne
peut abolir le phénomène
naturel, un usage plus ou moins prolongé, mais il peut empêcher que la valeur
ne reste
fixée, ne soit thésaurisée.
Grâce au crédit, elle peut circuler ce qui permet un accroissement de la production capitaliste,
mais aussi celui de 1a spéculation.
b)
Cas de
la circulation
Μ'
A'.
Or, «avec le développement de la production capitaliste, l'échelle de la production est de moins en moins déterminée par la demande immédiate du produit
et de plus en plus par le volume du capital dont dispose le capitaliste individuel, par la tendance de son capital à la valorisation et par la
nécessité d'assurer la continuité et
l'extension de
son procès de production. Ainsi augmente nécessairement, dans chaque branche particulière de la production, la masse de produits qui
se trouve sur le marché, cherche son écoulement comme marchandise. Ι1
y
a
accroissement
de la masse
de capital fixée pour plus ou moins de temps sous forme de capital marchandise. Ι1
y
a
donc accroissement de la provision de marchandises».
(Le Capital, Livre ΙΙ,
t.
4, ρ.
133). Pour le capitaliste individuel, les choses se passent ainsi: il devra attendre un
certain laps de temps avant de voir le retour de son capital avancé, engrossé d'une plus-value. Ce temps est celui de 1a circulation. Le capitaliste doit donc pour assurer la continuité de la production faire une nouvelle avance de capital. K.
Marx analyse plusieurs cas: période de circulation supérieure à celle de production, inférieure ou égale à celle-ci. Du capital, dans tous les
cas, est fixé, immobilisé au cours de 1a circulation. Ι1
ne peut assurer sa fonction réelle qui est de
se valoriser parce qu'il est
plus ou moins figé à un stade donné de la réalisation de sa valeur valorisée. De ce
fait, la continuité du procès
total de production pourrait être interrompue, le capitaliste ne pouvant pas faire l'avance
nécessaire. De là, la nécessité du crédit. « Dans la production fondée sur le capital, c'est donc par hasard que se réalise sa
condition essentielle: la continuité des différents procès formant son procès total. La suppression (Aufhebung) par le capital lui-même de ce hasard est le
crédit».
(Fondements, t. 2, ρ.
27).
Mais
un phénomène
antagonique
peut se produire. Si, en effet, la période de circulation est par exemple de sept semaines alors que celle de production est de trois, le capitaliste devra faire
une première avance pour le procès des trois premières semaines (300), puis pour les trois suivantes
(300), mais il
restera encore une semaine pour avoir le retour du capital avancé. Ι1
est donc obligé de faire une troisième avance. Á 1a fin
de cette septième semaine, le premier capital marchandise a enfin accompli sa métamorphose Μ.
300 en
A.
300 (en
comptant
un capital
de 100 pour chaque semaine). Or, pour que le troisième procès de production s'achève, seule une partie de ce
capital est nécessaire
(200). Le
reste
est libéré (100). Ι1
y
a
trop de capital par rapport au procès de production qui se déroule. Ceci se produit aussi pour deux autres
raisons: la contraction de 1a période de circulation ou de celle de production. Á ce moment là une pléthore de capital peut se produire:
«Ι1
y
a
pléthore
en
ce
sens
qu'une
partie de la valeur capital avancée devient superflue pour la mise en oeuvre de tout le procès
social de reproduction (lequel comprend le procès de circulation) et est
par suite éliminée sous forme de capital-argent; l'échelle de la production et les prix restant les mêmes,
cette pléthore résulte de la simple contraction
de la période de rotation. La masse - plus ou moins grande -
de
l'argent en
circulation n'a pas exercé ici la moindre influence ». (Livre
II, t. 4, ρ.
263).
L'ensemble de ce capital libéré est une des bases
du système de crédit. Ainsi, ί1
ne restera pas fixé, thésaurisé, mais pourra entrer dans, de nouveaux procès de production, où il pourra se valoriser. «Avec le développement du crédit, le capital argent dégagé par le simple mécanisme du mouvement de rotation jouera un rôle considérable
(à côté du capital
argent, dû aux
entrées successives du capital
fixe et du capital argent nécessaire, comme capital variable,
dans chaque procès de travail); ί1
constituera
en
même
temps une
des bases de ce même crédit ».
(« Le
Capital ».
Livre II, t. 4, ρ.
263). Ainsi le capital semble pouvoir assurer une valorisation sans fin et
détruire les
barrières s'opposant à son développement,
Un troisième cas de fixation et de libération se produit lors de la
variation des éléments avancés dans le procès de production immédiat.
« Par fixation du capital, nous entendons ceci: il faut
que certaines proportions données soient prélevées sur la valeur totale du produit pour être reconverties de nouveau (c'est
ce qui était indiqué dans le passage
des Grundrisse précédemment cité, n.d.r.)
en
éléments du capital constant ou variable, si l'on veut que 1a production se poursuive à la même échelle. Par libération du capital, nous entendons le fait qu'une fraction de la valeur totale du produit qui, jusqu'alors, devait nécessairement être reconvertie en capital constant ou variable est rendue disponible
et excédentaire, si l'on veut que la production continue à
l'ancienne échelle. Cette libération ou fixation du capital
diffère de la
libération ou fixation du revenu ». (Le Capital, Livre
III, t. 6, ρ.
128).
Trois
conséquences
résultent de cela:
1)
Tendance à réduire le salaire au minimum
2)
Tendance à se procurer les matières premières au prix le plus bas. Ceci est réalisé avec le
colonialisme et
l'impérialisme. Les
nations industrielles, c'est-à-dire
à haut développement du capital utilisent toutes leurs forces pour empêcher les
pays dits sous-développés, producteurs de ces matières premières, d'accroître leurs prix et même de se moderniser, car
cette modernisation aurait pour résultat inévitable le renchérissement des matières produites. Ici le capital aurait tendance, pour assurer
sa propre valorisation, à ne pas se développer dans
l'espace, à limiter son extension autant qu'il se peut. Et, il est vrai, que de
nouveaux pays ne purent passer au système capitaliste de production qu'à 1a suite de la révolution contre le capital lui-même (Russie: révolution double; Chine: révolution paysanne-capitaliste) ou à la suite de crises et de guerres comme ce fut le cas de
l'Allemagne et de l'Italie.
