4. – LE DÉVELOPPEMENT DU CAPITALISME

 

 

 

 

"Dans la société bourgeoise achevée, chaque rapport économique en suppose un autre sous sa forme bourgeoise et économique, l'un conditionnant l'autre, comme c'est le cas de tout système organique. Ce système organique lui-même dans son ensemble, a ses présuppositions propres et son développement total implique qu’il se subordonne tous les éléments constitutifs de la société οu qu'il crée à partir de lui-même les οrganes qui font encore défaut. C'est ainsi qu'il devient historiquement une totalité. Le devenir vers cette totalité constitue un élément de son processus, de son développement."

 

K. Marx

Fondements de la critique de l'économie politique

 

 

4.1.- Caractères généraux du capitalisme.

 

4.1.1. - Le capital est la valeur d'échange parvenue à l'autonomie. En lui, elle est devenue procès. Le capital est mouvement, il est un être en devenir. Cette définition englobe toutes les autres: il est une somme de valeurs, il est un rapport social, etc... D'autre part, elle englobe toutes les déterminations particulières et ses métamorphoses: capital-marchandise, capital-productif, capital-argent, etc...

 

4.1.2. - Le capital n'a que deux modalités essentielles différentes d'étre il est capital circulant οu capital fixé. Ι1 est fidès qu'il n'est plus en train de se valoriser, c'est-à-dire en train de passer d'un quantum donné à un quantum accru. En conséquence, il peut tout aussi bien être fixé dans le procès de production que dans celui de circulation. Le capital-argent peut être lui-même du capital fixé.

 

4.1.3. - La vie historique du capital est remplie par ses luttes pour lever les barrières, les obstacles à sa valorisation, pour se rendre autonome et détruire toute fixation. Deux période essentielles :

a - Phase de domination formelle οù la production de plus-value absolue est déterminante.

b - Phase de domination réelle οù la production de plus-value relative relaie la précédente et devient prépondérante. Le procès de valorisation l’emporte de plus en plus sur celui de travail et le masque. Sur le plan social cela implique que le capital tend de plus en plus à dominer le prolétariat[i]

4.1.4. - La contradiction fondamentale du capital est celle entre valorisation et dévalorisation. Plus le capital se développe plus il lui est difficile d'avoir une augmentation importante de plus-value relative.

 

(Δp = variation de plus-value, n = travail nécessaire, T= durée de la journée de travail ρ = productivité)[1]

Cette formule indique que plus ρ augmente plus la valorisation du capital est difficile. La limite de celle-ci est le grand ennemi du capital: le prolétaire, puisque pour un ρ infini, la variation est égale au rapport n / Τ. Ici. nous retrouvons une affirmation constante de Marx: le rapport entre les choses masque le rapport entre le monstre capital et les hommes. Le capital ne peut pas s'affranchir de la nécessidu travail vivant. La lutte est incluse dans le rapport capitaliste.

 

4.1.5. - Cette contradiction se manifeste autrement par l'antagonisme privatisation socialisation. Plus le capital se développe, plus il socialise, créant de vastes unités productives et créant des liens absolus entre les hommes. Or les implantations sociales, telles que routes, chemins de fer, etc., immobilisent le capital. Ι1 faut donc en extraire des portions, privatiser, pour que le cycle de valorisation reprenne.

La contradiction s'effectue entre la base sur laquelle s'est édifié le capital (loi de la valeur) et le résultat auquel il aboutit: la socialisation de la production, des hommes, ainsi que la négation tendancielle de la valeur par suite de l'utilisation de la science devenue "force productive immédiate".

 

4.1.6. - Lorsqu'on veut tenir compte des lois de la concurrence et que l'οn considère le capital comme une totaliqui domine la société, la formule donnant le rapport du taux de plus-value au taux de profit, montre aussi les limites de la valorisation :

pour que пaugmente il faut que p' (taux de plus-value, п’étant le taux de profit) augmente considérablement puisque le rapport v/k tend toujours à diminuer. Comme dans le cas précédent, ceci est lié à la productivité qui s'accroît énormément, ce qui se traduit par le fait qu'il y a de moins en moins de temps de travail vivant dans les produits.

 

4.1.7. - La circulation se présente comme étant la période au cours de laquelle le capital ne se valorise pas. Elle est donc un temps de dévalorisation. Le capital tend à détruire le temps de circulation mais, étant donné qu'il est un système édifié .sur l'échange, il ne peut le faire. Or pour faire circuler il faut dépenser du temps de travail. Celui-ci apparaίt nécessaire non à la création de valeur, mais à sa réalisation. La notion de travail nêcessaire prend une signification plus ample: c'est le temps de travail nécessaire à la vie du capital. D'où, en société pleinement capitaliste, la valeur apparait comme étant déterminée par le temps de production et par celui de circulation.

 

4.1.8. - D'aprés 4.1.4. la diminution du temps de travail nécessaire implique une diminution de la population ouvrière. Cependant étant donné 4.1.7. il s'avère que la population globale doive augmenter puisque la circulation du capital exige de plus en plus de temps de travail. Les éléments produisant la plus-value forment le prolétariat, ceux qui permettent la réalisation de celle-ci forment les nouvelles classses moyennes.

 

4.1.9.- La concurrence est la forme sous laquelle se manifeste la circulation en société capitaliste, quand tout est devenu capital et que les marchandises ne sont plus les marchandises de la circulatien simple, mais des marchandises capital, du capital sous forme marchandises. Comme le capital tend à dominer, à abolir la circulation sans y parvenir, il tend à abolir la concurrence: monopoles, trusts. Mais monopole (proprprivée) concurrence (circulation) sont des présuppositions du système capitaliste parce qu'ils sont les termes essentiels de l'échange. Or le capital est fondé sur ce dernier. Pour parvenir à son autonomie le capital tend à englober ces éléments, d'οu la mystification.

"Par définition la concurrence est la nature interne du capital. Sa caractéristique essentielle est d'apparaître comme l'action réciproque de tous les capitaux: c'est une tendance interne apparaissant comme imposée de l'extérieur. Le capital n'existe et ne peut exister, qu'en étant divi en d'innombrables capitaux â c'est pourquoi il est conditionné par l'action et la réaction des uns sur les autres."(Marx. Fondements, tome Ι, p. 371.)

 

4.1.10. - Pour assurer la continuide son procès de valorisation, le capital, en particulier durant la période de circulation, a besoin du crédit (création de capital fictif). Ι1 a d'autre part besoin de ce dernier pour diminuer les coûts de la circulation (l'or coûte pour être produit); voilà deux raisons pour s'affranchir de la tutelle du métal précieux.

"C'est pourquoi l'argent, sous sa forme immédiate, correspondant à une phase historique anrieure au capital, apparait à celui-ci comme frais de circulation. Le capital s'efforcera donc de le convertir en une forme qui lui soit adéquate, en en faisant le représentant d'une phase de la circulation qui ne lui coûte pas de travail et n'a pas de valeur. Le capital cherche donc à supprimer l'argent sous sa forme et son existence traditionnelles et immédiates et à le transformer en un produit du capital., en en faisant un produit purement idéal, c'est-à-dire matériellement aboli,"

"On ne saurait donc dire, avec Storch, que l'argent est, ennéral, un moyen d'accélérer la circulation du capital. Ιl faut dire, au contraire, que le capital le transforme en un moment purement idéal de sa circulation, en s'efforçant de lui donner une forme qui s'accorde avec lui," ( Fondements, t.II, p. 186. )

 

4.1.11. - Le capital réalise cela en développant le crédit. Cependant, il ne peut pas y avoir une démonétisation de l'or.

"Avec le développement du système de crédit, la production capitaliste cherche continuellement à lever cette barrière de métal, cette barrière à la fois matérielle et imaginaire de la richesse et du mouvement de celle-ci, mais revient toujours se buter la tête contre ce mur." (Le Capital. t.7, p. 234. )

Ι1 en est ainsi parce que l'or est un signe de propriété privée du travail d'autrui qui reste valable même lorsqu'il y a crise. Le capital fondé sur l'échange travail mort - travail vivant, ne peut s'émanciper de la base étroite sur laquelle il s'est édifié. Ι1 ne peut que la voiler.

"L'existence autonome et illusoire de l'argent est abolie: il existe pour se valoriser, c'est-à-dire pour devenir du capital. Pour le devenir, il devra s'échanger de nouveau contre les éléments du procés de production :moyens de subsistance pour l'ouvrier, matières premières et instruments, qui se ramènent tous à du travail objectif et ne peuvent être créés que par le travail vivant,"

" Pour autant qu'il est déjà en soi du capital, l'argent n'est donc qu'une simple assignation sur du travail futur (et nouveau ); matériellement, ce n'est que de l'argent."

" Pour autant qu'elle existe pour elle-même, la plus-value - l'excédent de travail matérialisé est de l'argent. mais cet argent est en soi déjà du capital et, en tant que tel, assignation sur du travail nouveau. À ce niveau, le capital n'entre plus seulement en rapport avec le travail existant, mais encore avec le travail futur."

"Ι1 ne coïncide pas simplement avec des éléments du procés de production, car c'est aussi de l'argent, mais il n'est plus de l'argent sous la forme abstraite de la richesse générale, mais sous forme d'assignation sur la possibiliréelle de la richesse universelle : la force de travail, οu plus préciment la force de travail en devenir. Pour représenter une telle assignation, son existence matérielle d'argent est indifférente et peut être remplacée par n'importe quel autre titre de papier. (…)

"À l'instar du créancier de l'État, chaque capitaliste possède dans sa valeur nouvellement acquise, une assignation sur du travail futur; en s'appropriant le travail présent, il s'approprie en même temps le travail futur. Cet aspect du capital mérite une attention particulière. En effet sa valeur peut subsister indépendamment de sa substance. C'est tout le fondement du système du crédit.)

" Son accumulation monétaire porte donc sur des titres de propriété du travail; ce n'est nullement l'accumulation matérielle des conditions objectives du travail. Ιl implique donc le travail futur sous forme salariée et de valeur d'usage pour le capital. Ι1 n'y a pas dquivalent pour la valeur nouvellement créée : la possibili pour elle, c'est le travail nouveau." (Fondements, t. Ι. p.320-32Ι.)

 

4.1.12. - Le capital s'est édifié au sein de la circulation simple des marchandises en dominant la loi de la valeur. Au cours de son développement il parvient à la dominer (passage à la loi des prix de production), mais il ne peut la détruire: Cela impliquerait la disparition du prolétariat, de l'échange, de la propriété privée. Ι1 tend à nier sa substance, le travail vivant, mais il ne peut l'éliminer,

 

4.1.13. - Le capital s'est emparé de la terre, il industrialise l'agriculture. Cela se traduit par une production exdentaire de produits standardisés avec tendance de plus en plus à les remplacer par des produits non naturels. Le capital sort de la sphère de la satisfaction des besoins matériels de l'homme (le superflu est plus facile à produire que le nécessaire. Marx. Mire de la philosophie. 1847.) L'agriculture soumise aux lois du capital, cela implique une crise à venir plus puissante et, par là, la faim pour l'homme.

"Le mouvement ascendant du capital, face à la propriété foncière, se manifeste à l'origine par l’augmentation de la richesse mobilière par apport à la propriété immobilière. Mais, une fois que le mode de production capitaliste est bien instauré, on mesure le niveau οù il s'est assujetti les conditions de production à la transformation du capital en propriété immobilière. Ainsi, le capital fixe son siège dans la terre elle-même. Désormais les présuppositions si solides, fournies par la nature à la propriété foncière, relèvent de la seule industrie." (Fondements. t. Ι, p. 264)

 

4.1.14. - Plus il se développe, plus le capital tend à remplacer les antiques présuppositions telle que la terre. Ι1 devient lui-même communauté matérielle qui présuppose la vie de tous les hommes esclaves du capital. Une telle coτnmunaua besoin de différentes organisations pour se développer, en particulier, des instituts de programmation, de rationalisation qui permettent de défendre l'autonomisation  du procès de valorisation.

L'État lui-même devient un tel organe à fonction surtout répressive: empécher que les hommes ne se soulèvent contre le monstre capital, ne nuisent â son procés.

À ce niveau dire que la contradiction fondamentale est celle entre production sociale et appropriation privée, n'est pas suffisant si l'on ne précise pas que celui qui s'approprie est, en fait, le capital communauté matérielle.

 

4.1.15. - Le capital s'édifie en communauté matérielle au travers du capital fixe et circulant. Mais ceci est surtout réalisé par l'intermédiaire du capital pour le crédit, par celui sous forme de capital par actions, enfin par le capital sous forme de marché monétaire.

"Dans le marché monétaire, le capital devient une totalité: il y détermine les prix, il y offre le travail, il y règle la production, bref il y est source de production." (Fondements, t.I., p. 224)

C'est sous la forme de cette communauté que le capital tend à réaliser son éternisation.

 

4.1.16. - Le capital tend à nier les classes et donc son ennemi le prolétariat. En se constituant en communaumatérielle, il s'empare de l’État dont le caractère de classe vient à être masqué. Le capital est représenpar des bureaucrates, des technocrates, c'est-à-dire des agents exécuteurs de son procés de vie. D'autre part, l’État s'accroît énormément car les oppositions au capital se multiplient et le contrôle de la vie sociale dans sa totalité devient de plus en plus nécessaire. L'État est non seulement le "boa constrictor" qui enserre la société, il tend à être la société.

La politique des revenus, est une tentative de rationalisation des rapports sociaux sous la domination du capital. Chacun devrait récurer en fonction de ce qu'il aurait invest: l'entreprise le profit, le salarié son salaire, etc… C'est en même temps la tentative de parvenir, par le contrôle de 1'épargne, à planifier l'apport de capital sous forme argent, à réduire οu à accroître la consommation en fonction du procès total de valorisation de celui-ci.

 

4.1.17.- Le capitalisme fondé sur l'échange, la division d'entreprises, arrive à englober l'anarchie de la production, à la planifier, non à la détruire. Ι1 est possible dliminer les conséquences nocives de celle-ci sans la remettre en cause. La nécessité de franchir les obstacles, les barrières qu'il rencontre, ont conduit le capital à son édification en communaumatérielle. Si celle-ci se réalise trop bien, il y a inhibition du procès de valorisation parce que celui-ci ne peut justement se produire qu'au cours d'un mouvement contradictoire. Cependant l'importance de la crise ne réside pas dans le seul fait d'être un blocage du procès de valorisation (de ce fait sa résolution est remise en mouvement du capital) mais dans le fait qu'elle permet la libération de la lutte entre capital et prolétariat (et, à un stade développé la majorides hommes) incluse dans le rapport capitaliste.

 

 

 

4.2. - Valorisation - Dévalorisation : contradiction fondamentale du capital.

 

 

4.2.1. - Pour situer correctement cette question, il est nécessaire, auparavant,de connaître les limites, les bornes du système étudié.

"Mais, comme il représente la forme nérale de la richesse - l'argent - le capital a la tendance effrénée et illimitée de dépasser ses propres bornes. Chaque limitation est et doit être, pour lui, une barrière, sinon il cesserait d'être du capital c'est-à-dire de l'argent qui se crée lui-même. Si une telle limite déterminée lui apparaissait non comme une barrière tolérable οu inhérente à lui-même, il se dégraderait, passant de la valeur d'échange à la valeur d'usage, et de la forme générale de la richesse à un mode déterminé de substance. Si le capital crée une plus-value de quantidéterinée, c'est simplement parce qu'il ne peut en, une seule fois en produire une quantiillimitée. Mais il est le mouvement de sa constante augmentation. La limite quantitative de la plus-value lui apparait uniquement comme une barrière naturelle à surmonter, une nécessité qu'il cherche toujours à dépasser." (Fondements, Ι, pp. 283, 284.)

 

4.2,2. - "Ces entraves immanentes doivent correspondre à la nature même du capital ainsi qu'à ses déterminations conceptuelles essentielles, Ces limites nécessaires sont les suivantes :

le travail nécessaire, qui représente la limite de la valeur d'échange pour la force de travail vivant, οu du salaire de la population industrielle;

2° la plus-value, qui représente la limite de temps de surtravail ; et, en ce qui concerne le temps de surtravail relatif, la limite du développement des forces productives ;

3° ce qui est la même chose: la transformation en argent de la valeur d'échange ennéral représente la limite de la production; l’échange fondé sur la valeur οu la valeur fondée sur l'échange sont une entrave à la production;

4° ce qui revient à dire que la production de valeurs d'usage est limitée de par la valeur d'échange; autrement dit la richesse véritable doit revêtir unι forme déterminée qui est différente d'elle, une forme qui ne s'identifie absolument pas avec e1le pour pouvoir devenir l'objet de la production." (Fondements.t.Ι, p. 373.)

 

 

4.2.3. - La contradiction valorisation-dévalorisation est la contradiction fondamentale parce qu'elle est inhérente à l'être capital, On 1'a vue se manifester à l'intérieur du procès de production immédiat (4.1.4.). C'est une manifestation non mystifiée. Plus la productivi du travail augmente, plus le quantum de plus-value arrachée à la force de travail diminue.

"Le capital représente la contradiction suivante : il cherche constamment à supprimer le temps de travail nécessaire (ce qui revient aussi à ravaler l'ouvrier au niveau le plus bas, c'est-à-dire à son existence de pure force de travail vivante); mais le temps de surtravail n'existe qu'en opposition au temps de travai1 nécessaire si bien que le capital pose le temps de travail nécessaire comme nécessité et condition de sa reproduction et de sa valorisation. Ce développement des forces productives matérielles νa de pair avec le dévelopnenιent des forces de la classe ouvrière : il supprime d'une certaine manière le capital lui-même, (Fondements.t, II, pp. 36-37)

 

4.2.4. - L'échange est une autre donnée de l’être capital. La valeur forme sa substance, il est son mode d'être. Car la valeur ne peut se manifester que dans l'échange.

"Le système d’échanges et tout ce qu'il implique - transformation en argent, valeur autonome - représente donc à la fois la condition et la limite de la reproduction du capital. En effet, la production capitaliste est, en tous points, soumise à l'échange. Même si ces opérations d'échange - la circulation en tant que telle - ne créent aucune plus-value, elles n'en sont pas moins des conditions de réalisation de celle-ci. Et, dans cette mesure elles sont des conditions de production du capital lui-même, sa forme de capital n'étant posée que s'il parcourt ces opérations d’êchange, (Fondements, p. 266.)

D'autre part :

"L'une des conditions de la production fondée sur le capital est donc la production d'une sphère sans cesse grandissante de la circulation, soit qu'elle s'élargisse, soit qu’on y crée plus de points d'échange." (Fondements. t. Ι, p. 364)

 

4.2.5.- C'est justement parcc qu'il ne tient pas compte des limites indiquées ci-dessus que le capital connaît les crises,

" Le capital tend en néral à ne pas tenir compte :

du travail nécessaire qui est la limite de la valeur d'échange de la force de travail vivante; 2° de la plus-value qui représente la limite du surtravail et du développement des forces productives; 3° de l'argent qui est un frein pour la production; 4° des limitations de la production de valeur d'usage dues à la valeur d'échange."

"La surproduction rappelle brusquement au capital que tous ces éléments sont nécessaires à sa production, car c'est cet oubli qui a provoqué une dévalorisation générale du capital. Celui-ci est donc oblide recommencer sa tentative, mais à partir d'un stade toujours plus élevé du développement des forces productives, et avec la perspective d'un effondrement toujours plus grand du capital. Ιl est donc clair que plus le capital est développé plus il apparait lui-même comme une entrave à la production, et donc aussi à la consommation, abstraction faite de toutes les contradictions qui le font apparaître comme entrave fâcheuse de la distribution et de la circulation. ( Tout le système du crédit ainsi que les excès du commerce et la surspéculation qui en découlent, proviennent de la nécessidlargir et de surmonter les barrières de la circulation et de l'échange...)" (Fondements. t, Ι, p. 373-374.)

 

4.2.6. - Le temps de circulation est un temps de dévalorisation. Comme celui-ci tend à s'allonger, cette dernière augmente. Le capital réagit en rationalisant au maximum la circulation. Ι1 peut ainsi réguler, programmer la libération d'une portion de capital qui avait été fixée dans la circulation et fonder un système d'auto-financement. De ce fait si le procès de valorisation est en même temps celui de valorisation (au sein du procès immédiat), celui de dévalorisation (in circulation) νa tendre à être en même temps un procès de valorisation. C'est à ce moment-là. qu'intervient le crédit mais aussi la mystification totale des rapports économiques.

 

4.2.7.- Pour diminuer le temps de travail nécessaire et accroître le temps de sur-travail, il y a eu un développement considérable du capital fixe, "le monstre animé qui matérialise la pensée scieritifique et domine pratiquement tout le processus", mais celui-ci n'engendre aucune valeur, il produit gratuitement, d'où dévalorisation. Surgit alors la nécessité de détruire cotte socialisation qui est inhibition du procès de valorisation.

"Le capital est une contradiction en procès - d'une part, il pousse à la réduction du temps de travail à un minimum, et d'autre part il pose le temps de travail comme la seule source et la seule mesure de la richesse. Ι1 diminue donc le temps de travail sous sa forme nécessaire pour l'accroître sous sa ferme de surtravail. Dans une proportion croissante, il pοse donc le surtravail comme la condition - question de vie οu de mort - du travail nécessaire.

"D'une part, il éveille toutes les forces de la science et de la nature ainsi que celles de la coopération et de la circulation sociales, afin de rendre la création de la richesse indépendante (relativement) du temps de travail utilisé pour elle. D'autre part, il prétend mesurer les gigantesques forces sociales ainsi crées d'après l'étalon du temps de travail, et les enserrer dans des limites étroites, nécessaires au maintien, en tant que νaleur, de la valeur jà. produite. Les forces productives et les rapports sociaux - simples faces différentes du développement de l'individu social - apparaissent uniquement au capital comme des moyens pour produire à partir de sa base étriquée. Mais, en fait, ce sont les conditions matériclles, capables de faire éclater cette base." (Fondements, t.II. p. 222- 223,)

 

4.2.8. - Le capital étant la valeur en procès, il apparaît évident qu'il englobe en lui-même un moment οù il y a dévalorisation, il renferme donc une contradiction. Cette contradiction n'est pas statique elle se développe au cours de la vie du capital.sous une forme tangible. C'est la baisse tendancielle du taux de profit.

