4. – LE DÉVELOPPEMENT DU CAPITALISME
"Dans la société bourgeoise achevée, chaque rapport économique en suppose un autre sous sa forme bourgeoise et
économique, l'un conditionnant l'autre,
comme c'est le cas de tout système organique. Ce système organique lui-même dans
son ensemble, a ses présuppositions
propres et son développement total implique qu’il se subordonne
tous les éléments constitutifs de la société οu qu'il crée à partir de lui-même
les οrganes qui font encore défaut. C'est ainsi qu'il devient historiquement une totalité. Le
devenir vers cette totalité constitue un élément de son processus, de son
développement."
K.
Marx
Fondements de la critique de l'économie politique
4.1.- Caractères généraux du
capitalisme.
4.1.1. - Le capital est la
valeur d'échange parvenue à l'autonomie.
En lui, elle est devenue procès. Le
capital est mouvement, il est un être en devenir. Cette
définition englobe toutes les autres: il est une
somme
de valeurs, il
est un rapport social, etc...
D'autre part, elle englobe toutes les déterminations particulières et
ses métamorphoses: capital-marchandise, capital-productif, capital-argent, etc...
4.1.2. - Le capital n'a que
deux
modalités essentielles différentes d'étre il est capital circulant οu capital fixé. Ι1 est figé dès qu'il n'est plus en train de se valoriser,
c'est-à-dire en train de passer d'un quantum
donné
à un quantum accru. En conséquence, il peut tout aussi bien être fixé dans le procès de production
que dans celui de
circulation. Le capital-argent peut être lui-même du capital fixé.
4.1.3. - La vie historique
du capital est remplie par ses luttes pour
lever
les barrières, les obstacles à sa valorisation, pour se rendre autonome et détruire toute fixation. Deux
période essentielles
:
a - Phase de domination formelle οù la production de plus-value absolue est déterminante.
b - Phase de domination réelle οù la production de plus-value relative relaie
la précédente et devient
prépondérante. Le procès de valorisation l’emporte
de plus en plus sur celui
de travail et le masque. Sur
le plan social cela implique que
le capital tend de plus en plus
à dominer le prolétariat[i]
4.1.4. - La contradiction fondamentale du capital est celle entre valorisation et dévalorisation. Plus
le capital se développe plus il lui est
difficile d'avoir
une augmentation importante de plus-value relative.
(Δp = variation de plus-value, n = travail
nécessaire, T= durée de la journée de travail ρ = productivité)[1]
Cette formule indique que plus ρ augmente plus la valorisation du capital
est difficile. La limite de celle-ci est le grand ennemi
du capital: le prolétaire, puisque pour un
ρ infini, la variation est égale au rapport n / Τ. Ici.
nous retrouvons une
affirmation constante de Marx: le rapport entre les choses masque le rapport entre le monstre capital et les hommes. Le capital ne peut pas s'affranchir de la nécessité du travail
vivant. La lutte est incluse
dans
le rapport capitaliste.
4.1.5. - Cette contradiction se manifeste autrement par l'antagonisme privatisation socialisation. Plus le capital se développe, plus
il socialise, créant de vastes unités productives et créant des liens absolus entre les
hommes. Or les implantations sociales,
telles que routes,
chemins de fer, etc., immobilisent le capital. Ι1 faut donc en extraire des portions, privatiser, pour que
le cycle de valorisation reprenne.
La contradiction s'effectue entre la base sur laquelle s'est édifié le capital (loi
de la valeur) et le résultat auquel
il aboutit: la socialisation de la production, des hommes, ainsi que
la négation tendancielle de la valeur par suite de l'utilisation de la science devenue "force
productive immédiate".
4.1.6. - Lorsqu'on
veut
tenir compte des lois de la
concurrence et que l'οn considère le capital comme une totalité qui domine
la société, la formule donnant le rapport du taux
de plus-value au taux de profit, montre aussi les limites de la valorisation :
pour que п’ augmente
il faut que p' (taux
de plus-value, п’étant
le taux de profit)
augmente considérablement puisque
le rapport v/k tend toujours à diminuer.
Comme dans le cas précédent, ceci est lié à la productivité qui s'accroît énormément, ce qui se traduit par le fait qu'il y a de moins en moins de
temps de travail vivant dans les
produits.
4.1.7. - La circulation se présente comme étant la période au cours de laquelle le
capital ne se valorise pas. Elle est donc un temps
de dévalorisation. Le capital tend à détruire le temps de
circulation mais, étant
donné qu'il est un système édifié .sur
l'échange,
il ne peut le faire. Or pour faire circuler
il faut dépenser du temps de travail. Celui-ci apparaίt nécessaire
non à la création de valeur, mais à sa réalisation. La notion de travail nêcessaire prend une
signification
plus ample: c'est le
temps de travail nécessaire à la vie
du capital. D'où, en société pleinement capitaliste, la valeur apparait comme
étant déterminée par le temps de production
et par celui de circulation.
4.1.8. - D'aprés 4.1.4. la diminution du temps
de travail nécessaire implique une
diminution de la population ouvrière. Cependant étant donné
4.1.7. il s'avère que la population globale doive augmenter
puisque la circulation du capital exige de plus en plus de temps de travail. Les éléments produisant
la plus-value forment le prolétariat, ceux qui permettent la réalisation
de celle-ci forment les nouvelles classses
moyennes.
4.1.9.- La concurrence est la forme sous laquelle se manifeste la circulation en société
capitaliste, quand tout est devenu capital et que les marchandises ne sont plus
les marchandises de la circulatien simple, mais des marchandises capital, du capital sous forme marchandises. Comme le capital tend à dominer, à abolir la circulation sans y parvenir, il tend
à abolir la concurrence: monopoles, trusts. Mais monopole
(propriété privée) concurrence (circulation) sont des présuppositions du système capitaliste parce qu'ils sont les
termes essentiels de l'échange. Or le capital
est fondé sur ce dernier.
Pour parvenir à son autonomie le capital
tend à englober ces éléments, d'οu la
mystification.
"Par définition
la concurrence est la nature interne
du capital. Sa caractéristique
essentielle est d'apparaître comme l'action
réciproque de tous les capitaux:
c'est une
tendance interne apparaissant comme imposée de l'extérieur. Le capital n'existe
et ne peut exister, qu'en étant divisé
en d'innombrables capitaux â
c'est pourquoi il est
conditionné par l'action
et la réaction des uns sur
les autres."(Marx. Fondements, tome Ι, p. 371.)
4.1.10. - Pour assurer la continuité de son procès de valorisation, le capital,
en particulier durant
la période de circulation,
a besoin du crédit (création de capital
fictif). Ι1
a d'autre part besoin de ce dernier pour
diminuer les coûts de la circulation (l'or
coûte pour être produit); voilà deux raisons pour s'affranchir
de la tutelle du métal
précieux.
"C'est pourquoi
l'argent, sous sa forme immédiate, correspondant à une
phase historique antérieure au capital, apparait à
celui-ci comme frais de circulation.
Le capital s'efforcera donc de le convertir
en une forme qui lui soit adéquate, en en faisant le
représentant d'une phase de la circulation qui
ne lui coûte pas de travail et n'a
pas de valeur. Le capital cherche donc à supprimer l'argent
sous sa forme et son existence traditionnelles
et immédiates et à le transformer en un produit du capital., en en faisant un produit purement
idéal, c'est-à-dire matériellement aboli,"
"On ne saurait donc dire,
avec
Storch, que l'argent
est, en général,
un moyen d'accélérer la circulation
du capital. Ιl faut dire, au
contraire, que le capital
le transforme en un moment purement
idéal de sa circulation,
en s'efforçant de lui donner une
forme
qui s'accorde avec lui,"
( Fondements, t.II, p. 186.
)
4.1.11. - Le capital réalise
cela en développant
le crédit. Cependant, il ne peut pas y
avoir une démonétisation de l'or.
"Avec le développement du système de
crédit, la production
capitaliste cherche continuellement à lever cette barrière de métal,
cette barrière à la fois matérielle et imaginaire
de la richesse et du mouvement de
celle-ci, mais revient toujours se buter la tête contre ce mur." (Le Capital. t.7, p. 234. )
Ι1 en est
ainsi parce que l'or est
un signe de propriété privée du
travail
d'autrui qui
reste valable même lorsqu'il y a crise.
Le capital fondé sur l'échange travail mort - travail vivant, ne peut s'émanciper
de la base étroite sur laquelle
il s'est édifié. Ι1
ne peut que la voiler.
"L'existence autonome et illusoire de
l'argent est abolie: il
existe pour se valoriser,
c'est-à-dire pour devenir du capital. Pour le devenir,
il devra s'échanger de nouveau
contre les éléments du
procés de production :moyens
de subsistance pour
l'ouvrier, matières premières et instruments, qui
se ramènent tous à du
travail objectif et ne peuvent
être
créés que par le travail
vivant,"
" Pour autant qu'il est
déjà en soi du
capital, l'argent
n'est donc qu'une simple assignation sur
du travail futur (et nouveau
); matériellement, ce n'est que de l'argent."
" Pour autant qu'elle existe pour
elle-même, la plus-value - l'excédent de travail
matérialisé est de
l'argent. mais cet argent est en
soi déjà du
capital et, en tant que
tel,
assignation sur du travail nouveau. À ce niveau, le capital
n'entre plus seulement en rapport avec le
travail existant, mais encore avec
le travail futur."
"Ι1 ne coïncide pas
simplement avec des éléments du procés de production, car c'est aussi de
l'argent, mais il n'est plus de
l'argent sous la forme abstraite de
la richesse générale, mais sous forme d'assignation
sur la possibilité réelle de
la richesse universelle :
la force de travail, οu plus précisèment la force de travail en devenir.
Pour représenter une telle assignation, son existence matérielle
d'argent est indifférente et peut être remplacée par n'importe quel autre titre de papier. (…)
"À l'instar du créancier de l'État, chaque capitaliste possède dans sa valeur nouvellement
acquise, une assignation sur
du travail futur; en s'appropriant
le travail présent, il s'approprie en même
temps le travail futur. Cet aspect du capital mérite une attention particulière. En effet sa valeur peut subsister indépendamment
de sa substance. C'est
tout le fondement du système du crédit.)
" Son accumulation monétaire porte donc sur des
titres de propriété du travail;
ce n'est nullement
l'accumulation matérielle des conditions objectives
du travail. Ιl implique donc
le travail
futur sous forme salariée
et de valeur
d'usage
pour le capital. Ι1 n'y a pas d'équivalent pour la valeur nouvellement créée :
la possibilité pour
elle, c'est le travail nouveau."
(Fondements, t. Ι. p.320-32Ι.)
4.1.12. -
Le capital s'est
édifié au sein de la circulation simple des marchandises
en dominant la loi de la valeur. Au cours de
son
développement il parvient à la dominer
(passage
à la loi des prix de production),
mais il ne peut
la détruire: Cela impliquerait
la disparition
du prolétariat, de l'échange, de la propriété privée. Ι1 tend à nier
sa substance, le travail vivant, mais il
ne peut l'éliminer,
4.1.13. - Le capital s'est
emparé de la terre, il
industrialise l'agriculture. Cela se traduit par
une production excédentaire de
produits standardisés avec tendance de
plus en
plus
à les remplacer par
des produits non naturels. Le capital
sort de la sphère de la satisfaction des besoins
matériels de l'homme (le superflu est plus facile à
produire que le nécessaire.
Marx. Misère de la philosophie. 1847.) L'agriculture soumise aux
lois du capital, cela implique une crise
à venir plus puissante et, par
là, la faim pour l'homme.
"Le
mouvement ascendant
du capital, face à la propriété foncière, se manifeste à l'origine par l’augmentation de la richesse mobilière par
apport à
la propriété immobilière.
Mais, une fois que le mode de production
capitaliste est bien instauré,
on mesure le niveau οù il s'est assujetti les
conditions de production
à la transformation du capital en
propriété immobilière.
Ainsi, le capital fixe
son siège dans la terre elle-même. Désormais
les présuppositions
si solides, fournies par
la nature à la propriété foncière, relèvent de
la seule industrie." (Fondements.
t. Ι,
p. 264)
4.1.14. - Plus il se développe,
plus
le capital tend
à remplacer les antiques présuppositions telle que
la terre. Ι1
devient lui-même communauté matérielle
qui présuppose la vie de tous les hommes esclaves du
capital. Une telle coτnmunauté a
besoin de différentes organisations pour
se développer, en
particulier, des instituts de programmation, de
rationalisation qui permettent de défendre l'autonomisation du procès de valorisation.
L'État lui-même devient un tel organe à fonction surtout répressive: empécher que
les hommes
ne se soulèvent contre le monstre capital, ne nuisent
â son procés.
À ce niveau
dire que la contradiction fondamentale
est celle entre production sociale et appropriation privée,
n'est pas suffisant si l'on ne précise pas que celui
qui s'approprie est, en fait, le capital communauté matérielle.
4.1.15. - Le capital
s'édifie en communauté matérielle au travers du capital fixe et circulant. Mais ceci est surtout réalisé par l'intermédiaire
du capital pour
le crédit, par celui sous forme de capital par actions, enfin
par le
capital sous forme de marché monétaire.
"Dans le marché monétaire, le capital devient une totalité: il y détermine les prix, il y offre le travail, il
y règle la production, bref il y est source
de production." (Fondements, t.I., p. 224)
C'est sous la forme de cette communauté que le capital tend à réaliser son éternisation.
4.1.16. - Le capital tend à nier
les classes et donc son ennemi le prolétariat. En
se constituant en communauté matérielle, il s'empare de l’État dont le caractère de classe vient à être masqué. Le capital est représenté par
des bureaucrates, des
technocrates, c'est-à-dire des agents
exécuteurs de son procés de vie. D'autre part, l’État s'accroît énormément car
les oppositions au capital se multiplient et le contrôle de la vie sociale dans sa totalité devient de plus en plus nécessaire. L'État est non seulement le "boa constrictor"
qui enserre la société,
il tend à être la société.
La politique
des revenus, est une tentative
de rationalisation des rapports sociaux sous la domination du capital. Chacun
devrait récupérer en fonction de ce qu'il aurait investi : l'entreprise le profit, le salarié son salaire, etc… C'est
en même temps la tentative de parvenir,
par le
contrôle de 1'épargne, à planifier l'apport de capital
sous forme argent, à réduire οu à accroître la consommation en fonction du procès total de valorisation de celui-ci.
4.1.17.- Le capitalisme fondé sur l'échange,
la division d'entreprises, arrive à englober l'anarchie
de la production, à la planifier,
non à la détruire. Ι1 est possible d'éliminer
les conséquences nocives de celle-ci sans la remettre en cause. La nécessité de franchir les obstacles, les barrières qu'il rencontre, ont conduit le capital
à son édification en communauté matérielle. Si celle-ci se réalise trop bien, il y a inhibition du procès
de valorisation parce que
celui-ci ne peut justement se produire qu'au cours d'un mouvement contradictoire. Cependant
l'importance de la crise ne réside pas
dans le seul fait d'être un
blocage du procès de valorisation (de ce fait sa résolution est remise en mouvement du capital) mais dans le fait
qu'elle permet la libération
de la lutte entre capital et prolétariat (et, à un
stade développé la majorité des hommes)
incluse dans le rapport capitaliste.
4.2. - Valorisation - Dévalorisation : contradiction fondamentale du capital.
4.2.1. - Pour situer
correctement cette
question, il est nécessaire,
auparavant,de connaître les limites, les
bornes du système étudié.
"Mais,
comme il représente la forme
générale
de la
richesse - l'argent - le capital a la tendance effrénée et
illimitée de dépasser ses propres
bornes. Chaque limitation est et doit être, pour lui,
une barrière, sinon il cesserait d'être du capital c'est-à-dire de l'argent qui se crée lui-même.
Si une telle limite déterminée
lui apparaissait non comme
une barrière tolérable οu inhérente à lui-même, il
se dégraderait, passant de la valeur d'échange à la valeur
d'usage,
et de la forme générale de la richesse à un mode déterminé de substance. Si le capital crée une plus-value de quantité déternιinée, c'est simplement parce qu'il
ne peut en, une seule fois en produire
une quantité illimitée.
Mais il
est le
mouvement de sa constante augmentation. La limite quantitative de la plus-value
lui apparait uniquement comme une barrière
naturelle à surmonter, une nécessité qu'il cherche toujours à dépasser." (Fondements, Ι, pp. 283, 284.)
4.2,2. - "Ces
entraves immanentes doivent correspondre à la nature même du
capital ainsi
qu'à ses déterminations conceptuelles essentielles, Ces limites nécessaires sont les suivantes :
1°
le travail
nécessaire, qui représente la limite de la valeur d'échange pour
la force de travail vivant,
οu du salaire de la population industrielle;
2° la plus-value, qui représente la limite de temps de surtravail ; et, en ce qui concerne le
temps de surtravail
relatif,
la limite du développement des forces productives ;
3°
ce qui est la même chose: la transformation en argent de la valeur d'échange en général représente la limite
de la production; l’échange fondé sur la valeur
οu
la valeur fondée sur l'échange sont une entrave à la
production;
4°
ce qui revient
à dire
que la
production de valeurs d'usage
est limitée de par la valeur d'échange; autrement dit la richesse véritable doit revêtir unι forme déterminée
qui est différente d'elle, une
forme
qui ne s'identifie absolument pas avec
e1le pour pouvoir devenir
l'objet de la production."
(Fondements.t.Ι, p. 373.)
4.2.3. - La contradiction valorisation-dévalorisation est
la contradiction fondamentale parce qu'elle est
inhérente à l'être capital, On 1'a vue
se manifester à l'intérieur du procès de production immédiat (4.1.4.). C'est une manifestation non mystifiée. Plus
la productivité
du travail augmente, plus le quantum de plus-value arrachée à la
force de travail
diminue.
"Le capital représente la contradiction suivante
: il cherche
constamment à
supprimer le temps de travail nécessaire (ce qui revient
aussi à ravaler l'ouvrier au niveau
le plus bas, c'est-à-dire à son existence de pure force de travail
vivante); mais le temps de surtravail n'existe
qu'en opposition au temps de travai1
nécessaire si bien
que le
capital pose le temps de travail nécessaire comme nécessité et
condition de sa reproduction
et de
sa valorisation. Ce développement
des forces productives matérielles νa de pair
avec le dévelopnenιent des forces de la classe ouvrière : il
supprime d'une certaine manière
le capital lui-même, (Fondements.t, II, pp. 36-37)
4.2.4. - L'échange
est une autre donnée de l’être capital. La valeur forme sa substance, il
est son mode d'être. Car la valeur ne peut se manifester que dans l'échange.
"Le système d’échanges et tout ce qu'il implique
- transformation en
argent,
valeur autonome - représente donc à la fois la condition
et la limite de la reproduction du
capital.
En effet, la production
capitaliste est, en tous points, soumise à l'échange. Même si ces
opérations d'échange -
la circulation
en tant que telle - ne
créent aucune plus-value, elles n'en sont pas moins
des conditions de réalisation de celle-ci.
Et, dans cette mesure elles
sont des conditions de production du capital lui-même, sa forme
de capital n'étant posée que s'il parcourt ces opérations d’êchange, (Fondements, p. 266.)
D'autre part :
"L'une des conditions de la production
fondée
sur le capital est donc la production d'une
sphère sans cesse grandissante de la
circulation, soit
qu'elle s'élargisse, soit qu’on y crée plus de points d'échange." (Fondements. t. Ι, p. 364)
4.2.5.- C'est
justement parcc qu'il ne tient pas compte des limites
indiquées ci-dessus que le capital connaît les crises,
" Le capital tend en général à ne pas tenir compte :
1° du
travail
nécessaire qui est la limite de la valeur d'échange de la force de travail vivante;
2° de la plus-value qui représente
la limite du surtravail et
du développement des forces productives; 3° de l'argent
qui est un frein pour
la production; 4° des limitations de la production de valeur d'usage dues à la valeur
d'échange."
"La surproduction rappelle brusquement au capital que tous ces éléments sont nécessaires à sa production,
car
c'est cet oubli qui a provoqué
une dévalorisation générale du capital. Celui-ci est donc obligé de recommencer sa tentative, mais à partir d'un stade
toujours plus élevé du développement
des forces productives, et avec la perspective d'un effondrement toujours plus grand du
capital. Ιl est donc clair que
plus
le capital est développé plus il apparait
lui-même comme une entrave à la production, et donc aussi
à la consommation, abstraction faite de toutes les contradictions qui
le font apparaître
comme entrave fâcheuse de la distribution
et de la circulation.
( Tout le système du crédit ainsi que
les excès du commerce et la surspéculation qui
en découlent, proviennent
de la nécessité d'élargir et de surmonter les barrières de la circulation et de l'échange...)"
(Fondements. t,
Ι,
p. 373-374.)
4.2.6. - Le temps de circulation est un
temps de dévalorisation. Comme celui-ci tend à s'allonger, cette dernière
augmente. Le capital réagit en rationalisant au
maximum la circulation.
Ι1 peut ainsi
réguler,
programmer la libération
d'une portion
de capital qui avait été fixée dans la circulation
et fonder un système d'auto-financement. De
ce fait si le procès de valorisation est en même temps celui de dévalorisation (au sein du
procès immédiat), celui de
dévalorisation (in
circulation) νa tendre à être en même temps un procès
de valorisation. C'est à ce moment-là. qu'intervient le crédit mais aussi la mystification
totale des rapports économiques.