3)
Dans cette lutte pour diminuer la valeur des composants du capital productif, le capital se heurte à une autre force beaucoup plus efficace car elle opère là où
le capital s'est développé: la rente foncière. Ceci n'est pas
limité aux produits de l'agriculture, mais vaut pour 1a construction, en particulier celle des implantations industrielles. Ici le capital se heurte à la propriété privée. Ι1
ne
peut détruire cette barrière sans
détruire la base même sur laquelle il s'est édifié. C'est le cas, comme dit K. Marx,
où
le capital entre en contradiction avec sa base mesquine.
Nous
trouvons
ici le lien
entre
fixation et libération de capital, valorisation et dévalorisation de celui-ci. Dans le premier cas, cela veut dire que les parties constitutives du capital productif ont une
valeur plus grande, tandis que la dévalorisation est libération. Or, le
capital est valeur en procès, la valeur se valorisant. Elle ne peut pas rester fixée et donc, pour circuler, entrer dans de nouveaux cycles il faut qu'elle soit libérée. Alors, le capital qui est valorisation, se nie et devient dévalorisation. «Considéré exactement, le procès
de valorisation
du capital apparaît -
l'argent
ne devient capital que par le procès de valorisation -
en même temps comme son procès
de dévalorisation, sa démonétisation. Et cela en deux sens: premièrement dans 1a mesure où le capital n'augmentant pas le temps de
travail absolu, mais diminuant le temps de travail nécessaire relatif en augmentant la force
productive, il réduit les frais de sa propre production, de sa valeur d'échange, dans la mesure où il était présupposé en tant que somme déterminée de marchandises. Une partie du capital existant se dévalorise constamment par la diminution des coûts de production qui pourront servir à
le
reproduire, non par la diminution du travail qui est objectivé en lui, mais par celle du travail qui est nécessaire pour qu'il s'objective dans un produit déterminé. Cette constante dévalorisation du capital existant
n'a pas à être traitée ici: elle suppose déjà que le capital soit achevé.
On doit seulementt la noter afin d'indiquer que
ce qui
se développera ulterίeurement (das Spätere) est déjà contenu dans le concept général de capital. Elle appartient à
l'étude de
1a concentration et de la concurrence entre les capitaux ».
(Fondements, t.
1, pp.
358-359). En effet,
les divers
capitaux issus du procès de production vont s'affronter et la circulation ne réalisera pas
obligatoirement la valeur supplémentaire qu'ils
ont acquise au sein
de celui-ci. La loi de l'égalisation des taux de profit est ici annoncée. Notons que la dévalorisation se manifeste au sein du procès de production immédiat, mais
ne se réalise réellement qu'au sein de la circulation qui est en fait la période de dévalorisation par excellence. Ainsi le procès total, unité des deux, est un procès
antagonique.
Remarque Ι -
Socialisation
et dévalorisation.
On
ne peut comprendre
les notions indiquées plus haut que si on a bien en vue que le produit du capital est la plus-value, ou sa forme modifiée, le profit. Celui-ci
doit apparaître comme quelque chose de bien distinct; il
doit se différencier nettement du capital qui l'a engendré. Si donc la valeur-capital avancée est
trop grande elle inhibe en quelque sorte la création du profit parce qu'il sera
difficile d'arriver à ce que
k' - k = π,
ou que
k
ou x se transforme
en
k
+ Δ k,
en x +
Δ x.
D'où la nécessité, pour permettre
cet accroissement, d'une diminution de la valeur avancée: c'est 1a dévalorisation. Ceci est encore plus valable à
l'échelle sociale, lorsque le capital fixe est tel que
pour obtenir un produit, il n'y a plus besoin que d'une très faible quantité de travail vivant
(le capital fixe semblant être capable d'engendrer spontanément le produit). Dans ce cas, le
travail vivant est absorbé en grande partie pour conserver la valeur
avancée
(un des aspect
du procès de
valorisation), mais il n'apporte
quasi plus d'incrément de valeur. C'est le stade de la socialisation de la production. D'où la contradiction déjà inscrite dans le procès de production immédiat: pour assurer la valorisation du capital existant, il faut dévaloriser celui antérieur; le
surgissement d'un
incrément de valeur est alors
possible.
Ceci
nous explique l'évolution
du capitalisme. À l'origine, il développe énormément le capital fixe parce qu'il accroît par là-même sa
domination sur
l'ensemble
de la société et surtout sur les ouvriers (en plus des possibilités de spéculation que cela implique: la construction des chemins de fer en Angleterre en est le meilleur exemple). Le développement du capital fixe permet d'une part de former l'armée industrielle de réserve qui fait
pression sur la population ouvrière active et fait
diminuer les salaires; d'autre part, il est un moyen pour enlever au prolétariat une partie du
produit. C'est ce qu'ont noté, avec force, les premiers opposants au capital qui défendirent les
intérêts, du
prolétariat. K. Marx
a
repris leur argumentation en l'intégrant dans le tout de la
doctrine communiste. C'est ainsi que dans le Livre IV,
t. 7, ρ.
100, il
cite le Pamphlétaire (auteur inconnu qui
publia
un pamphlet: The Source and Remedy of the National
difficulties, etc.,
A
letter to Lord John Russel, London 1821): «
Ι1 y a du reste, d'après l’anonyme deux moyens qui permettent
au capitaliste, lorsque la plus-value ou le sur-travail s'accroît, de ne pas rendre à
l'ouvrier la partie de plus en plus grande qu'il lui vole sur son travail:
«
La première est la transformation du surproduit
en capital fixe, ce qui
empèche que le fond réservé au salaire, ou la partie du produit consommée par l'ouvrier, ne s'accroisse avec l'accumulation du capital ».
C'est ce qui se fait couramment au nom de 1a politique d'investissement. On n'accorde pas
l'augmentation de salaire, bien
que les chiffres d'affaires aient augmenté, parce qu'il faut rénover la machinerie ou agrandir l'entreprise, etc...
Mais
plus
le
capital
se développe, plus s'accroît d'une part le machinisme qui fixe grandement la valeur et, d'autre part, dans le même rapport, la socialisation.
Aussi,
dans sa phase sénile, le capital νa
tendre
à freiner
le
développement du capital fixe. Ι1
s'oppose
à l'introduction de nouvelles machines. C'est ce que montre F. Engels dans le Livre
III, t. 6, p.