"La masse du travail vivant employé diminuant sans cesse par rapport aux moyens de production, qu'elle met en mouvement, par rapport aux moyens de production consommés productivement, il faut bien que la fraction non payée de ce travail vivant qui se concrétise en plus-value voie son rapport au volume de valeur du capital total diminuer sans cesse."

On peut exprimer d'une antre façon cette loi en écrivant :

Ceci est vrai si l'on raisonne à l'échelle sociale οù la somme de plus-value est égale à la somme de profit. Le taux de plus-value étant égal à 100% p = ν, la formule précédente est devenue :

en divisant le second membre par ν on obtient la seconde formule  où γ est égal à c/v, qui est la composition organique du capital. Plus elle est grande, plus la productivi du travail est grande. Cette formule nous indique une fonction toujours décroissante, "donc la tendance progressive à la baisse du taux de profit néral est tout simplement une façon propre au mode de production capitaliste, d'exprimer le progrès de la productivi sociale du travail."

 

4.2.9. - L'analyse purement mathématique de la seconde formule ne nous permet pas de faire une étude des limites du mode de production capitaliste. En effet, si l'on considère que la productivité, donc la composition organique du capital, s'accroît indéfiniment, le taux de profit tend vers zéro. Mais la question est de savoir comment il peut y tendre.

 

4.2.10. - La lutte contre la dévalorisation νa apparaitre comme la lutte contre cette baisse tendancielle du taux de profit. D’où l'importance du cha-pitre ΧIV "Causes qui contrecarrent la loi ". Certaines sont déjà incluses dans ce qui précéde.

1. Augmentation du degré d'exploitation de la force de travail.

2. Réduction du salaire au-dessous de sa valeur."

4. La sur-population relative.

Les points : 3. Baisse des prix des éléments du capital constant. 5. Le commerce extérieur et 6. Augmentation du capital par actions, sont des points indiqués mais non développés. Or, c'est de la manifestation de cela que résulte ce qu'on a appelé 1'inιpérialisme comme si le capital avait changé et, qu'à chose nouvelle, nom nouveau.

 

4.2.11. - "La valorisation du capital existant (c'est-à-dire de ses éléments matériels), qui résulte du développement industriel, se rattache à ce qui précède. Elle aussi est une des causes constantes qui arrêtent la baisse du taux de profit, bien que dans certains cas, elle soit susceptible de réduire la masse du profit par réduction de la masse du capital productif de profit." (Livre III, t.1, pp. 248-249)

a - Une première façon de diminuer les coûts du capital constant fut la méthode colonialiste: la possession foncière des pays produisant les éléments du capital constant. Cela correspond à une forme inférieure du capitalisme. Au XIX° siècle, la plupart des pays capitalistes se sont lancés à la conquête de tous les pays non encore touchés par le développement capitaliste. Ils les opprimèrent, les empêchèrent de se développer et même lorsqu'ils réussirent à le faire, dans l'industrie (Inde), l'agriculture (Algérie) ce  fut de façon parasite sur le corps social du pays qui demeurait enserré dans les anciennes formes.

Le partage du monde, la répartition des colonies en un groupe peu nombreux de pays pouvait définir le capitalisme à un moment donné de son évolution, mais il était impossible de le considérer comme une phase finale, ultime.(Cf. 4.5.)

b - Une seconde façon est, une fois que les pays ont accédé à l'indépendance et qu'il n'est plus possible de faire une pression directe sur eux, d'utiliser les mécanismes monétaires afin de payer les produits moins chers. Ceci vérifiant pleinement ce que dit Marx: "le capitalisme parvient à la totalidans le marché monétaire". Cela implique évidemment que la puissance qui opère ainsi, est une puissance réellement mondiale, jouissant d'un monopole sur le marché : les E.U.

Grâce à la fixation du prix de lor à 35 dollars l'once depuis 1934, les E.U. peuvent acheter avec une monnaie dépréciée des marchandises qui enferment en fait un quantum de valeur plus grand. Par là les E.U. limitent la diminution du taux de profit. De cela, ils n'en sont pas les seuls bénéficiaires, mais l'ensemble des nations hautement développées du point de vue capitaliste et qui exploitent celles qui sont à l'aube du développement. C'est pourquoi la lutte des autres nations capitalistes contre le monopole des E.U. n'est pas une lutte pour détruire ce monopole mais pour le partager.

c - Le capital peut encore obtenir des matières premres à vil prix en produisant des matières premières de remplacement, artificielles.

"Ιl s'ensuit d'abord que le capital tend nécessairement à se rendre maître de la production sous toutes ses formes, et notamment à produire lui-même des matières brutes qu'il façonnera, οu qu'un autre capital produira; le capital tend à se diffuser partout." (Fondements,t.II p 303)

 

4.2.12. - "Pour autant que le commerce extérieur fait baisser le prix soit des éléments du capital constant, soit dcs subsistances nécessaires en quoi se convertit le capital variable, il a pour effet de faire monter le taux de profit, en élevant le taux de la plus-value et en abaissant la valeur du capital constant. D'une façonnérale, il agit dans ce sens du fait qu'il permet d'élargir l'échelle de la production. Ce faisant, il accélère d'une part l'accumulation, mais d'autre part aussi la chute du capital variable, par rapport au capital constant et par là la baisse du taux de profit. De même l'extension du commerce exrieur, qui était la base du mode de production capitaliste à ses débuts, en est devenue le résultat, à mesure que progressait la production capitaliste en raison de la nécessiinhérente à ce mode de production de disposer d'un marché toujours plus étendu. On constate de nouveau ici la même ambivalence de l'effet." ( ... )

"Or on ne voit pas pourquoi ces taux de profit plus élevés que rendent des capitaux investis dans certaines branches, et qu'ils transfèrent dans leurs pays d'origine, n'entreraient pas alors, si par ailleurs des monopoles n'y font pas obstacle, dans le système de péréquation du taux da profit général et ne l'augmenterait pas. "

Le commerce extérieur qui connut une stagnation durant l'entre deux guerres, connaît à l'heure actuelle un développement considérable provoquant un ralentissement de la baisse du taux de profit.

 

4.2.13 .- "À mesure que progresse la production capitaliste, ce qui va de pair avec une accumulation plus rapide, une partie du capital n'est plus comptée et employée que comme capital productif d'intérêt. Non pas en ce sens que tout capitaliste qui prête du capital se contente des intérêts, tandis que le capitaliste industriel empoche son bénéfice d'entrepreneur. Ce fait, lui, n'inresse nullement le niveau du taux de profit néral, car, pour lui, le profit = inrêt + profit de toute sorte + rente foncière, et sa distribution entre ces catégories particulières lui est indifférente."

Ι1 s'agit donc du stade οù le capital s'est constitué en tant que totalité dans le marché monétaire.

"Mais ces capitaux, bien que placés dans de grandes entreprises productives, ne fournissent, déduction faite de tous les frais, que des inrêts plus οu moins grands qu'on appelle dividendes: dans les chemins de fer par exemplc,Ils n'entrent donc pas dans le système de péréquation du taux de profit néral, étant donné qu'ils rendent un taux de profit inférieur au taux moyen. S'ils y entraient, celui-ci tomberait beaucoup plus bas. D'un point de vue théorique, on peut les y inclure, et on obtient alors un taux de profit inférieur à celui qui semble exister et qui détermine réellement les capitalistes, car c'est justement dans ces entreprises que le capital constant est le plus élevé relativement au capital variable."

On comprend ainsi tout l'intérêt des nationalisations pour le capital. Nationaliser revient à faire c = 0 ; autrement dit avoir la production sans devoir faire la dépense pour la partie constante du capital productif.

 

4.2.14. - La diminution de l'incrément relatif de la production, c'est-à-dire celle du rapport

donne une indication sur le phénomène mentionné plus haut, mais n'est que cela. En effet, considérer ce rapport comme étant une expression identique, mais en termes de marchandises, c'est accorder l'importance à la masse, à la matière et ne pas tenir compte de la valeur. C’est une erreur physiocratique. Or le capital n'est pas une matière tangible, il est valeur un procès.

"On constate une fois de plus conibien il est important, dans la production capitaliste, de ne pas étudier isolément, en soi, en tant que simple marchandise, la marchandise prise à part οu le produit marchandise d’une période quelconque, mais de le considércr comme le produit du capital avancé et par rapport au capital total qui produit cette marchandise". (Le Capital, t. 6. p, 242.)

 

4.2.15. - D'autre part, la loi de la baisse de

(comme dans le point précédent, P’ et P indiquent la production de deux années successives) traduit un résultat mais ne décrit pas un processus. De plus cela tend à apparenter le phénomène capitaliste à un phénomène naturel; la diminution du rythme de croissance dans un organisme en développement, chez un cristal, etc. Or, les lois du capital ne peuvent pas être ramenées à des processus naturels. Sinon, on fait du capital lui-même un processus naturel qu'on doit subir de toute éternité. Ι1 y a des lois précises qui régissent le développement du capital, aussi précises que les lois découvertes dans la nature mais ce ne sont pas des lois naturelles.

"Ι1 faut donc que le marché s'agrandisse sans cesse si bien que ses connexions internes et les conditions qui le réglent prennent de plus en plus l'allure de lois de la nature indépendantes des producteurs et échappent de plus en plus à leur contrôle.°' (Le Capital, t. 6.p. 258.)

 

4.2,.16. - Les variations de valeur ne se font pas imperceptiblement mais il y a de véritables bouleversements, des révolutions, La vie du capital consiste à les surmonter. Le développement de l’automation apporte une telle révolution de la valeur. Cependant le capital parvenu à la totalité en tant que marché monétaire réussit à la surmonter.

 

4.2.17. - "1. -Avec la baisse du taux de profit, le développement de la force productive du travail donne naissance à une loi, qui, à un certain moment, entre en opposition absolue avec le propre développement de cette productivité. De ce fait, le conflit doit être constamment surmonpar les crises." (Ibid. p. 270.)

 

4.2.18. - " 2. C'est l'appropriation de travail -non payé et le rapport entre ce travail non payé et le travail matérialisé ennéral ou, pour parler en langage capitaliste, c'est le profit et le rapport entre ce profit et le capital utili, donc un certain niveau de taux de profit qui décident de l’extension οu de la limitation de la production le rapport de la production aux besoins sociaux, aux besoins d'êtres humains socialement évolués." (Ibid, p. 271.)

 

4.2.19. - "La valeur de la marchandise est déterminée par le temps de travail total, passé et vivant, qu'elle absorbe. L'augmentation de la productividu travail réside précisément en ceci que la part du travail vivant est réduite et que celle du travail passé augmente, mais de telle sorte que la somme totale de travail contenu dans la marchandise diminue; autrement dit, le travail vivant diminue plus que n'augmente le travail passé. Le travail passé matérialisé dans la valeur d'une marchandise - la portion de capital constant - se compose pour une part de 1'usure du capital constant fixe, pour l'autre de capital constant circulan: matières premières et aιxiliaires, absorbées en totalité dans la marchandise." (Ibid. p. 273.)

Autrement dit, il n'est plus possible de donner une finition immédiate de la vale,ur, puisqu'intervient dans sa détermiinatiοn un quantum toujours plus grand de temps de travail passé.

 

4.2.20. - "Donc pour le capital, la loi de l'augmentation de la force productive du travail ne s'applique pas de façon absolue. Pour le capital cette productivité est augmentée non quand on peut réaliser une économie sur le travail vivant en général, mais seulement quand on peut réaliser sur la fraction payée du travail vivant une économie plus importante qu'il n'est ajouté de travail passé, comme nous l'avons déjà brièvement indiqué au livre Ier" (Ibid. p.274.)

C'est pourquoi le capital s'oppose parfois à l'introduction de nouvelles machines, parce que cela nuirait à sa valorisation. Cependant toute la vie du capital est de surmonter les barrières à la valorisation. De ce fait, il y aura, finalement, introduction de ces machines.

 

4.2.21. - "Trois faits principaux de la production capitaliste .

1.Concentration des moyens de production en peu de mains; ainsi ils cessent d'apparaître comme la proprides travailleurs immédiats et se transforment, au contraire,en puissances sociales de la production. Mais, d'abord  ils apparaissent comme propriété privée des capitalistes. Ceux-ci sont les trustees (syndics) de la société bourgeoise, mais ils empochent tous les fruits qui résultent de cette fonction.

2. Organisation du travail lui-même comme travail social, par la coopération, la division du travail et la liaison du travail et des sciences de la nature.

Dans les deux sens, le système de production capitaliste abolit la propriété privée et le travail privé, quoique sous des formes contradictoires.

3. Constitution du marché mondial. " (ibid.p.278.)

Ι1 y a, dans ce qui précède, tous les éléments pour comprendre le stade récent, le plus jeune du capital, celui qui fut appelé impérialine et que l'on voudrait nommer, à l'heure actuelle, ultra-impérialisme οu encore capitalisme monopoliste. Malheureusement le chapitre " Èpanouissement des contradictions internes de la loi " d'où la citation précédente est extraite, ainsi que les "Addenda" ne sont pas-développés de façon exhaustive.C'est peut-être pour cela qu'il fut si facile de faire des théories sur l'impérialisme.

 

4.2.22. - Avec l'accroissement du capital et donc de la productivité du travail, toutes les entraves au procès de valorisation, que le capital n'a pas supprimées mais englobées, deviennent des moyens de valorisation: la rente foncière (agraire οu des terrains à bâtir), les limites nationales avec le protectionnisme, etc... Cela veut dire, en finitive, essor considérable de la spéculation. Autrement dit arrivé à un certain stade de la dévalorisation, le capital ne peut la fuir qu'au travers de la spéculation et en devenant capital fictif.

 

4.2.23. - Le gaspillage sous toutes ses formes est une manifestation phé:noménale de la dévalorisation. La tendance du capital est de diminuer le nombre d'hommes produisant la plus-value et d'accroître celui de ceux qui en vivent. Cela veut dire qu'il y a un gaspillage (le plus important) de forces productives. La production et la consommation d'une foule d'objets inutiles οu même nocifs est un autre aspect du gaspillage.

Lorsque le capital s'est consitué en totalila consommation de la part des nouvelles classes moyennes n'est plus suffisante pour détruire le déséquilibre entre production et valorisation. Dés lors s'impose une industrie qui n'a plus besoin d'hommes pour consommcr ses produits (ils sont nêcessaires pour permettre leur consommation): la guerre. L'État intervient bien alors en tant que représentant de la communauté matérielle pour prélever, sous forme d' impôts, la plus-value nécessaire afin que la valorisation puisse se faire au sein des entreprises productrices d'armements. Ceci touche surtout les prolétaires et les nouvelles classes moyennes mais aussi d'autres couches sociales, me celles qui sont directement liées au capital (tous ses fonctionnaires, par exemple). Cela montre à quel point 1'État est devenu un agent important dans le procès de valorisation du capital. Ι1 en est de même de la guerre. Elle est nécessaire pour dêtruire la socialisation de la production, c'est-à-dire son résultat qui inhibe son procès vital.

 

4.2.24. - La contradiction valorisation - dévalorisation se manifeste de la façon la plus percutante entre capital qui tend à la valorisation maximum et les hommes qui fixent de plus en plus la valeur et donc dévalorisent. En effet, afin d'inhiber la rebellion des hommes contre les conditions de vie qui leur sont faites, il est nécessaire de leur accorder une certaine réservc sociale (fascisme = démocratie sociale). Ceci fut d'abord fait pour le prolétariat puis pour presque toutes les couches de la société. Le capital surmonte cette fixation en utilisant d'une manière οu d'une autre l'argent des différentes caisses d'assurance, οu en volant les prolétaires en diminuant les remboursements, par exemple. Il y arrive, pour beaucoup de travaux, en faisant appel à des travailleurs, étrangers à la zone οù ce capital se veloppe. Ces travailleurs venant de pays moins évolués ont des besoins moindres et, d'autre part, ne sont pas organisés. Cependant, étant donque le pays prêteur de main d’œuvre, veut récupérer une partie de l'argent obtenu par ses travailleurs, il peut y avoir pression sur le pays employeur afin que les salaires ne soient pas trop bas. Inévitablement la contradiction réapparaît.

En définitive, la contradiction sous sa forme la plus évoluée, se fera entre le capital et les hommes devenus des obstacles à la valorisation. Ceux-ci devront répondre à l'offensive du capital qui tendra à les détruire, afin de libérer son procès. Ils n'auront qu'une possibilide survie: la destruction du capital.

Ainsi à la fin de la vie du capital, réapparaîtra l'antagonisme initial qui avait été masqué durant toute la période de son devenir à la totalité, de sa conquête de la planète: l'antagonisme entre la valeur d'échange devenue capital et l'homme, En effet, à l'origine, il s'opère entre capital et prolétaire salarié. Pour conjurer les assauts prolétariens, le capital tend à nier les classes et à immerger le prolétariat dans les nouvelles classes moyennes. Cela se produit avec la généralisation du salariat et de la condition de prolétaire à la majorité des hommes, et en assurant une réserve sociale aux esclaves du capital. Ce faisant, l'homme devient trop coûteux pour le capital; il est l'obstacle fondamental à sa valorisation. La lutte obligatoirement éclatera, non plus entre capital et prolétariat seul, mais entre capital et la masse des hommes prolétarisés, dirigée par le prolétariat. C'est la négation de la négation.

 

 

 

4.3.- Le capital et l'agriculture.

 

"Tant par sa nature que par l'histoire, le capital crée la propriété et la rente foncières modernes; son action dissout donc parallélement les anciennes formes de la propsίété foncière. La nouvelle forme surgit à la place de l'ancienne par suite de l'action du capital. En ce sens, le capital est père de l'agriculture moderne. Les rapports économiques de la propriété foncière moderne représentent un procés : rente foncière - capital - travail salarié ( on peut l'inverser auss: travail salarié - capital - rente foncière ; mais toujours, c'est le capital qui est l'intermédiaire actif.) Nous avons ainsi la structure interne de la société moderne, le capital étant posé dans la totalide ses rapports."

MARX Fondements. t. Ι. p. 224.

 

4.3.1. Caractères généraux.

 

4.3.1.1. Nature et travail.

Contrethèse 1. La nature met périodiquement à la disposition de la sociét humaine une masse de richesses. Celui qui contrôle une portion de terrain jouit de l'usage d'une partie d'un tel fruit.

Thèse 1. Tout le complexe de biens d'usage dent dispose la société provient du travail humain. Dispose de biens, sans livraison correspondante de travail, tout groupe social qui contrôle: a) les personnes des producteurs; b) le droit d'accéder à la terre des producteurs; c) les instruments de travail indispensables aux producteurs, donc les produits.

4.3.1.2. Richesse et sur-travail.

Contrethèse 2. Terre, outillage de travail, argent sont accumulations de richesses, qu'elles proviennent de la nature οu du travail qui, sans s'épuiser, en engendrent périodiquement une quote-part dont il est possible de jouir (rente, profit; intérêt)

Thèse 2. Toute entrée, pour les classes qui ne s'adonnent pas à la production, dérive d'un sur-travail d'autres classes. Sur le produit engendré, les institutions politiques imposent seulement le prélèvement de la partie mineure, qui suffit à conserver et à faire reproduire la classe active.

Inrêt, rente, profit, ne sont que des parties de cet exdent οu surproduit, attribué à diverses couches sociales, en vertu des pouvoirs de l'ordre en vigueur.

4.3.1.3. Répartition du produit.

Contre thèse 3. (Formule trinitaire). Le produit est formé gràce aux trois facteurs de la production :  travail, propriété, capital. Ι1 doit donc être réparti en trois parties : le salaire rémunère le travail, la rente la propriété foncière, le profit (et 1'inrêt) le capital.

Thèse 3. Avant tout le produit contient un 4° élément: le quantum de matières premières et l'usure de l'outillage et des implantations qui doit être restauré à la fin du cycle et que les marxistes appellent capital constant. Lquation de l'économie bourgeoise classique est donc fausse: produit égale salaire plus profit, plus rente. On doit donc répartir « la valeur ajoutée au produit » au cours d'un cycle- productif donné. Une telle valeur dérive toute du travail employé.

Dans la forme capitaliste moderne, il y a trois classes en présence. Τοute valeur engendrée dans la production découle du travail du prolétariat, et sur celle-ci s'opèrent trois prélèvements . salaire pour les ouvriers (séparés des instruments de travail et de la terre), profit pour les entrepreneurs capitalistes (qui disposent de capital mais non de terre); rente pour les propriétaires fonciers.

4.3,1.4.- Patrimoine et capital.

Contre thèse 4. La rente foncière équivaut au fruit que retire celui qui possédait un capital-argent en l'ayant- investi dans l'acquisition de la terre, de même qu'il l’aurait  obtenu en l'ayant investi dans celle d'implantations productives οu en le prêtant contre inrêt.

Thèse 4. Le profit des diverses entreprises capitalistes tend à un nivellement et à un taux moyen, tant que n'intervient pas la rente. En ce cas le produit assume sur le marché la valeur d'êchange qui correspond à celui que le marxisme appelle prix de production capital constant + capital variable + profit.

L’économie bourgeoise appelle coût de production la somme anticipée pour le capital constant et le capital variable.

L'économic marxiste appelle taux de profit, le rapport du profit à une telle somme avancée, elle appelle ensuite taux de plus-value le rapport du profit au capital variable ou dépense pour les salaires.

Ni l'une ni l'autre des grandeurs ne correspond au taux de bénéfice ou dividende, en général plus bas, qιιc l'économie habituelle met en rapport au patrimoine de l'entreprise, patrimoine représentant la valeur des implantations productives, plus le capital monétaire de gestioιn plus les immeubles, s'il y en a,

Terre et capital monétaire et même valeur estimée des moyens de travail dans la mesure où ils sont considérés comme des biens mercantiles et non comme des facteurs liés à la production et qu'ils demeurent inchangés après le cycle qui a réalisé le produit net, ne sont pas des investissements de Capital productif mais sont des titres sociaux â faire des prélèvements sur le profit et sur le surtravail ainsi que sur le sur-profit quand il existe. Ils n'entrent pas dans le calcul de partition du produit total vendu (le chiffre d'affaires pour les bourgeois) qui pour les marxistes se répartit entre capital total anticipé et profit.

4.3.1.5.- Rente différentielle.

Contre thèse 5. La rente de la terre est d'autant plus élevée que l’est la valeur de marché de cette dernière. Cela résulte du droit de l'époque moderne qui laisse libre 1'achat οu la vente de la terre ou d'investir ailleurs le prix selon les convenances.