4.2.7.- Pour diminuer
le temps de travail nécessaire et accroître le temps de sur-travail, il y a eu un développement considérable du capital fixe, "le monstre animé
qui matérialise la pensée scieritifique et
domine pratiquement tout le processus", mais celui-ci n'engendre aucune valeur, il produit gratuitement,
d'où dévalorisation. Surgit alors la nécessité de détruire cotte
socialisation qui est inhibition du procès de valorisation.
"Le capital est une
contradiction en
procès -
d'une part, il pousse à la réduction du
temps
de travail à un minimum, et d'autre part il pose le temps de travail
comme
la seule source et la seule mesure de la richesse. Ι1 diminue donc le temps de travail sous sa forme nécessaire pour l'accroître sous sa ferme de surtravail. Dans une
proportion croissante, il pοse donc le surtravail comme la condition -
question de vie οu de mort - du
travail
nécessaire.
"D'une part, il éveille
toutes les forces de la science et de la
nature ainsi que celles de la coopération et de la circulation sociales, afin
de rendre la création
de la richesse indépendante (relativement) du temps de travail utilisé pour elle. D'autre part, il
prétend mesurer les gigantesques forces sociales ainsi crées d'après
l'étalon du temps de travail,
et les
enserrer dans des limites étroites, nécessaires au
maintien, en tant que
νaleur, de
la valeur déjà. produite. Les forces productives et les rapports sociaux - simples faces différentes du développement de
l'individu social - apparaissent
uniquement au capital comme des moyens
pour produire à partir de sa base
étriquée. Mais, en fait, ce sont les conditions matériclles, capables de faire éclater cette base." (Fondements, t.II. p. 222- 223,)
4.2.8. - Le capital étant la valeur
en procès,
il apparaît évident
qu'il englobe en lui-même un moment οù il y a dévalorisation,
il renferme donc une contradiction. Cette contradiction n'est pas
statique elle se développe au cours
de la vie du capital.sous une forme tangible.
C'est la baisse tendancielle du taux de profit.
"La masse du travail vivant employé diminuant
sans
cesse par rapport aux moyens de production, qu'elle
met en mouvement, par rapport aux moyens de production
consommés
productivement, il
faut
bien que la fraction non payée de ce travail vivant qui se
concrétise en plus-value voie son rapport au volume
de valeur du capital total diminuer sans
cesse."
On
peut
exprimer d'une antre façon cette
loi en écrivant :
Ceci est vrai
si l'on raisonne à l'échelle sociale οù la somme de plus-value
est égale à la somme de profit. Le taux de plus-value
étant
égal à 100% p = ν, la formule précédente est devenue :
en
divisant le second membre par ν on obtient la seconde formule où γ est égal à c/v, qui est la composition organique du capital. Plus
elle
est grande, plus
la productivité
du travail est grande. Cette
formule nous indique une
fonction toujours décroissante, "donc la tendance progressive à
la baisse du taux de profit général est
tout simplement une façon
propre au mode de
production capitaliste, d'exprimer le progrès de la productivité sociale du
travail."
4.2.9. - L'analyse purement mathématique
de la seconde formule ne nous permet pas de faire une
étude
des limites du mode de production capitaliste.
En effet, si l'on considère que la productivité,
donc
la composition organique du capital, s'accroît indéfiniment,
le taux de profit tend vers zéro. Mais la question est de savoir comment il peut y tendre.
4.2.10. -
La lutte contre la dévalorisation νa apparaitre comme la lutte contre cette
baisse tendancielle du taux de profit. D’où
l'importance du cha-pitre ΧIV "Causes qui contrecarrent la loi ". Certaines sont déjà incluses dans ce qui
précéde.
1.
Augmentation du degré d'exploitation de la force de travail.
2.
Réduction du salaire au-dessous de sa valeur."
4.
La sur-population
relative.
Les
points :
3. Baisse des prix des
éléments du capital constant. 5. Le
commerce extérieur et 6. Augmentation du capital par actions,
sont des points indiqués mais non développés. Or, c'est de la manifestation de cela que résulte ce qu'on a appelé
1'inιpérialisme comme si le capital
avait changé et, qu'à
chose nouvelle, nom nouveau.
4.2.11. - "La dévalorisation du
capital existant
(c'est-à-dire de ses éléments matériels),
qui résulte du développement industriel, se rattache à ce qui précède. Elle aussi est une des causes constantes qui arrêtent la baisse du taux de profit, bien que dans certains cas,
elle soit susceptible de réduire la masse du profit
par réduction de la masse du capital productif
de profit." (Livre
III, t.1, pp. 248-249)
a
- Une première
façon de diminuer les
coûts du capital constant fut
la méthode colonialiste:
la possession foncière des
pays produisant
les éléments du capital constant.
Cela correspond à une forme inférieure du capitalisme. Au XIX° siècle, la plupart
des pays capitalistes se sont
lancés à la conquête de tous les pays
non encore touchés par le développement capitaliste. Ils les opprimèrent, les empêchèrent de
se développer et même lorsqu'ils réussirent
à le faire, dans
l'industrie (Inde), l'agriculture (Algérie) ce
fut de façon parasite sur le corps social du pays qui demeurait enserré dans les anciennes
formes.
Le partage du monde, la répartition des colonies en un groupe peu nombreux de pays pouvait définir le capitalisme
à un moment donné
de son évolution,
mais
il était impossible de le considérer comme une
phase finale, ultime.(Cf. 4.5.)
b - Une seconde façon est, une fois que
les pays ont accédé à l'indépendance et qu'il
n'est plus possible de faire une pression directe sur eux, d'utiliser les
mécanismes monétaires afin de payer
les produits moins chers. Ceci
vérifiant pleinement ce que dit
Marx: "le capitalisme parvient à la totalité dans le marché
monétaire". Cela implique évidemment que la puissance qui
opère ainsi, est une puissance
réellement mondiale, jouissant d'un monopole sur le marché : les E.U.
Grâce à la fixation du
prix de
l’or à 35 dollars l'once depuis
1934, les E.U. peuvent acheter avec une
monnaie dépréciée des marchandises qui
enferment en fait un quantum
de valeur plus grand.
Par là les E.U. limitent la diminution
du taux de profit.
De cela, ils n'en sont pas
les seuls bénéficiaires, mais
l'ensemble des nations hautement développées du
point
de vue
capitaliste et qui exploitent celles qui sont à l'aube
du développement. C'est pourquoi
la lutte
des autres nations capitalistes
contre le monopole des E.U. n'est pas une lutte
pour détruire ce monopole mais pour le partager.
c
- Le capital peut encore obtenir des
matières premières à vil
prix en produisant des matières
premières de remplacement, artificielles.
"Ιl s'ensuit d'abord que
le capital tend nécessairement à se rendre maître de la production sous toutes
ses formes,
et notamment à produire
lui-même des
matières brutes qu'il façonnera, οu qu'un autre capital produira; le capital tend à se diffuser partout." (Fondements,t.II p 303)
4.2.12. - "Pour autant que le
commerce extérieur fait baisser le prix
soit
des éléments du capital constant, soit dcs subsistances nécessaires en quoi se convertit le capital variable, il a pour effet de faire monter le taux de profit,
en élevant le taux de la
plus-value et en abaissant la valeur du
capital
constant. D'une façon générale, il agit dans ce
sens du fait qu'il
permet
d'élargir l'échelle de la production.
Ce faisant, il
accélère d'une
part
l'accumulation, mais d'autre part aussi la chute du capital variable, par
rapport au capital constant
et par là la baisse du taux de profit. De même l'extension
du commerce extérieur, qui était la base du mode de production capitaliste à ses
débuts, en est devenue le
résultat, à mesure que progressait la production capitaliste en raison de la nécessité inhérente
à ce mode de production de disposer d'un marché toujours plus étendu. On
constate de nouveau ici
la même ambivalence de l'effet." ( ... )
"Or on ne voit pas pourquoi
ces taux de profit plus
élevés que rendent des capitaux investis dans certaines branches, et qu'ils transfèrent dans leurs pays
d'origine, n'entreraient pas alors, si par ailleurs des monopoles n'y font pas
obstacle, dans le système de péréquation
du taux da profit général et ne l'augmenterait pas. "
Le
commerce extérieur qui connut une stagnation
durant l'entre deux guerres, connaît à l'heure
actuelle un développement considérable
provoquant un ralentissement de
la baisse du taux de profit.
4.2.13 .- "À mesure que progresse la production
capitaliste, ce qui va de pair avec une accumulation plus rapide, une
partie du capital n'est plus comptée et employée que comme capital productif d'intérêt. Non
pas en ce sens que tout capitaliste qui
prête du capital se contente des intérêts, tandis que le capitaliste industriel empoche son bénéfice d'entrepreneur. Ce fait, lui,
n'intéresse nullement le niveau du taux de profit
général, car, pour
lui, le profit = intérêt + profit
de toute sorte + rente foncière, et sa
distribution entre
ces catégories particulières
lui est indifférente."
Ι1 s'agit donc du stade
οù le capital s'est constitué en tant que
totalité dans le marché monétaire.
"Mais ces capitaux, bien que placés
dans de grandes entreprises productives, ne fournissent,
déduction faite de
tous les frais, que des intérêts plus οu moins grands qu'on
appelle dividendes: dans les chemins de fer par exemplc,Ils n'entrent
donc pas dans
le système de péréquation du taux de profit général, étant donné qu'ils
rendent un taux de profit
inférieur au taux moyen. S'ils y
entraient, celui-ci tomberait beaucoup plus bas.
D'un point de vue théorique, on peut les y
inclure, et on obtient alors un taux de profit
inférieur à celui qui semble exister et qui
détermine réellement les capitalistes,
car c'est justement dans ces entreprises que
le capital constant est le plus
élevé relativement au capital variable."
On
comprend ainsi
tout
l'intérêt des nationalisations pour
le capital. Nationaliser revient à faire c = 0 ;
autrement dit avoir
la production sans devoir faire la dépense pour
la partie constante
du capital productif.
4.2.14.
- La diminution de l'incrément relatif de la production,
c'est-à-dire celle du rapport
donne une indication sur le phénomène mentionné plus haut, mais n'est que
cela. En effet, considérer ce rapport comme
étant une expression identique, mais en termes de marchandises, c'est accorder
l'importance à la masse, à la matière
et ne pas tenir compte de la valeur. C’est une erreur physiocratique. Or
le capital n'est pas une
matière tangible, il
est valeur un procès.
"On constate une
fois
de plus conibien il est
important, dans la production capitaliste,
de ne pas étudier isolément, en soi, en tant que
simple
marchandise, la marchandise prise à part οu le produit marchandise
d’une période quelconque, mais de le considércr comme le produit du capital avancé et par rapport au capital total qui produit cette marchandise". (Le Capital, t.
6. p, 242.)
4.2.15. - D'autre part, la
loi de la baisse de
(comme dans le point précédent,
P’ et P indiquent la production de deux années successives) traduit
un résultat mais ne décrit pas un processus.
De plus cela tend à apparenter le
phénomène capitaliste à un phénomène naturel; la diminution du rythme de
croissance dans un organisme en développement, chez un cristal, etc. Or, les
lois du capital ne peuvent pas être ramenées à des processus naturels. Sinon, on fait du capital
lui-même un processus naturel qu'on doit
subir de toute éternité. Ι1 y a des lois précises qui régissent le développement du capital, aussi précises que les lois découvertes dans
la nature mais ce ne sont pas des lois naturelles.
"Ι1
faut donc que le marché s'agrandisse sans cesse
si bien que ses connexions internes
et les conditions qui le réglent prennent de plus en plus l'allure de
lois de la nature indépendantes des producteurs et échappent de plus en plus à leur contrôle.°' (Le Capital, t. 6.p. 258.)
4.2,.16. - Les variations de valeur ne se font pas imperceptiblement mais il y a de véritables
bouleversements, des révolutions, La vie du capital consiste à les surmonter. Le développement
de l’automation apporte une telle révolution de la valeur.
Cependant le capital parvenu
à la totalité en tant que
marché monétaire réussit à la surmonter.
4.2.17. - "1.
-Avec la baisse du taux de profit, le développement de la force productive du travail
donne naissance à une loi, qui, à un certain moment, entre en opposition
absolue avec le propre
développement de cette productivité. De ce fait, le conflit
doit
être constamment surmonté par
les crises." (Ibid. p. 270.)
4.2.18. - "
2. C'est l'appropriation de travail -non payé et le rapport entre ce travail non
payé et le travail matérialisé
en général ou, pour parler
en langage capitaliste, c'est le profit et le rapport entre ce profit et le capital utilisé, donc un certain niveau de taux de profit
qui décident de l’extension οu de la limitation de la production le rapport de
la production
aux besoins sociaux, aux besoins d'êtres humains
socialement évolués." (Ibid,
p. 271.)
4.2.19. - "La valeur de la marchandise est déterminée par
le temps de travail total,
passé et vivant, qu'elle absorbe. L'augmentation de la productivité du
travail réside précisément en ceci que la part du travail vivant est réduite et que celle du travail
passé augmente, mais de telle sorte que
la somme totale de travail contenu
dans la marchandise diminue;
autrement dit, le travail
vivant
diminue plus que n'augmente le travail passé. Le travail passé matérialisé
dans la valeur d'une marchandise - la portion de capital constant - se compose pour une part de 1'usure
du capital
constant fixe, pour l'autre de
capital constant circulant : matières
premières et aιxiliaires, absorbées en totalité dans la marchandise." (Ibid. p. 273.)
Autrement dit, il n'est
plus possible de donner une définition immédiate de la vale,ur, puisqu'intervient dans sa détermiinatiοn un quantum toujours plus grand
de temps de
travail passé.
4.2.20. -
"Donc pour
le capital, la loi
de l'augmentation de la force productive du travail ne s'applique pas de
façon absolue. Pour
le capital
cette productivité est augmentée
non quand on peut réaliser une économie sur
le travail vivant
en général, mais
seulement quand
on peut
réaliser sur
la fraction payée du
travail vivant
une économie plus importante qu'il
n'est ajouté de travail passé, comme
nous l'avons déjà brièvement indiqué au livre Ier"
(Ibid. p.274.)
C'est
pourquoi le capital s'oppose parfois à l'introduction de
nouvelles machines, parce que
cela
nuirait à sa valorisation. Cependant toute la
vie du capital est de surmonter les barrières à la valorisation. De ce fait, il y aura, finalement, introduction de
ces machines.
4.2.21. - "Trois faits principaux de la
production capitaliste .
1.Concentration des moyens de production
en peu
de mains; ainsi ils cessent d'apparaître comme la
proprité des travailleurs
immédiats et se transforment, au contraire,en puissances sociales de
la production. Mais, d'abord ils apparaissent comme propriété privée
des capitalistes. Ceux-ci sont
les trustees (syndics) de
la société bourgeoise,
mais ils empochent tous les fruits qui résultent de cette fonction.
2. Organisation du travail lui-même
comme travail
social, par
la coopération, la division
du travail et la liaison du travail et des sciences de
la nature.
Dans les deux
sens,
le système de
production capitaliste abolit la propriété privée
et le
travail privé,
quoique sous des formes contradictoires.
3.
Constitution du
marché mondial. "
(ibid.p.278.)
Ι1 y a, dans ce qui précède,
tous les éléments pour comprendre le
stade
récent, le plus jeune du
capital, celui qui fut appelé
impérialisιne et
que l'on voudrait nommer, à
l'heure actuelle, ultra-impérialisme οu encore capitalisme monopoliste. Malheureusement le chapitre " Èpanouissement des
contradictions internes de la loi "
d'où la citation précédente est extraite, ainsi
que les "Addenda" ne sont pas-développés de façon exhaustive.C'est peut-être pour cela qu'il fut
si facile de
faire
des théories sur l'impérialisme.
4.2.22. -
Avec
l'accroissement du capital et donc de
la productivité du travail,
toutes
les entraves au procès de valorisation, que
le capital n'a pas
supprimées mais englobées,
deviennent des moyens
de valorisation: la rente foncière
(agraire οu des terrains à bâtir), les limites
nationales avec le
protectionnisme, etc... Cela veut dire, en définitive, essor considérable de
la spéculation. Autrement
dit arrivé à un certain stade de la dévalorisation, le capital ne peut la fuir
qu'au travers de
la spéculation et en
devenant capital fictif.
4.2.23. -
Le
gaspillage sous toutes ses formes est une manifestation phé:noménale de
la dévalorisation. La
tendance du capital est de diminuer
le nombre
d'hommes produisant la plus-value et d'accroître celui de
ceux qui en vivent.
Cela
veut dire qu'il y a un gaspillage
(le plus important) de
forces
productives. La production et la consommation d'une foule d'objets inutiles οu même nocifs est un autre aspect du gaspillage.
Lorsque le capital
s'est consitué en totalité la consommation de
la part des nouvelles classes moyennes n'est plus
suffisante pour détruire le déséquilibre entre
production et valorisation. Dés lors s'impose
une industrie qui n'a plus besoin d'hommes pour consommcr ses produits (ils sont nêcessaires pour
permettre leur consommation): la guerre. L'État intervient bien alors
en tant que représentant de la
communauté matérielle pour
prélever, sous forme d' impôts, la plus-value nécessaire afin que la valorisation puisse se faire au sein
des entreprises productrices d'armements. Ceci touche surtout les
prolétaires et les nouvelles classes moyennes mais aussi d'autres couches sociales, même celles qui
sont directement liées au capital (tous ses fonctionnaires, par exemple). Cela montre à quel point 1'État est devenu un agent important dans le procès de valorisation du capital. Ι1 en est de même de la guerre. Elle est nécessaire
pour dêtruire la socialisation de
la production, c'est-à-dire son résultat qui
inhibe son procès vital.
4.2.24. - La contradiction valorisation
- dévalorisation se manifeste de la façon la plus
percutante entre capital qui tend
à la valorisation maximum
et les hommes qui fixent de plus
en plus la valeur et donc dévalorisent. En effet, afin d'inhiber
la rebellion des
hommes contre les conditions
de vie
qui leur sont faites, il
est nécessaire
de leur accorder une certaine réservc sociale (fascisme = démocratie sociale).
Ceci fut d'abord fait pour le
prolétariat puis pour presque
toutes les couches de la société. Le capital surmonte cette fixation en utilisant d'une
manière οu d'une autre l'argent des différentes caisses d'assurance, οu en volant les prolétaires en diminuant
les remboursements, par exemple.
Il y arrive, pour beaucoup de
travaux, en faisant appel à des travailleurs, étrangers à la zone οù ce capital se développe. Ces travailleurs venant de pays moins évolués ont des besoins
moindres et, d'autre part, ne sont pas organisés. Cependant, étant donné que le pays prêteur de main d’œuvre, veut récupérer une partie
de l'argent
obtenu par ses travailleurs, il peut y
avoir pression sur le pays employeur afin que
les salaires ne soient pas trop
bas. Inévitablement la contradiction réapparaît.
En
définitive, la contradiction sous sa forme la plus évoluée, se
fera entre le capital et les hommes devenus des obstacles à la
valorisation. Ceux-ci devront répondre à l'offensive du capital qui tendra à les détruire,
afin de libérer son procès. Ils
n'auront qu'une possibilité de
survie: la destruction du capital.
Ainsi
à la fin de la vie du capital, réapparaîtra l'antagonisme initial qui avait
été masqué durant toute la période de son
devenir à la totalité, de
sa conquête de la planète: l'antagonisme
entre la valeur d'échange devenue capital et l'homme, En effet, à l'origine, il s'opère entre capital et prolétaire salarié. Pour
conjurer les assauts prolétariens, le capital tend à nier les classes et à immerger le prolétariat dans les
nouvelles classes moyennes. Cela se produit
avec la généralisation du salariat et de la condition
de prolétaire à la majorité des hommes, et en assurant une réserve sociale aux esclaves du capital. Ce faisant, l'homme
devient trop coûteux pour le capital; il est l'obstacle fondamental à sa valorisation. La lutte obligatoirement éclatera, non plus entre capital et prolétariat seul, mais entre capital
et la masse des hommes
prolétarisés, dirigée par
le prolétariat.
C'est la négation de la négation.
4.3.- Le capital et l'agriculture.
"Tant par sa nature que
par
l'histoire, le capital crée la propriété et la
rente foncières modernes; son
action dissout donc parallélement les
anciennes formes de la propsίété foncière. La nouvelle
forme
surgit à la place de l'ancienne par suite de l'action du capital. En ce sens,
le capital est père de l'agriculture
moderne. Les rapports économiques de la
propriété foncière
moderne représentent un procés : rente foncière - capital - travail
salarié ( on peut
l'inverser aussi : travail
salarié - capital - rente foncière ; mais toujours,
c'est le capital qui est
l'intermédiaire actif.) Nous avons ainsi la
structure interne de la
société moderne, le capital étant posé
dans la totalité de ses rapports."
MARX Fondements. t. Ι. p. 224.
4.3.1. Caractères généraux.
4.3.1.1. Nature et
travail.
Contrethèse 1. La nature met périodiquement à la
disposition de la sociét humaine une
masse de richesses. Celui qui contrôle une portion
de terrain jouit de l'usage d'une partie d'un
tel fruit.
Thèse 1. Tout le
complexe de biens d'usage dent dispose la
société provient du travail
humain. Dispose de biens, sans livraison
correspondante de
travail, tout groupe social qui
contrôle: a) les personnes des producteurs; b)
le droit d'accéder à la terre des producteurs; c) les instruments
de travail indispensables aux producteurs, donc les produits.