274: «Admettons qu'on ait inventé une machine qui réduise de moitié le travail vivant nécessaire pour chaque pièce, mais qui, par contre, triple 1a fraction de valeur provenant de
l'usure du capital fixe ». Que se passet-il? F. Engels montre que :
« Pour une société produisant dans des conditions capitalistes, la marchandise n'est
pas
devenue meilleur marché, la nouvelle
machine ne représente pas un perfectionnement ».
«
Donc, pour le capital, la loi de l'augmentation de la force productive du travail
ne s'applique pas de façon absolue. Pour le capital, cette productivité est augmentée non quand on peut réaliser une économie sur le travail vivant
en général, mais seulement quand on peut réaliser sur la fraction payée de travail vivant une économie plus importante qu'il n'est ajouté de travail passé, comme nous l'avons brièvement indiqué au livre
Premier. Ici le système de production capitaliste tombe dans une nouvelle contradiction. Sa mission historique est de faire s'épanouir, de faire avancer radicalement, en progression géometrique, la productivité du travail humain. Ι1
est infidèle
à
sa vocation dès qu'il met,
comme ici, obstacle au développement de la productivité. Par là il prouve simplement, une fois de plus, qu'il entre dans sa période sénile et qu'il se survit de plus en plus».
Remarque II
Les produits du capital doivent circuler pour réaliser leur valeur. La réalisation va-t-elle se faire en totalité? «
La
question qui
importe ici, c'est: dans la détermination de la valeur n'intervient-il pas un moment qui est indépendant du travail,
qui ne provient pas
directement de celui-ci, mais dérive de la circulation? » (Fondements, t. 2, ρ.
09). Pour répondre à cette question, il est évident
qu'il faut faire
intervenir la théorie du prix de production, qui montre qu'effectivement au cours du procès de circulation i1
peut y avoir variation de valeur [10]. Cela est
expliqué par l'étude de la concurrence, ce qui
nous renvoie donc à notre première remarque.
Ιl
y
a
d'autre part une dévalorisation naturelle: «
Comme le blé mis en terre en tant que semence, perd sa valeur d'usage immédiate, se dévalorise come valeur d'usage
immédiate, ainsi le capital se dévalorise depuis l'achèvement du procès de production à sa transformation en argent, et de là, à nouveau en capital ».
(Ibid., ρ.
09). Le
capital est victime de sa métamorphose en capital marchandise,
il est
obligé de
se présenter comme ayant une utilité afin d'être consommé. Consommation qui posera la nouvelle métamorphose en capital argent où il pourra retrouver sa
caractéristique essentielle (son usage immédiat) la valorisation. C'est pourquoi 1a consommation est un autre domaine où le capital peut se fixer.
c)
Cas de
la consommation
Nous avons vu qu'au cours du procès
de production immédiat, naissait la plus-value. Celle-ci apparaît
d'abord sous forme de marchandise dans les divers éléments qui constituent le
produit de ce procès. Ensuite, au cours du procès de circulation, elle est
transformée en argent. Maintenant elle peut être soit utilisée pour accroître les dimensions du procès de production (reproduction élargie) soit consommée (reproducton simple) enfin, il
peut y avoir des cas intermédiaires entre ces deux extrêmes.
Ι1
apparaît tout de suite évident que si la plus-value était consommée en vue de la jouissance, le procès de
valorisation ne serait plus que procès de conservation de la valeur, i1 n'y aurait plus d'incrément de valeur. Ou, ce qui
revient au même, l'incrément serait fixé par la jouissance et ne pourrait pas retourner dans le procès
de production. C'est pourquoi le cas où le capitaliste consommerait 1a
plus-value en tant que bon vivant est impossible. «
Faire cette supposition, c'est supposer
l'inexistence de la production capitaliste et, par suite, l'inexistence du capitaliste industriel lui-même ». (Le Capital, Livre
II,
t.
4, ρ.
111). Cela
veut dire: en montrant une fois pour toutes que la clef du système capitaliste
n'est pas
le désir des capitalistes individuels de jouir des profits, mais que c'est
l'exigence impersonelle du capital social (force sociale que seule une révolution pourra abattre) de s'accroître d'une plus-value, on démontre par la même la nécessité de la mort du capitalisme et donc sa non existence scientifiquement déterminée, indiquée par K. Marx.
Seule une science revolutionnaire et non plus doctrinaire (Misère de 1a Philosophie, p. 100) peut obtenir un tel résultat!
La condamnation du capitaliste à ne pas jouir, mais à accumuler dépend, d'autre part d'un autre motif «technique». Ιl
ne faut pas seulement que le capitaliste constitue un capital de réserve afin de tenir tête
aux oscillations des prix et de pouvoir attendre, pour acheter et pour vendre, les
conjonctures les plus favorables; il faut qu'il accumule du capital pour étendre par là la production et incorporer les progrès techniques à son organisation productive ».
( Le
Capital, Livre
II,
t.
4, ρ.
111).
Le capitaliste qui, à un
certain stade, ne peut pas
moderniser ses installations, sera englouti et exproprié par les plus forts. Quant aux salaires (capital salaire) ils sont utilisés à la demande de marchandises de consommation; l'ouvrier ne peut pas économiser et accumuler.
K.
Marx à
prévu
ici
le
phénomène
moderne du
truc
par lequel le capitalisme tente de retarder sa mort escomptée, en augmentant la demande des ouvriers grâce aux ventes à crédit, mesure folle entre toutes. «Du fait que l'ouvrier
convertit son salaire principalement en subsistances
et, pour la partie la plus considérable en subsistances nécessaires, la demande capitaliste de force de travail est indirectement une demande d'objets de consommation entrant dans la consommation de la classe ouvrière. Mais cette
demande est égale à ν
sans
un atome
de plus (quand l'ouvrier épargne sur son salaire, -
nous laissons forcément de côté
ici toutes les question de crédit -
cela veut dire qu'il thésaurise une partie de son salaire et cesse dans cette mesure de se présenter en demandeur, en acheteur».
(Ibid.,p. 109). En acquérant à crédit, sans argent, l'ouvrier vend sa force de travail future, comme s'il vendait sa propre vie et se faisait esclave [11]. Mais par là-même le capital a surmonté la fixation et se valorise.