Τhèse 5. Tandis que 1'intérêt est une partie du profit normal, le reste est "bénéfice d'entreprise" que l’entrepreneur cède à un prêteur quand il ne dispose pas lui-même du nuraire pour acquérir les matières premières et payer les salaires, avec ce qu'il recouvre: lors de la ventc du produit final ; la rente surgit seulement quand il y a un surprofit en regard du taux de proit social moyen lui-même.

Une exploitation agricole produit du surprofit par rapport à une autre quand la fertilide la terre est telle qu’avec le même travail et la même avance de capital on récolte une plus grande quantide denrées, que le  marché absorbe au même prix général.

Cettc différence, une fois remboursés les dépenses et le; profit normal du fermier capitaliste, est versée au propriétaire et forme la rente différentielle.

4-3.1.6.- Loi du terrain le plus mauvais.

Contre thèse 6. De même que pour les produits manufucturés le prix dépend de l'offre et de la demande : il est élevé quand existe une plus grande demande de consommation, il est bas quand cxiste une plus forte capacide production.

Thèse 6. Les célèbres oscillations concurrentielles n'ont pas plus d'importance que de petites "modulations d'altitude" sur l'onde portante d'altitude stable: elles se compensent entre elles et ne produisent pas de transfert de richesses d'une classe sociale à l'autre, mais seulement profits et pertes épisodiques d'entreprises particulières. Pour les produits manufacturés de l’industrie moderne, le prix tend à s'établir autour de leur valeur d'échange identique dans ce cas au prix de production, incluant le profit en raison du taux moyen.

Pour les produits agricoles le prix du marché s'établit d'après le prix de production particulier du terrain le moins fcrtile qui arrive à compenser le seul profit moyen, outre les dépenses, étant donle rapport entre la population croissante et la terre cultivable limitée, tout le produit est établi au même prix et οù, à dépense égale, il se trouve en quantiplus grande et donc avec un prix de production particulier plus petit, apparaît le surprofit qui devient la rente.

4.3.1.7.-Rente absolue.

Contrethèse 7. Etant donné qu'il n'y a de rente pour le propriétaire qupartir du moment le produit rapporte, au prix du marché, quelque chose en plus du profit capitaliste normal, il n'y a pas de rente sur le plus mauvais terrain, régulateur du marché. Il ne serait cultivé que par le propriétaire lui-mcme, en tant qu'entrepreneur capitaliste (Ricardo).

Thèse 7. En plus des bons successifs du volume de la rente qui proviennent de la meilleure quali des terrains, on trouve une rente absolue, propre au cas le plus défavnrable. Cela est au fait que  pour les denrées alirnentaires (b= aliment de base) le prix de marché est supérieur même à la valeur c'est-à-dire au prix de production dans les conditions les plus mauvaises, et ce, à partir du moment où la terre entièrè est occupée et rée sous la forme de l'entreprise capitaliste (à partir donc du moment où la consommation directe des denrées par le cultivateur a été dépassée, et tout entre comme marchandise dans le circuit mercantile).

Le mode historique de production capitaliste, en se répandant, fait baisser le prix des objets manufacturês et s'élever le prix des aliments.

4.3.1.8. - Industrie et agriculture.

Contrethèse 8. Avec le progrès de la technique et l'investissement de capitaux plus importants dans l'agriculture, la masse des produits alïméntaires pourra s'accroître jusqu'à faire baisser le coût…

sous-contrethèse a): à condition de liraliser les échanges et les investissements de capitaux...

sous-contrethès b) : à condition qu'une division économique centrale calcule de façon opportune les volumes de capitaux à destiner aux différents sectcurs, et régle les cotations du marché.

Thèse 8. Toute compensation entre les prix industriels et les prix agricoles est impossible dans l'économie capitaliste, de même qu'ennéral, entre la satisfaction des besoins on fonction de l'intérêt social; de même qu'elle est impossible dans la distribution de la richesse, du capital, du revenu.

La tendance d'une telle économie, toujours plus éloignée de l'équilibre, est liée non à la simple appropriation de sur-travail, mais au fait que la répartition du produit entre les différentes classes dépend de l'existence d'un prix courant de marché égal pour les marchandises produites dans les conditions les plus diverses relativement aux efforts et aux résultats.

La composition organique toujours meilleure du capital industriel (niveau technologique élevé : des matières premières nombreuses transformées par un nombre toujours moindre d'ouvriers et d'heures de travail), détermine la baisse générale du taux de profit (tandis qu'avec la croissance du capital global, la masse de profit croit énormément) même avec un taux égal de plus-value (prélèvnent égal de sur-travail).

Ce processus que le développement de la production rendit inéluctable, est bloqué dans l'agriculture, non seulement par le monopole privé de la tcrre, mais surtout par le nivellement mercantile de toute la masse produite apportée à l'échange, et par le rapport défavorable population-terre.

L'attribution à l'État de toutes les rentes foncières, proposée depuis les débuts de 1'industrialisation, n'éliminerait pas les causes de ce fait essentiel. Car-cela consisterait â redistribuer le surprofit, qui allait aux propriétaires-fonciers,e ntre les capitalistes auxquels l'État, selon la vieille thèse de Ricardo, ne réclamerait plus d'impôts sur les bénéfices.

4.3.1.9. Communisme et antimercantilisme.

Contre thèse 9. La compensation générale et la baisse du temps de travail social moyen, avec un niveau néral élevé de la consommation, peut étre obtenue, en plus de l'étatisation de la rente : a) en attribuant à l’État tout le profit des entreprises industrielles et agricoles ; b) en laissant le profit aux associations autonomes de tous lcs travailleurs de chaque entreprise.

Thèse .9. Ces mesures ne sortent pas du cadre mercantile et donc capitaliste, étant donné que l'échange mercantile réglerait les rapports d'entreprise à entreprise, οu d'entreprise à État, d'entreprise à consommateur, ou de consommateur à État, ainsi que d'entreprise à travailleur.On aurait également un énorme travail social global avec une faible consommation sociale globale, et aucune compensation entre apports de travail et jouissances de consommation.

La destruction du despotisme de fabrique, de l'emprisonnement pour un temps de travail exagéré (qui technologiquement devrait aujourd'hui constituer une petite fraction du temps de travail de l'époque pré-capitaliste et du maximum physiologique) et la destrιτttion de l'anarchie de la production (ou le gaspillage d'une grande partie du produit social sans qu'il soit transformé en consommation utile) constituent le programme communiste de la révolution prolétarienne. Il comporte les caractères suivants :

A. Abolition de l'administration de la production par les unités d’entreprises.

Β. Abolition de la distribution par le moyen de l'échange mercantile et monétaire, tant pour les produits-marchandises que pour la force humaine de travail.

C. Plan social unique, mesuré d'après des quantités physiques et non d' après des équivalents économiques, de l'assignation aux différents secteurs productifs des forces de travail; des matières premières, des instruments, et de l'assignation des produits dans les secteurs de consommation.

Les formules qui affirment que le socialisme est la suppression de la plus-value et la restitution du produit intégral à chaque producteur, sont totalement erronées,

Le socialisme, c'est l'abolition de toute valeur marchande et de tout travail for et payé, avec le don de sur-travail de chaque individu à la société, non à d'autres ni à lui-même.

4.3.1.10. - Parcellisation et mire.

Contre thèse 10. Un remède aux grandes disparités de distribution de la richesse, reconnues par tous, se trouve dans la parcellisation de la terre en petites unités familiales dirigées par des fermiers, des colons, des paysans propriétaires libres.

Thèse 10. Dans l’agriculture, outre les salariés, les couches de la population laborieuse, dont la société capitaliste ne sera jamais épurée, sont des survivances de formes sociales passées. Le produit d'une telle production fragmentaire se maintient à un prix plus bas que celui fourni par l'agriculture pleinement capitaliste, seulement parce que ces travaillcurs-entrepreneurs et me micro-propriétaires fonciers - à cause de difficultés naturelles et sociales et de la mauvaise technique - abandonnent une partie de la rente et du profit et souvent même du salaire (équivalent à celui d'un paysan sans terre) à la classe capitaliste et à 1'État, aux consommateurs ( cas οù le prix est au-dessous et non  au-dessus de la valeur).

De telles couches forment une classe - presque une caste d'opprimés - arrièrée vis-à-vis du monde moderne, incapable:- dans la mesure οù leurs réνοltes à cause de la famine peuvent troubler le pouvoir bourgeois- de personnifier de nouvelles formés sociales révolutionnaires.

La révolution est la tâche des prolétaires de l'industrie et de la terre; la dictature révolutionnaire est la fonction seulement de ceux -ci.

4.3.1,11.- Monopole et concurrence.

Contre thèse 11. La théorie marxiste de l'économie moderne, fondée sur les lois de la production on tantque déterminations de la valeur du produit et de la plusvalue, n'a pas pu rendre compte exactement des phénomènes récents du monopole et de l’impérialisme, étant donné que ses déductions partaient de l'hypothèse de l'existence de la pleine concurrence.

Thèse 11.La théorie fondée sur le calcul de la grandeur de la valeur et de ses fractions dans la production capitaliste, s'opposa dés son apparition à celle bourgeoise de la concurrence, Elle la nia et la condamna, en dévoilant, dés ce moment-là, le caractêre de monopole dé classe de cette économie. Les phénomènes récents ont confir la doctrine et toutes ses prévisions. Leur présentation théorique et mathématique, même dans les secteurs industriels, s'accomplit sans aucune difficulté, gràce aux théorèmes rigoureux sur la rente. Ceux-ci furent appliqués - dès leur énonciation - non seulement à l'agriculture - mais à toutes les forces naturelles. Ils sont donc valables pour l'économie οù il y a le moteur à vapeur, οu à essence, dont l'énergie est lhydroélectricité οu, demain, nucléaire. Tout cela forme les bases actuelles οu prochaines, de surprofits et de monopoles, de revenus parasitaires, qui accusent le manque de compensation de la forme sociale capitaliste.

4.3.1.12. La science ennemie.

Contre thèse 12. Les doctrines fondées sur l'introduction de gandeurs mesurables dans la production, sur le passage de valeur de classe à classe, avec leurs prévisions sur les tendances d'un veloppement historique, sont des idéologies arbitraires, étant donque dans le domaine économique, il n'y a pas de prévisions scientifiques possibles. La seule science possible est celle qui se fonde sur l'enregistrement des prix concrets, en suit les vicissitudes extrémement complexes. Les économistes modernes, très postérieurs à Marx, les auteurs les plus connus, les professeurs les plus suivis et les plus illustres, s'en tiennent aux théories du prix.

Thèse 12. Les professeurs à la lanterne  .[2]

 

 

4.3.2.- Agriculture et procés de valorisation du capital.

 

4.3.2.1. - L'étude de la rente foncière et des lois économiques régissant l'agriculture capitaliste n'est pas une partie marginale de l'œuvre de Marx. Elle est pourtant trop souvent délaissée sous pretexte que 1'agriculture occupe une place toujours moindre dans la production capitaliste. Pour certains il semble que cette étude ne soit importante que pour les pays accédant au capitalisme. Ils oublient que la rente foncière que Marx étudie est la rente foncière capitaliste. -Mieux, celui-ci dit que "c'est la seule valeur que le capital crée à partir de lui-même." On en est arrivé à ces erreurs parce qu' on a fragmen l’œuvre  de Marx et qu'on a voulu faire de celui-ci un théoricien uniquement de "l'économie industrielle".

"bref, le travail salarié dans sa totalité se développe grâce à l'action du capital sur la propriété foncière; enfin, lorsque cette dernière a pris une forme élaborée, le propriétaire foncier lui-même poursuit cette action. Ι1 procède alors lui-même au nettoyage, selon le mot de Steuart, c'est-à-dire qu'il débarasse la campagne des bouches inutiles, arrache les enfants de la terre au sein maternel, οù ils ont grandi, transformant ainsi l'agriculture qui, de par sa nature, apparaît comme source de subsistances immédiates en source de subsistances médiatisées et dépendantes des rapports sociaux.

(Cette interdépendance doit se dégager d'abord dans toute sa pureté avant qu'on ne puisse penser à une véritable communausociale: toutes les conditions doivent découler de la société et ne plus être déterminées par la nature.)" Fondements. t. I. pp, 224-225.

Sans une transformation totale des rapports de l'homme à la nature - ce qui implique que l'homme doive dépendre du capital qui devient élément médiateur entre l'homme et celle-ci - il ne peut y.avoir une révolution sociale.

Ι1 ne suffit pas que l'agriculture produise pour le marché, il faut que le capita1 s'empare complétement delle.

 

4.3.2.2. - En fait la théorie de la rente foncière est une piece maitresse de l’œuvre de Marx.

"Mais plus je me plonge dans cette ordure. (l’économie politique, n. d. r ) plus je me convaincs que. la réforme de l'agriculture, donc également de cette merde de proprielé qui se fonde sur elle, est l'alpha et l’oméga du bouleversement futur. Sans quoi le père Malthus aurait raison. " (Lettre de Marx â Engels. 03. 04.1851. )

Or, il est clair qu'avant de résoudre, il faut étudier comment le capital se comporte dans l'agriculture.

"C'est alors seulement que devient possible l'application de la science et le plein développement des forces productives. Il ne peut donc subsister de doute : dans sa forme, classique, le travail salarié imprègne la société dans toute sa largeur et, comme fondement de l'activité sociale, se substitue à la terre â partir du moment est créée la propriété foncière moderne, c'est-à-dire οù la propriété foncière est produite en tant que valeur par le capital. C'est pourquoi la propriété foncière se ramène elle aussi au travail salarié. En un sens, c'est tout bonnement le transfert du travail salarié des villes à la campagne; autrement dit, la diffusion du travail salarié sur toute la surface de la société." Fondements, t. Ι. p. 225,

 

 

4.3.2.3. - Ainsi, c'est en s'emparant de la terre, en produisant la rente foncière que le capital peut arriver à se poser entant que totalité.

"En créant la propriété foncière, le capital se remet donc à, produire du travail salarié, qui est sa base productive nérale. Le capital est issu de la circulation et implique le travail salarié : c'est alors qu'il se dévéloppe en une totalité, et pose la propriété foncière à la fois comme, sa condition et son antagonisme. Mais il se révèle que ce faisant, il crée uniquement le travail salarié comme sa base nérale Ι1 faut donc le considérer à part." (Ibid. p.227.)

 

4.3.2.4.  Le développement du capital élimine le bourgeois et le propriétairc foncier en tant que personnages, mais les lois qu'ils représentaient sont généralisées. En particulier, on ce qui concerne la propriété foncière, elles prennent une extension considérable dans la construction puisque celle-ci est directement liée â la question de la rente des terrains à bâtir, base à la fois du renchérissement des loyers et de l'accroissement de la spéculation. D'autre part, étant donné que le capital est urbanisation de la campagne, ces lois trouvent un champ d'application plus ample

 

4.3.2.5. - Les erreurs d'interprétation de la question agraire dérivent du fait de la non compréhension du fondement de la critique de l’économie politique: la théorie de la valeur de son surgissement à sa destruction. Le capital est un moment de la vie de ce1le-ci. Les économistes dirent qu'avec le capital, la loi de la valeur n'était plus opérante. Marx montra que le capital naissait sur la base de celle-ci, qu'il ne la détruisait pas, mais parvenait à la dominer : passage à la loi des prix de production (moment où il semble que ce soit le capital qui donne valeur aux produits). C'est d'ailleurs par l'intermédiaire de cette dernière que le capital arrive à dominer l'agriculture (cf. le livre IV du Capital).

Le capital naît dans l'agriculture: capitalisme = révolution agraire. Mais ce n'est qu un certain stade de sonldéveloppement qu'il parvient à l'assujettir à ses lois. Dés lors, la barrière, le monopole lié â la propriété privée n'est plus une barrière externe mais devient interne et est un moyen de valorisation. À ce moment-1à le monopole a perdu le caractère qu'il avait dans la société féodale.

" Dans la vie pratique, on trouve non seulement la concurrence, le monopole et leur antagonisme, mais aussi leur synthèse, qui n'est pas une formule, mais un mouvement. Le monopole produit la concurrence, la concurrence produit le monopole. Les monopoles se font de la concurrence, les concurrents deviennent monopoleurs. Si les monopoleurs restreignent la concurrence entre eux par des associations partielles, la concurrence s'accroit parmi les ouvriers; et plus la masse des prolétaires s'accroît vis-à-vis des monopoleurs d'une nation, plus la concurrence devient effrénée entre les monopoleurs des différentes nations. La synthèse est telle que le monopole ne peut se maintenir qu'en passant continuellement par la lutte de la concurrence." (Misère de la philosophie.)

" Donc, le monopole moderne n'est pas une simple antithèse, c'est au contraire la vraie synthèse." (Ibid). Ι1 est "la négation de la négation"

 

4.3.2.6. - Le monopole, en faisant obstacle à la péréquation du taux de profit, limite la dévalorisation. Or le capital lutte contre cette dernière. Ι1 est donc évident qu'au sein de la sphère industrielle un tel mouvement puisse se produire. Ceci est aussi valable pour le protectionnisme qui est indissolublement lié au libre-échange comme le monopole à la concurrence. A l'origine, il est un obstacle à la valorisation du capital, puis il en devient une composante. C'est en fait un moyen d'ajouter de la valeur à des marchandises dévalorisées à cause de la productivité du travail.

 

4.3.2.7. - La terre est devenue capital. Grâce au développement de la science (chimie, biochimie, pédologie, etc..) il est possible d'accélèrer la production et donc d'arriver à diminuer le temps d'immobilisation du capital, sa dévalorisation. Réciproquement, le capital prend des caractères fonciers. Ι1 y a, par exemple, la mise en jachère du capital. Ceci se produit lorsqu'il y a trop de capital libéré du procès de production, et que celui-ci ne trouve pas, pour ainsi dire, "un terrain" οù s'incorporer. Lorsque le marché monétaire s'est constitué, ces capitaux devenus "flottants" sont susceptibles d'aller d'une zone à l'autre et de participer à la spéculation.

 

4.3.2.8. - Le maintien d'entreprises marginales arrivant difficilement à produire au taux moyen de profit social, est un autre exemple de cette -"agrarisation" du capital. Ceci se produit non seulement dans les pays peu évolués, mais aux E.U. En fait, c'est un moyen pour le capital, en tant que totalité, de récupérer du sur-travail. Tout se passe comme pour les paysans parcellaires.

" Une partie du sur-travail effectuée par les paysans qui travaillent dans les conditions les moins favorables est donnée gratuitement à la société et n'entre pas dans la fixation des prix de production οu dans la création de valeur en général. Ce prix moins élevé résulte par conséquent de la pauvreté des producteurs et nullement de la productivité de leur travail." (Le Capital. t.8, p.185.)

 

4.3.2.9 - Le monopole reprend sa forme foncière, en capitalisme pleinement évolué. Pour le propriétaire foncier, il consistait dans le fait de posséder une partie de la terre cultivable; pour l'entreprise (non pour un homme) il réside dans le fait de détenir une part du capital social. D'où la concurrence que se font les entreprises afin de jouir d'une fraction toujours plus grande de celui-ci; d'où la tentative d'infléchir 1'État, représentant de la communauté matérielle, dans le sens de leurs inrêts, c'est-à-dire: se faire accorder des avantages fiscaux, arriver à avoir des commandes, se faire octroyer des prêts. Avec ce qui est appelé le "complexe militaro-industriel", les E.U. offrent la meilleure illustration de ce qui précède. Ceci est logique, car, si l'État doit être ré comme une entreprise, celle-ci a besoin de l'État, surtout de l'armée, pour réaliser ses objectifs. Le langage militaire envahit le domaine économique.

 

 

4.3.2.10. - Pour le capital l'unique richesse c'est la force de travail vivante celle qui engendre la plus-value, car c'est grâce à elle qu'il s'accroît et vit. Pour que le capital domine pleinement, il faut donc que tout devienne capital, que l'homme soit séparé de tout, dépouillé de tout, de telle sorte que s'il veut produire, mangcr, jouir, il doit accepter les conditions du capital : fournir le surtravail. Cependant l'accroissement de la production tend à diminuerduire à zéro le temps de travail vivant inclus dans les marchandises: c'est la négation du capital. D'οù alors la tendance à freiner le développement des forces productives et à trouver des moyens artificicls de valorisation qui condamnent 1'homme à toujours travailler. Ce faisant un nouveau type de rente apparaît. Elle représente la valeur de la différence entre le temps de travail cristallisé dans le produit engendré par la production actuelle et le temps de travail qu'il renfermerait si réellerιent toutes les possibilitcs techniques étaient utilisées et le gaspillage détruit. Le capital est donc une entrave au progrés. Mais cette entrave se manifeste de façon ambiguë sous la forme d'une exploitation absurde : faire travailler inutilement les hommes.

 

4.3.3. - Le capital et la destruction de la nature.

 

4.3.3.1. - "Dans 1'agriculture comme dans la manufacture, la transformation capitaliste de la production semble n'être que le martyrologue du .productcur, le moyen de travail, que le moyen de dompter, d’exploiter et d'appauvrir le travailleur, la combinaison sociale du travail que l’oppression organisée da sa vitalité, de sa liberté; et de son indépendance individuelles. La dissémination des travailleurs agricoles sur de grandes surfaces brise leur force de résistance, tandis que la concentration augmente celle des ouvriers urbains. Dans l'agriculture moderne, de même que dans l'industrie des villes, l'accroissement de la productivité et le rendement supérieur du travail s'achètent au prix de la destruction et du tarissement de la force de travail. En outre, chaque progrés de l'agriculture capitaliste est un progrès non seulemenent dans l'art dexploiter le travailleur, mais encore dans l'art de dépouiller le sο1; chaque progrès dans l'art d'accroître sa fertilipour un temps, un progrés dans la ruine de ses sources durables de fertilité. Plus un pays, les Etats-Unis du Nord de l'Amérique, par exemple, se développe sur la base de la grande industrie, plus ce procés de destruction s'accomplit rapidement. La production capitaliste ne veloppe donc la technique et la combinaison du procès de production sociale qu'en épuisant en même temps les deux sources d'οù jaillit toute richesse :

"La terre et le travailleur". Le Capital. t.2, pp. 181-182.

"La grande industrie et la grande agriculture exploitée industriellement agissent dans le même sens. Si, à l’origine, elles se distinguent parce que la première ravage et ruine davantage la forcc de travail, donc la force naturelle de l’homme, l'autre plus directement la force naturelle de la terre, elles finissent, en se développant, par se donner la main : le système industriel à la campagne finissant aussi par débiliter les ouvriers, et l'industrie et le commerce, de leur côté, fournissent à l'agriculture les moycns d'épuiser la terre." (Ibid .t. 8,.p. 192.)