4.3.1.2. Richesse et sur-travail.
Contrethèse 2. Terre, outillage
de travail, argent
sont accumulations de richesses, qu'elles proviennent de la nature
οu
du travail qui, sans s'épuiser, en engendrent périodiquement une quote-part dont il
est possible de jouir (rente, profit; intérêt)
Thèse 2. Toute entrée, pour les classes qui ne
s'adonnent pas à la
production, dérive d'un sur-travail d'autres classes.
Sur le produit
engendré, les institutions politiques imposent seulement le prélèvement de la
partie mineure,
qui suffit à conserver et à faire
reproduire la classe active.
Intérêt, rente, profit, ne sont que des parties de cet excédent οu surproduit, attribué
à diverses couches sociales,
en vertu des pouvoirs
de l'ordre en vigueur.
4.3.1.3. Répartition du produit.
Contre thèse 3. (Formule trinitaire).
Le produit est formé gràce aux
trois facteurs de la production :
travail,
propriété, capital. Ι1 doit donc être réparti en
trois parties : le salaire rémunère le travail, la rente la propriété foncière, le
profit (et 1'intérêt) le capital.
Thèse 3. Avant
tout le produit contient un 4° élément: le quantum
de matières
premières et l'usure de
l'outillage et des implantations qui
doit être restauré à la
fin du cycle et que
les marxistes appellent capital constant. L'équation de
l'économie bourgeoise classique est donc
fausse: produit
égale
salaire plus profit, plus rente. On doit donc répartir « la valeur ajoutée au produit » au cours d'un cycle- productif donné. Une
telle
valeur dérive toute du travail employé.
Dans la forme capitaliste moderne, il y a trois classes en
présence. Τοute valeur engendrée dans la production découle du travail du prolétariat,
et sur celle-ci s'opèrent trois prélèvements . salaire pour les ouvriers
(séparés des instruments de travail
et de la terre), profit pour les entrepreneurs capitalistes (qui disposent
de capital mais non de terre); rente pour les propriétaires fonciers.
4.3,1.4.- Patrimoine et capital.
Contre thèse 4. La rente foncière équivaut au fruit que retire celui qui possédait un capital-argent en l'ayant-
investi dans l'acquisition
de la terre, de même qu'il
l’aurait obtenu en l'ayant investi dans
celle d'implantations productives οu en le prêtant contre intérêt.
Thèse 4. Le profit
des diverses entreprises
capitalistes
tend à un nivellement et à un taux moyen, tant que n'intervient pas la rente. En
ce cas le produit assume sur le marché la
valeur d'êchange qui correspond
à celui que le marxisme
appelle prix de production capital constant + capital
variable + profit.
L’économie
bourgeoise appelle coût de production la somme anticipée pour le capital constant et le capital variable.
L'économic marxiste appelle taux
de profit, le rapport du profit à une telle somme avancée, elle appelle ensuite taux de
plus-value le
rapport du profit au capital variable ou
dépense pour les salaires.
Ni l'une ni
l'autre des grandeurs ne correspond au taux de bénéfice ou dividende, en général plus bas, qιιc l'économie
habituelle met en rapport au
patrimoine de l'entreprise, patrimoine représentant la valeur des implantations
productives, plus le capital monétaire de gestioιn plus
les immeubles, s'il y en a,
Terre et capital monétaire et même valeur estimée des moyens de travail dans la mesure où ils
sont
considérés comme des biens mercantiles
et non comme des facteurs liés à la production et qu'ils demeurent inchangés après le cycle qui a réalisé le produit net, ne sont pas des investissements de Capital productif mais sont des titres sociaux â faire des prélèvements
sur le profit et sur le surtravail
ainsi que sur le sur-profit quand il existe. Ils
n'entrent pas dans le calcul de
répartition du
produit total vendu (le chiffre d'affaires pour les bourgeois) qui pour les marxistes se
répartit entre capital total anticipé
et profit.
4.3.1.5.- Rente différentielle.
Contre thèse 5. La rente de la terre est d'autant
plus élevée que l’est la valeur
de marché de cette dernière. Cela
résulte du droit de l'époque
moderne qui laisse libre 1'achat οu la vente de la terre ou d'investir ailleurs le prix selon
les convenances.
Τhèse 5. Tandis que 1'intérêt est une partie du
profit
normal, le reste est "bénéfice
d'entreprise" que l’entrepreneur cède
à un prêteur quand il ne dispose pas lui-même du numéraire pour acquérir les matières premières et payer les salaires, avec ce qu'il recouvre: lors de la ventc du produit final ; la rente
surgit seulement quand il y a un surprofit en regard du taux de proit
social moyen lui-même.
Une exploitation agricole produit du surprofit par rapport à une autre quand la fertilité de la terre est telle qu’avec le même travail et la même avance de capital on récolte une plus grande quantité de denrées, que
le marché absorbe au même prix général.
Cettc différence, une
fois remboursés les dépenses et le; profit normal du fermier capitaliste,
est versée au propriétaire
et forme la rente différentielle.
4-3.1.6.- Loi du terrain le plus mauvais.
Contre thèse 6. De même que pour
les produits manufucturés le prix dépend de l'offre et de la demande : il
est élevé quand existe
une plus grande demande de consommation, il est bas quand cxiste une plus forte capacité de production.
Thèse 6. Les célèbres
oscillations concurrentielles n'ont pas
plus d'importance que de petites "modulations d'altitude" sur
l'onde portante d'altitude stable: elles se compensent entre elles et ne produisent pas de transfert de richesses d'une classe sociale à l'autre, mais seulement profits et
pertes épisodiques d'entreprises particulières. Pour
les produits manufacturés de l’industrie moderne,
le prix tend à s'établir autour de leur valeur d'échange identique dans ce cas au prix de production,
incluant le profit
en raison du taux
moyen.
Pour les produits agricoles le prix
du marché s'établit d'après le prix de
production particulier
du terrain le moins fcrtile qui
arrive à compenser le seul profit
moyen, outre les dépenses, étant donné le rapport entre la
population croissante et la
terre cultivable
limitée, tout le produit
est établi au même prix et
là οù, à dépense égale, il se trouve en quantité plus grande
et donc avec un prix de production particulier
plus petit,
apparaît le surprofit qui devient la
rente.
4.3.1.7.-Rente absolue.
Contrethèse 7. Etant donné qu'il n'y
a de rente pour le propriétaire qu'à
partir du moment où le produit rapporte, au prix
du marché, quelque chose en plus du profit capitaliste normal, il n'y a pas de rente sur
le plus mauvais terrain, régulateur du marché. Il ne serait cultivé que par le
propriétaire lui-mcme, en tant qu'entrepreneur capitaliste (Ricardo).
Thèse 7. En plus des bons successifs du volume de la rente qui proviennent de la
meilleure qualité des
terrains, on trouve une
rente absolue, propre
au cas le plus défavnrable. Cela est dû au
fait que pour les denrées alirnentaires (blé = aliment
de base) le prix de marché est supérieur
même à la valeur c'est-à-dire au prix de production dans les conditions les plus mauvaises, et ce,
à partir du moment où la terre entièrè est occupée et gérée sous la forme de
l'entreprise capitaliste (à partir donc du
moment où la consommation directe des
denrées
par le cultivateur a été dépassée, et où tout entre comme marchandise dans le circuit mercantile).
Le mode historique de production capitaliste, en se
répandant, fait baisser le prix
des objets manufacturês et
s'élever le prix des aliments.
4.3.1.8. - Industrie
et agriculture.
Contrethèse 8. Avec le progrès de
la technique et l'investissement de capitaux plus importants dans l'agriculture, la masse
des produits alïméntaires
pourra s'accroître jusqu'à faire baisser le coût…
sous-contrethèse a): à condition de libéraliser les échanges
et les investissements de capitaux...
sous-contrethès b) : à condition
qu'une division économique centrale calcule de façon opportune les volumes de
capitaux à destiner aux différents sectcurs, et
régle les
cotations du marché.
Thèse 8. Toute compensation entre les prix industriels et les prix
agricoles est impossible dans l'économie capitaliste, de même qu'en général, entre la satisfaction des besoins on fonction de l'intérêt social; de même qu'elle est impossible
dans
la distribution
de la richesse, du capital, du
revenu.
La tendance d'une telle économie, toujours plus éloignée de l'équilibre, est liée non à la simple
appropriation de sur-travail, mais au fait que la répartition du produit entre les différentes classes dépend de
l'existence d'un prix courant de marché égal pour
les marchandises produites
dans les conditions les plus diverses relativement aux efforts et aux
résultats.
La
composition organique toujours meilleure du capital
industriel (niveau technologique élevé :
des matières premières
nombreuses transformées par un nombre toujours moindre d'ouvriers et d'heures de travail), détermine
la baisse générale du taux de profit
(tandis qu'avec la croissance du
capital global, la masse
de profit croit énormément) même avec un taux égal de plus-value (prélèveιnent égal de sur-travail).
Ce processus que
le développement de la production rendit
inéluctable, est bloqué
dans
l'agriculture, non seulement par le monopole
privé de la tcrre, mais surtout par le nivellement mercantile de toute la masse produite apportée à
l'échange, et par
le rapport
défavorable population-terre.
L'attribution à l'État de toutes les rentes foncières, proposée depuis les débuts de 1'industrialisation, n'éliminerait
pas les causes de ce fait essentiel. Car-cela consisterait â redistribuer le surprofit, qui allait aux propriétaires-fonciers,e ntre les capitalistes auxquels
l'État,
selon la vieille
thèse
de Ricardo, ne réclamerait plus d'impôts
sur les bénéfices.
4.3.1.9. Communisme et antimercantilisme.
Contre thèse 9. La compensation générale et la
baisse du temps de travail
social moyen, avec un niveau général élevé de la consommation, peut étre obtenue, en
plus de l'étatisation de la rente : a) en attribuant à l’État tout le profit des entreprises industrielles
et agricoles ; b) en laissant le profit aux associations autonomes de tous
lcs travailleurs
de chaque entreprise.
Thèse .9. Ces mesures ne sortent pas du cadre mercantile et donc capitaliste, étant donné que
l'échange mercantile réglerait les
rapports d'entreprise à entreprise, οu d'entreprise à État, d'entreprise à consommateur, ou de consommateur à
État, ainsi que d'entreprise à travailleur.On aurait également un énorme travail social global avec une faible consommation sociale globale, et aucune compensation entre apports de travail et jouissances de consommation.
La destruction du
despotisme de fabrique, de l'emprisonnement pour un temps de travail exagéré (qui
technologiquement devrait aujourd'hui constituer une petite fraction du temps de travail
de l'époque pré-capitaliste et du maximum physiologique) et la destrιτttion de
l'anarchie de la production (ou le gaspillage d'une grande partie du
produit social sans qu'il soit
transformé en consommation utile) constituent le programme communiste de la révolution prolétarienne. Il comporte les caractères suivants :
A.
Abolition
de l'administration
de la production par
les unités d’entreprises.
Β. Abolition
de la distribution par le moyen de l'échange mercantile et monétaire, tant pour les produits-marchandises
que pour la force humaine
de travail.
C. Plan social unique, mesuré d'après des
quantités physiques
et non d' après des équivalents économiques, de l'assignation aux différents
secteurs productifs
des forces de travail; des matières premières, des instruments, et de l'assignation
des produits dans les
secteurs de consommation.
Les formules qui
affirment que le socialisme est la suppression de la plus-value et la
restitution du produit intégral à chaque producteur, sont totalement
erronées,
Le socialisme, c'est
l'abolition de toute valeur marchande et de tout travail forcé et
payé, avec le don de
sur-travail de
chaque individu à
la société, non à d'autres ni à lui-même.
4.3.1.10. - Parcellisation et misère.
Contre thèse 10. Un remède aux grandes disparités
de distribution
de la
richesse, reconnues par
tous, se trouve dans la parcellisation de la terre en petites
unités familiales dirigées par
des fermiers,
des colons, des paysans propriétaires
libres.
Thèse
10. Dans l’agriculture, outre les salariés, les couches de la population laborieuse, dont la société capitaliste ne sera jamais épurée, sont des survivances de formes sociales
passées. Le produit d'une telle production fragmentaire
se maintient à un prix plus bas que celui fourni par
l'agriculture pleinement capitaliste, seulement parce que ces travaillcurs-entrepreneurs et même micro-propriétaires fonciers - à cause de
difficultés naturelles et sociales et de la mauvaise technique - abandonnent une
partie de
la rente et du profit et souvent même du
salaire (équivalent à celui d'un paysan sans terre) à la classe capitaliste et à 1'État, aux consommateurs ( cas οù le prix
est au-dessous et non au-dessus de
la valeur).
De telles
couches forment une
classe
- presque une caste d'opprimés -
arrièrée vis-à-vis du monde
moderne, incapable:- dans la
mesure οù leurs réνοltes à cause de
la famine peuvent troubler le pouvoir bourgeois- de personnifier de
nouvelles formés sociales révolutionnaires.
La révolution est la
tâche des prolétaires de l'industrie et de la terre; la dictature révolutionnaire est la fonction seulement de ceux -ci.
4.3.1,11.-
Monopole et concurrence.
Contre thèse 11. La théorie marxiste de l'économie moderne, fondée sur
les lois de la production on tantque déterminations de
la valeur du produit et de la plusvalue, n'a pas pu
rendre compte exactement des phénomènes récents du monopole et
de l’impérialisme, étant donné que ses déductions partaient
de l'hypothèse de l'existence de
la pleine concurrence.
Thèse 11.La théorie fondée sur
le calcul de la grandeur
de la
valeur et de ses fractions dans
la production
capitaliste, s'opposa
dés son apparition
à celle bourgeoise de la concurrence, Elle la nia
et la condamna, en dévoilant, dés ce
moment-là, le caractêre de
monopole dé
classe
de cette économie. Les phénomènes récents ont confirmé
la doctrine et toutes ses prévisions. Leur présentation théorique et mathématique, même
dans les
secteurs industriels, s'accomplit
sans aucune
difficulté, gràce aux théorèmes rigoureux sur la
rente. Ceux-ci furent appliqués - dès leur énonciation - non seulement à l'agriculture - mais
à toutes les forces naturelles. Ils
sont
donc valables pour l'économie
οù il y a le moteur à vapeur, οu à essence, dont l'énergie
est l’hydroélectricité οu, demain, nucléaire. Tout cela forme les
bases actuelles οu prochaines, de surprofits et de monopoles, de
revenus parasitaires, qui accusent
le manque de compensation de
la forme sociale capitaliste.
4.3.1.12. La science ennemie.
Contre thèse 12. Les doctrines
fondées sur l'introduction de gandeurs mesurables dans la production, sur
le passage
de valeur de classe à classe,
avec leurs prévisions
sur les
tendances d'un développement historique,
sont
des idéologies arbitraires, étant donné que dans le domaine économique, il n'y a pas de prévisions
scientifiques possibles. La seule science possible est celle
qui se fonde sur l'enregistrement des prix concrets, en suit
les vicissitudes extrémement complexes.
Les économistes modernes, très postérieurs à Marx, les auteurs les plus connus, les professeurs les plus suivis et les plus illustres, s'en tiennent aux
théories du prix.
Thèse
12. Les professeurs à la lanterne .[2]
4.3.2.- Agriculture et procés de valorisation du
capital.
4.3.2.1. - L'étude de la rente
foncière et des lois économiques
régissant l'agriculture capitaliste n'est pas une partie marginale de l'œuvre de
Marx. Elle est pourtant trop souvent délaissée sous pretexte que
1'agriculture occupe une place toujours moindre dans la production
capitaliste. Pour
certains il semble que
cette étude ne soit importante que pour les pays accédant
au capitalisme. Ils oublient que la rente foncière que Marx étudie est la rente foncière capitaliste. -Mieux, celui-ci dit
que "c'est la seule valeur que
le capital crée à partir de lui-même." On en est arrivé à ces erreurs
parce qu' on a fragmentê l’œuvre de Marx et qu'on a voulu faire de celui-ci un théoricien uniquement de "l'économie industrielle".
"bref, le travail
salarié dans sa totalité
se développe grâce à
l'action du capital sur la propriété foncière;
enfin,
lorsque cette dernière a pris une forme élaborée, le propriétaire foncier lui-même
poursuit cette action. Ι1 procède alors lui-même
au nettoyage, selon le mot de Steuart, c'est-à-dire qu'il débarasse la campagne des bouches inutiles,
arrache les enfants de la terre au
sein maternel, οù ils ont grandi, transformant
ainsi l'agriculture qui, de par
sa nature, apparaît comme source de subsistances immédiates
en source de subsistances médiatisées et dépendantes des rapports
sociaux.
(Cette
interdépendance doit se dégager d'abord dans toute sa pureté
avant qu'on ne puisse
penser à une véritable communauté sociale:
toutes les conditions doivent découler de la société et ne
plus être déterminées par la nature.)"
Fondements. t. I. pp, 224-225.
Sans une transformation totale des rapports
de l'homme à la nature - ce qui implique que l'homme doive dépendre du capital qui devient
élément médiateur entre l'homme
et celle-ci - il ne peut y.avoir
une révolution
sociale.
Ι1 ne suffit
pas que l'agriculture produise pour le marché, il faut que le capita1 s'empare complétement d’elle.
4.3.2.2.
- En fait la théorie
de la rente foncière est une piece maitresse de l’œuvre de Marx.
"Mais plus je me plonge dans cette ordure. (l’économie
politique, n. d. r ) plus je me convaincs que. la réforme de l'agriculture, donc également de cette merde de proprielé qui se fonde sur elle, est
l'alpha et l’oméga du bouleversement futur. Sans quoi le père Malthus aurait raison. " (Lettre de Marx â Engels. 03. 04.1851. )
Or, il est clair qu'avant de résoudre, il
faut
étudier
comment le capital
se comporte dans l'agriculture.
"C'est alors seulement que
devient possible l'application
de la science et le plein
développement des forces productives. Il
ne peut donc subsister de doute : dans sa forme, classique, le
travail salarié imprègne
la société dans toute sa largeur et, comme fondement de l'activité sociale, se substitue à la terre
â partir du moment où est créée la propriété
foncière
moderne,
c'est-à-dire οù la propriété foncière est produite en tant
que valeur par le
capital. C'est pourquoi la propriété
foncière se ramène elle
aussi au travail salarié. En un sens, c'est tout bonnement le transfert
du travail salarié des villes à la campagne; autrement
dit, la
diffusion du travail salarié sur
toute la surface de
la société." Fondements, t. Ι.
p. 225,
4.3.2.3. - Ainsi, c'est en s'emparant de la terre, en produisant
la rente foncière que le capital peut arriver
à se poser entant que totalité.
"En créant la propriété foncière, le capital se remet donc
à, produire du travail salarié, qui est
sa base productive
générale. Le capital
est issu de la circulation et implique le travail salarié :
c'est alors qu'il
se dévéloppe en une totalité,
et pose la propriété
foncière à la fois comme, sa condition et son antagonisme.
Mais il
se révèle que ce faisant, il crée uniquement le
travail salarié comme sa base générale Ι1 faut donc le considérer à
part." (Ibid. p.227.)
4.3.2.4. Le développement du capital élimine le bourgeois et le propriétairc foncier en tant que personnages, mais les lois qu'ils représentaient sont
généralisées. En particulier, on
ce qui concerne la propriété foncière, elles prennent une
extension considérable dans la construction puisque
celle-ci est directement liée â la question
de la
rente des terrains
à bâtir,
base à la fois du renchérissement des loyers et de l'accroissement de la
spéculation. D'autre part, étant donné que le capital est
urbanisation de la campagne, ces
lois trouvent un champ d'application
plus ample
4.3.2.5. - Les erreurs d'interprétation de
la question
agraire dérivent
du fait
de la non compréhension du fondement de la critique de
l’économie politique:
la théorie de la valeur
de son surgissement à sa destruction. Le capital est un moment de la vie
de ce1le-ci. Les économistes dirent
qu'avec
le capital, la loi de la valeur n'était plus opérante. Marx montra que
le capital naissait sur la
base de celle-ci, qu'il
ne la
détruisait pas, mais parvenait à la dominer : passage
à la loi des prix de
production (moment où il
semble
que ce soit le capital qui donne valeur aux produits).
C'est d'ailleurs par
l'intermédiaire de cette
dernière que le capital arrive à dominer
l'agriculture (cf. le livre IV du Capital).
Le capital naît dans l'agriculture:
capitalisme = révolution agraire. Mais ce n'est qu'à
un certain stade de sonldéveloppement qu'il
parvient à l'assujettir à ses lois.
Dés lors, la barrière, le monopole lié
â la propriété privée n'est plus une barrière externe
mais devient interne
et est un moyen de valorisation. À ce moment-1à le monopole a perdu le caractère qu'il avait dans
la société
féodale.
" Dans la vie
pratique, on trouve non seulement la concurrence, le
monopole et leur antagonisme, mais aussi leur
synthèse, qui n'est pas une formule, mais un mouvement. Le monopole
produit la concurrence,
la concurrence produit
le monopole.
Les monopoles se font de la
concurrence, les concurrents deviennent monopoleurs. Si les monopoleurs restreignent la concurrence entre eux par
des associations partielles, la concurrence s'accroit parmi les
ouvriers; et plus la masse
des prolétaires s'accroît vis-à-vis des monopoleurs d'une nation, plus la concurrence devient effrénée entre les monopoleurs des différentes
nations. La synthèse
est telle que le monopole ne peut se maintenir qu'en passant continuellement par
la lutte de la concurrence."