Parallelement, les
économistes qui,
à
l'origine du
capital
avaient fustigé la jouissance, la proclament nécessité. Ils déclarent cela parce que le capital s'est affranchi des besoins humains, pour satisfaire les siens qui sont: besoin de travail vivant pour se valoriser, besoin de faire
consommer les marchandises afin de
réaliser la plus-value qu'elles
contiennent. Ιl
faut pour écouler les quantités croissantes de celles-ci une quantité croissante d'hommes. Le capital semble se nier. En fait, il veut des esclaves consommant, et les
classes moyennes qui vivent de la réalisation de 1a plus-value, sont des classes
d'esclaves à la consommation du capital. En effet, si elles consommaient la plus-value, au lieu de permettre sa réalisation, elles fixeraient la valeur
et entraveraient
donc le procès du capital.
d)
Cas de
l'intérêt
Originellement, il existe une cause de fixation de la valeur: c'est l'intérêt. K. Marx
indique
que le capital industriel se conduit en polémiste vis-à-vis du capital usuraire, forme anté-diluvienne du capital.
Dans l'agriculture, par exemple, le fermier devait non seulement donner une part de plus-value au propriétaire foncier (la rente), mais il devait en fournir une autre au prêteur d'argent: l'intérêt. Ce dernier personnage fixait ainsi une partie de la plus-value qui ne pouvait ainsi se capitaliser, devenir capital et servir à un
nouveau procès de valorisation. L'usure s'accompagnant de
thésaurisation. « Á de rares
exceptions près l'époque de 1650 à 1750 ne connaît que la lutte contre le capital-argent et la propriété foncière. La noblesse menant la vie à grandes guides, se voyait de mauvaise grâce
«mangée» par les usuriers qui, depuis l'établissement du crédit moderne et du système de la dette d'État à
1a fin
du XVIIème
siècle, étaient devenus tous puissants dans la législation etc.
C'est
sous
cette première
forme que le capital regimbe contre la propriété foncière. L'usure fut du reste un des
principaux revenus du propriétaire foncier. Mais le
capital industriel et le capital commercial marchent plus ou moins la
main dans la main avec la propriété foncière, dans la lutte contre cette vieille forme du capital ».
(Capital, L. IV, t. 1,
pp. 23-24).
«La
polémique engagée
par les économistes bourgeois du XVIIème
siècle (Child, Culpeper, etc.) contre
l'intérêt en tant que forme autonome de la plus-value n'est que la lutte de la bourgeoisie industrielle naissante contre les antiques usuriers qui, à cette époque,
monopolisaient toute la fortune en argent. Le capital productif d'intérêt n'est encore qu'une forme antédiluvienne du capital qu'il faut subordonner au capital industriel et mettre dans 1a situation dépendante qu'il
doit théoriquement et pratiquement occuper dans la
production capitaliste. Dans ce
cas, comme dans tous les autres, la
bourgeoisie n'hésitait pas à faire appel aux
pouvoirs publics, dès qu'il s'agissait
d'adapter les anciennes conditions traditionnelles de la
production à ses propres conditions». (Capital, Livre
IV, t. 8, pp. 145116). «
L'État fait violence au capital productif d'intérêts, abaisse par force le taux d'intérêt, afin
d'empêcher ce capital de dicter ses conditions au capital industriel. Mais c'est là une forme qui est propre aux stades les plus inférieurs
de la production capitaliste. Le capital industriel a une manière personelle de se soumettre le capital productif d'intérêts,
c'est la création d'une forme qui lui est propre, le système de crédit. L'abaissement arbitraire du taux d'intérêt est une forme que le capital industriel emprunte encore aux méthodes des anciens modes de production, mais qu'il rejette comme inutiles et impropres dès qu'il se sent fort et a
suffisamment conquis de terrain.» (Ibid,
pp.
147-48).
Le capital est donc arrivé à surmonter la fixation. Ιl
intègre
la valeur qui, auparavant, était accaparée; maintenant ce n'est plus qu'une question de répartition à l'intérieur de la classe
capitaliste. La fraction de la plus-value qui prend la forme de
l'intérêt νa
tout
de même
être
capitalisée
et entrer
dans
de nouveaux procès de valorisation.
e)
Cas de 1a reproduction
du capital: échange entre les deux sections
La valeur peut, dans un dernier cas, se fixer lors de l'échange entre les deux sections de la société. En effet, par suite du monopole de la propriété privée, une partie de la plus-value sociale se fixe sous forme de rente foncière. On comprend de ce fait la lutte acharnée des capitalistes contre les propriétaires fonciers, afin de détruire la rente. Ceci cesse lorsque le
capital qui,
à
l'origine, se trouvait en face d'une propriété qui ne lui convenait pas parvint à créer la forme qui lui
convenait, «en
subordonnant l'agriculture au capital ». (Livre
III, t. 8, ρ.
9). Á ce moment-là la rente est devenue capitaliste.
Ιl
y
a
donc une cause de fixation objective, puisque le
capital ne
peut pas
détruire la propriété privée. Les impératifs de son développement infini buttent contre la base étroite sur laquelle
il s'est édifié. Le
capital, il
est vrai, tend à éliminer la rentre absolue, mais non celle différentielle. Cette
dernière, au
contraire, est comme on peut le voir dans le cas des
terrains à bâtir, la source d'un nombre considrable de spéculations; dans le cas de l'agriculture,
elle est la cause du renchérissement continuel des prix
agricoles [12].
Ainsi
tombe
une
autre
objection qu'opposaient les économistes à la théorie de la valeur et que K. Marx
avait déjà réfutée dans Misère de la Philosophie. «La dernière contradiction et la plus péremptoire
en apparence, quand elle n'est pas, comme à l'ordinaire, présentée sous la forme d'exemples baroques, est la suivante: si la valeur d'échange n'est
autre que le temps de travail contenu dans une marchandise, comment les marchandises qui ne contiennent pas de travail peuvent-elles posséder une valeur d'échange, ou, autrement dit, d'où vient la valeur d'échange de simples forces de 1a nature? Ce problème est résolu dans la théorie de 1a rente foncière ».
(Contribution, ρ.
38) [13]
Une
même exigence se fait sentir dans tous les aspects du développement
du capital: la valorisation de la valeur. Pour que cela se réalise, il ne faut pas qu'elle se fixe. Mais en fait,
cette exigence se traduit en des comportements différents du capital au
cours de son histoire. Ι1
est donc nécessaire d'envisager le devenir de cette valeur
parvenue à l'autonomie, et, étudier comment en tendant à surmonter toutes les fixations elle parvient à conserver celle-ci. Ce qui implique, en même temps, la question de savoir ce que devient la loi de la valeur dans la société capitaliste.