Ces prévisions de Marx se vérifient quotidiennement à l'heure actuelle. Le développement du capital se présente comme une immense catastrophe naturelle: épuisement des sols, destruction de la faune et de la flore. Le capital est réification de l'homme et minéralisation de la nature.

 

4.3.3.2. - La minéralisation de la nature s'effectue par :

a - le développement des villes. D'une part, i1 y a destruction des espaces verts qu'elles renfermaient, d'autre part, elles s'accroissent énormément, minéralisant toujours plus la campagne.

b - urbanisation de la campagne, c'est-à-dire qu'il y a une construction toute à fait absurde de résidences secondaires, d'installations pour les loisirs : campings, motels, hotels, sans compter différentes installations attractives, hauts-lieux de 1'incrétinisation humaine.

c - le développement du réseau routier qui détruit toujours plus de bonnes terres pour permettre un moyen de transport anarchique. Le dévelopement de l'industrie automobile implique cela, tant pour le déplacement des hommes que pour celui des marchandises. C'est ici une claire manifestation de l'antagonisme entre socialisation et privatisation. Le capital ne peut assurer son procès de valorisation qu'en privatisant, parce que cela permet une multiplication de la production.

d - développement anarchique des voies navigables, des ports, des aéorodromes.

Sous le féodalisme, les terres de culture était transformées en terrain de chasse. La nature n'y était pas détruite. À l'heure actuelle, la société des loisirs met la nature en cage afin de la présenter aux hommes abrutis qui ne peuvent voir en elle que les reflet de leur asservissement.

 

4.3.3.3. - Cette minéralisation s'accompagne d'une pollution toujours plus poussée de l'air et de l'eau. En ce qui concerne cette dernre, elle vient à manquer me dans les pays où le bilan hydrique fut toujours nettement positif. En est responsable non seulement l'industrie, qui a besoin de ce liquide pour le refroidissement de ses moteurs (de telle sorte que l'eau des rivières atteint parfois une température difficilement compatible avec la vie) mais l'économie domestique elle-même qui a été industrialisée à un point extrême. L'homme moderne devra payer l'air et l'eau, ce qui veut dire que pour avoir les éléments que la nature lui offrait gratuitement, il devra fournir un surcroît de travail. Le capitalisme ne diminue donc en aucune façon le temps de travail de l'homme, la peine de l'homme. En ce sens il est profondément religieux: il conserve et amplifie l'antique malédiction divine inscrite dans la genèse. L'homme ne pourra la détruire qu'en détruisant le capital.

Pour assurer l'approvisionnement en eau dans les concentrations urbaines il faut multiplier les barrages de retenues, en amont des villes bâties sur les rives d'un fleuve (Paris, par exemple), ou bien aller chercher l'eau à des centaines de kilomètres. Or, dans le premier cas, ces barrages causent des catastrophes irréparables à la vie parce que les brusques variations de niveau que l'on doit y provoquer pour alimenter les villes détruisent, en particulier, les frayères, d'où la raréfaction du poisson dans beaucoup de rivières.

 

4.3.3.4. - Les épigones du capital, les savants, proclament que tout mal peut être combattu. Ainsi, on peut apporter l'eau aux villes, on pourra étudier des systèmes pour combattre la pollution de l'atmosphère et de l'eau, on construira des navires spécialisés dans la destruction du pétrole répandu à la surface des mers. Cependant, ce qu'ils oublient toujours, c'est que de cette façon on crée de nouvelles industries, de nouveaux moyens de valorisation du capital et, qu'en conséquence, on condamne toujours l'homme au travail forcé.

C'est pourquoi le mot d'ordre que certains lanrent en Mai (les situationnistes, par exemple), même s'il n'est pas rigoureusement correct du point de vue théorique, est hautement révolutionnaire: abolition du travail. Effectivement, il faut que l'humanité comprenne que son salut n'est pas dans un surcroît de travail (dans la réalisation d'un plein emploi stupide et avilissant), mais dans la destruction d'une société qui lui impose l'esclavage salarié producteur d'absurdités et de destructions.

 

 

  4.3.3.5. - Avec la minéralisation de la nature, l'homme devient un être toujours plus abstrait, sans racines, il n'est plus un être de la nature, mais un être du capital. C'est pourquoi se conduit-il en prédateur vis-à-vis d'elle. La destruction de la nature est sa propre destruction, Ιl arrivera un moment οù cette situation ne sera plus tolérable et l'humanité devra se révolter pour se récupérer et régénérer la terre-mère.

La création de réserves naturelles est une mise en cage qui précède le dépérissement total. On sait ce qu'il advint des hommes à qui on octroya un espace limité. D'autre part, la science se targue d'avoir, avec l'écologie trouvé un moyen de sauver la nature. Cette science présente, il est vrai, un aspect positif (il n'est que le compnentaire de l'autre, celui destructif). L'écologie tend à considérer les différentes espèces dans leur économie naturelle, c'est-à-dire dans leurs rapports réciproques avec le milieu, et entre elles, et ce, dans le temps, ce qui inclut une étude génétique et évolutive. Dés lors se pose la nécessité d'une écologie humaine. Certains auteurs se rendent cοmpte que les "primitifs" connaissaient une écologie.

Mais ce n'est pas une science - un produit paré de l'activité totale de l'homme - qui peut apporter remède à la dramatiquc situation où se trouve l'espèce humaine à l'heure actuelle. Seule une doctrine générale qui inclut en elle, en tant qu'élément déterminant de sa réalisation une action fondamentale, la révolution, peut présenter la solution. Cette doctrine c'est celle du prolétariat: le communisme.

"LE COMMUNISME EST LA CONNAISSANCE D'UN PLAN DE VIE POUR L'ESCE HUMAINE. "(Prometeo. ΙΙ° série. p.125.)

 

 

 

4.4- Développement du capitalisme et crises.

 

4.4.1. - Fondements et bref historique des crises.

 

4.4.1,1. - La crise est inhérente au système capitaliste parce qu'il est fondé sur la production pour la production (au travers de celle-ci il peut avoir la valorisation maximum), sur une sous-consommation obligatoire, structurelle, non seulement du prolétariat mais de la majeure partie des nouvelles classes moyennes. D'autre part le déséquilibre nécessaire entre capital fixe et capital circulant n'est pas dominé, οu s'il l'est, c'est en apparence gràce au capital fictif. Lors du renouvellcment du premier il apparaît toujours un déséquilibre qui est cause de crise. La lutte contre la dévalorisation traduite sur le plan phénomènal par la lutte contre la baisse tendancielle du taux de profit, aboutit à une production énorme qui englue le marché. Une solutio: abolir la circulation, d'où le développement de l'industrie de guerre. D'autre part, pour lutter contre la chute du taux de profit, prolifération des sociétés se contentant de 1'intérêt. Mais ceci aboutit encore à une augmentation de la production et à des déséquilibres dans la circulation.

La crise manifeste la nécesside détruire les déséquilibres. Elle implique la destruction du capital fictif, de la socialisation qui est fixation du capital, afin que le cycle de valorisation reprenne.

 

4.4.1.2. - Concrètement la crise s'est manifestée par une diminution de la production, une augmentation du chômage, une baisse des prix de gros, une diminution de valeur des titres en bourse, du commerce extérieur; le système monétaire remplace celui de crédit.

Elle fut précédée par une augmentation des salaires et par celle du taux de l'intérêt (à l'échelle mondiale, evidemment). Le libre-échange connut une grande extension avant la crise; celle-ci étant suivie d'une phase de protectionnisme.

 

4.4.1.3. - La cause réelle doit être recherchée dans l'être capital lui-me; sinon on reste en surface, on interprète les apparences.

"La surproduction nérale ne provient pas de ce que les ouvriers οu les capitalistes consomment relativement trop peu de marchandises, mais de ce que leur production est trop forte : elle n'est pas trop forte pour la consommation, mais pour le juste rapport entre consommation et valorisation. La production est trop forte pour la valorisation." (Marx. Fondements. I. p. 405.)

Le développement des nouvelles classes moyennes (consommateurs improductifs), celui de l'industrie de guerre, permet d'accroître la consommation mais cela n'empêche pas que la production reste trop forte pour la valorisation.

 

4.4.1.4. - L'histoire des crises c'est celle de la formation de l'être capital, ses structurations successives.

Au début elles affectent l'aire anglaise οù le capital s'est réellement émancipé des formes sociales anrieures, s'est autonornisé. 1788 : crise dans l'industrie cotonnière; 1800: crise liée au manque de céréales; 1815: crise causée par la fin de la guerre contre la France. C'est une crise de réajustement.

1825-27 commence le vrai cycle des crises et des phases de prospérité. À partir de ce moment, il est à: peu près de 5 ans : 1827, 1832, 1837, 1842, 1847. C'est pourquoi étant donné que la crise de 1847 avait amené la révolution. Marx prévit le retour de celle-ci pour 1852. Mais avec cette période se termine une étape de la vie du capital.

 

4.4.1.5. - Après la crise de 1847, se produit un développement considérable du capitalisme à la suite de la découverte de l'or californien, la pénétration en Chine, puis au Japon (une vraie phase impérialiste !). Le capital s'étend donc (première généralisation mondiale), prend une base plus vaste et devient plus robuste. Le cycle s'allonge et devient décennal 1847, 1857, 1867. Cependant i1 est de nouveau perturbé à la suite de la guerre de 1870 (essor du capitalisme allemand). Entre 1873-1877, se produit une stagnation avec un maximum en 1875 en Angleterre. La reprise s'effectue en 1877, aux E.U. On assiste à une grande concentration et surtout à un développement des banques. Après 1880, la crise est définitivement surmontée mais, en 1893, nouvelle crise, puis en 1900-1903, et, enfin, 1913. Cette dernière se résout en guerre.

 

4.4.1.6. - Durant la période qui νa de 1870 à 1914 on assiste à une poussée impérialiste (dans le sens de diffusion de la forme sociale) qui n'est que la prolongation de celle qui suivit la crise de 1847 (avec un nombre de participants plus élevé). Le capitalisme s'étend à toute la planète, mais c'est la plupart du temps une simple domination formelle. Ι1 ne provoque pas de bouleversements sociaux dans les pays qu'il domine. Parallélement le capital s'édifie de plus en plus en marché monétaire, d'où le dêveloppement considérable des banques, des trusts, étc... L'être capital prend un nouvel aspect que la plupart des théoriciens veulent présenter comme impliquant une discontinuité avec l'être qui précède; ce ne serait pas une simple métamorphose, mais une véritable mutation: l'impérialisme.

 

4.4.1.7. - Avec la crise de 1913 s'ouvre un cycle de crises et révolutions qui se clôturera seulement en 1945 (pour le caractère général de cette période, cf 4.6.) Aprês la 1° guerre mondiale, très rares sont les pays qui rattrapèrent rapidement le niveau de production d'avant-guerre; d'autre part, le cοmmerce mondial connu une importante stagnation.

1929-1932, c'est la grande crise qui touche surtout les E.U. pays qui n'avait pas connu de recul à cause de la guerre, La crise est à la fois de production et monétaire. Dans celles antérieures, les deux phénomènes étaient parfois apparus dissociés. D'autre part, la question monétaire qui se posa alors n'est pas encore résolue. La crise fut le moyen violent de liquider la situation anrieure, celle οû le capital ne s'était pas encore posé en tant que totalité, où il n'était pas encore autonome (n'avait pas rompu la stricte dépendance d'avec l'or). Le capital tendait à s'ériger en totalité : marché monétaire. La théorie de Keynes ne fit que représenter cette exigence.

1939,  nouvelle crise qui se résout en seconde guerre mondiale.

 

4.4.1.8. - On ne peut pas comprendre les raisons de la stagnation du capitalisme dans l'entre-deux guerres si on ne tient pas compte de la lutte des classes.

Entre 1917 et 1919, le prolétariat fut menaçant et il ne fut pas possiblc de le domestiquer afin de lui extraire une quantiplus grande de plus-value. Autrement dit la tendance du prolétariat à se constituer en tant que classe et donc à poser la réalisation de la véritable communauhumainc a empêché, a freiné 1'édification de celle du capital. Nous avons signalé (1.3 et 3.1) le vaste soulèvement - malheureusement non coordonné et incapable d'arriver à une vision claire des objectifs - du prolétariat des pays capitalistes, de celui des pays coloniaux aidé des millions de paysans attirés dans l'orbite de la révolution.

Ceci est encore une preuve de la de la validité de la théorie du prolétariat: le capital se nourrit de la plus-value extorquée aux prolétaires. Lorsque le talon de fer parvient à triompher le capital se développe librement et il surmonte la crise de 1914. Depuis 1945, οn a une phase continue de la production capitaliste, entrecoupée de quelques stases.

Plusieurs théoriciens dont Trotsky ont accordé une trop grande importance à cet arrêt momentané de la production capitaliste. Ils l'ont théorisé comme étant un fait irréversible. Leur erreur fondamentale est d'avoir, dans leur analyse, séparé mouvement économique et lutte de classes.

 

4.4.1.9. - Au cours de ces évènements fondamentaux concernant l'évolution du capital en sa totalité, il s'en produisait d'autres dans les différentes aires capitalistes antagoniques. Tout d'abord le remplacement de l'Angleterre par les E.U. dans le rôle de despote du marché mondial.

Dès la fin du ΧIΧ° siècle, comme ils le désiraient, les E.U. avaient (en ce qui concerne la production) rattrapé l'Angleterre et même la dépassaient, Cependant si ceci ne s'est pas immédiatement traduit par un changement de direction dans la suprématie mondiale, c'est que l'industrie anglaise avait des prolongements dans l'Inde et d'autres pays, Les E.U. avaient bien dépassé la production anglaise de l'Angleterre, mais non toute la production anglaise. Lorsque la crise se développa au début du ΧΧ° et en 1929 l'Angleterre la reporta sur des pays comme l'Inde et pourra résister tandis que cette dernière subira un phénomène de désindustrialisation, de régression qui explique la faiblesse du mouvement prolétarien hindou, et, surtout, le caractère rétrograde de celui de Gandhi qui lutta, non en fonction d'une société nouvelle, mais opposa la vieille société, en totale décomposition, au capitalisme anglais.

Ι1 était la revendication de la déchéance.

 

4.4.2. - Les rapports entre les E.U. et l'Europe.

 

4.4.2,1. - "L'Arique fut jusqu'à la fin du XVIII° siècle une colonie anglaise au sens politique et jusqu'à la guerre de sécession de 1866, comme le dit Marx, une colonie dans le sens économique." (Battaglia Comunista, n° 15. 1950.)

Pendant toute la seconde moitié du ΧΙΧ° siècle, l'expansion de l'industrie et du capital américain se fait de façon ininterrompue. D'autre part, par l'entremise de la doctrine de Monroë, ils s'étaient ménagés une zone où ils pourraient exercer tranquillement leur monopole : les deux Amériques; d'autre part ils pénètrent en Asie  (Japon ).

C'est aux E.U  que la concentration bancaire commença à prendre une certaine extension et que le machinisme prit son essor le plus considérable, d'où le jugement d'Engels : "Mais, à vrai dire, qui peut compter sur une évolution paisible on Amérique? Ι1 y a en ce pays des bonds économiques, comme en France des bonds politiques, qui ont d'ailleurs les mêmes contre-coups momentanés".

 

4.4.2.2. - Dés la fin du siècle dernier, Engels prévoyait que la guerre à venir (celle qui fut la grande guerre) se traduirait par la victoire des E.U.

"L'industrie américaine serait alors victorieuse sur toute la ligne et nous placerait devant cette alternative οu recul à la pure agriculture pour son -propre usage (toute autre étant interdite par le blè américain) οu transformation sociale.".

L'effet sur l'agriculture occidentale n'a pas été aussi saisissant, mais il fut patent sur celle de la Russie. Ceci est une des causes du repliement russe, de la restructuration de l'agriculture:  produire non pour le marché mondial, mais pour le marché inrieur. D'autre part, il est évident que, pour des raisons de conservation sociale, le capital doit limiter, parfois, ses impulsions,

 

4.4.2.3. - La première guerre mondiale fut la première agression à l'Europe, et "toute la politique de l'État bourgeois américain entre les deux guerres a été une préparation directe et continuelle pour une lutte expansionniste en Europe," (Battaglia comunista. n°4. 1949), Le parti communiste d'Amérique dans son manifeste de 1919, Trotsky et la gauche communiste d'Italie mirent en évidence de façon très précise ce rôle des E.U. La gauche avait dénoncé en son temps la mystification des 14 points de Wilson Ultérieurement, il fut montré que la pression de l'économie américaine sur celle européenne avait été une des causes du triomphe du fascisme.

 

4.4.2.4. - La guerre de 1939-45 fut la seconde agression à l'Europe. Le résultat en fut encore plus profond et durable. L'Europe devint une colonie éconοnίque des E.,U. Allait-elle devenir une colonie politique? Le rôle des E.U. s'accomplit de deux façons: pression directe sur l'Europe (plan Marshall, commandes off-shores) et intervention dans le processus de décolonisation. Ils furent aidés par 1'URSS avec laquelle ils forrent une tacite sainte-alliance. L'URSS profita aussi de cette agression bien qu'elle t subir elle aussi cette pression; mais en définitive elle renforça considérablement sa puissance.

Cependant de 1949 à 1956, il y a un développement extraordinaire du capital dans les pays qui ont été le plus détruits: Allemagne et Japon. Plus encore dans ce dernier, pays capitaliste plus jeune.

1956 est une année faste pour le capital, non seulement sur le plan de la production mais sur celui de son unification: c'est l'accession de l’URSS sur le marché mondial (coexistence pacifique). Et à partir de ce moment, dans un grand. nombre de pays - même ceux qui étaient auparavant restés en dehors du mouvement - il y a un développement considérable de la production.

En 1958, il y a un petit déséquilibr: la récession américaine qui, en fait, n'est qu'un réajustement de l'économie des E.U. En Europe, avec la fin de la décolonisation, on s'achemine vers une structuration plus moderne (France, Italie) qui conduit à un renforcement de l’État et, par , est un facteur favorable au développement du capital. L'Europe est reconstruite. Elle refuse d'être une colonie politique et tente d'échapper à la sujétion économique des E U.

France et Italie (la seconde d'une façon plus soutenue et continue) connaissent un "boom" économique. En liaison avec ce dernier, on a l'idéologie gaulliste de l'indépendance nationale, Elle exprime la volonté de ne pas être une colonie américaine et,en même temps, la résurgence d'une idéologie nazie: lutte contre le capital exrieur et défense de l'emploi (moyen de mobiliser le prolétariat). Ceci a trouvé un écho en Allemagne ( et le trouve de plus en plus) ainsi qu'en Italie. L'Europe tente de briser l'emprise américaine, en portant la lutte sur le marché des U.S.A.

Les E.U. ripostent en accroissant leur potentiel productif: développement de l'automation, et utilisent toujours plus leur monopole monétaire. L'Europe n'a pas la puissance financière pour réaliser les investissements de capital fixe que nécessiterait la même politique économique que celle de son adversaire. Elle ne peut résister qu'en accroissant son utilisation de capital variable et, pour cela, elle redevient négrière et pompe la main-d'oeuvre de tous les pays. Ceci a son point culminant en 1964.

À la même époque les E.U, commençant à intervenir au Vietnam, parviennent à conjurer la crise qui les menaçait; leur production reprend et connaît même des taux d'accroissement plus forts que dans la phase précédente. D'autre part, leur exdent de main-d'œuvre (une partie du chômage) peut être utilisée dans la guerre. Les nécessités de l'escalade ne font que renforcer le développement de l'automation.

1956 marqua donc un maximum provisoire dans la production qui ne précéda pas la crise mais une autre phase d'expansion après une petite crise de réajustement. À partir de ce moment-là, dans des pays comme l'Espagne où la grande menace prolétarienne semble avoir été conjurée, se produit un développement du capitalisme qui ruine les bases de l'anarchisme, complément nécessaire du sous-développement de ce pays.

 

4.4.2.5. - Les rapports entre les E.U. et l'Europe prennent un aspect particulier en ce qui concerne la Russie; ne serait-ce que parce que ce dernier pays est à la fois européen et asiatique. Jusqu'en 1956 on a une collaboration inavouée mais efficace qui permet de conjurer toute crise révolutionnaire, intégrer le mouvement des pays coloniaux, en même temps que, dans les limites de l'Union soviétique, l'édification de la société capitaliste s'accomplit à un rythme accéléré. Après 1956, c'est une collaboration plus avouée, liée à une concurrence ouverte dont l'expression la plus saisissante est celle aérospatiale.

Dans la période qui νa de 1957 à 1968, on a deuxriodes. La première se termine en 1964 avec le limogeage de Krouchtchev: c'est la fin de l'illusion de rattraper les E.U. en un intervalle de temps bref; c'est la fin de la démagogie sur le communisme en 1980, complément nécessaire de la compétition avec les E.U. Au fond, il y avait l'espoir, de la part des russes, de résoudre la question sociale des pays de l'est à l'aide d'un grand développement économique tout on contrebalançant et même en parvenant à dépasser la force militaire américaine (d'où l'intervention à Cuba en 1962, et la tentative d’une pénétration en Amérique latine). Cependant la crise agraire de 1964 et le redémarrage de l'industrie américaine à la suite de l'intervention au Vietnam devait provoquer l'abandon des perspectives krouchtchviennes. S'établit alors un accord tacite, un équilibre qui progressivement va se détruire aux dépens des russes. La pression de l'économie américaine (relayée très souvent par celle allemande) oblige les russes à sacrifier certains objectifs et à accroître l'exploitation des pays sous leur domination. D'où la crise tchécoslovaque de 1968.

 

4.4.2.6. - Tout cela n'est que le développement phénoménal de la tendance à la.constitution du marché mondial et à un marché monétaire unitaire οù le capital se pose en tant que totalité. Ceci apparaîtra avec l'intégration des pays de l'Est, qui est désormais en cours; mais déjà se manifeste un autre élément: l'Asie.

Au cours de la 2° guerre mondiale ce continent a joué un rôle aussi important que l'Europe et, à la fin, il devient prépondérant. Maintenant - à la suite du déclin de l'Europe occidentale, de l'équilibre atteint entre celle-ci et les U.S.A., et de la montée irrésistible de l'Asie : révolution chinoise et consolidation d’une nation tendant au plein capitalisme, développement foudroyant du Japon - le centre des grandes luttes intercapitalistes s'est totalement déplacé vers l'Est, en Asie. Comme le prévoyait Marx en 1849 l'océan pacifique jouera le même rôle que la Méditerranée dans l'antiquité.