(Misère de la philosophie.)
" Donc, le monopole moderne n'est pas une
simple antithèse, c'est au contraire la vraie
synthèse." (Ibid). Ι1 est "la
négation de la négation"
4.3.2.6. - Le monopole, en faisant obstacle à
la péréquation du taux
de profit, limite
la dévalorisation. Or le capital
lutte contre
cette dernière. Ι1 est donc évident qu'au
sein de la sphère industrielle un tel mouvement puisse se produire. Ceci
est aussi valable pour le protectionnisme qui
est indissolublement lié au libre-échange
comme le monopole à la
concurrence. A l'origine, il est un obstacle à la valorisation du capital, puis il en devient une composante. C'est en fait un
moyen d'ajouter de la valeur à des marchandises dévalorisées
à cause de la productivité du
travail.
4.3.2.7. - La terre
est devenue capital. Grâce au développement de
la science (chimie, biochimie, pédologie, etc..) il est possible d'accélèrer la
production et donc
d'arriver à diminuer le temps d'immobilisation du
capital,
sa dévalorisation.
Réciproquement, le capital prend des
caractères fonciers. Ι1 y a, par exemple, la mise
en jachère du capital. Ceci
se produit lorsqu'il y a
trop de capital libéré du procès
de production, et que celui-ci ne
trouve pas, pour
ainsi dire, "un terrain" οù s'incorporer.
Lorsque le marché monétaire
s'est constitué, ces
capitaux devenus
"flottants" sont susceptibles d'aller d'une
zone
à l'autre et de participer à la spéculation.
4.3.2.8.
- Le maintien d'entreprises marginales arrivant difficilement
à produire au taux moyen de profit
social, est un autre exemple
de cette -"agrarisation" du capital. Ceci
se produit non seulement dans les pays peu
évolués, mais aux E.U.
En fait, c'est un moyen pour le capital, en tant
que totalité, de récupérer du sur-travail. Tout se passe comme pour les paysans parcellaires.
"
Une
partie du sur-travail effectuée par les paysans qui travaillent dans les
conditions les moins
favorables est
donnée gratuitement à la
société et n'entre pas dans la fixation des prix
de production οu dans la création de valeur en
général. Ce prix moins
élevé résulte par conséquent de la pauvreté des producteurs et nullement de la
productivité de leur travail." (Le Capital.
t.8, p.185.)
4.3.2.9
- Le monopole reprend
sa forme foncière, en capitalisme pleinement
évolué. Pour le propriétaire
foncier, il
consistait dans le fait de posséder une partie de la terre
cultivable; pour l'entreprise (non pour un homme) il réside dans le fait de détenir
une
part du capital social. D'où
la concurrence que se font les entreprises
afin de jouir d'une
fraction toujours plus grande de
celui-ci; d'où la tentative d'infléchir 1'État, représentant de la communauté matérielle, dans le
sens de leurs intérêts,
c'est-à-dire: se faire accorder des avantages fiscaux, arriver
à avoir des commandes, se faire octroyer des prêts. Avec ce qui est
appelé le "complexe militaro-industriel",
les E.U. offrent la meilleure
illustration de ce qui précède. Ceci est logique, car,
si l'État doit être gêré comme une
entreprise,
celle-ci a besoin de l'État, surtout de l'armée, pour réaliser
ses objectifs. Le langage militaire envahit
le domaine économique.
4.3.2.10. - Pour le capital l'unique richesse c'est
la force de travail vivante celle qui engendre la plus-value, car c'est grâce à
elle qu'il s'accroît et vit. Pour que le
capital domine pleinement, il faut donc que tout devienne capital, que
l'homme soit séparé de tout, dépouillé de tout, de telle sorte que s'il veut produire, mangcr, jouir, il
doit accepter les conditions du capital :
fournir le surtravail. Cependant l'accroissement de la production tend à diminuer,à réduire à
zéro le temps de travail vivant
inclus dans les marchandises: c'est la négation du capital. D'οù alors la
tendance à freiner le développement des
forces productives et à trouver des moyens artificicls de valorisation qui condamnent 1'homme
à toujours travailler. Ce faisant un nouveau type de rente apparaît.
Elle représente la valeur de la différence entre le
temps de travail cristallisé dans le produit engendré par la
production actuelle et le temps de travail qu'il renfermerait si réellerιent toutes les possibilitcs techniques étaient utilisées et le gaspillage détruit. Le
capital est donc une entrave au progrés. Mais cette entrave se manifeste de façon ambiguë sous la forme d'une exploitation absurde :
faire travailler inutilement les hommes.
4.3.3. - Le capital et la destruction de la nature.
4.3.3.1. - "Dans 1'agriculture comme dans la manufacture, la transformation
capitaliste de la production semble
n'être que le martyrologue du
.productcur, le moyen de travail, que
le moyen de dompter,
d’exploiter et d'appauvrir le travailleur, la combinaison
sociale du travail que l’oppression organisée da sa
vitalité, de sa liberté;
et de son indépendance individuelles. La dissémination des travailleurs agricoles sur de grandes surfaces brise leur force de résistance, tandis que la concentration augmente celle des ouvriers urbains. Dans l'agriculture moderne, de même que dans
l'industrie des villes, l'accroissement de la productivité et le rendement
supérieur du travail s'achètent au prix de la destruction et du tarissement de la force de travail.
En outre, chaque progrés de l'agriculture capitaliste est un progrès non seulemenent dans l'art d’exploiter le travailleur, mais encore dans l'art
de dépouiller le sο1; chaque progrès dans l'art d'accroître sa fertilité pour un temps, un progrés dans la ruine de ses sources durables de fertilité. Plus un pays, les Etats-Unis du Nord de l'Amérique, par exemple,
se développe sur la base
de la grande industrie, plus ce procés
de destruction s'accomplit rapidement. La production capitaliste ne développe
donc la technique et la combinaison du procès de production sociale qu'en épuisant en même temps
les deux sources d'οù jaillit toute
richesse :
"La terre et le travailleur". Le Capital. t.2, pp. 181-182.
"La grande
industrie et la grande agriculture exploitée industriellement agissent dans le même sens. Si, à l’origine, elles
se distinguent parce
que la première ravage et ruine davantage la forcc de travail, donc la force naturelle de l’homme, l'autre plus directement la force naturelle de la terre, elles finissent, en se développant, par se donner la main : le
système industriel à la campagne finissant aussi par
débiliter les ouvriers, et l'industrie et le commerce, de
leur côté, fournissent à l'agriculture les moycns d'épuiser la terre." (Ibid .t. 8,.p. 192.)
Ces prévisions de Marx se
vérifient quotidiennement à l'heure actuelle.
Le développement du capital se présente comme
une immense catastrophe naturelle: épuisement des sols, destruction de la faune et de
la flore. Le
capital est réification de
l'homme et minéralisation de la nature.
4.3.3.2.
- La minéralisation de la nature s'effectue par :
a -
le développement des villes.
D'une part, i1 y a destruction des espaces verts qu'elles renfermaient, d'autre part, elles s'accroissent énormément,
minéralisant toujours plus
la campagne.
b
- urbanisation de la campagne, c'est-à-dire qu'il y a une construction toute à
fait absurde de résidences secondaires, d'installations
pour les loisirs : campings, motels, hotels, sans
compter différentes installations attractives, hauts-lieux de 1'incrétinisation humaine.
c
- le développement du réseau routier qui
détruit toujours plus de bonnes terres pour permettre un
moyen de transport anarchique.
Le dévelopement de
l'industrie automobile implique cela, tant pour
le déplacement
des hommes que pour celui
des marchandises.
C'est ici une claire manifestation de l'antagonisme
entre socialisation et privatisation. Le capital ne peut assurer son procès de valorisation qu'en
privatisant, parce que cela permet une multiplication de la production.
d - développement
anarchique
des voies navigables, des ports, des aéorodromes.
Sous le féodalisme, les
terres de culture était transformées en terrain de chasse. La nature n'y était pas détruite. À l'heure actuelle, la société des loisirs met la nature
en cage afin de la présenter aux hommes
abrutis qui ne peuvent voir
en elle que les reflet de leur asservissement.
4.3.3.3. - Cette minéralisation s'accompagne d'une
pollution toujours plus
poussée
de l'air et de l'eau. En
ce qui concerne cette dernière, elle
vient à manquer même dans les pays
où le bilan hydrique fut
toujours nettement positif.
En est responsable non seulement l'industrie, qui a besoin de ce liquide
pour le refroidissement de ses moteurs (de
telle sorte que l'eau
des rivières atteint parfois une
température difficilement
compatible avec la
vie) mais l'économie domestique elle-même qui
a été industrialisée à un point extrême. L'homme moderne devra
payer l'air et l'eau, ce qui veut dire que
pour avoir les éléments que
la nature lui offrait gratuitement, il devra fournir
un surcroît de travail. Le capitalisme
ne diminue donc en aucune façon le temps de travail de l'homme, la peine de l'homme.
En ce sens il est profondément religieux:
il conserve et amplifie l'antique
malédiction divine
inscrite dans la genèse. L'homme ne pourra la détruire qu'en détruisant le capital.
Pour assurer l'approvisionnement
en eau dans les concentrations urbaines il faut multiplier les barrages de retenues, en
amont
des villes bâties sur
les rives d'un fleuve
(Paris, par exemple), ou bien aller chercher
l'eau à des centaines de kilomètres. Or,
dans
le premier cas, ces barrages causent des catastrophes irréparables à la vie
parce
que les brusques variations de niveau
que l'on
doit y provoquer
pour
alimenter les villes détruisent, en particulier,
les frayères, d'où la raréfaction du
poisson dans beaucoup de rivières.
4.3.3.4.
- Les épigones du capital, les savants, proclament que
tout mal peut être combattu. Ainsi,
on peut apporter
l'eau aux villes, on pourra
étudier
des systèmes pour combattre la pollution de l'atmosphère
et de l'eau, on construira des navires
spécialisés dans la destruction du
pétrole répandu à la surface des mers. Cependant, ce qu'ils oublient toujours, c'est que
de cette façon on crée de nouvelles industries, de
nouveaux moyens de valorisation du
capital et, qu'en
conséquence, on
condamne toujours l'homme au travail forcé.
C'est pourquoi le mot d'ordre que
certains lancèrent en Mai (les situationnistes, par exemple), même s'il
n'est pas rigoureusement correct du point de vue
théorique, est hautement révolutionnaire: abolition du travail. Effectivement, il faut que
l'humanité comprenne que son salut
n'est pas dans un surcroît de travail (dans la réalisation d'un plein
emploi stupide et avilissant), mais dans la destruction d'une société qui lui
impose
l'esclavage salarié producteur d'absurdités et de destructions.
4.3.3.5. - Avec la minéralisation de la nature, l'homme devient un être
toujours plus abstrait, sans racines, il
n'est plus un être de la nature, mais un être du capital. C'est pourquoi se conduit-il en
prédateur vis-à-vis d'elle. La destruction de la nature est sa propre destruction, Ιl arrivera un moment
οù cette
situation ne sera plus
tolérable et
l'humanité devra se révolter pour se récupérer et régénérer la terre-mère.
La
création de réserves naturelles est
une mise en cage qui précède le dépérissement total. On
sait ce qu'il advint des hommes à qui on octroya un espace limité. D'autre part, la science se targue d'avoir, avec l'écologie trouvé
un moyen de sauver la nature. Cette science présente, il est vrai, un aspect
positif (il n'est que
le complénentaire de
l'autre, celui destructif). L'écologie tend à
considérer les différentes espèces dans leur
économie naturelle, c'est-à-dire dans leurs
rapports réciproques avec le milieu, et entre elles, et ce, dans le temps, ce qui inclut une étude génétique et évolutive. Dés lors se pose la
nécessité d'une écologie humaine. Certains
auteurs se rendent cοmpte que
les "primitifs"
connaissaient une écologie.
Mais ce n'est pas une
science
- un produit séparé de l'activité
totale de l'homme - qui peut apporter remède à la dramatiquc
situation où se trouve l'espèce humaine
à l'heure actuelle. Seule une doctrine générale qui inclut en elle, en tant qu'élément
déterminant de sa réalisation une action fondamentale, la révolution, peut
présenter la solution. Cette doctrine
c'est celle du prolétariat: le
communisme.
"LE COMMUNISME EST LA CONNAISSANCE D'UN PLAN DE VIE POUR L'ESPÈCE HUMAINE.
"(Prometeo. ΙΙ° série. p.125.)
4.4- Développement du
capitalisme et crises.
4.4.1. - Fondements et bref
historique des crises.
4.4.1,1. - La crise
est inhérente
au système capitaliste parce qu'il est
fondé sur la production pour la production (au travers de celle-ci il
peut
avoir la valorisation maximum), sur une
sous-consommation obligatoire, structurelle, non seulement du prolétariat mais de la majeure partie des nouvelles classes moyennes. D'autre part le déséquilibre nécessaire entre capital fixe
et capital circulant
n'est pas dominé, οu s'il l'est, c'est en apparence gràce au
capital fictif. Lors du renouvellcment du
premier il apparaît toujours un déséquilibre qui est
cause de crise. La lutte
contre la dévalorisation traduite sur le
plan phénomènal par la lutte
contre la baisse tendancielle du
taux
de profit, aboutit à une production
énorme
qui englue le marché. Une solution : abolir
la circulation, d'où
le développement de l'industrie de guerre. D'autre part, pour lutter
contre la chute du taux de profit,
prolifération des sociétés se contentant de 1'intérêt. Mais ceci aboutit encore à
une augmentation de la production
et à des déséquilibres dans la circulation.
La crise manifeste la
nécessité de détruire les déséquilibres. Elle implique la
destruction du capital fictif, de la
socialisation qui est fixation du capital, afin
que le
cycle de valorisation reprenne.
4.4.1.2.
- Concrètement la crise s'est manifestée par
une diminution de la production, une augmentation du chômage,
une baisse des prix de gros, une
diminution de valeur des titres
en bourse, du commerce extérieur; le système monétaire remplace celui de crédit.
Elle fut précédée par
une augmentation des salaires et par celle du
taux
de l'intérêt (à l'échelle mondiale, evidemment). Le libre-échange connut une grande extension avant la
crise; celle-ci étant suivie d'une phase de protectionnisme.
4.4.1.3. - La cause réelle doit être recherchée dans l'être capital lui-même; sinon on reste en surface, on interprète les apparences.
"La surproduction générale ne provient pas de ce que les ouvriers οu les capitalistes consomment relativement trop peu de
marchandises, mais de ce que leur
production est trop forte : elle
n'est pas trop forte pour la consommation, mais pour le
juste rapport entre
consommation et valorisation. La production est trop forte pour la valorisation." (Marx. Fondements. I. p.
405.)
Le développement des nouvelles classes
moyennes (consommateurs improductifs), celui de
l'industrie de guerre, permet d'accroître la
consommation mais cela
n'empêche pas que la production reste trop forte pour la valorisation.
4.4.1.4. - L'histoire des crises c'est celle de la formation de l'être
capital, ses structurations successives.
Au
début elles affectent l'aire
anglaise οù le capital s'est réellement émancipé des formes sociales antérieures, s'est autonornisé. 1788
: crise dans l'industrie cotonnière; 1800: crise
liée au manque de céréales; 1815: crise causée par la fin
de la guerre contre la France. C'est une crise de réajustement.
1825-27 commence le vrai cycle des crises et des
phases de prospérité. À partir de ce moment, il est à: peu
près de 5 ans : 1827, 1832, 1837,
1842, 1847. C'est pourquoi étant donné
que la
crise de 1847 avait amené la révolution. Marx prévit le retour de celle-ci pour
1852. Mais avec cette période se termine une
étape de la vie du capital.
4.4.1.5. - Après la
crise de 1847, se produit un développement considérable du capitalisme à la suite de la découverte de l'or californien, la pénétration en Chine,
puis au
Japon (une vraie
phase
impérialiste !). Le capital s'étend donc (première généralisation mondiale), prend une base plus vaste et devient plus robuste. Le cycle s'allonge et devient décennal 1847, 1857, 1867. Cependant i1 est de nouveau perturbé à la suite de la guerre de 1870 (essor du capitalisme
allemand). Entre 1873-1877,
se produit une
stagnation avec un
maximum en 1875 en Angleterre. La reprise s'effectue en 1877, aux E.U. On assiste à
une grande concentration et surtout à un développement des banques. Après 1880, la crise est définitivement surmontée mais, en 1893,
nouvelle crise, puis
en
1900-1903, et, enfin, 1913. Cette dernière se résout en guerre.
4.4.1.6. - Durant
la période qui νa de 1870 à 1914 on assiste à une poussée
impérialiste (dans le sens de diffusion de la forme sociale) qui n'est
que la prolongation de celle qui suivit
la crise
de 1847 (avec un nombre de participants plus élevé). Le capitalisme s'étend
à toute la planète, mais
c'est la plupart du temps une
simple domination formelle. Ι1 ne provoque pas de bouleversements sociaux dans les pays qu'il domine. Parallélement le capital s'édifie de
plus en plus en marché monétaire, d'où
le dêveloppement considérable des banques, des trusts,
étc... L'être capital prend un nouvel aspect que la plupart
des théoriciens veulent présenter comme impliquant une
discontinuité avec l'être qui
précède; ce ne serait pas
une simple métamorphose, mais une véritable mutation: l'impérialisme.
4.4.1.7. - Avec la
crise de 1913 s'ouvre un cycle de crises et révolutions qui se
clôturera seulement en 1945 (pour
le caractère général de cette période, cf 4.6.) Aprês la
1° guerre mondiale, très rares sont les pays qui rattrapèrent rapidement le niveau
de production d'avant-guerre;
d'autre part, le cοmmerce mondial connu une importante stagnation.
1929-1932,
c'est la grande crise qui
touche surtout les
E.U. pays qui n'avait pas connu de
recul à cause de la guerre, La crise est à la fois de production
et monétaire. Dans celles antérieures, les deux phénomènes étaient parfois apparus dissociés. D'autre part, la
question monétaire qui
se posa
alors n'est pas encore résolue. La crise fut le moyen
violent de liquider la situation antérieure, celle οû le capital ne s'était
pas encore posé en tant que totalité, où il n'était
pas encore autonome (n'avait pas rompu
la stricte dépendance d'avec
l'or). Le capital tendait à s'ériger en
totalité : marché monétaire. La théorie de Keynes ne fit
que représenter
cette exigence.
1939, nouvelle crise qui se résout en seconde guerre mondiale.
4.4.1.8. - On ne peut pas comprendre les raisons de la stagnation du capitalisme dans
l'entre-deux guerres si on ne
tient pas compte de la lutte
des classes.
Entre 1917 et
1919, le prolétariat fut
menaçant et il ne fut
pas possiblc de le domestiquer afin
de lui extraire une quantité plus grande de
plus-value. Autrement
dit la
tendance du prolétariat à
se constituer en tant que
classe
et donc à poser la réalisation de la véritable communauté humainc a
empêché, a
freiné 1'édification de celle du capital. Nous avons signalé (1.3
et 3.1) le vaste soulèvement - malheureusement non
coordonné et incapable
d'arriver à une vision
claire des objectifs - du
prolétariat des pays capitalistes, de celui des
pays coloniaux aidé des millions de paysans attirés
dans l'orbite de la révolution.
Ceci est encore une preuve de la de la validité de la théorie du
prolétariat: le
capital se nourrit de la plus-value extorquée aux prolétaires. Lorsque le talon de fer parvient
à triompher le capital se développe librement et il surmonte
la crise de 1914. Depuis 1945, οn a une
phase
continue de la production capitaliste, entrecoupée de quelques stases.
Plusieurs
théoriciens dont Trotsky ont
accordé une trop grande
importance à cet arrêt momentané de la production capitaliste.
Ils l'ont théorisé comme étant un fait irréversible. Leur erreur fondamentale est
d'avoir, dans leur analyse, séparé mouvement économique et lutte de classes.
4.4.1.9.
- Au cours de ces évènements fondamentaux concernant
l'évolution du capital en
sa totalité, il s'en produisait
d'autres dans les différentes
aires capitalistes antagoniques.
Tout d'abord le remplacement de l'Angleterre par les E.U. dans le rôle de despote du marché mondial.
Dès la
fin du ΧIΧ° siècle, comme ils le désiraient, les E.U. avaient (en ce qui concerne la production) rattrapé l'Angleterre et même
la dépassaient, Cependant si ceci ne s'est pas immédiatement traduit par un changement de direction dans la suprématie mondiale, c'est
que l'industrie anglaise avait des
prolongements dans l'Inde et d'autres pays, Les E.U. avaient bien dépassé la production anglaise de l'Angleterre, mais non toute la production anglaise. Lorsque la crise
se développa au début du ΧΧ° et en 1929 l'Angleterre
la reporta sur des pays
comme l'Inde et pourra résister tandis
que cette dernière
subira
un phénomène de désindustrialisation, de régression qui
explique la faiblesse du mouvement prolétarien
hindou, et, surtout, le caractère rétrograde de celui
de Gandhi qui lutta,
non en fonction d'une
société
nouvelle, mais opposa la vieille
société,
en totale décomposition, au capitalisme anglais.
Ι1 était la revendication de la déchéance.
4.4.2. - Les rapports
entre les E.U. et l'Europe.
4.4.2,1. - "L'Amérique fut
jusqu'à
la fin du XVIII° siècle une colonie anglaise au sens politique
et jusqu'à la guerre de
sécession de 1866,
comme le dit Marx, une
colonie dans le sens économique." (Battaglia Comunista, n° 15. 1950.)