ΝΟΤΕ
A PROPOS
DU
PROCÈS
DE
PRODUCTION
IMMÉDIAT
DU
CAPITAL
Ιl
est important
de
constater
que
dans le Livre Ι,
K.
Marx, après avoir expliqué ce que sont procès de travail et de valorisation tels qu'ils se manifestent lors du surgissement du capital, donc sur la base de
sa domination formelle, montre comment le procès de production immédiat, unité des deux précédents, devient procès de production du capital. Le passage
de la domination formelle à la domination réelle est lié à cette transformation.
«Le capital se soumet [14] d'abord le travail avec les
conditions de
travail, tel qu'il le
trouve historiquement. Il ne
transforme pas
immédiatement le mode de production. » (L. Ι,
t.
2, ρ.
303). Pour saisir l'importance de ce changement pour le mode de production capitaliste, d'une part, pour 1'exposé théorique de K. Marx,
de
l'autre, il
faut tenir compte que celui-ci a d'abord exposé 1a
formule générale du capital et qu'il
a ensuite présenté le
concept, en expliquant le concept de plus-value. Á partir de là
son analyse qui avait été surtout logique (réductible -
et il
y en a qui ne s'en sont pas
privés - à une analyse structurale, dès lors qu'on a bien séparé les premières pages du Capital d'avec le reste
de 1'œuvre)
devient une phénoménologie du capital. Dès 1a formule générale du capital K. Marx
avait
montré que celui-ci est un
être: la valeur se
valorisant, la valeur en procès; il expose ensuite dans la section 3 «la production de plus-value absolue»
et la section 4 «la
production de plus-value relative»
comment le
capital s'incarne, prend corps (einverleiben) et, pour scandaliser
nos structuralistes, comment d'un concept il
devient nature; il acquiert une nature, grâce à 1a
transformation du procès de travail en procès du capital, le procès de production devient le procès de production du capital.
«En
tant
que
coopérants,
en
tant
que
membres d'une organisation agissant, ils sont eux-mêmes
un mode d'existence particulière du capital. La force productive sociale du
travail se développe gratuitement, dès que les travailleurs sont mis dans des conditions déterminées, et
le capital les met dans ces conditions parce que d'un côté la force productive sociale du travail ne coûte rien et que d'un autre côté elle ne se développe pas avant que le
travail de l'ouvrier lui-même n'appartienne au capital, elle apparaît en tant que force
productive immanente. »
(L. Ι,
t.
2, pp.
25-26).
Ιl
s'agit
donc, en
même
temps,
de
l'étude de la domestication des hommes par le capital: la genèse de la
soumission des
ouvriers au capital.
«
C'est
le premier
changement (lors de 1a coopération, n.d.r.)
que
subit le procès de travail effectif par sa soumission (Subsumtion) au capital.
Cette transformation se produit spontanément. »
(ibid., ρ.
27).
«Comme
dans la coopération simple le
corps de
travail en fonction (der funktionierende Arbeiterkorper » est dans
1a manufacture
une forme
d'existence
du capital. (...) La force
productive surgissant de la
combinaison des travaux apparaît donc
en tant que force
productive du
capital.» (Ibid., ρ.
49). Ici se produit le renversement
(Verkehrung) que K. Marx
analysera
tout au long de son ouvrage, qui, dans son mouvement est 1a
mystification, dans
son résultat le fétichisme.
Ιl
ne nous est
pas
possible de reprendre
toute la démonstration de Mars. Le
lecteur n'a qu'à se reporter directement au Capita ; nous
citerons cependant un passage absolument
essentiel du point de vue de notre
affirmation.
«Le moyen de travail acquiert dans la machinerie une
existence matérielle
qui conditionne
le remplacement
de la force
des hommes par
les forces
de la nature,
et la routine
empirique par
l'utilisation des
sciences de
la nature.
Dans la manufacture l'articulation (Glίederung) du procès social est
purement subjective,
combinaison de
travailleurs parcellaires;
dans le
système du
machinisme la grande
industrie possède
un organisme de
production totalement objectif
que le travailleur trouve là en tant
que condition de
production matérielle
toute prête. Dans la coopération simple
et même
dans
celle fondée
sur la division du travail, le refoulement (verdrängung) du travailleur isolé par le travailleur socialisé
apparaît plus ou moins
accidentel encore.
Le machinisme, à quelques
exceptions près que nous mentionnerons
ultérieurement, ne fonctionne qu'au moyen du travail
socialisé immédiat, du travail commun.
Le
caractère coopératif du procès de travail devient
donc nécessité technique dictée par la
nature
du moyen
de travail. » (Ibid., ρ.
71).
Nous avons, enfin, le renversement pleinement
réalisé avec la formation du
capital sujet-automate.
«
Ces
deux expressions ne sont en aucune façon identiques. Dans l'une
le travailleur collectif
combiné ou le corps de travail social
est sujet
prédominant et l'automate mécanique objet; dans l'autre c'est
l'automate même
qui est le sujet
et les travailleurs sont tout simplement adjoints come
organes
conscients à ces organes inconscients et,
subordonnés à la force
motrice
centrale. » (Ibid, ρ.
102).
Et, pour
terminer cet exposé une phrase qui est comme un écho de celle de G.W.F. Hegel
sur l'autonomίsation du
non-vivant:
«Dans 1a fabrique un
mécanisme mort existe
indépendamment d'eux
(les ouvriers
n.d.r.)
et
ils lui sont incorporés
en tant
qu'appendices vivants ». (Ibid, ρ.
104).
Nous avons rappelé
tous ces éléments au sujet de la formation de
l'être capital - sans en
tirer
toutes
les conséquences -
uniquement pour mettre en
évidence les erreurs de
certains
commentateurs du VIéme chapitre.
A.
Bordiga écrivit un
résumé
de ce texte.
La traduction parut dans le n°
35 ; 1966 de Programme
Communiste. On
peut y lire page 56: « Ces tractations
terminées,
on entre dans le véritable procès
de production considère non
plus comme immédiat, c'est-à-dire comme
un simple enchaînement
d'opérations
de transformation matérielle, mais
comme procès de production spécifiquement capitaliste
et appartenant à la période bourgeoise.» [15]
Nous avons
ici une opposition
non acceptable entre procès
de production immédiat et procès
de production spécifiquement capitaliste.