 

 

 

4.4.3. - Éloignement de la crise. Perspectives sur sa manifestation à venir.

 

 

4.4.3.1. - Aprés 1945 la périodicité décennale de la crise ne se retrouve plus. On put penser au'elle pourrait se retrouver après au certain décalage, un retard. Ainsi à la fin de la phase de reconstruction de la société (1955 environ ) on envisagea une crise pour 1965 (crise d'entre-deux guerres, similaire à celle de 1929) et une autre en 1975 (guerre ou révolution.). Cependant, on dehors de la récession de 1958 aux E.U. et dc diverses autres dans d'autres pays, telle la dernière, en A1lemagne (1967), on a eu un développement continu de la production. En fait, le capital s'est renforcé. Il est un être plus robuste. On ne peut pas prévoir le moment et le déroulement de la prochaine crise, si on décalque purement et simplement le déroulement de celle de 1929 sur celle à venir. Ι1 faut voir comment le capital s'est structuré et comment ses contradictions se manifestent. Lorsqu'on étudie l'évolution  du capitalisme de 1929 à nos jours, on constate qu'il y a une question qui n'est toujours pas résolue, la question monétaire.

4.4.3.2. - Entre 1880 et 1914 ce fut la période du vrai étalon-or international. Le capitalisme connut une phase soutenue d'accroissement de la production, un développement régulier du commerce mondial.

Les déséquilibres de l'économie mondiale, provoqués par la guerres incirent les banques centrales à entrer en collaboration, et la Banque des règlements internationaux fut créee.

1929, chute du Gold Exchange Standard; 1931  abandon de l'étalon-or avec fluctuations de la livre jusqu'en 1934. À la même époque, le prix de l'or est fixé.

La crise monétaire qui aboutit à la dévaluation de la livre et, par voie de conquence, de toute une série de monnaies nationales, ne fut pas résolue avant 1939.

Après la guerre, tentative de retourner au Gold Exchange Standard et à l'ordre monétaire d'avant 1939. On assiste à la formation d'une banque mondiale telle que la préconisait Saint-Simon au -milieu du ΧΙΧ° siècle : le fonds monétaire international. Cependant, le déséquilibre monétaire ne fut pas surmonté : dévaluation de la livre en 1949.

À partir de 1956, deux phénomènes importants se nιanifestcnt : la thésaurisation de l'or et l'accroissement du système de crédit international: bons Roosa, accords de Swaps, euro-dellar, droits de tirage spéciaux, etc.. Ceci ne fit qu'accentuer les difficultés monétaires: 1960, spéculation sur l'or; 1961, réévaluation du Mark et du Florin, fondation du Pool (abandonné en 1968), dévaluation du dollar canadien; 1964, nouvelle crise de la livre et, en 1967, valuation de celle-ci. Parallement, la spéculation sur l'or continue, conduisant à l'arrêt de la convertibilidu dollar en or (1968) et, de nοuνeau, crise à la fin de 1968 avec spéculation sur le franc et le mark.

 

4.4.3.3. - Cette crise monétaire traduit la tendance du capital à se constituer en totalité. Cellc-ci ne peut s'effectuer que de façon contradictoire et antagonique. On a assisté à l'élimination de l'Angleterre en tant que première puissance financière et au remplacement de la livre par le dollar. Là encore, l'URSS a ailes E.U. La crise de la livre sterling suivit l'arrêt des ventes d'or russe à Londres. Pendant un certain temps, les russes penrent faire du rouble une troisième monnaie de réserve.

Au travers du triomphe des E.U. c'est une forme plus élaborée du capital qui l'emporte: le capital de crédit. Ι1 tend à s'affranchir de sa base étroite: les métaux précieux. Cependant, si en 1945 la production des E.U. représentait 60 % de celle mondiale, et pouvait, donc, être le support de la monnaie de crédit, elle n'en représente plus maintenant que le quart. De ce fait, un réajustement est nécessaire. Ce dernier sera le résultat d'une lutte acharnée entre les différents secteurs capitalistes, l'URSS y compris.

Les réformes qui seront apportées au système monétaire mondial en en faisant un système hybride monétaire et de crédit ne résoudront pas les contradictions.

"Les réformateurs de la circulation se trompent lourdement s'ils s'imaginent faire autre chose que de déblayer les obstacles posés par le capital lui-même à sa reproduction, lorsqu'ils cherchent à accélérer la vitesse de la circulation. Certains de ces réformateurs délirent purement et simplement, quand ils se figurent qu'au moyen d'instituts de crédit et de bureaux d'inventions, ils pourraient abolir le temps de circulation, tandis que, dans la production, ils pourraient non seulement réduire à zéro les interruptions nécessaires à la transformation du produit fini en capital, mais encore rendre superflu le capital contre lequel s'échange le capital productif." (Fondements. Tome 2. p. 39)

 

4.4.3.4. - L'escamotage de la crise (type 1929) parallèle à la constitution du marché monétaire a été facilipar quatre phénomènes :

a - Les révolutions anti-coloniales, enrayées dans leur transcroissance, fixées ensuite au stade de révolution par le haut, et l'accession de l'URSS sur le marché mondial ont finalement rajeuni le capital. Ι1 s'est créé des zones οù celui-ci peut trouver un vaste champ de développement.

La disparition des marchés extra-capitalistes ne crée donc pas une phase de crise finale. Mais dans la mesure où les ex-pays coloniaux réussiront à devenir des pays capitalistes, cela provoquera un renchérissement des matière, premières, donc une baisse du taux de profit.

b - L'accroissement extraordinaire du capital fixe consécutif à l'introduction de l'automation, à la rationalisation du procès de circulation grâce à la programmation.

c - Extension du crédit sous toutes ses formes: pour le consommateur (moyen de lier les prolétaires à la production), pour les entreprises (le crédit-bail, par exemple), pour les nations (voir point précédent).

d - La guerre (Corée, Vietnam). Elle est réellement devenue un élément du procès de valorisation du capital, de deux façons: réalisation de la νaleur par destruction des marchandises (munitions diverses, avions, hélicoptères, etc.); stimulation de la production de ces mêmes marchandises. Le procès de valorisation n'est plus encombré par ces dernières. Plus tard, la reconstruction du pays détruit sera encore une merveilleuse affaire pour le capital comme cela se produisit après la seconde guerre mondiale.

 

4.4.3.5. - La société capitaliste actuelle se caractérise par une énorme concentration, une diminution de la population active dans l'agriculture, une diminution relative et parfois absolue dans l'industrie, par une augmentation des nouvelles classes moyennes, enfin par l'utilisation toujours croissante de la science, non seulement, comme avant, dans le procès de production imdiat, mais dans celui de circulation (informatique, cybernétique). Tout cela est l'expression de la dévalorisation et de son dépassement qui est éloignement de la crise, non sa suppression.

Depuis son apparition, le mouvement antagonique de la valeur d'échange consiste à englober les contradictions, non à les supprimer. Ceci se manifeste de façon exacerbée dans le capital - valeur d'échange parvenue à l'autonomie.

" Comme on le voit, l'argent ne résout les contradictions du troc et de la valeur d'échange qu'on les généralisant." (Fondements. t. I. p.142.

" Dans la production capitaliste, les contradictions ne cessent de jaillir et d'être abolies, elles ressurgissent toujours pour être abolies brutalement. Cette abolition apparait à certains comme une paisible égalisation. Mais c'est une autre affaire." (Fondements. t. Ι. p.362.)

" Toutes les contradictions de la circulation ressurgissent sous une forme nouvelle avec le capital." (Fondements. t. I. p. 363)

 

4.4.3.6. - On a, de nos jours, un englobement néral des contradictions avec la formation du marché monétaire. Mais en fait, elles réapparaissent, les plus anciennes aussi, même si elles ne sont pas effectives. Ainsi, le prolétaire est en même temps serf dans la mesure οù il est de plus en plus lié à l'entreprise, il est esclave dans la mesure οù : " Ce que l'ouvrier échange contre le capital, c’est toute sa capacide travail qu'il dépense, mettons en 20 ans. Au lieu de la lui payer en une fois,. le capital la lui paie par petites doses, au fur et à mesure qu'il en dispose, mettons hebdomadairement." Fondements. t. I, p.240.

On pourrait faire des remarques analogues en ce qui concerne toutes les données de l'économie. Autremrt dit, depuis le surgissement de la valeur d'échange, dont le devenir détruisit les antiques communautés humaines, aucune des contradictions, aucuns des problèmes apparus, ne fut résolu. Cela ne sera possible qu'avec la révolution communiste.

Sur le plan politique, il en est absolument de même. On voit ressurgir toujours plus explosive la question de l'unité allemande (non résolue depuis 1525) il en est de même pour la question des balkans. La pression de l'économie américaine sur l'Europe, fait réapparaître le fascisme, dans son aspect de défense de la nation contre le capital étranger (Allemagne, Italie, France). La création de l'État d'Isrl ressuscite dans le monde moderne les mêmes antagonismes qu'il y a 3.000 ans. L'indépendance de l'Afrique remet en selle de vieux conflits escamotés durant la période coloniale. On pourrait prendre encore des exemples en Amêrique, dans l'extréme-orient etc.. Enfin le développement inégal, anarchique du capital redonne vie aux vieilles oppositions ethniques, provinciales (en Belgique,en France, en Grande-Bretagne, en Italie, etc.) Les diverses réformes régionales, de structures, le recours à un fédéralisme sont des moyens pour planifier l’anarchie et masquer les conflits. Mais chaque solution n'est qu'un englobement qui apporte une autre contradiction.

 

4.4.3.7. - La crise d'entre deux guerres a été englobée. Elle télescopera l'autre, celle prévue pour 1975-80. En fonction de tout ce qui précède on peut dire qu'elle ne se manifestera pas seulement avec les caractères indiqués en 4.4. 1.2.

Etant donné qu'avec la crise toutes les contradictions ineffectives, à l'heure actuelle, deviendront effectives, il est possible que beaucoup se laissent tromper par les apparences et ne voient pas que la cause efficiente de tout cela est l'opposition capital- prolétariat.

Le capital essaie toujours plus d'absorber son ennemi en le réifiant, ce faisant il se nie, parce qu'il se dévalorise. C'est au cours de ce mouvement d'autant plus contradictoire qu'il est nécessaire, pour le capital, d'en nier le résultat (la dévalorisation), que réapparaissent les conflits non résolus, Ceux-ci peuvent rester en suspens du moment que l'assaut prolétarien est conjuré et qu’est sauvée l’unité antagonique capital-travail. C’est sous la forme de l'éclatement de cette uni que se manifestera la crise future qui permettra au prolétariat de repartir à l'assaut pour la destruction du capital.

 

4.4.3.8. - Bernstein niait la possibilid'une crise catastrophique et affirmait que l'évolution du capitalisme infirmait les prévisions de Marx : concentration plus faible que prévue dans l'industrie, son arrêt dans l'agriculture, non disparition des classes moyennes qui se transformaient, etc... Or, Bernstein ne pouvait pas être réfuté en récusant les faits (cf Kautsky) sur lesquels il se basait parce qu'ils étaient réels, mais en montrant que tout cela n'était qu' un moment de la vie du capital. C'est ce que tenta R. Luxembourg en expliquant que la vraie crise n'avait pas encore eu lieu, que la théorie marxiste anticipait sur le développement de la société. Ainsi, même si son œuvre  renferme des erreurs, elle a le mérite inniable d'avoirfendu l'essence même de la théorie prolétarienne.

À l'heure actuelle, c'est au nom de la concentration énorme, des trusts, des monopoles, du système bancaire hautement évolué que l'on veut réviser la théorie marxiste. Ici, encore, la méthode de R. Luxembourg est valable: il s'agit de montrer comment, finalement, l'évolution capitaliste vérifie la théorie, de façon absolue.

Marx a fait l'étude d'un être, le capital, de sa naissance à sa mort. Ι1 a donné les lois nérales de sonveloppement, mais il n'a jamais prétendu que l'évolution de celui-ci dépendait uniquement des lois inhérentes au capital, que la lutte des classes n'avait aucun rôle. À ce moment-là ce serait présenter le capital comme dépendant seulement d'un phénomène technique, ce serait une chose et non un rapport social, un procés. On aurait nié le second élément essentiel, le prolétariat, et toute dialectique aurait disparu.

Pour comprendre la phase de ralentissement (époque de Bernstein) celle d'arrêt apparent (époque théorisée par Trotsky) οu celle de grand "boom" (aprés 1945) il faut tenir compte de la lutte de classe. Dans le premier cas, un équilibre, en Allemagne, s'était produit entre prolétariat et bourgeoisie, dans le second, le capital n'arrivait pas consolider sa domination sur le prolétariat, dans le troisième, c'est son plein triomphe.

Certains ont considéré comme une infirmation de la théorie marxiste le fait qu'un certain nombre de pays ont vu leur développement bloqué (Inde et Brésil en sont les exemples probants). Or, en dehors de ce qui a déjà été indiqué au sujet du capital qui a inrêt à avoir des matières premières peu coûteuses, il y a le fait que le capital tend à limiter les effets de son développement. C'est pourquoi Marx prônait la nécessité, de la part du prolétariat, d'aider la bourgeoisie à détruire le féodalisme. Il voulait qu'il fasse pression sur sa bourgeoisie pour. qu'elle intervienne militairement - dans certains cas - afin d'accélérer le processus: cas de la guerre de Crimée οù il reprochait aux anglais et aux français de ne pas faire sérieusement la guerre contre les russes; sa perspective était la chute du tsarisme. De même, lors de la guerre de cession, la Ι° internationale prit parti pour Lincoln.

La révolution russe, décapitée de sa transcroissance, est une application grandiose de cette loi: le prolétariat doit pousser le capital à son plein veloppement, car c'est grâce à celui-ci que la révolution est rendue possible. Les présuppositions naturelles sont remplacées par des présuppositions sociales Cela veut dire que toute la société dépend de relations sociales, humaines, le capital lui-même dépendant d'un rapport social, l'échange entre travail mort et travail vivant. Une telle société devient moins stable, l'incertitude (Engels) de son existence augmente. L'inhibition de la lutte de classe devient plus difficile. Cette dernière manifeste tout d'abord la contradiction entre le procés de vie du capital et son résultat: lutte des nouvelles classes moyennes contre le capital (1968), pour atteindre, ensuite, celle fondamentale, au cœur de l'être capital, l'opposition entre le travail mort et le travail vivant: lutte du prolétariat contre le capital.

Bien que ressuscitant continuellement les contradictions du passé le capital détruit les bases de ce dernier; l'œuvre  de l'avenir peut s'opérer: le communisme.

 

4.5. - À propos de l'impérialisme.

"Le capitalisme n'a jamais été concurrentiel et libéral. Ceci était seulement une fiction de ses défenseurs laquelle ils n'ont pas renoncé en plein monopolisrne avoué). Ι1 est, dès sa première apparition, l'ensemble des monopoles sociaux et de classe sur les produits du travail et sur les quotes de sur-travail social.

"Depuis toujours, le capitalisme est monopole social des forces productive. Mais, à son avènement, c'est un pas en avant dans le rendement du travail humain ; au cours de son évolution, il devient moins rentable et parasitaire. Les conditions de son écroulement et la révolution sociale se posent alors,"

"L'étape, non la phase οu l'époque impérialiste, c'est seulement celle οù le monopolisme et la violence sociales ne peuvent plus être dissimulés, mais se montrent en pleine lumière."

"Lénine annonça cette éclatante "victoire théorique". Pour ne pas la transformer en défaite, il fallait pointer sur le monopole capitaliste démasqué et lui opposer le monopole dictatorial de la révolution prolétarienne..."

il programma comunista, n° 23. 1953

 

4.5.1. - "Ι1 nous faut maintenant essayer de dresser un bilan, de faire la synthèse de ce qui a été dit plus haut de l'impérialisme. L'impérialisme a surgi comme le développement et la continuation directe des propriétés essentielles du capitalisme ennéral. Mais le capitalisme n'est devenu l'impérialisme capitaliste qu'à un degré défini, très élevé, de son développement, quand certaines des caractéristiques fondamentales du capitalisme ont commencé à se transformer en leurs contraires, quand se sont formés et pleinement révélés les traits d'une époque de transition du capitalisme à un régime économique et social supérieur. Ce qu'il y a d'essentiel au point de vue économique dans ce processus, c'est la substitution des monopoles capitalistes à la libre concurrence capitaliste. La libre concurrence est le trait essentiel du capitalisme et de la production marchande en général; le monopole est exactement le contraire de la libre concurrence; mais nous avons vu cette dernière se convertir sous nos yeux en monopole, en créant la grande production, en éliminant la petite, en remplaçant la grande par une plus grande encore, en poussant la concentration de la production et du capital à un point tel qu'elle a fait et qu'elle fait surgir le monopole : les cartels, les syndicats patronaux, les trusts et, fusionnant avec eux, les capitaux d'une dizaine de banques brassant des milliards. En même temps, les monopoles n'éliminent pas la libre concurrence dont ils sont issu; ils existent au-dessus et à côté d'elle, engendrant ainsi des contradictions, des frictions, des conflits particulièrement aigus et violents. Le monopole est le passage du capitalisme à un régime supérieur." ( nine. Œuvres  complètes. t. 22. p. 286-287.)

 

4.5.2. - "L'impérialisme est le capitalisme arrivé à un stade de développement οù s'est affirmée la domination des monopoles et du capital financier, où l'exportation des capitaux a acquis une importance de premier plan, οû le partage du monde a commencé entre les trusts internationaux et οù s'est achevé le partage de tout le territoire du globe entre les plus grands pays capitalistes." (Ibid. p.287,)

Marx a expliqué que le capital devient une totalité en devenant marché monétaire. Toutes les discussions sur l'impérialisme furent en fait des interprétations du devenir de cette totalité. C'est Kautsky qui au fond. traduisit le mieux cela. Cependant ce devenir ne pouvait pas se faire de façon pacifique et d'autre part c'est une tendance. Kautsky théorisait 1'éternisation du capital comme réalisée alors que Marx indique que c'est sa tendance. Etant donné que cette transformation ne pouvait pas se faire sans crise, il était logique de poser, comme le fit Lénine, la perspective de la révolution sociale qui, après de multiples détours, devait triompher:

 

4.5.3. - "Ι1 faut noter plus spécialement quatre espèces principales de monopoles οu manifestations essentielles du capitalisme monopoliste, caractéristiques de l'époque que nous étudions.

Premièrement, le monopole est né de la concentration de la production, parvenue à un très haut degré de développement. Ce sont les groupements monopolistes de capitalistes, les cartels, les syndicats patronaux, les trusts. (.,..)

Deuxièmement, les monopoles ont entraîné une mainmise accrue sur les principales sources de matières premières, surtout dans l'industrie fondamentale, et la plus cartellisée, de la société capitaliste : celle de la houille et du fer. (.... )

Troisièmement, le monopole est issu des banques. Autrefois modestes intermédiaires, elles détiennent aujourd'hui le monopole du capital financier. (.... )

Quatrièmement, le monopole est issu de la politique coloniale. Aux nombreux "anciens" mobiles de la politique coloniale le capital financier a ajouté la lutte pour les sources de matières premières, pour l’exportation des capitaux, pour les "zones d'influence", - c'est-à-dire pour les zones de transactions avantageuses, de concessions, de profits de monopole, etc.; - et, enfin, pour le territoire économique ennéral. (.... ) (Lénine. Oeuvres complètes. t. 22. p. 322-323.)

Tout ceci est phénomènologiquement exact. C'est la mise en évidence de l’accession du capital à la totalité. Cependant la contradiction réelle fondamentale, n'apparaît pas: celle entre valorisation et dévalorisation, qui est à la base de tout cela.

 

4.5.4. - "Monopoles, oligarchie, tendances à la domination au lieu des tendances à la liberté, exploitation d'un nombre toujours croissant de nations petites οu faibles par une poignée de nations extrêmement riches οu puissantes: tout cela a donné naissance aux traits distinctifs de l'impérialisme qui le font caractériser comme un capitalisme parasitaire οu pourrissant." (Lénine. Oeuvres Complètes. t. 22. p.323.)

Ailleurs, Lénine explique que ce dernier caractère est lié au fait que le capital s'oppose au progrès technique. Or ceci est une tendance contrariée par l'action d'autres phénomènes. Ι1 peut y avoir des catastrophes qui rajeunissent le capital. Marx indique: "Ι1 y a au sein du mouvement développé du capital des moments autres que les crises qui freinent ce mouvement. Ainsi, par exemple, la constante dévalorisation d'une partie du capital existant, la transformation d'une grande partie du capital en capital fixe ne servant pas d'agent de la production directe, le gaspillage improductif d'une large portion de capital, etc." (Fondements. t.II, p, 278.)

D'autre part cette caractérisation a engendré la théorie évolutionniste de la branche descendante de la production capitaliste.

"C'est aνec un relief sans cesse accru que se manifeste l'une des tendances de l'impérialisme: la création d'un "État rentier", d'un État usurier, dont la bourgeoisie vit de plus en plus de l'exportation de ses capitaux et de la "tonte des coupons ".( Lénine. Ibid. p.323-324.)

Ceci est un aspect secondaire. L'État devient en fait une véritable entreprise capitaliste qui doit avoir un rendement optimum.

"Mais ce serait une erreur de croire que cette tendance à la putréfaction exclut la croissance rapide du capitalisme; non, telles branches d'industrie, telles couches de .la bourgeoisie, tels pays manifestent à l'époque de l'impérialisme, avec une force plus οu moins grande, tantôt 1'une, tantôt l'autre de ces tendances. Dans l'ensemble, le capitalisme se développe infiniment plus vite qu'auparavant, mais ce développement devient généralement plus inégal, l'inégalité de développement se manifestant en particulier par la putréfaction des pays les plus riches en capital (Angleterre). (Lénine, ibid, p. 324.)

L'inégalité de développement serait, pour beaucoup, une découverte de Lénine. Or, dans l'Idéologie allemande, Marx en parlait déjà. D'autre part, en ce qui concerne l'Angleterre, la remarque est pleinement justifiée, mais est assez superficielle (surtout aujourd'hui). C'est la socialisation de la production = fixation du capital qui inhibe le mouvement de valorisation dans ce pays. L'Angletcrre est mûre pour le socialisme. Elle est malade du retard de la révolution et d'avoir gagné la guerre. Seule en effet la destruction de tout le travail mort aurait pu y régénérer le capital.