Pendant toute la
seconde moitié du ΧΙΧ° siècle, l'expansion de l'industrie et du capital américain se fait de façon ininterrompue. D'autre part, par l'entremise
de la doctrine de Monroë, ils s'étaient ménagés une zone où ils
pourraient exercer tranquillement leur monopole :
les deux Amériques; d'autre part ils pénètrent en Asie (Japon ).
C'est
aux E.U que la concentration bancaire commença à prendre
une certaine extension et que le machinisme prit son essor le
plus considérable, d'où le jugement d'Engels : "Mais, à vrai dire,
qui peut compter sur une
évolution paisible
on Amérique? Ι1 y a en ce pays des bonds
économiques, comme en France des bonds politiques, qui ont
d'ailleurs les mêmes contre-coups momentanés".
4.4.2.2.
- Dés la fin du siècle dernier, Engels prévoyait que la guerre à venir (celle qui fut la grande
guerre) se traduirait par la
victoire des E.U.
"L'industrie américaine serait alors victorieuse sur toute la ligne
et nous placerait devant
cette alternative οu recul à la pure agriculture pour
son -propre usage (toute autre étant interdite par le blè américain) οu transformation sociale.".
L'effet
sur l'agriculture
occidentale n'a pas été aussi saisissant, mais il
fut patent sur celle de la Russie. Ceci
est une des causes du
repliement russe, de la restructuration de l'agriculture:
produire non pour le marché mondial, mais pour
le marché intérieur.
D'autre part, il
est évident que, pour
des raisons de conservation sociale, le capital doit limiter, parfois, ses impulsions,
4.4.2.3.
- La première guerre mondiale fut la première agression à
l'Europe, et "toute la politique de l'État bourgeois américain entre les deux guerres a été une
préparation directe et continuelle
pour une
lutte expansionniste en Europe," (Battaglia
comunista. n°4. 1949),
Le parti communiste d'Amérique dans son manifeste de 1919, Trotsky et la gauche communiste
d'Italie mirent en évidence de façon très précise ce rôle des E.U. La gauche avait dénoncé en son temps la
mystification des 14 points de Wilson Ultérieurement, il fut montré que
la pression de l'économie
américaine sur celle européenne avait été une des causes du triomphe du fascisme.
4.4.2.4. - La guerre de 1939-45 fut
la seconde agression à
l'Europe. Le résultat en
fut encore plus
profond et durable. L'Europe devint une colonie éconοnίque des
E.,U. Allait-elle devenir une
colonie politique? Le rôle des E.U. s'accomplit de deux façons: pression directe sur l'Europe
(plan Marshall, commandes off-shores) et intervention dans le processus de décolonisation. Ils
furent
aidés par 1'URSS avec laquelle ils formèrent une
tacite
sainte-alliance. L'URSS profita aussi de
cette agression bien
qu'elle dût subir elle aussi cette pression; mais en définitive elle renforça considérablement sa puissance.
Cependant de 1949 à 1956, il y a un développement extraordinaire du capital dans les pays qui
ont été
le plus détruits: Allemagne et Japon. Plus
encore dans ce dernier,
pays
capitaliste plus jeune.
1956 est une année faste pour le capital, non seulement sur le plan de
la production mais sur celui de
son unification: c'est
l'accession de l’URSS sur le marché mondial
(coexistence pacifique). Et à partir de ce moment, dans un
grand. nombre de pays - même ceux qui étaient
auparavant restés
en dehors du
mouvement - il
y a un développement considérable de la production.
En
1958, il y a
un petit déséquilibre :
la récession américaine qui, en fait, n'est
qu'un réajustement de
l'économie des E.U. En Europe, avec la
fin de la décolonisation, on s'achemine vers une
structuration plus moderne (France, Italie)
qui conduit à un renforcement de l’État et, par là, est un facteur favorable
au développement du
capital. L'Europe est
reconstruite. Elle refuse d'être une colonie politique et
tente d'échapper à la sujétion économique des E
U.
France et Italie (la
seconde d'une façon plus
soutenue et continue) connaissent un
"boom" économique. En liaison avec
ce dernier, on a l'idéologie gaulliste de
l'indépendance nationale, Elle
exprime la volonté de ne pas être
une colonie américaine et,en même temps, la
résurgence d'une idéologie
nazie: lutte contre le capital extérieur et défense de l'emploi (moyen de mobiliser le prolétariat). Ceci a trouvé
un écho en Allemagne ( et le trouve
de plus en plus) ainsi qu'en Italie. L'Europe tente de briser
l'emprise américaine, en portant la lutte
sur le marché
des U.S.A.
Les E.U. ripostent en accroissant leur potentiel productif:
développement de l'automation, et utilisent
toujours plus leur monopole monétaire. L'Europe n'a pas la puissance financière pour
réaliser les investissements de capital
fixe que nécessiterait la même politique
économique que celle de son adversaire. Elle ne
peut résister qu'en
accroissant son utilisation de capital variable et, pour cela, elle
redevient négrière et
pompe la main-d'oeuvre de tous les pays. Ceci a
son point culminant en 1964.
À
la même époque les E.U, commençant à intervenir au Vietnam, parviennent à conjurer la crise qui
les menaçait; leur production
reprend
et connaît même
des taux d'accroissement plus forts que
dans
la phase précédente. D'autre part, leur excédent de main-d'œuvre (une partie du
chômage) peut être utilisée
dans la guerre. Les
nécessités de l'escalade ne
font que renforcer le
développement de l'automation.
1956
marqua donc un maximum
provisoire dans la production qui ne précéda pas la crise
mais une autre phase d'expansion après
une petite crise de réajustement. À partir de ce moment-là, dans des pays comme l'Espagne où la grande menace
prolétarienne semble avoir été conjurée, se produit un développement du capitalisme qui
ruine les bases de l'anarchisme, complément nécessaire du sous-développement
de ce pays.
4.4.2.5. - Les rapports entre les E.U. et
l'Europe prennent un aspect particulier en ce qui
concerne la Russie; ne serait-ce que parce
que ce dernier pays est à la fois européen et asiatique. Jusqu'en
1956 on a une collaboration inavouée mais efficace qui permet de
conjurer toute crise révolutionnaire, intégrer le mouvement des pays
coloniaux, en même temps
que, dans les limites de l'Union soviétique, l'édification de la société capitaliste s'accomplit à un rythme accéléré. Après 1956,
c'est une collaboration plus avouée, liée à une concurrence ouverte dont
l'expression la plus saisissante est celle aérospatiale.
Dans la période qui νa de 1957 à 1968, on a deux périodes. La
première se
termine en 1964
avec le limogeage de Krouchtchev: c'est la fin de l'illusion de rattraper les E.U. en un intervalle de temps bref; c'est la
fin de la démagogie sur le
communisme en 1980,
complément nécessaire de la compétition avec les E.U. Au fond, il
y avait l'espoir, de la part des russes, de résoudre la question sociale des pays
de l'est à l'aide d'un grand
développement économique tout on contrebalançant et même en parvenant à dépasser la force militaire américaine (d'où l'intervention à Cuba en 1962, et la tentative d’une pénétration en
Amérique latine). Cependant la crise
agraire de 1964 et le redémarrage de l'industrie américaine à la
suite de l'intervention au Vietnam
devait provoquer l'abandon
des perspectives krouchtchviennes.
S'établit alors un accord tacite,
un équilibre qui progressivement
va se détruire aux dépens des russes.
La pression de l'économie américaine (relayée très souvent par
celle
allemande) oblige les russes
à sacrifier certains objectifs et à accroître l'exploitation des pays sous leur
domination. D'où la crise
tchécoslovaque de 1968.
4.4.2.6. - Tout cela n'est que
le développement phénoménal
de la tendance à la.constitution du marché mondial et à
un marché monétaire unitaire οù le capital
se pose en tant que
totalité. Ceci apparaîtra avec
l'intégration des pays de l'Est, qui
est désormais en cours; mais déjà se manifeste un autre
élément: l'Asie.
Au cours de la 2° guerre mondiale ce continent a joué un rôle aussi important que l'Europe et, à la fin, il devient prépondérant. Maintenant -
à la suite du déclin de l'Europe occidentale, de l'équilibre atteint entre celle-ci et les
U.S.A., et de la montée
irrésistible de l'Asie :
révolution chinoise et consolidation d’une nation tendant au plein capitalisme,
développement foudroyant du Japon
- le
centre des grandes luttes intercapitalistes s'est totalement déplacé vers l'Est, en Asie. Comme le prévoyait Marx en 1849 l'océan pacifique jouera le même rôle que la
Méditerranée dans l'antiquité.
4.4.3. - Éloignement de la crise. Perspectives sur sa manifestation à venir.
4.4.3.1. - Aprés 1945 la périodicité décennale de la crise ne se retrouve plus. On put penser au'elle pourrait se retrouver après au certain décalage, un retard. Ainsi à la fin de la phase de reconstruction de la société (1955 environ ) on envisagea une crise pour 1965 (crise d'entre-deux guerres, similaire à celle de 1929) et une autre en 1975 (guerre ou révolution.). Cependant, on dehors de la récession de 1958 aux E.U. et dc diverses autres dans d'autres pays, telle la dernière, en A1lemagne (1967), on a eu un développement continu de la production. En fait, le capital s'est renforcé. Il est un être plus robuste. On ne peut pas prévoir le moment et le déroulement de la prochaine crise, si on décalque purement et simplement le déroulement de celle de 1929 sur celle à venir. Ι1 faut voir comment le capital s'est structuré et comment ses contradictions se manifestent. Lorsqu'on étudie l'évolution du capitalisme de 1929 à nos jours, on constate qu'il y a une question qui n'est toujours pas résolue, la question monétaire.
4.4.3.2. - Entre 1880 et
1914 ce fut la période du vrai étalon-or international.
Le capitalisme connut une
phase soutenue d'accroissement de la production,
un développement régulier
du commerce mondial.
Les
déséquilibres de l'économie mondiale, provoqués par la guerres
incitèrent les banques
centrales à entrer
en collaboration, et la Banque des règlements internationaux fut créee.
1929,
chute du Gold Exchange
Standard; 1931 abandon de l'étalon-or
avec fluctuations de la livre jusqu'en 1934. À
la même époque, le prix de
l'or est fixé.
La crise
monétaire qui aboutit à
la dévaluation de la livre
et, par voie de conséquence, de toute
une série de monnaies nationales, ne fut
pas résolue avant 1939.
Après
la guerre, tentative de retourner au Gold Exchange Standard et à
l'ordre monétaire d'avant 1939. On assiste à la formation d'une
banque
mondiale
telle que la préconisait Saint-Simon au
-milieu du ΧΙΧ° siècle : le
fonds monétaire international. Cependant, le déséquilibre monétaire ne fut pas surmonté : dévaluation de la livre en 1949.
À
partir de
1956, deux phénomènes importants se nιanifestcnt : la thésaurisation de l'or et l'accroissement du
système de crédit international: bons Roosa, accords de Swaps, euro-dellar,
droits de tirage spéciaux, etc.. Ceci ne fit
qu'accentuer les difficultés
monétaires: 1960,
spéculation sur l'or; 1961,
réévaluation du
Mark et du Florin,
fondation du
Pool (abandonné en 1968), dévaluation du dollar canadien;
1964, nouvelle crise de la livre et, en 1967, dévaluation de
celle-ci. Parallèlement, la spéculation sur
l'or continue, conduisant à l'arrêt de
la convertibilité du dollar
en or
(1968) et, de nοuνeau, crise à la fin de 1968 avec spéculation sur le franc et le mark.
4.4.3.3. - Cette crise monétaire traduit la tendance du capital à se
constituer en totalité. Cellc-ci ne peut s'effectuer que de façon contradictoire et antagonique.
On a assisté à l'élimination de l'Angleterre
en tant que première puissance financière et au remplacement de la livre
par le
dollar. Là encore, l'URSS a aidé les E.U. La crise de la livre sterling suivit
l'arrêt des ventes d'or russe à Londres. Pendant un certain temps, les russes pensèrent faire du
rouble
une troisième monnaie de réserve.
Au
travers du triomphe des E.U. c'est une forme plus élaborée du capital qui
l'emporte: le capital de crédit. Ι1 tend à s'affranchir
de sa base étroite: les métaux
précieux. Cependant, si en 1945 la
production des E.U. représentait 60 % de celle mondiale, et pouvait, donc,
être le support
de la monnaie de crédit, elle n'en représente plus maintenant que
le quart. De ce fait, un réajustement est nécessaire. Ce dernier sera le
résultat d'une lutte acharnée entre les différents
secteurs capitalistes, l'URSS y compris.
Les réformes qui
seront apportées au système monétaire mondial en en faisant un système hybride
monétaire et de crédit ne résoudront pas les contradictions.
"Les
réformateurs de la circulation se trompent lourdement
s'ils
s'imaginent faire autre chose que de déblayer les obstacles posés par le capital lui-même à sa reproduction,
lorsqu'ils cherchent à accélérer la vitesse de la
circulation. Certains de ces réformateurs délirent purement et simplement, quand ils
se figurent
qu'au moyen d'instituts de crédit et de bureaux d'inventions, ils
pourraient abolir
le temps de circulation, tandis que, dans
la production, ils pourraient
non seulement
réduire à zéro les interruptions nécessaires à la transformation du produit fini en
capital, mais encore rendre
superflu
le capital contre lequel
s'échange le capital productif."
(Fondements. Tome 2.
p. 39)
4.4.3.4. - L'escamotage de la crise (type 1929) parallèle
à la constitution du marché monétaire a été facilité par
quatre
phénomènes :
a
- Les révolutions anti-coloniales, enrayées dans leur transcroissance, fixées ensuite au stade
de révolution
par le
haut, et l'accession de l'URSS sur le marché mondial
ont finalement
rajeuni
le capital. Ι1 s'est créé des zones οù celui-ci peut trouver
un vaste
champ de développement.
La disparition des marchés extra-capitalistes ne crée donc pas une phase de crise finale. Mais dans la mesure où les ex-pays coloniaux réussiront à devenir
des pays
capitalistes, cela provoquera
un renchérissement
des matière, premières, donc une baisse du taux de profit.
b - L'accroissement
extraordinaire du capital fixe consécutif à l'introduction de l'automation, à la rationalisation du
procès de circulation
grâce à la programmation.
c
- Extension du crédit sous toutes
ses formes: pour le consommateur (moyen de lier
les prolétaires à la production),
pour les entreprises (le crédit-bail,
par exemple), pour les nations (voir
point
précédent).
d - La guerre (Corée, Vietnam). Elle est réellement
devenue un élément du procès de valorisation du
capital,
de deux façons: réalisation de la νaleur par destruction
des marchandises (munitions diverses, avions,
hélicoptères, etc.); stimulation de la production
de ces mêmes marchandises. Le procès de valorisation n'est plus encombré par ces
dernières. Plus tard, la reconstruction du pays détruit sera encore une
merveilleuse affaire
pour le capital comme cela se produisit après la seconde
guerre mondiale.
4.4.3.5. - La société capitaliste actuelle se caractérise par une
énorme concentration, une diminution de la population active dans l'agriculture, une diminution relative
et parfois absolue dans
l'industrie, par une augmentation des nouvelles classes moyennes, enfin par l'utilisation
toujours croissante de la
science, non seulement, comme avant, dans le
procès de production immédiat, mais dans celui
de circulation
(informatique, cybernétique). Tout cela est l'expression de la dévalorisation et de
son dépassement qui
est éloignement de la crise, non sa
suppression.
Depuis son apparition, le mouvement
antagonique de
la valeur d'échange consiste à englober les contradictions, non à les supprimer. Ceci se manifeste
de façon exacerbée dans le capital - valeur d'échange parvenue à l'autonomie.
" Comme on le voit, l'argent ne résout les contradictions du
troc et de la valeur d'échange qu'on les généralisant." (Fondements.
t. I. p.142.
" Dans la
production capitaliste,
les contradictions ne cessent
de jaillir et d'être abolies, elles ressurgissent toujours pour être abolies brutalement. Cette
abolition apparait à certains comme une paisible égalisation. Mais c'est une autre affaire." (Fondements. t. Ι. p.362.)
" Toutes les contradictions de la
circulation ressurgissent sous une
forme nouvelle
avec le capital." (Fondements. t. I. p. 363)
4.4.3.6. - On
a, de nos jours, un englobement général des
contradictions avec la formation
du marché monétaire. Mais en
fait, elles réapparaissent, les plus anciennes aussi, même
si elles
ne sont pas effectives. Ainsi, le prolétaire est en
même temps
serf dans la mesure
οù il
est de
plus en
plus
lié à
l'entreprise, il est esclave
dans la mesure οù : "
Ce que l'ouvrier échange contre le capital, c’est toute
sa capacité de
travail
qu'il dépense, mettons en 20 ans. Au lieu
de la
lui payer en une fois,.
le capital la lui paie par
petites
doses, au fur et à mesure qu'il
en dispose, mettons hebdomadairement." Fondements. t. I, p.240.
On pourrait faire des remarques analogues en ce qui concerne toutes les données de l'économie. Autremeτrt dit, depuis le
surgissement de la valeur
d'échange, dont le devenir détruisit
les antiques communautés humaines, aucune des
contradictions, aucuns des problèmes apparus, ne fut résolu. Cela ne sera
possible qu'avec la révolution communiste.
Sur le plan politique, il en est absolument de
même.
On voit ressurgir toujours plus
explosive la question
de l'unité
allemande (non résolue depuis
1525) il en est de
même pour la question des balkans. La pression de
l'économie américaine sur
l'Europe, fait réapparaître le fascisme, dans son aspect de
défense de la nation contre le capital étranger (Allemagne, Italie, France). La création de l'État d'Israël ressuscite dans le monde moderne les mêmes antagonismes
qu'il y a 3.000 ans. L'indépendance de
l'Afrique remet en selle de vieux conflits escamotés durant la période
coloniale. On pourrait
prendre encore des exemples en Amêrique, dans l'extréme-orient etc.. Enfin
le développement inégal, anarchique
du capital redonne
vie aux
vieilles oppositions ethniques, provinciales (en
Belgique,en France, en Grande-Bretagne,
en Italie, etc.) Les diverses réformes régionales, de
structures, le recours à un fédéralisme sont des
moyens pour planifier l’anarchie et
masquer les conflits. Mais chaque solution n'est
qu'un englobement qui apporte une autre contradiction.
4.4.3.7. - La crise d'entre deux guerres a été englobée. Elle télescopera l'autre, celle prévue
pour 1975-80. En fonction de tout ce qui précède
on peut dire qu'elle ne se
manifestera pas seulement avec les caractères indiqués en 4.4. 1.2.
Etant donné qu'avec la crise toutes les contradictions ineffectives, à l'heure actuelle, deviendront effectives, il est
possible que
beaucoup
se laissent
tromper par les apparences et ne voient pas que la
cause efficiente de
tout cela est l'opposition capital- prolétariat.
Le
capital
essaie toujours plus d'absorber
son ennemi en le réifiant, ce faisant
il se nie, parce qu'il
se dévalorise. C'est au cours de ce mouvement d'autant plus contradictoire
qu'il est nécessaire,
pour le capital, d'en nier le résultat (la dévalorisation), que réapparaissent les conflits non résolus, Ceux-ci peuvent
rester en suspens du moment
que l'assaut
prolétarien est conjuré et qu’est sauvée l’unité antagonique capital-travail. C’est sous la forme de l'éclatement de cette unité que se manifestera la
crise future qui permettra
au prolétariat de repartir à l'assaut pour la destruction du capital.
4.4.3.8.
- Bernstein niait la possibilité d'une crise catastrophique et affirmait
que l'évolution du capitalisme infirmait les prévisions
de Marx :
concentration plus faible que prévue dans l'industrie, son arrêt dans l'agriculture,
non disparition des classes
moyennes qui se transformaient,
etc... Or, Bernstein ne pouvait
pas être réfuté en récusant les faits (cf Kautsky) sur lesquels il se basait parce qu'ils étaient réels, mais en montrant que
tout
cela n'était qu' un moment de la vie du capital. C'est
ce que tenta R. Luxembourg en expliquant que la vraie crise n'avait pas encore eu lieu, que
la théorie marxiste anticipait sur le développement de la société. Ainsi,
même si son œuvre renferme des erreurs, elle
a le mérite indéniable d'avoir défendu
l'essence même de la théorie prolétarienne.
À l'heure actuelle,
c'est au nom de la concentration énorme, des trusts, des monopoles, du
système bancaire hautement évolué que l'on veut
réviser la théorie marxiste. Ici, encore, la méthode de R. Luxembourg est
valable: il s'agit de montrer
comment, finalement, l'évolution capitaliste vérifie la théorie, de façon absolue.
Marx a
fait l'étude d'un être, le capital, de sa naissance à sa mort. Ι1 a donné les lois générales de son développement, mais il n'a jamais prétendu
que l'évolution de celui-ci dépendait uniquement des lois inhérentes au capital, que la lutte des classes
n'avait aucun rôle. À ce moment-là ce serait présenter le capital comme
dépendant seulement d'un phénomène technique, ce
serait une chose et
non un rapport social, un procés. On aurait nié le second élément essentiel, le prolétariat,
et toute dialectique aurait disparu.