En effet l'opposition agissant
ici, s'effectue
en fait
entre un procès
qui est
réduit à un procès de travail, procès
où n'intervient pas la valeur
et le procès
de production défini comme
spécifiquement capitaliste; ceci
implique que le capital n'aurait
pas
de procès de production
immédiat. Or,
K. Marx montre que ce dernier est
un procès
de production capitaliste dont le résultat apparent
et réel est - nous y reviendrons - la marchandice-capital,
et dont
le résultat
essentiel
est la production de plus-value.
C'est-à-dire
que
celle-ci ne peut se manifester qu'à
l'intérieur de l'enveloppe marchandise-capital.
Cette
phrase manifeste
donc l'incompréhension du
fait
qu'il s'agit du procès de
production du
capital,
même s'il est immédiat.
Ι1
y a
effectivement d'autres procès de travail et d'autres
procès
de production,
mais,
ici, il est
question
d'emblée
du capital. D'ailleurs au début
du IIIe
Livre K. Marx le rappelle bien (ce qui
est en
parfaite cohérence avec
1a citation du
livre II que nous
avons
reportée
page 12):
«Dans le Ie
livre nous avons
étudié les phénomènes
(Erscheinungen) que présente le procès
de production en tant
que tel,
en tant
que procès de production immédiat, et nous
avons
fait asbstraction,
alors,
de toutes
les actions secondaires,
en tant
que facteurs étrangers
à celui-ci. Mais ce procès de production immédiat n'épuise
pas le cycle de vie du capital. Ιl
doit être
en réalité complété
par le procès
de circulation
(...) en
tant
que médiation du procès de production social, que le procès
de production capitaliste, considéré
en sa totalité,
est l'unité du procès
de production et
du procès
de circulation... » (t. 6,
ρ.
47) [16]
Le
procès
de production immédiat suppose
qu'aucune médiation
n'intervienne encore,
ne soit opérante.
La confusion au sujet de ce procès vient de
ce qu'on n'a pas compris ce qu'implique 1a
détermination de
l'immédiateté et celle
de 1a médiation.
Dans
sa
présentation à Un Chapitre inédit du Capital , R. Dangeville
manifeste
de façon
encore plus
grossière la même
incompréhension que A. Bordiga:
«En d'autres termes, dans le régime capitaliste, au procès de production immédiat s'ajoute le procès de valorisation, qui est conditionné par la sphère de la circulation, et les rapports de domination dans 1a société politique et dans 1a vie privé » (ρ. 56).
Cette phrase contient une accumulation d'absurdités.
Remarquons tout d'abord
que pour K. Marx: 1° Le procès de production immédiat est unité du procès de travail et du
procès de valorisation. Ι1
y aurait donc
selon
R. Dangeville un
second procès de valorisation!
Pour employer le style funambule de
l'auteur de la présentation
nous dirons qu'il y a un
fil en trop. 2° « En
tant qu'unité du procès
de travail
et du procès
de constitution
de la valeur (Wertbildungsprozess)
le procès de production
est procès de production des marchandises; en
tant
que procès de travail et procès
de valorisation il
est procès
de production capitaliste, forme capitalsite de la production des marchandises." (L.I, t.1, p. 211) De plus la
1° section du livre
Ι développe comment, grâce
au procès
d'échange, il y a constitution
de 1a valeur. Celle-ci est toujours un résultat
et ne peut
donc en aucun cas
s'autonomiser, à
ce stade
historique de la production; avec le procès
de valorisation, en revanche, il n'en
est pas
de même. Pour saisir 1a différence K. Marx
compare les deux moments:
«
Si
on compare maintenant le procès de
constitution de la valeur avec le procès de valorisation on
constate que le procès de
valorisation n'est rien d'autre qu'un procès de constitution de la valeur prolongé au-delà d'un certain moment. Si ce dernier dure seulement
jusqu'au moment où il est remplacé par un nouvel équivalent, i1
est alors
simple
procès
de constitution
de la valeur. Si ce dernier dure au-delà de ce moment, il devient procès de valorisation. » (Ibid., ρ.
209).
Dans le VIème chapitre lui-même on trouve: «
Procès de valorisation: ceci doit être pris, ici, non dans le sens ancien de procès de
constitution de
la valeur, mais en tant que procès pour 1a constitution de 1a plus-value. »
Le procès de production immédiat est procès de production de plus-value, mais
celle-ci n'existe à 1a fin de ce procès que dans 1a marchandise-capital; elle doit donc se
réaliser, donc acquérir 1a forme adéquate à son existence,
c'est-à-dire la forme argent. Le procès de
circulation est le procès qui médiatise cela. On peut le définir
procès d'effectuatίon de la plus-value, puisque ce qui devient déterminant ce n'est plus la valeur mai la plus-value. On
pourrait en utilisant le langage même de K. Marx
l'appeler
Mehrwertverwerklichungprozess. Dans le ΙΙe livre et surtout dans les Grundrisse (traduites par R. Dangevίlle) K.
Marx montre qu'il est fondamentalement le
procès de dévalorisation. Le capital subit en quelque sorte, pour s'effectuer, un mouvement d'extériorisation (Veräusserung), il sort du procès de production immédiat, et, dans ce mouvement, il est affecté par un dépouillement (Entäusserung).
Ceci
est un aspect
de la dévalorisation qui est
étudié dans le chapitre pour lequel cette note
est rédigée. À partir de ce qui précède, on peut dire que le procès
total du capital est unité du procès de production immédiat (valorisation)
et
du procès de circulation (dévalorisation). Dire que «le procès de valorisation est conditionné par la sphère de la circulation » c'est
masquer par un verbiage une incompréhension
totale. Ι1
est impossible
de transformer une absurdité en une affirmation juste; il
faut donc laisser R.
Dangeville à son charabia théorique et rappeler que pour K. Marx
le
capital valeur en procès, valeur se valorisant, devient capital en procès.
Ce qui devient prédominant au sein de ce dernier c'est la valorisation. Mais à ce moment-là celle-ci apparaît comme englobant les deux mouvements de
valorisation et de
dévalorisation dont elle est 1a résultante. Nous sommes passés à la domination réelle du capital au sein du procès de production; le procès de
production total du capital, unité du procès de production immédiat
et du
procès de circulation, se présente en réalité, une fois qu'il s'est constitué, comme procès de
valorisation et de
dévalorisation, unité contradictoire. Mais ceci implique (en fait, c'est une relation totalement bijective) la
domination réélle du capital sur 1a
société car, à son stade le plus développé, le capital n'est plus qu'une forme sans substance (moment achevé de son autonomisation), il
est dès
lors
valorisation fictive, donc capitalisation de tout.