 

4.5.5. - "Parmi les caractéristiques de l'impérialisme qui se rattachent au groupe de phénomènes dent nous parlons, il faut mentionner la diminution de l'émigration en provenance des pays imrialistes et l'accroissement de l'immigration, vers ces pays, d'ouvriers venus des pays plus arriérés, où les salaires sont plus bas." (Lénine, ibid, p.3ο5.)

À l'heure actuelle, un vaste courant migratoire s'effectue des pays les moins évolués vers l'Furope, puis de celle-ci vers les E.U. I1 concerne les techniciens et les savants. Le monstre. automatisé, le capital, a besoin d'une quantité toujours plus grande de cette force de travail complexe qui nécessite une durée de formation très longue, donc un coût de production élevé. Ce pompage de force de travail de la part des E.U. traduit l'antagonisme entre capital et hommes. P1us l’automation, la rationalisation pénétreront dans les divers pays, plus cet antagonisme se renforcera.

 

4.5.6 - Lénine indique que l'opportunisme est lié à l'impérialisme bien qu'il signale qu'il était déjà opérant dans l'Angleterre du milieu du XIX°. C'est une manifestation fondamentale, une relation dialectique essentielle: le capital doit nier le prolétariat afin d'assurer son procès de vie. Pour ce faire, il faut que les prolétaires deviennent des bourgeois; il faut qu'ils aient une certaine réserve. Dès 1844, Marx signalait ce phénomène.

L'opportunisme était la reconnaissance de la part du prolétariat de la suprématie capitaliste, l'affirmation unilatérale d'un des aspects de la réalité, la base économique: l'augmentation du niveau de vie pourrait conduire à une liration de l'homme. À l'heure actuelle il n'existe pas d'opportunisme parce que tout le mouvement ouvrier est sous la direction du capital. La question est de savoir si le processus d'intégration conduit à une négation durable οu non de la classe ouvrière, et si la crise économique pourra faire réapparaître l'aspect négatif de cette société: le prolétariat.

 

4.5.7. - En dehors de ces analyses justes il y a dans l'ouvrage de Lénine des affirmations germes de toutes les théorisations aberrantes actuelles dont la théorie évolutionniste (cf. 4.5.4.).

a - "Le capitalisme s'est transformé en impérialisme." (Lénine. p.219)

b - "Ce qui caractérisait l'ancien capitalisme, οù régnait la libre concurrence, c'était l'exportation des marchandises. Ce qui caractérise le capitalisme actuel, où règnent les monopoles, c'est l'exportation des capitaux." (Lénine, p, 260) Or les marchandises ne sont que capital-marchandiscs. La concurrence existe toujours entre capitaux et c'est même, pour le capital total le moyen de se réaliser.

Cependant, Lénine ne nie pas la lutte entre les monopoles: "Ι1 est donc hors de doute que le passage du capitalisme à son stade monopoliste, au capital financier, est lié à l'aggravation de la lutte pour le partage du monde." (p, 276.)

c - "Certes, si le capitalisme pouvait développer l'agriculture qui, aujourd'hui, retarde terriblement sur l'industric, s'il pouvait élever le niveau de vie des masses populaires qui, en dépit d'un progrès technique vertigineux, demeure partout grevées par la sous-alimentation et l'indigence, il ne saurait être question d'un excèdent de capitaux." (p. 260.) Or οù le capital triomphe le plus, l'agriculture connaît la surproduction et l'alimentation des masses s'est relativement améliorée".

d - "Ainsi, le ΧΧ° siècle marque le tournant où l'ancien capitalisme fait place au nouveau, la domination du capital financier se substitue à la domination du capital on général." (p. 244-245.)

"Un nouveau capitalisme lui succède, qui comporte des éléments manifestes de transition, une sorte de mélange entre la libre concurrence et le monopole." (p. 237.)

En réalité, on assiste à la domination du capital en général, c'est-à-dire du capital sous toutes ses formes intégrées dans la communaumatérielle. Marx remarquait qu' "il existe un rapport spécifique entre le capital et les conditions générales de la production sociale, et que ce rapport diffère des conditions propres au capital particulier et à son procès de production particulier." (Fondements. t. II. p. 25-26.) Tant que le capital ne s'est pas soumis toutes "les conditions nérales de la production sociales", il peut apparaître concurrentie; mais ceci s'évanouit dès la réalisation de la soumission. Ι1 y alors opposition entre le mouvement anarchique des capitaux particuliers et la communaumatérielle qui tend â le rationaliser.

 

4.5.8. - En définitive, tous les caractères de l'impérialisme sont déjà contenus dans le capital à l'aube de son veloppement. Ι1 n'était pas nécessaire d'employer un mot nouveau pour parler du stade ultime (il aurait mieux valu, d'ailleurs, parler de stade plus jeune). "La tendance à créer le marché mondial existe donc immédiatement dans la notion de capital. Toute limitation lui apparaît comme un obstacle à surmonter. " (Marx. Fondements. t. II. p. 364-365., )

Ι1 s'agissait,â l'époque de Lénine, du passage à la domination réelle du capital, de la première grande manifestation de sa tendance à la totalité. Ι1 est donc pférable de rejeter le terme d'impérialisme pour caractériser une étape de la vie du capital. Ι1 reste valable lorsqu'il s'agit de parler de la tendance à la domination de la part d'un pays donné. Il est possible de parler d'impérialisme américain, par exemple.

 

4.5.9. - L'ouvrage de Lénine (L'impérialisme stade suprême du capitalisme) - dont le sous-titre est, il ne faut pas l'oublier "essai de vulgarisation" - reste sur le terrain de l'adversaire. Lénine, au fond, accepte les analyses des autres, il en change seulement les conclusions: les crises ne sont pas éliminées, l'impérialisme est le prélude à la révolution. Ces conclusions sont essentielles et marquent une rupture avec le courant social-démocrate. Mais le caractère superficiel de l'ensemble de l'ouvrage a permis de voiler son noyau réel et juste. Ι1 est donc nécessaire de reprendre l'étude telle que Marx l'avait abordée,

"La domination du capital est la prémisse de la libre-concurrence, tout comme le despotisme impérial fut à Rome la prémisse du libre "droit privé". Aussi longtemps que le capital est faible, il s'appuie simplement sur des béquilles prises dans les modes de production passés οu en voie disparition à la suite de son développement. Sitôt qu'il se sent fort, il rejette ces béquilles et se meut conformément à ses propres lois. Enfin, lorsqu'il commence â sentir et à savoir qu'il devient lui-même une entrave, il cherche refuge dans des formes qui, tout en parachevant la domination du capital, brident la libre concurrence et annoncent la dissolution du mode de production fondé sur le capital." (Fondements. t. II. p, 167-168)

Autrement dit le phénomène que Lénine essayait de mettre en évidence, en parlant de phase de transition, était déjà individuali par Marx, et ce, sans avoir besoin de parler de mutation, en demeurant au sein de l'analyse de l'être capital. Un moment donné n'était pas substitué au tout.

 

4.5.10. - Dans son étude du capital, Marx montra toute l'absurdité de la théorie de la concurrence. Cette dernière ne crée rien; elle réalise les lois immanentes du capital.

" La concurrence réalise la loi selon laquelle la valeur relative d'un produit est déterminé par le temps de travail nécessaire pour le produire." Misère de la philosophie.

Dans l'analyse de la réalisation du taux moyen de profit, Marx montre cela de façon explicite. En effet, il met en évidence que par la concurrence tout capital égal à 100 arrive à récupérer un profit égal, bien que les taux de plus-value soient difrents. D'autre part, il montre que le capital qui a la composition organique la plus élevée récupère une masse de plus-value plus grande que celle engendrée au sein de son procés immédiat. Qu'a donc fait, dans ce cas, la concurrence, sinon réaliser le monopole de ce capital qui parvient à retirer plus, parce qu'il exerce une puissance plus grande sur le capital social? Si ce monopole n'existait pas, le problème de la réalisation d'un taux de profit moyen ne se poserait plus.

 

4,5.11. - Dans l'exposé sur la baisse tendancielle du taux de profit, Marx montre la façon dont nait la lutte pour l'obtention de sur-profits.

"Si le taux de profit décroît, il se produit, d'une part, une tension de capital, dans le but de permettre au capitaliste individuel d'abaisser par de meilleures méthodes, etc, la valeur individuelle de ses marchandises au-dessous de leur valeur sociale moyenne et de réaliser un profit extra pour un certain prix de marché; d'autre part, se développe la spéculation; ce qui la favorise, c'est que tout le monde se lance dans des tentatives passionnées pour trouver de nouvelles méthodes de production, réaliser de nouveaux investissements de capitaux, se lancer dans de nouvelles aventures en vue de s'assurer quelque surprofit, indépendant de la moyenne générale et plus élevé qu'elle.

"Le taux de profit, c'est-à-dire l'accroissement relatif de capital, est surtout important pour toutes les nouvelles agglomérations de capital qui se forment d'elles-mêmes. Et si la formation de capital devenait monopole exclusif d'un petit nombre de gros capitaux arrivés à maturité, pour lesquels la masse du profit l'emporterait sur son taux, le feu vivifiant de la production s'éteindrait définitivement. Celle-ci tomberait en sommeil. Le taux de profit est la formotrice de la production capitaliste, et on n'y produit que ce qui peut être produit avec profit et pour autant que cela peut être produit avec profit."

Dans le même chapitre, il aborde la question de l'exportation des capitaux que Lénine considérait comme une caractéristique de l'impérialisme.

"Si on exporte des capitaux, ce n'est pas qu'on ne puisse absolument pas les faire travailler dans le pays. C'est qu'on peut les faire travailler à l'étranger à un taux de profit plus élevé. Mais ces capitaux constituent un exdent absolu de capital pour la population ouvrière occupée et plus néralement pour le pays en question. Ils existent sous cette forme, à côté de la population en excédent relatif, et cet exemple montre comment les deux phénomènes peuvent coexister et se conditionner réciproquement."

Toute l'étude sur la rente est explication du monopole, de cet autre élément de la manifestation du capital. Enfin, Marx a écrit un chapitre significatif: "L’illusion de la concurrence". Ι1 y reprend son analyse antérieure, redéfinissant tous les éléments de la valeur et montre comment la concurrence est inopérante lorsqu'il s'agit d'expliquer leur genèse. Ι1 reprend d'autre part les résultats de l'étude sur la rente foncière et met en évidence que la loi de l'offre et de la demande - mode de manifestation superficiel de la concurrence - est elle aussi inopérante. Marx conclut :

" Bref, la concurrence doit se charger d'expliqer tout ce que les économistes ne comprennent pas, alors que ceux-ci auraient inversement pour mission de nous expliquer la concurrence."

D'un point de vue général, toutes les illusions sur la concurrence sont liées à la théorie affirmant que la valeur pouvait se créer au sein de la circulation, alors que Marx prouve que celle-ci est seulement la sphère de sa réalisation.

 

4.5.12. - On ne peut donc pas expliquer le capital par la libre-concurrence mais celle-ci par celui-là. Arrivé à un certain stade de son évolution, le capital doit la brider - tout en réalisant son être -  parce que sa manifestation aboutit à sa négation: la dévalorisation. Ce  n'est pas gràce au monopole que ceci peut s'effectuer puisqu'il est un autre mode de réaliser son être . Cela se produit avec sa constitution en communau matérielle qui est dépassement de la concurrence et du monopole.

Faire une théorie du capital monopoliste c'est faire œuvre  anti-dialectique et c'est se mettre en dehors de la théorie marxiste. Le côté bouffon de la chose c'est que le point de départ de cette tentative c'est l'affirmation que Marx avait opéré avec une hypothèse concurrentielle. Autrement dit cette théorie ne peut être, à la rigueur, que celle du monopole de l'ignorance.

 

4.5.13. - Le noyau réel et valable de l’œuvre  de Lénine c'est l'affirmation de la lutte de classes et de la révolution, Ι1 sut individualiser cette dernière à son juste moment. Mais à l'heure actuelle ceux qui reprennent son œuvre en mettant en épingle que l'impérialisme est une phase de transition ne font que la rêver; d'où une théorie de la révolution permanente. Pour qu'elle revienne la crise est nécessaire. Celle-ci est inévitable. Mais pour la prévoir il faut savoir exactcment comment se présente aujourd'hui le capital ; pour cela il faut aller au-delà des explications superficielles.

" Comme la baisse du taux de profit correspond à une diminution du travail immédiat par rapport au travail objectivé qu'il reproduit et qu'il crée de nouveau, le capital mettra tout en œuνre pour contrarier la baisse du travail par rapport au quantum de capital en général; autrement dit, de la plus-value exprimée comme profit par rapport au capital avancé."

"Ι1 tentera, en outre, de réduire la part attribuée au travail nécessaire et d'augmenter encore davantage la quantité de surtravail par rapport à l'ensemble du capital employé. En conséquence, le maximum de développement de la puissance productive ainsi que le maximum d'extension de la richesse existante coïncideront avec la dévalorisation du capital, la dégradation de l'ouvrier et un épuisement croissant des forces vitales.

"Ces contradictions provoqueront des explosions, des cataclysmes et des crises au cours desquels les arrêts momentanés de travail et la destruction d'une grande partie des capitaux ramèneront, par la violence, le capital à un niveau d'où il pourra reprendre son cours. Ces contradictions créent des explosions, des crises, au cours desquelles tout travail s'arrête pour un temps, tandis qu'une partie importante du capital est détruite, ramenant le capital par la force au point où, sans se suicider,  il est à même d'employer de nouveau pleinement sa capacité productive.

Cependant, ces catastrophes qui le régénèrent régulièrement, se répètent à une échelle toujours plus grande et finiront par provoquer son renversement violent." (Marx. Fondements, t. I. p. 277-278.)

C'est dans ces moments de crise que le prolétariat peut intervenir. Jusqu' à maintenant celles-ci ont pu se développer en escamotant le heurt entré capital et travail. Demain il ne pourra pas en être ainsi parce que la crise fera éclater l'uni capital-travail.

 

Remarque.

 

Lénine considérait l'impérialisme comme une phase de transition. Ιl est nécessaire de préciser on quoi elle consiste. L'imprécision à ce sujet a permis de justifier les positions manœuvrières  et volontaristes. À notre époque, il suffirait de trouver le moyen de mettre les masses en mouvement pour tout résoudre. Certains recherchent les bons mots d'ordre, d'autres la forme d'organisation adéquate, d'autres, enfin, font de l'entrisme.

On peut préciser la position de Lénine en montrant qu'à l'heure actuelle c'est le capital qui réalise le: programme immédiat du prolétariat, ainsi de la généralisation de la condition de prolétaire à l'ensemble de la société (cf. point 4.7. et chapitre sur la société communiste.)

La question du capitalisme d'État est entièrement liée à celle de l'impérialisme. On l'abordera lors de l'étude du fascisme et de celle des classes. L'État intervient d'autant plus que le capitalisme est moins développé. Cela correspond à la période de surgissement du nouveau mode de production. L'État n'est pas, alors, le réprésentant de la société capitaliste, mais celui de la société que le capital doit justement détruire: cas du despotisme éclairé en France, du tsarisme (fin du XΙΧ°et début du ΧΧ°) en Russie.

Lénine avait raison de parler de capitalisme d'État pour la Russie. En effet, c'est l'État prolétarien, puis 1'État s'appuyant sur le prolétariat et la paysannerie qui devait prendre les mesures devant permettre le développement du capitalisme.

Quand le capital est en domination réelle, l'État est une entreprise spécialisée chargée dc rationaliser l'anarchie de la société. Le capital s'est emparé de l'État.

 

4.6.- Le rajeunissement du capitalisme.

 

" Nous avons dit plusieurs fois que le Manifeste est une apologie de la bourgeoisie. Et nous avons ajouqu'aujourd'hui, après la seconde guerre mondiale et la réabsorption de la révolution russe, il fallait on écrire une autre, mais non pas en fonction des philosophies des valeurs qui projettent dans l'idéologie bourgeoise l'implacable économisme et l'esprit boutiquier propres à la classe et à l'époque. Nous avens besoin d'effectuer l'apologie de l'accusé pour conclure qu'il est temps de le condamner à la peine maximum."

 

Battaglia comunista. 8. 1952.

 

4.6.1. - Lorsque éclate la guerre de 1914, s'ouvre une période de crise profonde pour le mode de production capitaliste. C'est celle de sa métamorphose, de sa forme de domination formelle à celle réelle. Plus exactement, dans l'infrastructure, à la base, ce phénomène s'était déjà réalisé (passage de la plus-value absolue à la plus-value relative) mais cela ne s'était pas complëteιnent répercuté sur toutes les superstructures sociales de la base au sommet.

 

4.6.2. - Liée à cela se posait la question de s'assujettir de plus en plus le prolétariat afin de s'assurer cette domination absolue trop souvent remise en cause lors des conflits économiques de la période antécédente.

 

4.6.3. - La lutte pour la conquête des marchés - phénomène présenté comme déterminant - dérive en fait des deux premiers. Ιl est certes essentiel pour comprendre les événements qui se sont déroulés mais il ne permet pas d'en saisir les données causales à la racine. Le capitalisme ne pouvait continuer à persister qu'en néralisant sa domination réelle, dans un certain nombre de secteurs de la vie sociale, à une domination de la totalide celle-ci.

 

4.6.4. - Ce faisant, il fallait non seulement domestiquer le prolétariat, mais aussi éliminer les vestiges du passé. D'autre part, sur le plan théorique, la classe capitaliste se trouvait totalement désarmée pour affronter sa métamorphose. En effet, elle avait prêché pendant des années l'individualisme et la libre concurrence, le libéralisme, comme armes contre la constitution du prolétariat en tant que classe et donc en parti, comment pourrait-elle trouver la solution à sa transformation négatrice de tout cela. Car, ce dont il s'agissait c'était de la formation d'un être. impersonnel.

 

4.6.5. - La crise du capitalisme est venue télescoper celle de l'aire slave οù de multiples révolutions se chevauchaient et dont la résultante historique était celle double bourgeoise et prolétarienne et dont la transcroissance en révolution pure prolétarienne dépendait absolurnent du devenir de l'aire euro-nordaméricaine travaillée par la métamorphose du capital.

 

4.6.6. - Pour le prolétariat - au moment οù se développait cette crise du capital - se posait la question de savoir s'il pourrait y avoir conjonction de sa lutte avec celle des peuples émergeant des formations précapitalistes : russes, d'abord, chinois, hindous, etc., ensuite, En un mot le prolétariat ne risquait-il pas de se retrouver seul comme cela avait été déjà envisagé en 1858 par Marx :

"… Nous ne pouvons le nier, la société bourgeoise a vu, pour la seconde fois, son XVI° siècle ; mais nous espérons que ce nouveau XVI° siècle sonnera l'enterrement de cette société comme l'autre avait sonné sa naissance, La véritable mission de la société bourgeoise, c'est de créer le marché mondial, du moins dans ses grandes lignes, ainsi qu'une production conditionnée par le marché mondial. Comme le monde est rond, cette mission semble achevée depuis la colonisation de la Californie et de l'Australie et l'ouverture du Japon et de la Chine. Pour nous, la question difficile est celle-ci: sur le continent la révolution est imminente et prendra tout de suite un caractère socialiste ; mais ne serat-elle pas forcément étouffée dans ce petit coin, puisque, sur un terrain beaucoup plus grand, le mouvement de la société bourgeoise est encore ascensionnel? "

En quelque sorte se posait la nécessité de la conjonction entre la force prolétarienne et celle juvénile des formes sociales en bouleversement. D’un côté cela aurait permis le triomphe du prolétariat en Occident, l'accession au communisme, tandis que de l'autre pouvait s'apercevoir le saut.par-dessus la forme capitaliste de production. (cf. 2.3, et surtout 3.11.)

 

4.6.7. - En fait ce fut le triomphe du capital par suite de l'enlisement du prolétariat d'Occident dans la démocratie. Ce dernier s'était en définitive levé pour défendre quelque chose de condamné par le développement du capital. Mais la société dans sa totalité avait ru une profonde secousse. Les jeunes forces des pays asiatiques, africains, s'étaient élancées contre le monstre capitaliste, mais du fait de la non conjonction avec la révolution - perdue - en Occident, elles furent absorbées pnr le capital bien que celui-ci tenta tout de même d'arrêter le mouvement de libération de tous ces peuples. On eut un rajeunissement mais ce fut celui du capitalisme: il puisa de nouvelles forces au sein de ces formations désormais en devenir vers le capitalisme. (cf. 3.)

 

4.6.8. - Ce rajeunissement fut possible dès l'immédiat après-guerre du fait que la classe capitaliste pille les méthodes prolétariennes. Elle reconnut l'importance du fait collectif et de la forme parti, la nécessité d'un certain contrôle de la production afin dviter les heurts et les crises: le fascisme. Ce n'est pas pour rien que celui-ci est enme temps glorification des vertus nationales, des caractéristiques de l'ethnie, et cherche à puiser des nouvelles forces en elles, et en ce sens il est hégélien.

Dès cette époque le phénomène se répercute sur le plan superstructurel: l'art essouffde la bourgeoisie puise vigueur dans celui des peuples considérés jusqu'alors comme de vulgaires primitifs. La peinture, la sculpture s'inspirèrent, copièrent l'art négre et on eut les courants du primitivisme, dadaïsme, surréalisme, etc.. Dans le domaine de la musique, la chose est encore plus éclatante: les dominateurs blancs pillèrent aux noirs - afin de se divertir - le jazz, musique qui exprimait à la fois la révolte et la résignation de toute une communauté affreusement exploitée.

 

4.6.9. - Après la seconde guerre mondiale, le phênomène s'est répété. À cette différence qu'il n'y avait plus de forces prolétariennes en Occident, le parti ayant été détruit et la classe réduite à un objet du capital. Seulement les peuples d'Asie et d'Afrique tirés de leur immobilisme par la révolution russe - puis repliés dans une stagnation apparente - se mirent de nouveau en mouvement après 1945. Ce fut la lutte grandiose des peuples dits de couleur contre le capitalisme occidental.

L'absence de lutte prolétarienne en Occident permit au capitalisme de scinder le grand mouvement, sinon la secousse trop puissante aurait pu être telle qu'elle aurait réussi à remettre en selle le prolétariat d'occident. On, eut donc, d'abord la grande vague révolutionnaire en Asie, puis en Afrique.