Pour comprendre la phase de ralentissement
(époque de Bernstein) celle d'arrêt
apparent (époque théorisée par
Trotsky)
οu
celle
de grand "boom" (aprés 1945) il faut tenir compte de la
lutte de classe. Dans le premier cas, un équilibre, en Allemagne,
s'était produit
entre prolétariat et bourgeoisie, dans le second,
le capital n'arrivait pas consolider sa domination sur le prolétariat,
dans le troisième, c'est son plein
triomphe.
Certains ont
considéré comme une infirmation de la
théorie marxiste le fait qu'un certain nombre
de pays ont vu leur développement
bloqué (Inde et Brésil en sont les exemples probants). Or, en dehors de
ce qui a déjà été indiqué
au sujet du capital qui
a intérêt à avoir
des matières
premières peu coûteuses, il y a le fait que le capital tend à limiter les effets de son
développement. C'est pourquoi Marx prônait la nécessité, de la part du prolétariat, d'aider la bourgeoisie
à détruire le féodalisme.
Il voulait qu'il fasse pression sur sa bourgeoisie pour.
qu'elle intervienne militairement - dans certains cas - afin d'accélérer le processus: cas de la guerre de Crimée οù il reprochait aux anglais et aux français de ne pas faire
sérieusement la guerre contre les russes; sa perspective était la chute du tsarisme. De même, lors de la guerre de sécession, la Ι° internationale prit
parti
pour Lincoln.
La révolution russe,
décapitée de sa transcroissance, est une application grandiose de cette loi: le prolétariat doit pousser le capital à
son plein développement, car c'est grâce à celui-ci que
la révolution est
rendue possible. Les présuppositions naturelles sont remplacées par des présuppositions sociales Cela veut dire que toute la société
dépend de relations sociales, humaines, le capital lui-même
dépendant
d'un rapport social, l'échange
entre travail mort et travail vivant. Une
telle société devient moins stable, l'incertitude (Engels) de
son existence augmente. L'inhibition de la
lutte de classe devient plus difficile.
Cette dernière manifeste tout d'abord la
contradiction entre
le procés
de vie du capital et son résultat: lutte des nouvelles classes
moyennes contre le capital
(1968), pour atteindre, ensuite, celle fondamentale, au
cœur de l'être capital, l'opposition entre le travail
mort et le travail vivant: lutte
du prolétariat contre le capital.
Bien
que ressuscitant continuellement les
contradictions du passé le capital
détruit les bases de ce
dernier; l'œuvre de l'avenir
peut s'opérer:
le communisme.
4.5. - À propos de l'impérialisme.
"Le capitalisme n'a jamais été
concurrentiel et libéral.
Ceci
était seulement une fiction de ses défenseurs
(à laquelle ils
n'ont pas renoncé en plein monopolisrne avoué). Ι1 est, dès sa première apparition,
l'ensemble des monopoles sociaux et de classe
sur les produits
du travail et sur les quotes de sur-travail social.
"Depuis
toujours,
le capitalisme est
monopole social des forces productive. Mais,
à son avènement, c'est un pas en avant dans le rendement
du travail humain ;
au cours de son évolution, il devient moins rentable et parasitaire. Les conditions de son écroulement et la révolution sociale se
posent alors,"
"L'étape, non la phase οu l'époque impérialiste,
c'est seulement celle οù le monopolisme et
la violence sociales ne peuvent
plus être
dissimulés, mais se montrent en
pleine lumière."
"Lénine annonça cette
éclatante "victoire
théorique". Pour ne pas la
transformer en défaite, il fallait pointer sur le monopole capitaliste démasqué
et lui opposer le monopole dictatorial de la révolution prolétarienne..."
il programma comunista, n° 23. 1953
4.5.1. - "Ι1 nous faut maintenant essayer de
dresser un bilan, de faire la synthèse de ce qui a été dit plus haut de
l'impérialisme. L'impérialisme a
surgi comme le développement et la continuation directe des propriétés essentielles du
capitalisme en général. Mais
le capitalisme n'est devenu
l'impérialisme capitaliste qu'à
un degré défini, très élevé,
de son développement, quand certaines des
caractéristiques
fondamentales du capitalisme ont commencé à se transformer en leurs contraires, quand se sont formés et pleinement
révélés les traits d'une époque de transition du capitalisme à un régime économique et social
supérieur. Ce qu'il y a d'essentiel au point de vue
économique dans ce processus, c'est la substitution des monopoles capitalistes à la libre concurrence capitaliste. La libre concurrence est le
trait essentiel du
capitalisme et de la production
marchande en général; le
monopole est exactement le
contraire de la libre concurrence; mais nous avons vu
cette dernière
se convertir sous nos yeux
en monopole, en créant la grande production, en éliminant
la petite, en remplaçant la grande par
une plus grande encore, en poussant la
concentration de la production
et du capital à un point tel qu'elle
a fait et qu'elle fait surgir le monopole : les cartels, les syndicats
patronaux, les trusts
et, fusionnant avec eux, les capitaux d'une
dizaine de banques
brassant des milliards. En même
temps, les monopoles
n'éliminent pas la libre concurrence dont ils sont issus ; ils existent au-dessus et
à côté d'elle, engendrant ainsi
des contradictions, des frictions, des conflits particulièrement aigus et violents. Le monopole est le passage du capitalisme à
un régime supérieur."
( Lénine. Œuvres complètes. t. 22. p. 286-287.)
4.5.2. - "L'impérialisme
est le capitalisme arrivé
à un stade de développement οù s'est affirmée la domination des monopoles et du
capital financier, où l'exportation
des capitaux a acquis une importance
de premier plan, οû le partage du
monde
a commencé entre les trusts internationaux et οù s'est achevé le partage de tout le territoire du
globe entre les plus
grands pays capitalistes." (Ibid.
p.287,)
Marx a
expliqué que
le capital devient une totalité en devenant marché monétaire. Toutes les discussions sur
l'impérialisme furent
en fait des interprétations du devenir de cette
totalité. C'est Kautsky qui
au fond.
traduisit
le mieux cela. Cependant ce devenir
ne pouvait pas se faire de façon
pacifique et d'autre part c'est une
tendance. Kautsky théorisait 1'éternisation du capital comme réalisée alors que Marx indique que
c'est sa tendance. Etant donné que cette transformation ne pouvait
pas se faire sans crise, il était logique de poser,
comme le fit Lénine, la perspective de la révolution sociale qui,
après
de multiples détours, devait triompher:
4.5.3. -
"Ι1 faut noter plus
spécialement quatre espèces principales de monopoles
οu
manifestations essentielles du capitalisme monopoliste, caractéristiques de
l'époque que nous étudions.
Premièrement,
le monopole est né de la concentration de la production, parvenue à un
très haut degré de développement. Ce sont les groupements monopolistes de capitalistes,
les cartels, les syndicats
patronaux, les trusts.
(.,..)
Deuxièmement,
les monopoles ont entraîné une
mainmise accrue sur les principales sources de matières
premières, surtout dans
l'industrie fondamentale, et la plus cartellisée, de la société
capitaliste : celle de la houille et du fer.
(.... )
Troisièmement, le monopole est issu des banques. Autrefois
modestes
intermédiaires, elles détiennent aujourd'hui le
monopole du capital financier.
(.... )
Quatrièmement, le monopole est issu de la politique coloniale. Aux nombreux "anciens" mobiles de la politique
coloniale le capital financier
a ajouté la lutte pour les sources
de matières premières, pour
l’exportation des capitaux, pour
les "zones d'influence",
- c'est-à-dire pour
les zones de transactions avantageuses, de concessions, de profits
de monopole, etc.; - et, enfin, pour le territoire
économique en général. (.... ) (Lénine. Oeuvres complètes. t. 22. p. 322-323.)
Tout ceci est phénomènologiquement
exact. C'est la mise en évidence de l’accession du capital à la
totalité. Cependant la contradiction réelle fondamentale, n'apparaît pas: celle entre valorisation et dévalorisation, qui est
à la base de tout cela.
4.5.4. - "Monopoles, oligarchie, tendances à la
domination au lieu des tendances à la liberté, exploitation
d'un nombre toujours croissant de nations petites οu faibles par une
poignée de nations
extrêmement riches οu puissantes:
tout cela a donné naissance aux traits distinctifs de l'impérialisme qui le font caractériser comme un capitalisme parasitaire οu pourrissant."
(Lénine. Oeuvres Complètes. t. 22. p.323.)
Ailleurs,
Lénine
explique que ce dernier caractère est
lié au fait que
le capital s'oppose au progrès technique. Or ceci est une tendance contrariée par l'action
d'autres phénomènes. Ι1 peut y avoir des catastrophes qui
rajeunissent le capital. Marx indique: "Ι1 y a au sein du mouvement développé du
capital des moments autres que les crises qui freinent
ce mouvement. Ainsi, par exemple, la constante dévalorisation d'une partie du
capital existant, la transformation d'une
grande partie du capital en capital fixe ne servant
pas d'agent de la production
directe, le gaspillage improductif
d'une large portion de capital, etc." (Fondements.
t.II, p,
278.)
D'autre part cette
caractérisation a engendré la
théorie évolutionniste de la
branche descendante de la production capitaliste.
"C'est
aνec un relief sans
cesse accru que se manifeste l'une des tendances de l'impérialisme: la création
d'un "État rentier", d'un État usurier, dont la bourgeoisie vit de plus en plus de l'exportation de ses capitaux et de la "tonte des coupons ".( Lénine.
Ibid. p.323-324.)
Ceci est un aspect secondaire. L'État devient
en fait une véritable
entreprise capitaliste qui doit avoir un rendement optimum.
"Mais ce serait une erreur de croire que
cette tendance à la putréfaction
exclut la croissance rapide du capitalisme;
non, telles branches d'industrie, telles
couches de .la bourgeoisie, tels pays manifestent à l'époque de l'impérialisme, avec une force plus οu moins grande, tantôt 1'une, tantôt l'autre de ces tendances. Dans l'ensemble, le capitalisme se développe infiniment plus
vite qu'auparavant, mais ce
développement devient
généralement plus inégal,
l'inégalité de développement se manifestant en particulier par
la putréfaction des pays les plus
riches
en capital (Angleterre). (Lénine,
ibid, p. 324.)
L'inégalité
de développement serait, pour
beaucoup, une découverte de Lénine. Or, dans l'Idéologie allemande, Marx en parlait
déjà.
D'autre part, en ce qui concerne l'Angleterre, la remarque est pleinement justifiée, mais est assez superficielle (surtout aujourd'hui).
C'est la socialisation de la production
= fixation du capital qui
inhibe le mouvement de valorisation dans ce pays. L'Angletcrre est
mûre pour le socialisme. Elle est malade du
retard de la révolution et d'avoir
gagné
la guerre. Seule en effet la destruction de tout le travail
mort
aurait pu y régénérer le capital.
4.5.5. - "Parmi les caractéristiques de
l'impérialisme qui se rattachent au groupe de phénomènes dent nous parlons, il faut mentionner
la diminution de
l'émigration en provenance des pays impérialistes et
l'accroissement de l'immigration, vers ces pays, d'ouvriers venus des pays plus arriérés, où les salaires sont plus bas." (Lénine, ibid, p.3ο5.)
À l'heure actuelle, un vaste
courant migratoire
s'effectue des pays les moins évolués vers l'Furope, puis de celle-ci vers
les E.U. I1 concerne les techniciens et les savants. Le monstre. automatisé, le capital, a besoin d'une quantité toujours plus grande de cette
force de travail
complexe qui nécessite une
durée
de formation très longue, donc un coût
de production élevé. Ce pompage de force de travail de la part des E.U. traduit
l'antagonisme entre capital et hommes. P1us l’automation, la rationalisation pénétreront dans les divers pays, plus cet antagonisme se renforcera.
4.5.6
- Lénine indique que l'opportunisme
est lié à l'impérialisme bien
qu'il signale qu'il
était déjà opérant dans l'Angleterre du
milieu du XIX°. C'est une manifestation fondamentale, une relation dialectique essentielle:
le capital doit nier
le prolétariat afin
d'assurer son procès de vie. Pour ce faire, il faut que les prolétaires deviennent
des bourgeois; il faut qu'ils aient une certaine réserve. Dès 1844, Marx signalait ce phénomène.
L'opportunisme était la
reconnaissance de la part du
prolétariat de la suprématie capitaliste,
l'affirmation unilatérale d'un des aspects de
la réalité, la base économique: l'augmentation du niveau de vie
pourrait conduire à une libération
de l'homme.
À l'heure actuelle il n'existe pas d'opportunisme parce que
tout le mouvement ouvrier est sous la direction du capital. La question est de
savoir si le processus
d'intégration conduit à une négation durable
οu non de la classe
ouvrière, et si
la crise économique pourra faire réapparaître l'aspect
négatif de cette société: le prolétariat.
4.5.7. - En dehors
de ces analyses justes
il y a dans l'ouvrage
de Lénine des affirmations germes de toutes les théorisations aberrantes
actuelles dont la théorie évolutionniste (cf. 4.5.4.).
a - "Le capitalisme s'est transformé en
impérialisme."
(Lénine. p.219)
b -
"Ce
qui caractérisait l'ancien capitalisme, οù régnait la
libre concurrence, c'était l'exportation des marchandises.
Ce qui caractérise le capitalisme
actuel, où règnent les monopoles, c'est l'exportation des capitaux." (Lénine,
p, 260) Or les marchandises ne sont que
capital-marchandiscs. La concurrence existe toujours entre capitaux et c'est même, pour le capital total le
moyen de se réaliser.
Cependant, Lénine
ne nie pas la lutte entre les monopoles: "Ι1 est donc
hors de doute que le passage du capitalisme
à son stade monopoliste, au capital financier, est lié à l'aggravation
de la lutte pour le partage du
monde."
(p, 276.)
c - "Certes, si le capitalisme pouvait
développer l'agriculture
qui, aujourd'hui, retarde terriblement
sur l'industric, s'il pouvait
élever le niveau
de vie
des masses populaires
qui, en dépit d'un progrès technique vertigineux, demeure partout grevées par la sous-alimentation et
l'indigence, il ne saurait être question d'un excèdent de capitaux."
(p. 260.) Or là οù le capital triomphe le plus, l'agriculture connaît la surproduction et l'alimentation
des masses s'est relativement améliorée".
d - "Ainsi, le ΧΧ° siècle marque
le tournant où l'ancien capitalisme fait place au nouveau, où la domination
du capital financier se substitue à la domination du capital on général." (p. 244-245.)
"Un nouveau capitalisme lui succède, qui comporte des éléments manifestes de transition,
une sorte de mélange entre la
libre concurrence et le monopole."
(p. 237.)
En
réalité, on assiste
à la domination du capital en général, c'est-à-dire du
capital sous toutes ses formes intégrées dans la
communauté matérielle. Marx remarquait qu' "il existe un rapport
spécifique entre le
capital et les conditions générales de
la production sociale, et
que ce rapport diffère
des conditions propres au capital particulier et à son procès
de production particulier." (Fondements. t. II. p. 25-26.) Tant que le capital ne
s'est pas soumis
toutes "les conditions
générales de la production sociales", il
peut
apparaître concurrentiel ; mais ceci s'évanouit dès la
réalisation de
la soumission. Ι1 y alors opposition entre le mouvement anarchique
des capitaux particuliers
et la communauté matérielle qui tend â le rationaliser.
4.5.8. - En définitive,
tous
les caractères de l'impérialisme
sont déjà contenus dans le capital
à l'aube de son développement. Ι1 n'était pas nécessaire d'employer un mot nouveau pour parler du stade ultime (il aurait mieux valu, d'ailleurs,
parler
de stade plus
jeune). "La tendance à créer le marché mondial existe donc immédiatement dans la notion de capital. Toute limitation lui
apparaît comme un
obstacle à surmonter. " (Marx. Fondements. t.
II. p. 364-365., )
Ι1 s'agissait,â l'époque de Lénine,
du passage à la domination réelle du capital, de la première
grande manifestation de sa tendance à la
totalité. Ι1 est donc
préférable
de rejeter le terme d'impérialisme
pour caractériser une
étape
de la vie du capital. Ι1 reste valable lorsqu'il s'agit de
parler
de la
tendance à la domination de
la part d'un pays donné. Il est possible
de parler d'impérialisme américain,
par exemple.
4.5.9. - L'ouvrage de
Lénine (L'impérialisme stade
suprême du capitalisme) - dont
le sous-titre est, il ne faut pas l'oublier "essai de vulgarisation"
- reste sur le terrain de l'adversaire. Lénine, au
fond, accepte les analyses des autres, il en change seulement les conclusions: les
crises ne sont pas éliminées, l'impérialisme est le prélude à la révolution.
Ces conclusions sont essentielles et marquent une
rupture avec le courant social-démocrate. Mais le caractère superficiel
de l'ensemble
de l'ouvrage a permis
de voiler son noyau réel et juste. Ι1 est donc nécessaire
de reprendre l'étude
telle que Marx l'avait abordée,
"La domination du capital
est la prémisse de
la libre-concurrence, tout comme le despotisme impérial
fut à Rome la prémisse du libre
"droit privé". Aussi
longtemps que
le capital est faible, il s'appuie simplement
sur des
béquilles prises dans
les modes de production passés οu en voie
dé disparition à la suite de
son développement. Sitôt qu'il se
sent fort, il rejette ces béquilles et se meut conformément à ses propres
lois. Enfin, lorsqu'il commence
â sentir et à savoir qu'il devient lui-même une entrave, il cherche
refuge
dans des formes qui,
tout
en parachevant la domination
du capital, brident la
libre concurrence et annoncent la dissolution du mode de production fondé sur
le capital."
(Fondements. t. II. p, 167-168)
Autrement dit le phénomène que
Lénine essayait de mettre en évidence, en parlant de
phase de transition,
était
déjà individualisé par
Marx, et ce, sans avoir
besoin de parler de mutation, en
demeurant au sein
de l'analyse
de l'être capital. Un moment
donné n'était pas substitué au tout.
4.5.10. - Dans son étude du
capital,
Marx
montra toute l'absurdité de la théorie de la concurrence. Cette dernière ne crée rien; elle réalise les lois immanentes
du capital.
" La concurrence réalise la
loi selon laquelle
la valeur relative
d'un produit est déterminé par
le temps de travail nécessaire pour
le produire." Misère de la philosophie.
Dans l'analyse
de la réalisation du taux moyen de
profit,
Marx
montre cela de façon explicite. En effet, il met
en évidence que par
la concurrence tout capital égal à 100 arrive à récupérer un profit
égal, bien que les taux de
plus-value soient différents. D'autre part, il
montre que
le capital qui a la composition
organique la plus élevée récupère une masse de plus-value
plus grande que
celle
engendrée au sein de son procés immédiat. Qu'a donc
fait, dans ce cas, la
concurrence, sinon
réaliser le monopole
de ce
capital qui parvient à retirer
plus, parce qu'il exerce une puissance plus grande
sur le capital social? Si
ce monopole n'existait
pas, le problème de la réalisation d'un taux de profit moyen ne se
poserait plus.
4,5.11. - Dans l'exposé sur la baisse tendancielle du taux
de profit, Marx montre la
façon dont nait la
lutte pour l'obtention de
sur-profits.
"Si le taux de profit
décroît, il se produit, d'une part, une
tension de capital, dans
le but
de permettre au capitaliste individuel
d'abaisser par de
meilleures méthodes,
etc, la valeur individuelle
de ses marchandises au-dessous de leur
valeur
sociale moyenne et de réaliser un profit extra pour un
certain prix de marché; d'autre part, se développe la spéculation; ce qui la favorise,
c'est que tout le monde se lance dans
des tentatives passionnées pour trouver de nouvelles méthodes de production,
réaliser de nouveaux investissements
de capitaux, se lancer dans de nouvelles aventures en vue de
s'assurer quelque surprofit, indépendant
de la moyenne générale
et plus élevé qu'elle.
"Le taux de profit,
c'est-à-dire l'accroissement relatif de capital, est surtout important pour
toutes
les nouvelles agglomérations de capital qui se
forment d'elles-mêmes. Et si la
formation de
capital devenait monopole exclusif d'un
petit nombre de gros capitaux arrivés à maturité, pour lesquels la masse du profit l'emporterait
sur son taux, le feu vivifiant
de la
production s'éteindrait définitivement. Celle-ci tomberait en sommeil. Le taux de profit
est la forcé motrice de la production
capitaliste, et on n'y produit que ce qui peut être produit
avec profit et pour
autant
que cela peut être produit
avec profit."
Dans le même chapitre,
il aborde la question de
l'exportation des capitaux
que Lénine
considérait comme une
caractéristique de l'impérialisme.
"Si on exporte des capitaux, ce n'est pas qu'on ne puisse absolument pas les faire
travailler dans le pays. C'est qu'on peut les faire travailler à l'étranger
à un taux de profit plus
élevé. Mais ces capitaux constituent un excédent absolu de capital pour la population ouvrière occupée et plus
généralement pour
le pays
en question. Ils
existent sous
cette forme, à côté de la population
en excédent relatif, et cet exemple montre comment les
deux phénomènes peuvent
coexister et se conditionner réciproquement."
Toute l'étude sur la rente est explication du
monopole, de cet autre élément de la manifestation
du capital. Enfin, Marx a écrit un chapitre significatif: "L’illusion
de la concurrence". Ι1 y reprend son
analyse antérieure, redéfinissant
tous
les éléments de la valeur
et montre
comment la concurrence est inopérante lorsqu'il
s'agit
d'expliquer leur genèse. Ι1 reprend
d'autre part les résultats de l'étude sur la rente foncière et met en évidence que la loi de
l'offre et de la demande - mode de manifestation
superficiel de la concurrence - est elle aussi inopérante. Marx conclut :
" Bref, la concurrence doit se
charger d'expliqer tout ce que les économistes ne
comprennent pas, alors que ceux-ci auraient inversement
pour mission de nous expliquer la
concurrence."