Pour résumer le mouvement total: avant
l'affirmation du
mode de
production capitaliste, on a la loi de la valeur qui régit les échanges; avec le capital cette loi prend une extension considérable et
devient, en
fait, loi de valorisation et, lorque le capital domine réellement le prolétariat, loi des prix de production;
enfin quand la dévalorisation (perte de substance valeur) prend de grandes proportions, nous avons la valorisation fictive: la capitalisation.
Cette
note au sujet du procès
de
production immédiat serait incomplète si elle ne rappelait pas le résultat de celui-ci:
«
La marchandise, en tant que forme élémentaire
de la richesse bourgeoise, fut notre point de départ, la présupposition pour la genèse du capital. D'un autre côté
les marchandises apparaissent maintenant comme produits du capital. »
(VIéme
chapitre,
p.
73).
Ceci
est très
important
pour la caractérisation même du procès de production immédiat, dans la mesure où la marchandise capital se distingue nettement de la marchandise surgie sur la
base de
modes de
production antérieurs. D'autre part, cela détruit toutes les
théorisations fondées sur la marchandise envisagée comme un invariant absolu, une abstraction de l'entendement,
opérant aussi bien dans le mode de production capitaliste que dans les modes antérieurs, avec les mêmes déterminations. Enfin, la présupposition, ici, diffère du résultat et
c'est celui-ci qui
devient véritable présupposition. C'est encore un élément du passage à la domination réelle du capital. Dès lors se fait jours un devenir non circulaire ramenant toujours au point de départ, mais un devenir qui a besoin d'une discontinuité pour s'extérioriser. Le développement du mode de production capitaliste a pour résultat le
communisme. Pour continuer son procès de vie, le
capital
doit nier son résultat ; il régénère par là ses
présuppositions, on a la
circularité. L’intervention de la classe révolutionnaire, le
prolétariat,
extériorise le résultat et le pose comme présupposition au devenir
ultérieur de
l’espèce humaine.
Mars
1972
[1]
«
... et
le procès de vie du capital consiste seulement dans son mouvement de valeur se valorisant elle-même ».
(Le Capital,
L. Ι, t.
Ι, p.
304).
[2]
Nous avons
traduit:
Jenseitigkeit par aptiude
à se situer au delà.
- (Note de mai 1972).
[3]
«
Ι1
est indispensable pour le procès de production total, surtout pour
le capital social, qu'il soit en même temps procès de
reproduction et par conséquent cycle de chacun de ses moments. » (L, II,
t
4, p.
96).
[4]
«
Dans 1a formule Μ-A-Μ, c'est la marchandise, et dans
la formule A-Μ-A c'est
l'argent qui constitue
le point
de départ et le point
d'arrivée
du mouvement.
Dans la
première formule,
l'argent est le moyen
de l'échange des marchandises
et, dans la dernière,
c'est la marchandise
qui permet
à la monnaie de devenir argent.
» « Tandis que dans
M-A-M c'est l'échange de substance, c'est l'existence formelle
de la marchandise elle-même issue
de ce premier procès qui
constitue le
contenu
réel du deuxième procès A-Μ-A ».(Contribution, p.
89).
[5]
On
doit
tenir
compte
que le texte du
VIÉME Chapitre est un brouillon; il contient parfois des erreurs importantes. Dans tout le passage commençant page 120 et finissant à 1a fin de la page 121, si la formulation économioue est correcte, la formulation mathématique ne l'est pas.
En effet on ne peut pas
écrire:
Δ(c
+ ν)
= c+(v
+ Δν)
D'autre part, n'ayant pas fait de démonstration intermédiaire («
Comme nous le verrons lors de l'analyse du procès de production réel... »),
K. Marx produit en
fait une tautologie.(Le signe égal doit être remplacé par la locution :doit se
poser
comme. Ceci découlant de l’observation empirique que c ne varie pas – note
2009)
Lors
de 1a rédaction de
notre
commentaire, nous avons escamoté le passage où l'erreur apparaît, mais nous ne
l'avons pas
signalée. (note de
décembre 1972).
[6]
«La transformation de la somme d'argent avancée, qui doit se valoriser et se
transformer en capital, en facteurs du procès de production, est un acte ce la circulation des marchandises, du procès d'échange; elle se résoud en une série d'achats. Cet acte
se
déroule donc en dehors
du
procès de production immédiat. Ι1
ne fait que l'amorcer,
mais il en est la présupposition
nécessaire. Si au lieu du procès de
production immédiat, nous considérons l'ensemble et
la continuité de la production capitaliste, cette transformation de
l'argent en facteurs du
procès de production -
l'achat
de moyens et de forces
de travail -
constitue
elle-même un moment immanent du procès total. (VIéme
chapitre, ρ.
123).
[7]
N'est-ce
pas le cas des États-Unis à l'heure actuelle qui, avec une machine productive fonctionnant parfois au dessous de 90% de
sa capacité, produit un revenu national battant périodiquement les maxima de tous les temps!!!
[8]
« Mais c'est 1a
continuité qui est le trait caractéristique de la production capitaliste. Elle est nécessitée par sa
base technique ». (...)
«C'est pourquoi le cycle effectif du capital industriel en sa continuité
n'est pas
seulement l'unité
des procès
de circulation et de
production, mais l'unité
de ces trois cycles sans exception ». (Le Capital, Livre
ΙΙ,
tome 4, page 95).
[9]
Pour
comprendre 1a différence entre capital fixe et circulant, il faut donc partir
du procès de production d'où
l'importance des
clarification apportés
pat le VIème chapitre avec la définition du procès de travail et de valorisation dont le procès de production immédiat est l'unité. « Ainsi la durabilité
moindre et la différence entre
le capital fixe et le capital circulant sont ramenés à une différence dans le temps
de reproduction. C'est là l'élément principal, mais ce n'est pas l'élément unique. Le capital fixe entre tout
entier dans le procès
de travail; il n'entre -
et
ne doit entrer -
que successivement et par fractions dans le procès de valorisation. Voilà donc une autre différence dans sa forme de circulation. En outre, le capital fixe entre dans le procès de circulation seulement en tant que valeur
d'échange, tandis qu'en tant que valeur d'usage i1
entre dans le
procès de travail et ne doit jamais le quitter. Ceci est une autre
différence essentielle dans 1a forme de circulation.