Mais, une fois ces pays lirés, le capital est arrivé â intégrer ces nouvelles forces. Elles lui apportent en fait une vigueur qui constitue son rajeunissement. Tandis que le prolétariat abêti et avili par le démocratisme est réduit à une classe-valet du système oppresseur des peuples du monde entier.

 

4.6.10. - C'est seulement en assurant de façon absolue sa domination sur le prolétariat que le capitalisme atteint sa domination réelle. C'est ce qui s'est produit au cours des deux guerres mondialcs. De plus, le capitalisme a réussi à intégrer les mouvements qui tendaient au capitalisme mais qui, contemporains d'une lutte ouverte pour le pouvoir en occident, auraient pu subir une transcroissance. Dès lors, le capital peut se développer sans entraves et d'une façon extraordinaire. Ι1 se produit une nouvelle renaissance comme celle dont parlait Marx pour les années 1858.

En 4,5. on a indiqué le vaste mouvement expansionniste de la production capitaliste dans toutes les zones du globe. Ι1 ne fait que vérifier les loi de l'accumulation :

- plus un pays est jeune, plus son rythme d'accumulation est élevé (Japon) - la destruction d'un pays opère un rajeunissement (Allemagne).

- le taux d'accumulation diminue au cours du temps (tous les pays, y compris l'URSS).

 

4.6.11. - L'éloignement de la crise veut dire qu'il y a structuration du nouvel être capital rajeuni. Maintenant qu'il n'a plus d'obstacles â l'intérieur de lui-même (prolétariat battu), il peut librement se développer. Ι1 y eut, auparavant, pour des raisons de conservation de classe, freinage de l’expansion du capital (exemple la France après 1871). L'expansion actuelle n'est pas seulement due à la disparition de la menace prolétarienne, mais au fait que le capital ne peut plus assurer la paix sociale à l'aide d'une zone d'amortissement: paysannerie parcellaire et anciennes classes moyennes. Il doit y parvenir en assurant une réserve à tous les hommes. Pour cela il faut une production élevée et une main-mise sur tous les secteurs de l'activité sociale. Pour se survivre, il doit donc s'accroître. Alors, pour freiner la dévalorisation que ceci implique, il ne restera que la destruction dont il a été question (4.5.).

 

4.6.12. - Sur le plan superstructurel, le rajeunissement se voit maintenant de deux façons:

1 - Une revitalisation de l'idéologie bourgeoise officielle qui a perdu son complexe vis-à-vis du marxisme. Elle lui applique ce qu'elle croit être sa méthode en disant qu'il est dépassé, qu'il est un produit d'une époque donnée, et de ce fait caduc. La société aurait dépassé le stade οù elle se trouvait au moment du surgissement de la théorie prolétarienne. C'est ainsi qu'on a assisté à la formation de théories ouvertement anti-marxistes, mais qui visaient tout de même à englober son apport positif, et des théories qui ont eu pour base le marxisme mais qui proclament l'avoir dépassé: l'existentialisme. Certaines ont même un autre rajeunissement car elles ont pui leur source dans les sociétés anciennes et l'ont généralisé ensuite, ainsi de la théorie de Levi-Strauss.

2 - L’affirmation théorique liée à la phase révolutionnaire bourgeoise qui s'est développée après 1945, alors que normalement elle semblait depassêe même en dehors de l'Europe. Partout la puissance du prolétariat avait porau premier plan sa théorie. C'est pourquoi les théoriciens qui expliquèrent le grand mouvement d'émancipation de l'humanité dans les aires asiatique et africaine ont-ils recouru à cette théorie. Mais ils restèrent en fait en deçà de celle-ci. Ils en affirmèrent au maximum un moment, ce qui équivaut à la négation de la totalité. Ccpendant, cette unilatérali est toute à fait différente de celle des théoriciens occidentaux parce qu'elle correspond à un phénomène réel: une volution partielle. Chez ces derniers, on a la revendication parcellaire d'une totalité. C'est pourquoi F. Castro, F. Fanon, A. Césaire, (au début) ont un mérite indéniable, et il est absurde de les traiter de réactionnaires et d'imbéciles comme le font certains qui jugent du haut de leur théorie émasculée. D'autre part, étant donné que dans beaucoup de régions, il y a potentialitè de transcroissance révolutionnaire, il n'est pas étonnant de constater que quelques théoriciens issus de ces zones en fermentation empruntent une voie qui peut les mener à la redécouverte du marxisme.

L'influence, en occident, des idéologies nées des révolutions anti-coloniales, ainsi que le retour aux positions dépassées du mouvement ouvrier (un certain messianisme aussi bien en Afrique, en Amérique latine qu'aux E.U. par exemple) expriment encore le rajeunissement de l'ensemble social. Ι1 dérive de l'escamotage de la révolution prolétarienne au cours des années 1917-23. Le prolétariat a, finalement, à l'échelle mondiale, dirigé, accompli ou appuyé une révolution bourgeoise.

 

4.7. - La négation du capital, c'est le prolétariat

 

4.7.1. - Le capital tend à nier les classes (4.1.15.), à faire qu'il n'y en ait qu'une seule dont les extrêmes ne seraient pas trop accusés. Ceci a une apparence de réalisation par suite de la généralisation du salariat. Tout le monde, à l'heure actuelle, accomplit une certaine fonction sociale donnée et le paiement de celle-ci constitue son salaire. Tous les rapports de classe sont mystifiés. I1 faut donc préciser les caractères du prolétariat et ceux des nouvelles classes moyennes.

 

4.7.2. - Marx a expliqué que la société capitaliste allait vers une polarisation croissante s le capital d'un côté, le prolétariat de l'autre; de ce fait les classes moyennes disparaîtraient. Or, s'il est vrai que les antiques classes moyennes - reliquats de mode de production antérieurs - disparaissent de plus en plus, on constate - comme l'avait fait Bernstein - que de  nouvelles se forment. Cette fois elles sont le produit du capital.

Là οù Bernstein a tort c'est quand il déclare que Marx n'avait pas prévu le phénomène. Or celui-ci affirme que la terdance du capitalisme était de diminuer le nombre des hommes produisant la plus-value et d'augmenter le nombre de ceux qui en vivaient. De façon plus explicite, il écrivait : "Son plus grand espoir (de Malthus, n.d.r.), où il voit du reste lui-même un peu d'utopie, c'est que la classe moyenne grandisse sans cesse et que le prolétariat, malgré son accroissement absolu, constitue une fraction de plus en plus faible de la population totale. C'est en effet la marche de la société bourgeoise."

La question n'est pas tellement de reconnaître l'existence de ces nouvelles classes moyennes, mais de comprendre quel est leur rôle dans le procès total de production du capital. Ι1 sera, alors, possible de préciser l'affirmation de Marx sur la polarisation de la société.

 

4.7.3. - La question du prolétariat et des nouvelles classes moyennes (sur le plan économique) se ramène â celle du travail productif et du travail improductif (à celle des services). Pour Marx - dans le cadre de la société capitaliste - est productif le travail qui produit de la plus-value pour le capital. Ι1 peut y avoir une dépense en "force de travail" sans qu'elle soit productive, cela veut dire qu'à ce moment-, ce qui importe c'est l'usage qu'elle fournit, le service: exemple, les domestiques. On n'a pas en vue la valeur d'échange. Autrement dit, lorsqu'on paie le travailleur, l'argent ne se pose pas en tant que capital, mais en tant qu'argent (on peut dire que c' est une dépense de revenu.)

"L'échange du travail objectivé contre du travail vivant ne suffit pas à constituer l'un des côtés comme capital et l'autre comιntravail salarié, cependant il engendre toute la classe de ce qu'on appelle les prestateurs de service, allant du cireur de bottes au roi." (Fondements.t, p. 429.)

 

4.7.4. - "Si nous additionnons les travailleurs employés dans les fabriques textiles et le personnel des mines de charbon et de métal, nous obtenons le chiffre de 1.208.442; si nous additionnons les premiers et le personnel de toutes les usines et de toutes les manufactures de métal, nous avons un total de 1.039.605 personnes, c'est-à-dire chaque fois un nombre plus petit que celui des esclaves domestiques modernes (1.208 648, la Classe servante, n.d.r.). Voilà le magnifique résultat de l'exploitation capitaliste des machines." (Le Capital, livre Ι. t.2. p. 127.)

Ainsi dès le milieu du ΧΙΧ°  siècle, la productivi du travail avait libéré de la production un nombre considérable d'hommes. Ceux-ci eurent pour fonction de servir d'autres hommes et de consommer une partie de leurs revenus. Avec le développement du capital, ces hommes libérés vont servir à absorber le surplus de la production donc à entrer dans la sphère de la consommation productive, comme Marx l'expliqua dans le livre IV.

 

4.7.5. - Avec le développement du capital, le temps de circulation augmente. Une division du travail devient de plus en plus nécessaire afin de diminuer la perte de temps: le capitaliste produit, le marchand vend. Lorsque le capitalisme est pleinemcnt développé ce sont deux fonctions au sein du mode de production capitaliste lui-même (le capital s'est assujetti le commerce). On a le capitaliste industriel et le capitaliste commerçant. Puisque le produit n'est produit, en tant que capital-marchandise, que lorsqu'il est arrivé sur le marché, cela implique que le capitaliste industriel abandonne au capitaliste marchand une partie de son profit afin que ce dernier vende le produit. C'est pourquoi il semble que le commerce accroisse le prix des marchandises (alors qu'en fait il ne fait que restituer la fraction qui avait été enlevée) et que, d'autre part, les employés travaillant pour le capitaliste commerçant créeraient de la plus-value.

" Le capital marchand n'est rien d'autre que la forme autonome d'une partie du capital industriel affecté au procès de circulation." (Le Capital, L, III, p. 308.)

"Le capital marchand par contre est un capital qui participe au profit, sans prendre part à sa production." (L.III. t. 6. p. 295.)

"Le travailleur cοmmercial ne produit pas directement de la plus-value, mais le prix de son travail est déterminé par la valeur de sa force de travail, donc par ce qu'il en coûte de la produire, Cependant l’exercice de cette force de travail comme effort, dépense d'énergie et usure, tout comme n'importe quel autre salariê, n'est nullement limité par la valeur de sa force de travail. Son salaire n'est donc pas nécessairement en rapport avec la masse de profit qu'il aide le capitaliste à réaliser. Ce qu’il coûte et ce qu'il rapporte au capitaliste sont des grandeurs différentes. I1 lui rapporte non pas parce qu'il crée directement de la plus-value, mais parce qu'il contribue à diminuer les frais de réalisation de la plus-value, en accomplissant du travail en partie non payé. Le travailleur commercial à proprement parler appartient à la catégorie des salariés les mieux payés, de ceux dont le travail qualifié se trouve au-dessus du travail moyen. Néanmoins, avec le progrès du mode de production capitaliste, son salaire a tendance à baisserme par rapport au travail moyen. Cela est d'abord à la division du travail à l'intérieur du bureau; partant il n'est besoin d'assurer qu'un développement unilatéral des facultés de travai1, ce que le capitaliste obtient en partie gratuitement, puisque le travailleur forme lui-même ses aptitudes en expeant sa fonction, et, cela d’autant plus vite que la division du travail devient plus étroite. Ensuite son salaire tend à baisser du fait que la formation professionnelle, les connaissances commerciales et linguistiques, etc., en même temps que progressent la science et l'instruction publique, se répandent de façon toujours plus rapide, plus facile, plus générale, à meilleur compte, à mesure que le mode de production capitaliste oriente les méthodes d'enseignement, etc., de plus en plus vers la pratique. La néralisation de l'enseignement primaire permet de recruter les travalleurs du commerce dans les classes qui, jusque-là, en avaient été exclues, qui étaient habituées à un mode de vie plus médiocre. De plus elle augmente l'affluence et par conquent la concurrence, dévaluant à quelques exceptions près et à mesure que la production capitaliste se développe, la force de travail de ces employés de commerce; leur salaire baisse, alors que leur capacité de travail augmente. S'il y a lieu de réaliser plus de valeur et de profit, le capitaliste accroît le nombre de ses employés. L'accroissement du travail est toujours l’effet et jamais la cause de l'augmentation de la plus-value." (Le capital. Livre III. p. 309-310).

Le travailleur commercial ne produit pas de plus-value mais du profit.

 

4.7.6. - Ce que Marx explique pour la sphère commerciale est vrai aussi pour la sphère financière. Ici nous dirons que le travailleur de la banque οu de tout organisme similaire ne produit pas de plus-value, mais de l'intérêt. Sans son travail, le capitaliste financier ne peut pas réaliser  la part du profit que lui aliène le capitaliste industriel, c'est-à-dire l'inrêt. Ceci est valable encore pour l'État en tant qu'entreprise capitaliste: le secteurs des C.C.P., des caisses d'epargne, des emprunts etc..

 

4.7.7. - A l'origine les services étaient pour l'homme, soit individuellement (cas des domestiques), soit collectivement (les Postes par exemple). A l'heure actuelle, les services sont des services pour le capital. Celui-ci affronte toujours la force de travail en tant que valeur d'usage, mais dans ce cas l'usage n'est pas de valoriser la valeur, mais de la réaliser. Plus précisément la valeur a été valorisée dans le procès de production. La plus-value νa se répartir differemment entre les divers capitalistes οu entreprises capitalistes. Chacun de ces secteurs, pour réaliser la fraction qui lui incombe (profit οu inrêt) doit dépenser du temps de travail.

 

4.7.8. - Le rôle des nouvelles classes moyennes est donc double : 1° réaliser la plus-value, c'est-à-dire permettre sa transformation de plus-value sous forme marchandise en plus-value sous forme argent. En raisonnant sur les formes phénoménales, cela veut dire: réaliser le profit. Le capital paie, donc, en quelque sorte un service. Il paie pour qu'il y ait une variation qualitative, même si cette opération doit faire apparaître une quanti: un certain quantum de profit ou d'inrêt. Mais ceci est inclus dans l'être capital qui est fondamentalement un processus quantitatif ΚΚ+ ΔK.Lamytification vient  du fait que le service n'est plus pour l'homme mais pour le capital; que les hommes employés à rendre ces services sont obligatoirement exploités sinon cela voudrait dire, d'une façon οu d'une autre, que le capital produirait pour l’homme.

2° consommer les produits du capital. Car c'est obligatoirement  par la consommation que la métamorphose du capital peut se produire. Les hommes des nouvelles classes moyennes sont des consommateurs improductifs. Dans ce cas le capital avance le salaire donc l'argent nécessaire à l'achat des marchandises-capital, ainsi que celles-ci; l'échange implique consommation improductive et métamorphose du capital. L'homme est une surface d'échange. Le capital accorde un salaire à ces hommes des nouvelles classes moyennes dans la mesure οù ils lui rendent un service. Ils ne peuvent avoir qu'une action négative, jamais positive s s'ils ne travaillent pas assez, ils empêchent la réalisation de la totalidu profit on de l'intérêt.

 

4.7.9. - Ainsi, la diminution du nombre de travailleurs produisant la plus-value s'accompagne d'un accroissement de ceux réalisant la plus-value, sous ses diverses formes ( 4.1.8.). C'est l'autre aspect de la dévalorisation puisque finalement pour produire une me plus-value, il faut utiliser toujours plus de travail vivant. C'est un gaspillage énorme. Pour le capital cela n'a aucune importance puisque la plus-value engendrée peut enfin se réaliser; son procès de valorisation n'est donc pas entravé. Cependant, il est évident que toutes ces forces de travail ne produisant pas de plus-value, il y a une perte potentielle de valorisation.

D'autre part cela explique que toute augmentation des salaires dans le secteur productif est freinée parce que toute diminution de plus-value dans ce secteur inhibe tout le reste du processus. En quelque sorte sans tout le secteur commercial et monétaire le capitaliste pourrait consentir un salaire plus élevé, c'est-à-dire qu'en dernière analyse ces nouvelles classes participent à l'exploitation du prolétariat, mais de façon indirecte.

Dans l'antiquité, le prolétariat vivait aux dépens de la société, maintenant celle-ci vit aux dépens du prolétariat (Sismondi); on peut complêter cela en disant qu'à l'heure actuelle la société capitaliste engendre toute une couche de salariés qui vivent aux dépens de son secteur productif. Ce qui représente un de ses caractères irrationnels (non au point de vue du capital).

 

4.7.10. - La possibilide nier les différences entre prolétaires et nouvelles classes moyennes réside tout d'abord dans la généralisation du salariat (au siècle dernier travailleur salarié était synonyme de prolétaire) lui-même étant déjà une mystification.

"On comprend l'immense importance que possède dans la pratique ce changement de forme qui fait apparaître la rétribution de la force de travail comme salaire du travail, le prix de la force comme prix de sa fonction," (Le capital. L. I. t.2. p. 211)

Or nous l'avons vu, on considère à l'heure actuelle que tout homme accomplit une fonction utile au capital. D'autre part, si à l'origine l'ouvrier était payé différemment que les employés on tend maintenant vers une uniformisation, ainsi la pratique de la paie au mois se généralise. Un autrc phénomène vient encore renforcer l'illusion qu'il n'y a pas de différence, c'est le fait qu leur tour ces classes subissent une expropriation lorsqu'elles coûtent trop cher au capital. et que celui-ci a trouvé un moyen de les remplacer Le développement actuel de la cybernétique, de l'informatique, ne fait qu'accentuer la tendance que Marx indique déjà à son époque (cf. 4.7.4. 3°citation).

 

4.7.11. - L'accroissement énorme de la production capitaliste tend à inhiber le développement de celle-ci, d'où la nécessité d'une "sphère productive" qui joue le le d'accélération vis-à-vis de la masse d'inertie représentée par la production engendrée, C'est toute la sphère de la publicité, Ici encore il n'y a pas production de plus-value de la part des travailleurs employés dans ce domaine. Ι1 n'y a pas réalisation directe de plus-value ou d'une autre forme de celle-ci. Le résultat recherché est que le  capital-marchandise accomplisse sa métamorphose en capital-argent afin que la valorisation ne soit pas entravée, grâce à une stimulation de la consommation.

 

4.7.12. - Qu'est-ce que, préciment, le prolétaire (le salarié dont parle Marx), quelles sont ses caractéristiques ?

" Nous entendons ici travail salarié au sens économique strict - et nous le distinguerons plus tard des autres formes de travail pour un salaire journalier, etc. Le travail salarié, c'est du travail qui pose et produit le capital, c'est-à-dire du travail vivant qui produit à la fois les conditions objectives de sa réalisation sous forme d'activiet les éléments objectifs de son existence sous forme de force de travail, de forces étrangères, en face de lui, de valeurs indépendantes de lui et existant pour elles-mêmes.

"Les conditions fondamentales sont exprimées par le rapport originel lui-même : l° il y a, d'un côté, la force de travail vivante sous une forme purement subjective, séparée des éléments de sa réalité objective, c'est-à-dire aussi bien de conditions du travail vivant que des moyens de subsistance pour maintenir en vie la force de travail; bref, nous avons d'un côté la possibili vivante du travail dans toute son abstraction.

Ι1 y a de l'autre côté la valeur, οu le travail matérialisé. L'accumulation de valeurs d'usage doit être suffisamment grande pour fournir les conditions objectives nίcessaircs non seulement à 1â création des produits οu des valeurs servant à reproduire ou à conserver la force de travail vivante, mais encore à l'absorption du surtravail; bref, il faut qu'existe pour le travail le matériel objectif.

Ι1 doit y avoir entre les deux côtés un libre rapport d'échange - circulation monétaire - fondé sur la valeur, et non sur un rapport de domination et de servitude; en d'autres termes, il faut qu'il y ait une médiation entre les deux extrèmes. La production ne fournit donc pas directement les moyens de subsistance aux producteurs: l'échange est l'intermédiaire; comme il n'est pas possible de s'emparer directement du travail d'autrui, il faut acheter la force de travail à l'ouvrier dans le procés d'échange.

Enfin 4° le côté représentant les conditions objectivcs du travail en tant que valeurs indépendantes et existant pour elles-mêmes; doit avoir la forme-valeur et avoir pour but l'auto valorisation et l’argent, et non pas la jouissance immédiate ni la création de valeurs d' usage. " Fondements. t. Ι. p. 427-428.

 

4.7.13. - Pour l'homme des nouvelles classes moyennes, la caractéristique 1° est valable car chez lui aussi cette séparation existe. Cependant pour 2°, ce n'est pas le cas, parce que de l'autre côté il y a le profit ou l'intérêt qu'il faut réaliser. Le reste du point le concerne, ainsi que le 3°. Mais pour le il est évident que, dans ce cas, la force de travail n'a pas pour but l'autο-νalorisation, mais une modification de la valeur valorisée, une modification de l'être produit, Ι1 n'y a donc pas création de valeurs d'usage.

Si "lorsque le capital s'échange contre du travail, la valeur ne mesure pas l'échange entre deux valeurs d'usage, elle est le contenu même de l’échange". Ce n'est pas le cas pour le travail de l'homme des classes moyennes : le contenu est un usage qui consiste à apporter une transformation dans la forme de la plus-value.

 

4.7.14. - Ι1 faut encore préciser les caractères du prolétaire.

"Au fond, les choses sont bien simples: le procès de production pose les conditions objectives réelles du travail vivant (matière dans laquelle il se valorise, instrument au moyen duquel il se valorise, et moyens de subsistance grâce auxquels la flamme de la force de travail vivant continue de vaciller et de travailler, en étant alimentée en substances nécessaires à sa vie) comme des modes d'existence autonomes et étrangers, οu comme le mode d'existence d'une personne étranre. C'est ainsi que la force de travail vivante est isolée et n'a plus qu'une existence subjective, en face des valeurs existant pour soi et tournées sur elles-mêmes, c'est-à-dire constituant la richesse étranre au travaillcur, la richesse du capitaliste. Les conditions objectives du travail sent des valeurs dissociées et autonomes, en opposition à la force de travail vivante, qui a une simple existence subjective et une valeur d'espèce différente (puisque ce n'est pas une valeur d'échange, mais une pure valeur d'usage pour elle). (Fondements. t. I. p. 425)

"Par ailleurs, l'existence purement subjective de l'ouvrier en face de ses propres conditions lui donne une forme objective tout à fait indifférente vis-à-vis de celles-ci: c'est uniquement une valeur ayant une utilité (salaire) à côté des conditions autonomes de sa valorisation en tant que valeurs d'une utilité différente. Au lieu qu'elles se réalisent comme des conditions de sa réalisation à lui dans le procés de production, c'est lui qui en sort, au contraire, comme simple condition, de leur conservation et de leur valorisation, on tant que valeurs existant pour elles-mêmes, en face de lui. La matière première qu'il façonne est à autrui, de même que l'instrument; son travail n'est donc qu'un accessoire de leur substance: il s'objective en quelque chose qui ne lui est pas propre."