D'un point de
vue
général, toutes les illusions sur
la concurrence sont liées à la théorie affirmant
que la
valeur pouvait se créer au sein
de la circulation, alors que Marx prouve que celle-ci est seulement la sphère
de sa
réalisation.
4.5.12. - On ne peut donc pas expliquer le capital par la libre-concurrence mais celle-ci
par celui-là. Arrivé à un certain stade de
son évolution, le
capital
doit la brider
- tout en réalisant son être - parce que
sa manifestation aboutit
à sa négation: la dévalorisation.
Ce n'est
pas gràce
au monopole que ceci peut s'effectuer
puisqu'il est un autre mode de
réaliser
son être . Cela se produit avec sa constitution en
communauté matérielle qui est dépassement de la
concurrence et du monopole.
Faire une théorie du capital monopoliste
c'est faire œuvre anti-dialectique et c'est se mettre en dehors de
la théorie marxiste. Le
côté bouffon de
la chose c'est que le
point
de départ
de cette tentative c'est l'affirmation que Marx avait opéré avec une hypothèse
concurrentielle. Autrement dit cette théorie ne peut être, à la rigueur, que
celle du monopole
de l'ignorance.
4.5.13. - Le noyau réel et valable de l’œuvre de Lénine c'est l'affirmation de la lutte de classes
et de la révolution, Ι1 sut individualiser cette
dernière à son juste moment.
Mais à l'heure actuelle ceux qui reprennent
son œuvre en mettant en épingle que l'impérialisme
est une phase de transition ne font que la rêver;
d'où une théorie de la révolution
permanente. Pour qu'elle
revienne la crise est nécessaire.
Celle-ci est inévitable.
Mais pour la prévoir il faut savoir exactcment comment se présente aujourd'hui le
capital ;
pour cela il faut aller au-delà
des explications superficielles.
" Comme la baisse du
taux
de profit correspond à une
diminution du travail immédiat par rapport au travail
objectivé qu'il reproduit et qu'il crée de nouveau, le
capital mettra tout en œuνre pour contrarier la baisse du travail par rapport au quantum de capital en général; autrement dit, de la plus-value
exprimée comme profit par rapport
au capital avancé."
"Ι1 tentera, en outre, de réduire la part attribuée
au travail nécessaire et d'augmenter encore
davantage la quantité de surtravail
par rapport à
l'ensemble du capital employé. En conséquence, le maximum de développement de la
puissance productive
ainsi
que le
maximum d'extension de la richesse existante coïncideront avec
la dévalorisation du capital, la dégradation de l'ouvrier et un épuisement croissant des forces vitales.
"Ces contradictions
provoqueront des explosions, des cataclysmes et des crises au cours desquels les arrêts momentanés de travail et la destruction d'une grande partie des capitaux ramèneront,
par la violence, le capital à un
niveau d'où il pourra
reprendre son cours. Ces contradictions créent des
explosions, des crises, au cours desquelles tout travail
s'arrête pour un temps, tandis qu'une
partie importante du capital est détruite, ramenant le capital par la
force au point où, sans se suicider,
il est à même d'employer de nouveau pleinement sa
capacité productive.
Cependant, ces catastrophes qui le régénèrent régulièrement, se répètent à une
échelle toujours plus grande et finiront par
provoquer son renversement violent." (Marx. Fondements, t. I. p. 277-278.)
C'est
dans
ces moments de crise que
le prolétariat peut intervenir.
Jusqu' à maintenant celles-ci
ont pu se développer en escamotant le heurt entré capital et travail. Demain
il ne pourra pas en être ainsi
parce que la crise fera éclater l'unité
capital-travail.
Remarque.
Lénine
considérait
l'impérialisme comme une phase
de transition. Ιl est nécessaire de préciser on quoi elle consiste.
L'imprécision
à ce sujet a permis de justifier les positions manœuvrières et volontaristes. À notre époque, il suffirait de trouver
le moyen de mettre les masses en mouvement pour tout
résoudre. Certains
recherchent les bons mots
d'ordre, d'autres la forme d'organisation adéquate, d'autres, enfin, font de l'entrisme.
On peut préciser la position de Lénine en montrant qu'à l'heure actuelle c'est le capital qui
réalise
le: programme
immédiat du prolétariat, ainsi de la
généralisation de la
condition de prolétaire
à l'ensemble de la société (cf. point
4.7. et chapitre sur la
société communiste.)
La
question du capitalisme d'État est entièrement liée à
celle de l'impérialisme. On l'abordera
lors de l'étude du fascisme et de celle
des classes. L'État intervient
d'autant plus que
le capitalisme est moins développé. Cela
correspond à la
période de surgissement du nouveau mode de production. L'État n'est
pas, alors, le réprésentant de la société
capitaliste, mais celui de la société que le capital doit justement détruire: cas
du despotisme éclairé en France, du
tsarisme (fin
du XΙΧ°et début
du ΧΧ°) en Russie.
Lénine
avait raison de parler de capitalisme d'État pour la
Russie. En effet, c'est l'État prolétarien, puis 1'État s'appuyant sur
le prolétariat et
la paysannerie qui devait prendre
les mesures devant permettre le développement du capitalisme.
Quand le capital est en domination réelle, l'État est une entreprise spécialisée chargée
dc rationaliser l'anarchie de la société.
Le capital s'est emparé de l'État.
4.6.- Le rajeunissement du capitalisme.
" Nous avons dit plusieurs fois que le Manifeste est
une apologie de la
bourgeoisie. Et nous avons ajouté qu'aujourd'hui, après la seconde guerre mondiale et la réabsorption de la révolution russe, il
fallait on écrire
une autre, mais non pas en fonction des philosophies des valeurs
qui projettent dans
l'idéologie bourgeoise l'implacable économisme et l'esprit boutiquier
propres
à la classe et à l'époque. Nous avens besoin d'effectuer l'apologie de l'accusé pour conclure qu'il est temps de le condamner à la peine
maximum."
Battaglia comunista. n° 8. 1952.
4.6.1. - Lorsque éclate la guerre de 1914,
s'ouvre une période
de crise profonde
pour le
mode de production capitaliste.
C'est celle de sa métamorphose, de sa forme de domination formelle à celle réelle. Plus exactement, dans l'infrastructure,
à la base, ce phénomène s'était déjà réalisé (passage de la plus-value absolue
à la plus-value
relative) mais cela ne s'était pas complëteιnent répercuté sur toutes les superstructures sociales de la base au sommet.
4.6.2. - Liée à cela
se posait la question de s'assujettir de
plus en plus le prolétariat afin
de s'assurer cette domination absolue trop souvent
remise en cause lors des conflits économiques de la
période antécédente.
4.6.3. - La lutte pour la conquête des marchés - phénomène
présenté comme déterminant - dérive en fait des deux premiers. Ιl est certes
essentiel pour comprendre les événements qui
se sont
déroulés mais il ne permet pas
d'en saisir les données causales à la racine. Le capitalisme ne pouvait continuer
à persister qu'en
généralisant sa domination réelle, dans un certain nombre de secteurs de la vie sociale, à une
domination de la totalité de celle-ci.
4.6.4. - Ce faisant, il fallait
non seulement domestiquer le prolétariat, mais aussi éliminer
les vestiges du passé. D'autre part, sur le plan
théorique, la classe capitaliste se trouvait totalement désarmée pour affronter sa métamorphose. En effet, elle avait prêché pendant des années l'individualisme et la libre concurrence, le libéralisme, comme armes contre la constitution du
prolétariat en tant que
classe et donc en parti, comment pourrait-elle
trouver la solution à sa transformation négatrice de tout cela. Car, ce dont il
s'agissait c'était de la formation d'un être. impersonnel.
4.6.5. - La crise du capitalisme
est venue télescoper
celle de l'aire slave οù de multiples révolutions se chevauchaient et dont la résultante historique était celle double bourgeoise et prolétarienne et dont la transcroissance en révolution pure prolétarienne dépendait
absolurnent du devenir de l'aire euro-nordaméricaine travaillée par la métamorphose du capital.
4.6.6. - Pour le prolétariat - au moment οù se développait cette crise du capital - se posait la question de
savoir s'il pourrait y avoir
conjonction de sa lutte avec celle des peuples émergeant des formations précapitalistes : russes, d'abord, chinois, hindous,
etc., ensuite, En un mot le prolétariat ne risquait-il
pas de
se retrouver seul comme cela avait été
déjà envisagé en 1858 par Marx :
"… Nous ne pouvons le nier, la société bourgeoise a vu, pour la
seconde fois, son XVI° siècle ; mais nous espérons que ce nouveau XVI° siècle sonnera l'enterrement de
cette société comme l'autre avait sonné
sa naissance, La véritable
mission de la société bourgeoise,
c'est de créer le marché
mondial, du moins dans ses grandes
lignes, ainsi qu'une production
conditionnée par le marché mondial.
Comme
le monde est rond, cette mission semble achevée depuis la colonisation de la Californie et de l'Australie et l'ouverture du Japon et de la Chine. Pour
nous, la question difficile
est celle-ci:
sur le continent la révolution
est imminente et prendra tout de suite un caractère socialiste ; mais ne serat-elle pas forcément étouffée dans ce petit coin, puisque, sur un terrain beaucoup plus grand, le mouvement de la société
bourgeoise est encore ascensionnel? "
En quelque sorte se posait la nécessité de la conjonction entre la
force prolétarienne et celle juvénile des
formes sociales en
bouleversement. D’un côté cela aurait permis
le triomphe du prolétariat
en Occident, l'accession au communisme, tandis
que de l'autre pouvait s'apercevoir le saut.par-dessus la
forme capitaliste de production. (cf. 2.3,
et surtout 3.11.)
4.6.7. - En fait ce fut le triomphe
du capital par suite de l'enlisement du prolétariat d'Occident dans la
démocratie. Ce dernier s'était en
définitive levé pour défendre
quelque chose de condamné par le développement du capital.
Mais la
société dans sa totalité avait reçu une
profonde secousse. Les jeunes forces des pays asiatiques, africains, s'étaient élancées contre le monstre capitaliste, mais du fait de la non conjonction avec la révolution - perdue
- en Occident, elles furent absorbées pnr le capital bien que
celui-ci tenta tout de même d'arrêter le mouvement de libération de tous ces peuples. On eut
un rajeunissement mais ce fut celui du capitalisme:
il puisa de nouvelles forces au sein
de ces formations désormais en devenir vers le capitalisme. (cf. 3.)
4.6.8. - Ce rajeunissement fut possible dès
l'immédiat après-guerre du
fait
que la classe capitaliste pille les
méthodes prolétariennes. Elle
reconnut l'importance du
fait
collectif et de la forme parti, la nécessité
d'un certain contrôle de la production afin d'éviter les heurts et les
crises: le fascisme. Ce n'est pas
pour rien que celui-ci
est en même temps glorification des vertus nationales, des caractéristiques de l'ethnie, et cherche à puiser des nouvelles forces en elles, et en ce sens il est hégélien.
Dès
cette époque le phénomène
se répercute sur le plan superstructurel:
l'art essoufflé de la bourgeoisie puise vigueur dans celui des peuples considérés jusqu'alors comme de vulgaires primitifs. La peinture,
la sculpture s'inspirèrent, copièrent l'art négre et
on eut les courants du primitivisme, dadaïsme, surréalisme, etc.. Dans le domaine de la musique, la chose est encore plus
éclatante: les
dominateurs blancs pillèrent aux
noirs - afin de se divertir
- le jazz, musique qui exprimait à la fois la révolte et la résignation de toute une
communauté affreusement exploitée.
4.6.9. - Après la seconde guerre mondiale, le phênomène s'est répété. À cette différence qu'il
n'y avait plus de forces
prolétariennes en Occident, le parti ayant été détruit et la classe réduite
à un objet du capital. Seulement les peuples d'Asie et d'Afrique tirés de leur immobilisme par la révolution russe - puis
repliés dans une
stagnation apparente - se
mirent de nouveau en mouvement après
1945. Ce fut la lutte
grandiose des peuples dits de couleur
contre le capitalisme occidental.
L'absence
de lutte prolétarienne en Occident permit
au capitalisme de scinder le
grand mouvement, sinon la secousse trop puissante aurait
pu être telle qu'elle aurait réussi à
remettre en selle le prolétariat d'occident. On, eut donc, d'abord la grande
vague
révolutionnaire en Asie, puis en
Afrique.
Mais, une fois ces pays
libérés, le capital
est arrivé â intégrer ces nouvelles forces. Elles lui
apportent en fait une vigueur qui constitue son rajeunissement. Tandis que le prolétariat abêti et avili
par le
démocratisme est réduit à une classe-valet du
système oppresseur des peuples
du monde entier.
4.6.10. -
C'est seulement en assurant de façon absolue sa domination sur le prolétariat que
le capitalisme
atteint sa domination réelle. C'est ce qui s'est produit au cours des deux
guerres mondialcs. De plus, le capitalisme a
réussi à intégrer les mouvements qui
tendaient au capitalisme mais qui, contemporains d'une
lutte ouverte
pour le pouvoir en
occident, auraient
pu subir une transcroissance. Dès lors, le capital peut se développer sans entraves et d'une façon extraordinaire. Ι1 se produit
une nouvelle renaissance comme celle dont parlait Marx pour
les années 1858.
En 4,5. on a indiqué le vaste mouvement expansionniste de la production capitaliste dans
toutes
les zones du globe. Ι1 ne fait que vérifier
les loi de l'accumulation
:
- plus un pays
est jeune, plus son rythme d'accumulation est élevé (Japon) - la destruction d'un pays
opère un rajeunissement (Allemagne).
- le taux d'accumulation diminue au cours du temps (tous les pays, y
compris l'URSS).
4.6.11. - L'éloignement de la crise veut
dire
qu'il y a structuration du nouvel
être capital rajeuni.
Maintenant qu'il n'a plus d'obstacles â
l'intérieur de lui-même (prolétariat battu), il
peut
librement se développer. Ι1 y eut, auparavant, pour
des raisons de conservation de
classe, freinage
de l’expansion du capital (exemple la France après
1871). L'expansion actuelle n'est
pas seulement due
à la disparition
de la
menace
prolétarienne, mais au fait que
le capital ne peut plus assurer la paix sociale à l'aide
d'une zone d'amortissement:
paysannerie parcellaire et anciennes classes
moyennes. Il doit y parvenir en assurant une réserve à
tous les hommes. Pour
cela il faut une
production élevée
et une main-mise sur tous les
secteurs de l'activité sociale. Pour
se survivre, il doit donc s'accroître. Alors,
pour
freiner
la dévalorisation que ceci implique,
il ne restera que la destruction dont il
a été question (4.5.).
4.6.12. - Sur le plan superstructurel,
le rajeunissement se voit maintenant de
deux façons:
1 - Une revitalisation de
l'idéologie bourgeoise officielle
qui a
perdu son complexe vis-à-vis du
marxisme. Elle lui applique ce qu'elle
croit être sa méthode en disant qu'il
est dépassé, qu'il est un produit d'une époque donnée, et
de ce fait caduc. La société aurait dépassé le stade οù elle se trouvait au moment du
surgissement de la théorie prolétarienne. C'est ainsi qu'on a
assisté à la formation de théories ouvertement anti-marxistes, mais qui visaient tout de même à englober son apport positif, et des
théories qui ont eu pour base le
marxisme mais qui proclament l'avoir dépassé: l'existentialisme. Certaines
ont même un autre rajeunissement
car elles ont puisé leur source dans
les sociétés anciennes et l'ont généralisé ensuite,
ainsi de la théorie de Levi-Strauss.
2 - L’affirmation
théorique liée à la phase révolutionnaire bourgeoise qui s'est développée après
1945, alors que normalement
elle semblait depassêe même en dehors de
l'Europe. Partout la puissance du prolétariat avait porté au premier
plan sa théorie. C'est pourquoi les
théoriciens qui expliquèrent le grand
mouvement d'émancipation de l'humanité dans les aires asiatique et africaine ont-ils recouru à
cette théorie. Mais ils restèrent en fait en deçà de celle-ci. Ils en affirmèrent
au maximum un moment, ce qui équivaut à la négation de la totalité. Ccpendant, cette unilatéralité est
toute à fait différente de
celle des théoriciens occidentaux parce qu'elle correspond à un phénomène réel: une révolution partielle. Chez ces derniers,
on a la revendication parcellaire d'une
totalité. C'est pourquoi F. Castro, F. Fanon, A. Césaire,
(au début) ont un mérite indéniable, et il est absurde
de les
traiter de réactionnaires et d'imbéciles comme
le font certains qui jugent du
haut
de leur théorie émasculée. D'autre part, étant donné que
dans beaucoup de régions, il y a potentialitè de transcroissance révolutionnaire, il n'est pas
étonnant de constater que quelques théoriciens issus de ces zones en fermentation empruntent une voie qui peut les mener à la
redécouverte du marxisme.
L'influence, en occident, des
idéologies nées des révolutions anti-coloniales, ainsi que
le retour aux positions dépassées
du mouvement ouvrier (un certain messianisme aussi bien en Afrique, en Amérique latine qu'aux
E.U. par exemple)
expriment encore le rajeunissement de
l'ensemble social. Ι1 dérive
de l'escamotage de la révolution prolétarienne au cours
des années 1917-23. Le prolétariat a,
finalement, à l'échelle mondiale, dirigé,
accompli ou appuyé une révolution bourgeoise.
4.7. - La négation du
capital, c'est le prolétariat
4.7.1. - Le capital tend à nier
les classes (4.1.15.), à faire qu'il
n'y en ait qu'une seule dont les extrêmes ne seraient pas trop
accusés. Ceci a une apparence de réalisation par suite de la généralisation du salariat. Tout le monde, à
l'heure actuelle, accomplit une certaine fonction sociale donnée
et le paiement de
celle-ci constitue son salaire. Tous les rapports
de classe sont mystifiés. I1 faut donc préciser les caractères
du prolétariat et ceux des nouvelles classes moyennes.
4.7.2. - Marx a expliqué que la société
capitaliste allait vers une polarisation croissante s le capital d'un côté, le prolétariat de
l'autre; de ce fait les classes moyennes disparaîtraient. Or, s'il est vrai
que les
antiques classes moyennes - reliquats de mode de production antérieurs
- disparaissent de plus
en plus, on constate - comme
l'avait fait Bernstein - que de nouvelles se forment. Cette fois elles
sont le produit du capital.
Là οù Bernstein a tort c'est quand il déclare que Marx n'avait
pas prévu le phénomène. Or celui-ci affirme que la terdance du capitalisme était de diminuer le
nombre des hommes produisant la plus-value et d'augmenter le nombre de ceux qui en vivaient. De façon plus explicite, il écrivait : "Son plus
grand espoir (de Malthus, n.d.r.), où il voit du reste lui-même un
peu d'utopie, c'est que
la classe
moyenne grandisse sans cesse et que le prolétariat, malgré son accroissement absolu, constitue une fraction de plus
en plus faible de la population
totale. C'est en effet la marche de la
société bourgeoise."
La question
n'est pas tellement de reconnaître l'existence de ces nouvelles
classes moyennes, mais de
comprendre quel est leur rôle dans le procès
total de production du capital. Ι1 sera, alors, possible de préciser l'affirmation de
Marx
sur la polarisation de la société.
4.7.3. - La question du
prolétariat et des nouvelles classes moyennes (sur le plan économique) se
ramène â celle du travail productif
et du
travail improductif (à
celle des services). Pour Marx - dans le cadre de la
société capitaliste - est
productif le travail qui produit de la plus-value pour le
capital. Ι1 peut y avoir une
dépense en "force
de travail" sans
qu'elle soit productive, cela veut dire qu'à ce moment-là, ce qui
importe c'est l'usage qu'elle
fournit, le service: exemple, les domestiques. On
n'a pas
en vue la valeur
d'échange. Autrement
dit,
lorsqu'on paie le travailleur, l'argent ne se pose pas en tant que capital, mais en tant qu'argent (on peut dire que c' est une dépense
de revenu.)
"L'échange du
travail objectivé contre du travail vivant
ne suffit pas à constituer l'un des côtés comme capital et
l'autre comιne travail salarié, cependant il
engendre toute la classe de ce qu'on appelle les prestateurs de service, allant du
cireur de bottes au roi." (Fondements.t,
p. 429.)
4.7.4. - "Si nous additionnons les travailleurs employés dans les fabriques textiles et le personnel des
mines de charbon et
de métal, nous obtenons le chiffre
de 1.208.442; si nous additionnons les
premiers et le personnel de toutes les usines et de toutes
les manufactures de métal, nous avons un total de 1.039.605 personnes, c'est-à-dire chaque fois un nombre plus petit que celui des esclaves domestiques
modernes (1.208 648, la Classe servante, n.d.r.). Voilà le magnifique résultat de
l'exploitation capitaliste des machines."
(Le Capital, livre Ι. t.2. p. 127.)
Ainsi dès le milieu
du ΧΙΧ° siècle, la productivité du travail avait libéré de la production un
nombre considérable d'hommes. Ceux-ci eurent
pour fonction de servir d'autres hommes et de
consommer une partie de leurs revenus. Avec le développement du capital, ces hommes libérés vont servir à absorber le surplus
de la production donc à
entrer dans la sphère de la consommation productive, comme
Marx
l'expliqua dans le livre IV.