Ces deux différences
concernent également le temps de
circulation, mais ne sont pas
identiques aux degrés et aux
différences de la
durabilité. » (Livre IV, t.
3,
ρ.
56).
[10]
Etant donné que nous ne donnons ici que les conséquences de la
définition du capital valeur en procès (qui
cerne le mieux 1a réalité de
celui-ci) nous ne développons pas
cette question qui est très complexe. (Cf. les Grundrisse). Précisons que la
variation de valeur a lieu à cause de 1a
rotation (le temps de circulation n'étant pas égal à zéro)
et à cause de 1a transformation en prix de production.
[11]
Toute cette
explication de A. Bordiga de
l'extraordinaire passage de K. Μarx sur
l'inexistence du capital se trouve dans il programma Comunίsta , n°
12 1960.
[12]
Ι1
faudrait
ajouter que le capital évite
l'agriculture parce
qu'elle fixe trop 1a valeur: a) trop grande importance du capitl fixe, b) vitesse de rotation trop faible. D'autre part, le capitalisme garde dans
l'agriculture des
hommes qui vendent les produits au-dessus de
leur valeur individuelle,
faisant cadeau à 1a société d'une
quantité de sur-travail. D'où moyen
« annexe »
pour 1e caρίτal pour pomper de 1a plus-value. Cette question est connexe à celle de la valorisation et de la
dévalorisation indiquée dans les notes précédentes. Nous ne pouvons pas
l'aborder ici. Ι1
nous suffit de la signaler comme conséquence de l'être même
du capital: valeur en procès.
[13]
La
présente
citation
plus
celles
reportées page 26 d'une
ρart
et
81 d'autre part
sont toutes extraites de 1a même page
de la Contribution, à la
critique de
l'économie politique qui se place à la fin de
l'exposé des diverses théories portant sur
l'analyse de la marchandise. Ceci se
trouve dans le premier chapitre: «
La
marchandise » de 1a Ι°
Section: « Le capital en général ».
C'est à partir dé là selon nous que doit être affronté 1a théorie de 1a valeur chez K. Marx.
On
peut constater qu'il relève toutes les objections faites à D. Ricardo en tant qu'interprète le plus autorisé de 1a théorie de la valeur, parce que c'est lui qui exposa de la
façon la plus parfaite «la
détermination de la valeur d'échange par le temps de
travail». Nous n'avons pas pris la précaution à l'époque, de revenir, à la fin
de notre étude, sut cette espèce de plan de 1'oeuvre de K. Marx,
plan
non extériorisé mais qui est opérant parallélement à
celui qui
fut en définitive retenu. Dans la critique de l'économie politique K. Marx veut montrer la validité de la loi de 1a valeur, même lorsque le mode de production capitaliste
s'est développé. Cela ne veut pas dite qu'il pense que cette
loi
reste identique à elle-même, à plus forte raison qu'elle soit éternelle. Nous avons traité cette question dans ce travail sur le VIème
chapitre, nous voulons seulement ajouter ceci :
dans son complément et supplément au ΙΙΙ° Livre du Capital, F. Engels n'a pas, à notre avis, réellement compris le comportement théorique de K. Marx
au
sujet de 1a loi de 1a valeur.
«
Bref, la loi de 1a valeur de K. Marx
est
généralement valable, pour autant
toutefois que les lois
économiques peuvent l'être,
pour toute la période de la production simple de
marchandises, donc jusqu'au moment où cette dernière subit une modification par l'avènement du mode de production capitaliste. »
(L. III, τ.
6,
ρ.
35).
En
fait c'est 1a
loi de D. Ricardo qui est valable, en précisant que K. Marx
a
donné effectivement à cette loi toute sa validité en expliquant le
salaire: ce que vend l'ouvrier,
ce n'est pas
son travail mais sa
force de travail. Et
c'est justement à partir de là qu'il est possible de comprendre comment opère la loi de la valeur dans le mode de production capitaliste. Ensuite la modification est, si l'on veut, d'ordre micro-économique: au niveau de chaque
entreprise particulière la loi de la valeur semble ne plus être applicable. Cependant on va
constater qu'elle est valable dans un domaine plus vaste; tout d'abord le
prix de
production d'une unité productive donnée, qui peut différer de la valeur (la
plus-value n'étant pas égale au profit), est en fait déterminé par le capital en tant que totalité des divers capitaux; en outre, à
l'échelle de la société (au niveau macro-économique) la
somme des profits est égale à 1a somme des
plus-values, celle des prix de production à celle des valeurs. Pour K. Marx, la loi de la
valeur est donc encore opérante. C'est ce qu'il expose dans les
chapitre 49 « Complément à
l'analyse du procès de production » et 50 « L'illusion de
1a concurrence ».
La
véritable question c'est K. Marx
qui
1a posa dans les Grundriss et nous l'avons abordée dans cette étude sur le VIéme chapitre: que devient réellement la loi de 1a
valeur quand il y a dévalorisation par perte de substance, quand le quantum de travail incorporé dans la marchandise est de
moins en moins grand et,
qu'à la limite il n'y en a plus? Peut-on parler, même à l'échelle sociale, de loi de la valeur, dés lors que la substance de celle-ci s'évanouit? La réponse que K. Marx
donne dans les Grundrisse
et celle qu'il expose dans le I11e
livre du
Capital (toutes deux reportées dans les pages qui suivent) se présentent en quelque sorte
juxtaposées. Ceci est probablement dû au fait que nous ne possèdons pas
1a totalité des manuscrits du Capital. (note de mai 1972).
[14]
K.
Marx emploie le verbe sich unterordnen, dont le substantif est Unterordnung = subordination.
[15]
R. Dangeville donne une définition
tout à fait similaire du
procès de production immédiat: «En effet le procès de production
immédiat
enchaίne
rapports physiques et
opérations matérielles pour transformer les moyens de production
en produits, sans
considérer les intermédiaires constitués
pat les institutions sociales et les rapports de classe. » (pp. 56-57). La différence
réside
dans la détermination magique
présente
dans
cette dernière définition.
[16] «Bien que l'excédent de valeur de la marchandise sur son coût de producτίen naisse dans le procès de production immédiat, il ne se réalise seulement que dans le procès de circulation... » (ibid., ρ. 62).