"En outre, le travail vivant apparaît comme étranger à la force de travail vivarte dont il est pourtant le travail et la manifestation, car il a été cédé au capital en échange du travail matérialisé, produit par le travail lui-même. La force de travail se comporte vis-à-vis d'elle-même comme quelque chose d'étranger, et si le capital était disposé à payer l'ouvrier sans le faire travailler, celui-ci saisirait l'offre avec plaisir. Son propre travail - comme l'orientation qu'il reçoit - lui est donc étranger, au même titre que la matière première et l'instrument. En conséquence, le produit lui apparaît comme une combinaison étranre de matière, d'instrument et de travail cοmτιιe propriété d'autrui; la production achevée, le travail s'est appauvri de la force vitale qu'il y a dépensée, et déjà le turbin doit reprendre pour la force de travail purement subjective et dépouillée de ses moyens d'existence." (Ibid. p. 420.)

Fondamentalement ces citatiens mettent en évidence la duali du prolétaire, à la fois objet du capital et être s'opposant à lui. Potentiellement ce dernier point en fait un communiste.

 

4.7.15. - Pour le travailleur des nouvelles classes moyennes, il y a aussi une dualité mais elle se présente differemment. D'un côté, il participe à la condition du prolétaire, de l'autre, étant payé par la plus-value produite par l'ouvrier, il a une existence directement liée au capital. C'est pourquoi il est affronté à un résultat, à quelque chose de produit, donc à la consommation sous ses diverses formes. Ι1 est totalement immer dans l'être capital, dans sa mystification. D'où les revendications de ces classes: une plus grande consommation οu le fameux luddisme[3] (détruire les marchandises alors que le capital peut justement avoir besoin de cette destruction pour sauver 1'autonomie de son procès). Donc on a la polarité destruction οu envie, mais pas de solution positive. Au maximum ces nouvelles classes moyennes peuvent accéder, par elles-mêmes, â la compréhension du communisme grossier. Leur revendication de la destruction de travail est une autre manifestation de leur immersion dans la mystification; ce qu'il faut détruire c'est le travail salarié producteur de plus-value, pour le capital.

 

4.7.16. - Un autre moyen de voiler les différences entre nouvelles classes moyennes et le prolétariat c'est, dans les deux cas, l'existence d'une stratification de salaires. Or, ceci se relie tout simplement à la question du travail simple et du travail complexe (cf. citation 4.7.3.) dans les deux sections de la production et de la circulation, et à la nécesside diversifier les salaires afin de créer la concurrence au sein des deux ensembles de travailleurs. Car si le capitalisme doit intégrer les hommcs dans un système "esclavagiste", il doit en même temps les intégrer dans un système οù s'opère une concurrence entre les hommes afin qu'ils ne s'opposent pas à sa domination.

 

4.7.17. - Une dernière question, c'est celle des techniciens. Elle se relie à celle de la science, Celle-ci, incorporée au procès de production, ne crèe pas de plus-value, elle permet seulement d'en extraire aux prolétaires. C'est une arme de classe: science = oppression de classe. D'autre part en permettant la création de machines évinceuses d'hommes, il y a tendance à la destruction de la valeur.

" Ce n'est que dans l'industrie mécanique que l'homme arrive à faire fonctionner sur une grande échelle les produits de son travail passé comme des forces naturelles, c'est-à-dire gratuitement." (Le Capital L. Ι. t. 2, p. 72.)

Un technicien opère directement dans la sphère d'exploitation du prolétariat, tout étant  lui-même exploité. Le capital ne peut pas accepter que la plus-value soit consommée par une couche d'hommes, mais il est obligé d'en sacrifier une partie afin d'accroître la production de plus-value dans la sphère productive.

D'autre part, l'ensemble des techniciens tend à former une bureaucratie, servante de l'appareil productif, mais non productrice de plus-value.

 

4.7.18.- L'exploitation des techniciens apparaît plus nettement encore lorsqu'on a affaire à des entreprises produisant directement pour la recherche. Cependant, encore le rôle du technicien demeure objectivement de perfectionner l'exploitation des prolétaires,

Dans les entreprises qui ont leur propre bureau d'études, de recherches, celui-ci est financé grâce à la plus-value extorquée aux ouvriers. Donc tous les travailleurs de bureau d'études ont ce caractère double dont il a été question. Ils entrent eux aussi dans cette vaste couche intermédiaire: les nouvelles classes moyennes et ils ont à la fois un aspect capitaliste et un aspect prolétaire. C'est pourquoi peuvent-ils passer du côté de la classe ouvrière dans certaines périodes.

 

4.7.19. - En définitive le capital recherche dans le prolétariat une valeur d'usage en vue de la valeur d'échange (accroissement de celle-ci, valorisation), dans les nouvelles classes moyennes une valeur d'usage pour un usage: réaliser la plus-value. C'est seulement apporter une différence qualitative à un processus quantitatif déjà opéré. Ι1 est évident que l'on a toujours au centre de la question la valeur d'échange, sinon en n'aurait plus du capital. Mais ici c'est un comportement vis-à.-vis d'elle et non son être lui-même. Les prolétaires, de ce fait, s'affrontent à l'être réel du capital, les nouvelles classes moyennes, à ses phénomènes apparents: marchandises, par exemple. Lorsqu'elles luttent, elles le font contre les conséquences et non contre les causes du système.

D'où les théories absurdes fondées sur l'analyse de la marchandise telle que celle de l'I.S, qui reflète le mieux la position de ces classes dans la société actuelle.

 

4.7.20. - Le capital ne peut se développer qu'en exploitant l'ensemble des hommes. C'est sa façon a lui de réaliser la généralisation de la situation du prolétariat que Marx revendiquait comme un premier temps pour la suppression de ce dernier. Cette généralisation est mystificatrice. Cela ne lui enlève pas sa réalité et sa base révolutionnaire. Dès la prise du pouvoir, le prolétariat peut se nier en tant que classe de façon plus rapide qu'auparavant.

L'ensemble des hommes a tendance à s'opposer au capital, à se révolter contre lui. Mais quelle est la classe qui puisse avoir le maximum de cohérence révolutionnaire, qui puisse avoir un programme radical de destruction du capital et en même temps voir, décrire la société future, le communisme, c'est le prolétariat. Les nouvelles classes moyennes n'arrivent qu'à l'immédiat: la destruction des conséquences du capital, mais ne s'élèvent pas à la compréhension de ce qu'est le monstre automatisé. Cela dérive du fait que le prolétaire est à la fois de cette société et d'une autre; l'homme des nouvelles classes moyennes est la fois lié à cette société, et prolétaire. Il peut donc arriver jusqu'à la vision immédiate du prolétaire, jusqu'à un communisme grossier, mais non au communisme intégral.

La classe ouvrière, en se constituant en tant que classe, et donc en parti, devient sujet historique. Elle entreprend la transformation du monde: passage au communisme, Ι1 est évident qu'un grand nombre d'éléments de ces nouvelles classes moyennes pourront entrer dans le parti.

L'homme est la négation du capital, mais sa négation active, positive, c’est le prolétariat.

 

4.7.21. - "S'il découvre que les produits du travail sont les siens, condamne la dissociation de ses conditions de réalisation et juge qu'on lui impose une situation intolérable, l'ouvrier aura acquis une immense conscience, qui découle d'ailleurs du mode de production reposant sur le capital. Le glas du capital sonnera; ainsi, lorsque les esclaves se rendirent compte qu'ils ne pouvaient être la propriété de tiers et qu'ils prirent conscience de leur personne, l'esclavage se mit à végéter artificiellement et cessa de représenter la base de la production." (Fondements, t. Ι. p. 426-27.)

La contradiction la plus aiguë à laquelle parviendra le développement de la valeur d'écharge devenue capital est la suivante: d'un côté, tendance croissante à la négation la valeur par suite de l'augmentation de la productivi du travail, d'un autre côté, fixation de celle-ci par les hommes. Dès lors le heurt est inévitablc entre eux et le capital. Parallèlement, le travail sera devenιu de plus en plus absurde, la société plus irrationnelle. La nécessité d'une révolution à un titre humain s'imposera naturellement. Seul le prolétnriat en tant quc négateur absolu du capital (il retrouvera ce caractère avec la crise) peut être le support de la conscience de cette grande révolution qui verra la mise en mouvement de l'immense majorité de l'humanité contre les défenseurs du monstre automatisé. On retrouve ici, sous une forme précisée l’affirmationde Marx au sujet de la polarisation entre le capital ct la masse prolétarisée de l'humanité.

Remarques sur le point.4.

Nous avons intitulé ce point 4  développement du capitalisme, afin de limiter l'objet de l’étude . Ι1 s'agira ultérieurement de reprendre la critique de l'économic politique telle que l'envisageait Marx.

"J’examine le système de l'économie bourgeoise dans l'ordre suivant: capital, propriété foncière, travail salarié, État, commerce extérieur, marché mondial." (Préface à la contribution.)

"De même, dans la société développée, ce qui se manifeste en surface c'est l'échange des marchandises. Mais au travers de celles-ci, on aperçoit ce qui est au-delà: les rapports de production économiques. C'est pourquoi l'organisation interne de la production ne constituera que notre seconde section; sa synthèse dans 1'État, la troisième; les rapports internationaux, la quatrième, et le marché mondial, la conclusion, car la production y apparait à la fois dans sa totalité et dans chacun de ses éléments  on y voit toutes les contradictions en mouvement. Mais, à son tour, le marché mondial représente la présupposition et le support de l'ensemble. En général, les crises mettent en évidence cette présupposition et poussent à l'adoption d'une nouvelle forme sociale." (Fondements. t. I. p.169.)

Marx ne put accomplir sa tâche de façon exhaustive. Cependant, il y a dans ses ouvrages toutes les lignes directrices essentielles pour la réaliser. D'autre part, il est possible d'utiliser les apports de divers éléments de l'école marxiste. Ce faisant, on pourra redonner à la théorie du prolétariat toute sa dimension.

De divers côtés, on a remis en évidence que Marx avait fait une critique de l'économie. Mais lors de la présentation de celle-ci, on se trouve en présence d'une théorie déformée. Les situationnistes, par exemple, (beaucoup de trotskystes aussi) à la suite de Lukacs, mettent au centre de la critique la marchandise. Ils oublient que pour Marx : " Ce qui, deuxièmement, distingue spécialement le mode capitaliste de production est que sa fin immédiate et son moteur déterminant est la production de plus-value. Le capital produit essentiellement du capital, il ne le fait, que dans la mesure où il produit de la plus-value." (Le Capital. t .8. p.257.)

Dans le capitalisme toute marchandise est en fait du capital sous forme marchandise.

" Dans le capital, la consommation de la marchandise ne constitue pas la fin; elle fait partie du procès de production, elle apparaît comme un moment de la production, c'est-à-dire un moment qui réalise la valeur (wertsetzens)." (Fondements, t, ΙΙ. pp. 21-29.)

"Inlassablement, il dépouille sa forme éterrnelle d'argent pour vêtir celle, périssable de la marchandise. L'éternité (Unvergänglichkeit), en effet ne peut se manifester que sous forme éphémère ; elle est ce qui passe : à la fois le procés et la vie. Mais le capital n'acquiert cette. quali qu'on suçant constamment l’âme du travail vivant, tel un vampire." (Ibid. pp. 154-l55. )

"Mais ces marchandises sont maintenant aussi les porteurs du capital. Elles sont le capital valorisé et sont grosses de plus-value. Comme telles, leur circulation devient aussi le procès de reproduction du capital et implique des déterminations qu'ignorait l'analyse abstraite de la circulation des marchandiscs. Ι1 nous faut donc maintenant considérer la circulation des marchandises en tant que procès de circulation du capital. C’est ce que nous allons faire dans le prochain livre." (VI° chapitre.)

À tous ceux qui veulent sur une analyse de la marchandise, fonder la critique de la société, de la vie quotidienne, etc., nous dédions, entre autres, ce passage des notes sur un livre de J. Mill, de K. Marx.

"Le crédit, c'est le jugement économique porté sur la moralité d'un homme. Dans le crédit au lieu du métal  et du papier c’est l'homme lui-même qui devient l'intermédiaire de l’échange non pas certes, en tant qu'homme, mais en tant qu'existence d'un capital et des intérêts. Dés lors, le moyen de l'échange, en quittant sa forme matérielle a sans doute fait retour à l'homme et s'est réinstallé en lui, mais c'est uniquement parce que 1'homme est devenu extérieur à lui-même: et qu'il est devenu pour lui-mêmc une forme matérielle. Dans le système du crédit, ce n'est pas l’argent qui s'abolit, c'est l'homme lui-me qui se convertit en argent; autrement dit, l'argent s'incorpore à l'homme. L'individuali et la morale humaines deviennent des articles de commerce et la substance de l'argent. Au lieu de l'argent, du papier, c'est ma propre existence, ma chair et mon sang, ma vertu et ma réputation sociales, qui sont la matièrc et le corps de l’esprit-argent. Le crédit taille la valeur vénalc non pas dans l’argent, mais dans la chair humaine, dans le cœur  humain. C'est ainsi que tous les progrés représentent au sein de ce système mystificatcur; autant de régressions et d'abjections.(...)

" Enfin, le système du crédit trouve son achèvement dans le système bancaire. La figure du banquier, la domination de l'État par les banquiers, la concentration de la fortune entre les mains de quelques-uns, un véritable ropage économique de la nation, tel est le digne achèvement du système monétaire. La reconnaissance morale d'un homme et la confiance en l'État, etc., ayant ru la forme du crédit, le mystère qui se cache dans le mensonge de la valeur morale, l'infamie immorale de cette morale tout comme l'hypocrisie et l’égoïsme de cette confiance dans l’État, éclatent au grand jour et apparaissent tels qu'ils sont dans la réalité."[4]

 

 



[i] Plutôt que de formelle et de réelle je préfère parler de superficielle et substantielle.  En outre, il s’agit de la domination au sein du procès de production immédiat du capital. Les concepts de domination superficielle (formelle) puis substantielle (réelle) opèrent également en ce qui concerne le procès de production total, et donc en ce qui concerne la société.

Note d'avrll 2013














 

[1] Jean Louis Darlet constatant que la formule (à noter qu’il n’avait pas été précisé que la productivité ρ est le rapport du temps de travail extra au temps de travail nécessaire) n’était pas correcte, reprit l’étude de la question de la variation  de plus-value (ou plus-valeur), de la valorisation, donc de la capacité du capital à engendrer du capital à partir de l’exploitation de la force de travail. Il publia le résultat de ses recherches dans Invariance, série II, n°2, Au-delà de la valeur, la surfusion du capital, 1972, ainsi que dans Note au sujet de la composition organique du capital, 1972, et, enfin, dans des lettres datant de la même époque et publiées dans la même revue, série III, n°2, pp. 64-88.

Au sujet du résultat de cette recherche et au sujet des considérations théoriques concernant le rapport valeur capital, je mis en évidence dans Remarques  - dans le même n° d’Invariance, aux pp. 92-93 – les deux comportements théoriques qui s’imposaient en ce qui concerne l’investigation au sujet de ce dernier.

« Enfin, à partir du travail précédent de J.L. Darlet, deux possibilités:

1 - La valeur-travail, c'est-à dire le travail substance de la valeur, le temps de travail mesure de la valeur, est une représentation déjà inadéquate du temps de Marx. Celui-ci serait la conscience a posteriori d'un phénomène révolu. Le mot valeur désignerait en réaliune certaine visée-appréhension humaine du monde, mais en étant incapable d'en exprimer la totalité. Marx n'aurait fait que réduire encore le phénomène. Ι1 ne pourrait pas y avoir d'échappement du capital. Ce dernier étant une forme particulière de la valeur et celle-ci n'ayant pas été saisie dans sa totalité, il se peut que le capital réalise la valeur et donc une totalique nous n'avons pas perçue. À la base de cette perception du phénomène-valeur il y aurait l'idée d'un projet humain tout à fait inconscient qui se réaliserait à travers le capital.

En outre la représentation de la valeur selon l'école classique de W. Petty à D. Ricardo et selon K. Marx serait une réduction telle qu'elle empécherait la compréhension du surgissement du phénomène valeur. Ainsi il serait impossible de comprendre la dissolution des communautés primitives en faisant intervenir le mouvement de 1'autonomisation de la valeur d'échange.

2 - La valeur travail est une réduction qui est liée à une réalihistorique: la parcellisation de l'activίté totale et la tentative de ressaisir celle-ci au travers de l'activité productive (l'argent monétaire apparaissant comme le moyen de tout conquérir, avoir - aliénation de l'être à l'avoir),

K. Marx voit bien qu'en dehors de cette activiil y a d'autres domaines; mais il la juge déterminante et c'est essentiel pour son projet révolutionnaire, parce qu'il est possible à partir d'elle de faire oeuvre  scientifique, prévisionnelle (prévoir les crises, la révolution).

Ι1 constate aussi que le capital tend à englober toute l'activité des hommes.

Il ne perçoit pas pleinement l’échappement du capital qui est effectif avec, en même temps, la réalisation d’un ‘projet’ humain avec l’utopie-capital. Quand on dit cela on pose quelque chose à la fois externe aux hommes (qui les opprime) et qui leur est interne, car c’est quelque chose en lequel ils se retrouvent : volonté de dominer la nature, de se poser en seigneur et maître (qui ne fait que détruire) ; avec le capital les hommes pensent pouvoir, enfin, échapper à la nature, sortir de l'animalité.

Avec le capital 1'autonomisation est effective, tandis qu'avec la valeur les hommes ont une présence efficace, car leur agir était déterminant.

C'est cette seconde approche que, personnellement, j'expose (cf. Ce monde qu'il faut quitter et C'est ici qu'est la peur, c'est ici qu'il faut sauter !). Le reproche le plus important que je puis faire à l'autre «possibilité » c'est d'entériner une vision structuraliste. Tout le phénomène historique est escamoté. Ce qui paradoxalement fait ressortir, simultanément, la nécessité de préciser la génèse de la valeur. Ce que Marx a écrit à ce sujet est nettement insuffisant. (Octobre 1975)

Dans le chapitre 9.1. de Émergence de Homo Gemeinwesen j’ai abordé cette question. La mise en évidence de la mort potentielle du capital à la fin des années 70 rendit obsolètes toutes ces recherches mais imposa la nécessité de bien définir la valeur ; ce que j’ai essayé de faire dans le texte supra cité .

« Á partir de ces remarques introductives, il est possible d’anticiper en présentant une définition la plus compréhensive possible de la valeur. C’est le phénomène de représentation du discontinu opérant dans la communauté se désagrégeant, posant par là la nécessité d’une quantification rendant apte la représentation du positionnement de ses membres en son sein. Toutefois, étant donnée la tendance de toute communauté à enrayer sa dissolution, il va permettre en même temps la réalisation d’un phénomène de compensation qui cautérise en quelque sorte les blessures infligées au corpus communautaire. Simultanément va se déployer un mouvement de substitution qui acquerra au cours du temps une ampleur toujours plus grande. Le but plus ou moins conscient de ces actions sera d’aboutir à un équilibre, lequel agira ensuite comme système de référence, comme référentiel et comme opérateur de la connaissance. Et ceci visera à contrebalancer les effets néfastes d’une autre détermination que la valeur a originellement en commun avec le pouvoir : la dépendance. L’échange sera vécu comme une abolition de cette dernière. » (. Cf. 9.1.6)

« La valeur est un opérateur de l’activité humano-féminine, à partir du moment où il y a scission d’avec la communauté. C’est un concept qui inclut mesure, quantification, jugement d’existence. Il se purifie au cours de son autonomisation, c’est-à-dire qu’il se détache des représentations mythiques, et se charge de déterminations nouvelles par suite de son opérationnalité dans divers domaines – hors de celui strictement économique d’où il a surgi dans sa détermination qui le rendit opératoire – qui peuvent connaître des devenirs plus ou moins divergents. » (cf. 9.1.13)

De même en ce qui concerne le capital, le phénomène capital. À son sujet je puis dire que conceptuellement le rapport qui définit le capital consiste en l’échange d’un quantum de valeur contre une marchandise particulière, la force de travail, dont la caractéristique réside en ce que sa consommation est productive d’un incrément de valeur, la plus-valeur, ce qui implique l’existence d’un procès de production, ‘doublé’ d’un procès de valorisation ou d’incrémentation de valeur, de production de plus-valeur. Dés lors la valeur avancée est devenue capital que K. Marx caractérise comme la valeur en procès.

L’intérêt de cette approche est d’inclure la dimension historique - le passage de la valeur au capital et la délimitation de l’existence de celui-ci à une période historique déterminée - et la dimension sociale: la mise en dépendance d’hommes et de femmes, leur mise sous contrôle (ce à quoi se réduit désormais le salariat), mais aussi la possibilité de comprendre l’échappement du capital, son autonomisation, en rapport au rejouement du phénomène spéculatif opérant dans l’argent sous sa troisième détermination, en tant que monnaie universelle, caractéristique du phénomène valeur en sa phase la plus évoluée. Dés lors, il est possible de percevoir pleinement ce que représentent la valeur et le capital au sein du déploiement de la spéciose.

 

 

Note de septembre 2009

 

 

[2]  Tout ce sous-chapitre 4.3.1. est constitué par la partie finale de La question agraire d’A. Bordiga, il programma comunista, n°12, 1954. Ce texte a paru en traduction intégrale dans la revue (Dis)continuité. Il est également disponible sur Internet, grâce à Jean-Marie Tremblay, site : http://classiques.uqac.ca/ . 

[3]  Imprécision: le luddisme fut un mouvement de destruction des machines; mais cela peut valoir analogiquement.

Note de septembre 2009

 

[4] L’importance du crédit et de la spéculation - dont depuis 1968 nous suivons l’évolution au travers des crises dites monétaires - qui se déploie à partir de lui, révèle le désir caché, inconscient de la conquête du futur, en même temps que celui de fuir l’état présent, le désir d’être hors limite, inaccessible et d’atteindre enfin une satisfaction où l’être s’abolit en se réalisant (du moins en pensant se réaliser). Cette dimension profonde de la spéciose se dévoile pleinement de nos jours.

Note de septembre 2009