4.7.5.
- Avec le développement du capital, le
temps de circulation augmente. Une division
du travail devient
de plus en plus nécessaire afin de diminuer la perte de
temps: le capitaliste
produit, le marchand vend. Lorsque le capitalisme est pleinemcnt
développé ce sont deux
fonctions au sein du mode de production
capitaliste lui-même (le capital s'est assujetti le commerce). On a le capitaliste industriel
et le
capitaliste commerçant. Puisque
le produit n'est produit, en tant que capital-marchandise, que
lorsqu'il est arrivé sur le marché, cela implique que
le capitaliste industriel
abandonne au capitaliste marchand une partie de son profit afin
que ce
dernier vende le produit.
C'est pourquoi il semble que
le commerce accroisse le prix
des marchandises (alors qu'en
fait
il ne fait que restituer la fraction qui avait été enlevée) et que,
d'autre part, les employés travaillant
pour le
capitaliste commerçant créeraient de la plus-value.
" Le capital marchand n'est rien d'autre que la forme autonome d'une partie du capital industriel affecté au procès de circulation." (Le Capital,
L, III, p. 308.)
"Le capital marchand par contre est un capital qui participe
au profit, sans prendre part à
sa production." (L.III. t. 6. p. 295.)
"Le travailleur
cοmmercial ne produit pas directement de
la plus-value, mais le prix
de son travail est déterminé par la valeur de sa force de travail, donc par ce qu'il en coûte de la produire, Cependant l’exercice de cette force de travail comme effort, dépense d'énergie et usure, tout comme n'importe quel
autre salariê, n'est nullement limité par la valeur de sa force de travail. Son salaire n'est donc pas nécessairement en rapport avec la masse de
profit qu'il aide le capitaliste
à réaliser. Ce qu’il coûte et ce qu'il rapporte au capitaliste sont des grandeurs différentes. I1 lui rapporte
non pas parce qu'il
crée directement de la plus-value,
mais parce qu'il contribue à diminuer les frais de réalisation de la plus-value, en
accomplissant du travail en
partie non payé. Le travailleur commercial à proprement parler appartient
à la catégorie des salariés les mieux payés, de ceux dont le travail qualifié
se trouve au-dessus
du travail moyen. Néanmoins, avec le progrès du mode de production capitaliste, son salaire a tendance à baisser même par rapport au travail moyen. Cela est
dû d'abord à la division du travail à l'intérieur du bureau; partant il
n'est besoin d'assurer
qu'un développement unilatéral des facultés de travai1, ce que le capitaliste obtient en partie gratuitement, puisque le travailleur forme lui-même ses aptitudes en experçant sa
fonction, et, cela d’autant plus vite que la division du travail devient plus
étroite. Ensuite son salaire tend à baisser du fait que la formation professionnelle, les connaissances commerciales et linguistiques,
etc., en même temps que progressent la science et l'instruction publique,
se répandent de façon toujours plus rapide, plus facile, plus générale, à meilleur compte, à
mesure
que le mode de production capitaliste
oriente les méthodes d'enseignement, etc., de
plus en plus vers la pratique. La généralisation de l'enseignement
primaire permet de recruter les travalleurs du
commerce dans les classes qui,
jusque-là, en avaient été
exclues, qui étaient habituées à un mode de vie plus
médiocre. De plus elle augmente l'affluence et par conséquent la concurrence, dévaluant à quelques exceptions
près et à mesure que la
production capitaliste se développe, la force de travail de ces
employés de commerce; leur salaire baisse, alors que
leur
capacité de travail augmente. S'il y
a lieu
de réaliser plus
de valeur et de profit,
le capitaliste accroît le nombre de ses employés. L'accroissement du travail est toujours l’effet et
jamais la cause de l'augmentation de la plus-value."
(Le capital. Livre III. p.
309-310).
Le travailleur commercial ne produit pas de plus-value
mais du profit.
4.7.6. - Ce que Marx explique pour
la sphère commerciale est vrai aussi pour
la sphère financière. Ici nous dirons que le travailleur
de la
banque οu
de tout organisme similaire ne produit pas de plus-value, mais
de l'intérêt. Sans son travail, le capitaliste financier
ne peut pas réaliser la part du profit que lui aliène le capitaliste industriel, c'est-à-dire l'intérêt. Ceci est valable
encore pour l'État en tant qu'entreprise capitaliste: le secteurs des
C.C.P., des caisses d'epargne, des emprunts etc..
4.7.7. - A l'origine les services étaient pour l'homme, soit individuellement (cas des domestiques), soit
collectivement (les Postes par exemple).
A l'heure actuelle, les services sont
des services pour
le capital. Celui-ci affronte toujours la force de travail en tant que valeur d'usage, mais dans ce cas
l'usage n'est pas de valoriser la valeur,
mais
de la réaliser. Plus
précisément la valeur a
été valorisée dans le procès de
production. La plus-value νa se répartir differemment entre les divers capitalistes οu entreprises
capitalistes. Chacun de ces
secteurs, pour réaliser
la fraction qui
lui incombe (profit οu intérêt) doit dépenser du
temps de travail.
4.7.8. - Le rôle des
nouvelles classes moyennes est donc double : 1° réaliser la plus-value, c'est-à-dire permettre sa transformation de plus-value
sous forme marchandise en plus-value
sous
forme argent. En raisonnant sur les formes
phénoménales, cela veut dire: réaliser le
profit. Le capital paie, donc,
en quelque sorte un service. Il paie pour qu'il y ait une variation qualitative, même si cette opération doit faire apparaître une quantité: un certain quantum de profit
ou d'intérêt. Mais ceci est inclus dans l'être capital qui est fondamentalement un processus quantitatif Κ→Κ+ ΔK.Lamytification vient du fait que
le service n'est plus pour
l'homme mais pour le capital; que les hommes employés à rendre ces
services sont obligatoirement exploités
sinon cela voudrait
dire, d'une façon οu d'une autre, que le capital produirait pour l’homme.
2°
consommer les produits du capital. Car c'est obligatoirement
par la consommation que
la métamorphose du capital peut se produire. Les hommes des nouvelles classes moyennes sont des consommateurs improductifs. Dans ce cas
le capital avance le salaire donc l'argent
nécessaire à l'achat des marchandises-capital, ainsi que celles-ci;
l'échange implique consommation improductive et métamorphose du capital. L'homme est une
surface d'échange. Le capital
accorde un salaire à ces
hommes des nouvelles classes
moyennes dans la mesure
οù ils lui rendent un service. Ils ne peuvent avoir
qu'une action négative, jamais positive s s'ils ne travaillent pas assez,
ils empêchent la réalisation de la totalité
du profit on de
l'intérêt.
4.7.9. - Ainsi, la diminution du nombre de travailleurs produisant la plus-value s'accompagne d'un accroissement
de ceux réalisant la plus-value, sous ses diverses formes ( 4.1.8.).
C'est l'autre aspect de la dévalorisation puisque finalement pour
produire une même plus-value, il faut utiliser toujours plus de travail
vivant.
C'est un gaspillage énorme. Pour
le capital cela n'a aucune
importance puisque la plus-value
engendrée peut enfin se réaliser; son procès de valorisation n'est donc
pas entravé. Cependant, il est évident que
toutes
ces forces de travail ne produisant pas de plus-value, il y a une perte
potentielle de valorisation.
D'autre part cela
explique que toute augmentation des salaires dans le secteur productif est freinée parce que
toute diminution de plus-value dans ce secteur inhibe tout
le reste du processus. En quelque
sorte
sans tout le secteur commercial et monétaire le capitaliste pourrait consentir un salaire plus
élevé, c'est-à-dire qu'en dernière analyse
ces nouvelles classes participent à
l'exploitation du prolétariat, mais de façon indirecte.
Dans l'antiquité,
le prolétariat vivait
aux dépens de la
société, maintenant celle-ci vit aux
dépens du prolétariat (Sismondi); on peut complêter cela en disant qu'à l'heure actuelle la société capitaliste engendre
toute une couche de salariés qui vivent aux dépens de son secteur productif. Ce qui représente un
de ses caractères irrationnels (non au point de vue du
capital).
4.7.10. - La possibilité de nier les
différences entre prolétaires et nouvelles classes moyennes réside
tout d'abord dans la généralisation du
salariat (au siècle dernier travailleur
salarié était synonyme
de prolétaire) lui-même étant
déjà une mystification.
"On
comprend l'immense importance que possède dans la pratique ce changement de forme
qui fait apparaître
la rétribution
de la force de travail comme salaire du travail, le prix de la
force comme prix de
sa fonction," (Le capital. L. I. t.2. p.
211)
Or nous l'avons
vu, on considère à l'heure actuelle que
tout
homme accomplit une fonction utile au capital. D'autre part,
si à l'origine l'ouvrier était
payé différemment que les employés on tend maintenant
vers
une uniformisation, ainsi la
pratique de
la paie au mois se généralise. Un autrc phénomène vient
encore renforcer l'illusion
qu'il n'y a pas de
différence, c'est le fait qu'à
leur tour
ces classes subissent une expropriation
lorsqu'elles coûtent trop cher au
capital. et que
celui-ci a trouvé un moyen
de les remplacer Le développement actuel de la cybernétique, de
l'informatique, ne fait qu'accentuer la tendance que Marx indique déjà à son époque
(cf. 4.7.4.
3°citation).
4.7.11. - L'accroissement énorme de la production capitaliste tend
à inhiber le développement
de celle-ci, d'où la nécessité
d'une "sphère productive"
qui joue le
rôle
d'accélération vis-à-vis de
la masse d'inertie
représentée par la
production engendrée, C'est toute la sphère de la publicité, Ici encore il n'y
a pas production de plus-value de
la part des travailleurs employés dans
ce domaine. Ι1 n'y a pas réalisation directe de plus-value ou d'une autre forme de
celle-ci. Le résultat recherché est que
le capital-marchandise accomplisse sa métamorphose en
capital-argent afin
que la
valorisation ne soit pas entravée, grâce à une stimulation de la consommation.
4.7.12. -
Qu'est-ce
que, précisément, le prolétaire
(le salarié dont parle Marx), quelles sont ses caractéristiques ?
" Nous entendons ici travail salarié au sens
économique strict - et nous le
distinguerons plus tard des autres
formes de travail pour un salaire
journalier, etc. Le travail salarié,
c'est du travail qui pose
et produit le capital,
c'est-à-dire du travail
vivant
qui produit à la fois les conditions
objectives de
sa réalisation sous forme
d'activité et
les éléments objectifs de son existence sous forme
de force de travail,
de forces étrangères, en face de lui, de valeurs indépendantes de lui
et existant pour elles-mêmes.
"Les
conditions
fondamentales sont
exprimées par le rapport originel
lui-même : l° il y a,
d'un côté, la force de travail vivante sous une forme purement
subjective, séparée des éléments de sa réalité objective,
c'est-à-dire aussi bien
de conditions du travail vivant que
des moyens de subsistance pour maintenir
en vie la force de
travail; bref, nous avons d'un côté la possibilité vivante du travail dans
toute
son abstraction.
2° Ι1 y a de l'autre
côté la valeur, οu le travail
matérialisé. L'accumulation de valeurs
d'usage
doit être suffisamment grande pour fournir les conditions objectives nίcessaircs non
seulement à 1â création des
produits οu
des valeurs servant à
reproduire ou à conserver la force de travail vivante,
mais
encore à l'absorption du surtravail; bref, il faut qu'existe pour le travail
le matériel objectif.
3° Ι1 doit y avoir
entre les deux côtés un libre rapport d'échange - circulation
monétaire - fondé sur
la valeur,
et non sur un rapport
de domination et de
servitude; en d'autres termes,
il faut qu'il y ait une médiation entre
les deux extrèmes. La production
ne fournit donc
pas directement les moyens de
subsistance aux producteurs: l'échange est l'intermédiaire; comme il n'est
pas possible de s'emparer directement du travail d'autrui,
il faut acheter la force de travail à
l'ouvrier dans le procés d'échange.
Enfin
4° le côté représentant les
conditions objectivcs du travail en tant que valeurs indépendantes
et existant pour elles-mêmes; doit avoir la forme-valeur et avoir pour but
l'auto valorisation
et l’argent, et non pas la jouissance immédiate ni la
création de valeurs d' usage. "
Fondements. t. Ι. p. 427-428.
4.7.13. - Pour l'homme
des nouvelles classes moyennes, la caractéristique 1° est valable car chez lui aussi cette séparation existe. Cependant pour 2°,
ce n'est pas le cas, parce que de l'autre côté
il y a le profit
ou l'intérêt
qu'il faut réaliser. Le
reste du point le concerne, ainsi que le 3°. Mais
pour le 4° il
est évident que, dans ce
cas, la force de travail n'a pas
pour but l'autο-νalorisation, mais une modification de la valeur valorisée,
une modification de l'être produit, Ι1 n'y a donc pas création de valeurs d'usage.
Si "lorsque le capital s'échange contre du
travail, la valeur ne mesure pas l'échange entre deux valeurs
d'usage, elle est le contenu même de l’échange". Ce
n'est pas le cas pour le travail de
l'homme des classes moyennes :
le contenu est un usage qui consiste à apporter
une transformation dans la forme de la plus-value.
4.7.14. - Ι1
faut encore préciser les caractères du prolétaire.
"Au fond, les choses sont bien
simples: le procès de
production pose les conditions objectives réelles du travail vivant (matière dans laquelle
il se valorise, instrument au moyen duquel il se valorise, et
moyens de subsistance grâce auxquels
la flamme de la force de travail
vivant continue de vaciller et de
travailler, en étant alimentée en
substances nécessaires à sa vie)
comme des modes d'existence autonomes et étrangers, οu comme le mode d'existence
d'une personne étrangère. C'est ainsi
que la force de travail
vivante est isolée et n'a plus qu'une existence
subjective, en face des valeurs existant pour
soi et tournées sur elles-mêmes,
c'est-à-dire constituant la richesse étrangère au travaillcur,
la richesse du capitaliste. Les conditions objectives du travail sent des valeurs dissociées
et autonomes, en opposition à la force de travail vivante, qui a
une simple existence subjective et une valeur d'espèce différente (puisque ce
n'est pas une valeur
d'échange, mais une pure valeur d'usage pour elle). (Fondements. t. I. p.
425)
"Par ailleurs,
l'existence purement subjective de l'ouvrier en face de ses propres conditions lui donne une forme objective tout à fait indifférente vis-à-vis de celles-ci: c'est uniquement une
valeur
ayant une utilité (salaire) à
côté des conditions autonomes de sa valorisation en tant que valeurs d'une utilité
différente. Au lieu qu'elles se réalisent comme des conditions de sa réalisation à lui dans le procés
de production, c'est lui
qui en sort, au contraire, comme
simple condition, de leur conservation et de leur
valorisation, on tant que valeurs existant pour elles-mêmes,
en face de lui. La matière première qu'il
façonne est à autrui,
de même que
l'instrument; son travail n'est donc qu'un accessoire de leur substance: il s'objective en quelque chose
qui ne lui est pas propre."
"En outre, le travail vivant apparaît comme étranger à la force de travail vivarte dont il est pourtant le travail
et la manifestation, car il a été cédé au capital en
échange du travail matérialisé,
produit
par le travail
lui-même. La force de travail se
comporte vis-à-vis d'elle-même comme quelque chose d'étranger, et si le capital était disposé à payer
l'ouvrier sans le faire travailler,
celui-ci saisirait
l'offre avec plaisir.
Son
propre travail - comme
l'orientation qu'il reçoit - lui
est donc étranger, au même titre que la
matière première
et l'instrument. En conséquence, le produit
lui apparaît comme une
combinaison étrangère de matière,
d'instrument et de travail cοmτιιe propriété d'autrui; la production achevée, le travail
s'est appauvri de la force
vitale qu'il y a dépensée, et déjà le turbin doit
reprendre pour la force de travail
purement subjective et dépouillée de ses moyens d'existence." (Ibid. p. 420.)
Fondamentalement
ces citatiens mettent en évidence la dualité
du prolétaire, à
la fois objet du capital et être s'opposant à
lui. Potentiellement ce dernier point en fait un communiste.
4.7.15. -
Pour le travailleur
des nouvelles classes moyennes, il y a aussi une dualité mais elle se présente differemment. D'un côté, il participe à la
condition du prolétaire, de l'autre, étant payé par
la plus-value produite par l'ouvrier,
il a une existence directement liée au capital.
C'est pourquoi
il est affronté à un résultat, à quelque chose de produit,
donc à la consommation sous ses diverses formes. Ι1 est totalement immergé dans l'être capital, dans sa mystification.
D'où les revendications de ces classes:
une plus grande
consommation οu le fameux luddisme[3] (détruire les marchandises alors que le
capital peut justement avoir besoin de cette destruction pour
sauver
1'autonomie de
son procès).
Donc on a la polarité destruction οu envie, mais pas de solution positive.
Au maximum ces nouvelles classes moyennes peuvent accéder, par elles-mêmes, â la compréhension du communisme grossier. Leur
revendication de la destruction de travail
est une autre manifestation de leur
immersion dans la mystification; ce qu'il faut détruire c'est le travail salarié producteur de plus-value, pour le capital.
4.7.16. - Un autre moyen de voiler les différences
entre nouvelles classes
moyennes et le prolétariat
c'est, dans les deux cas,
l'existence d'une stratification de salaires. Or, ceci se relie tout simplement à la question du travail simple et du
travail
complexe (cf.
citation 4.7.3.) dans les deux sections de la production
et de la circulation, et à la
nécessité de diversifier
les salaires afin de créer la concurrence au
sein des deux ensembles de travailleurs.
Car si le capitalisme doit intégrer les hommcs dans un système "esclavagiste", il doit en même temps les intégrer dans un système
οù s'opère une
concurrence entre les hommes afin
qu'ils ne s'opposent pas à sa domination.
4.7.17. - Une dernière question,
c'est celle des techniciens. Elle se relie à celle de la science, Celle-ci, incorporée au
procès de production, ne crèe pas
de plus-value, elle permet seulement d'en extraire aux prolétaires. C'est une arme de classe: science = oppression de classe.
D'autre part en permettant la
création de machines évinceuses d'hommes, il y a tendance à la destruction de la valeur.
" Ce n'est que dans l'industrie mécanique que l'homme arrive à faire fonctionner sur une
grande échelle les produits de son travail
passé comme des forces naturelles,
c'est-à-dire gratuitement." (Le Capital L. Ι. t. 2, p. 72.)
Un technicien opère directement dans la sphère d'exploitation
du prolétariat, tout étant lui-même exploité. Le capital ne peut pas accepter que la
plus-value soit consommée
par une couche d'hommes, mais il
est obligé d'en sacrifier une partie afin d'accroître la production de plus-value dans la sphère productive.
D'autre
part, l'ensemble des
techniciens tend à former une bureaucratie, servante de l'appareil
productif, mais non productrice de
plus-value.
4.7.18.-
L'exploitation des techniciens apparaît plus
nettement encore
lorsqu'on a affaire à des entreprises produisant directement pour la recherche. Cependant, là encore le rôle du
technicien demeure
objectivement de perfectionner l'exploitation
des prolétaires,
Dans les
entreprises qui ont leur propre bureau d'études, de recherches, celui-ci est
financé grâce à la plus-value extorquée
aux ouvriers. Donc tous les travailleurs
de bureau d'études ont ce caractère double dont il
a été question. Ils
entrent eux aussi dans cette vaste
couche intermédiaire: les nouvelles classes moyennes et ils
ont
à la fois un aspect capitaliste et
un aspect prolétaire. C'est pourquoi peuvent-ils passer du
côté de la classe ouvrière dans certaines périodes.
4.7.19. - En définitive
le capital recherche dans le prolétariat une
valeur d'usage en vue
de la valeur d'échange (accroissement de celle-ci, valorisation), dans les nouvelles classes moyennes une valeur d'usage pour
un usage:
réaliser la plus-value. C'est seulement apporter une
différence qualitative à un processus quantitatif
déjà opéré. Ι1 est évident que l'on a
toujours au centre de la question la valeur
d'échange, sinon en n'aurait plus du capital. Mais ici c'est
un comportement vis-à.-vis d'elle et non son être lui-même.
Les prolétaires,
de ce fait, s'affrontent à l'être réel du capital, les
nouvelles classes moyennes, à ses phénomènes apparents: marchandises, par exemple.
Lorsqu'elles luttent, elles le font contre les
conséquences et non contre les causes du
système.
D'où les théories absurdes fondées sur l'analyse de
la marchandise telle que
celle de l'I.S, qui
reflète le mieux la position de ces classes dans
la société actuelle.
4.7.20. - Le capital ne peut se développer
qu'en exploitant l'ensemble
des hommes. C'est sa façon a lui
de réaliser la généralisation de la situation du
prolétariat que
Marx revendiquait comme un premier temps pour
la suppression de ce dernier. Cette généralisation est mystificatrice.
Cela ne lui enlève pas sa réalité et
sa base révolutionnaire. Dès la prise du pouvoir,
le prolétariat peut se nier en tant que classe de façon plus
rapide
qu'auparavant.
L'ensemble
des hommes a tendance à s'opposer au capital, à se révolter contre
lui. Mais quelle est la classe qui puisse avoir le maximum de
cohérence révolutionnaire, qui puisse avoir un
programme radical de destruction du
capital et en
même temps voir, décrire la société future, le communisme,
c'est le prolétariat. Les nouvelles classes moyennes n'arrivent qu'à l'immédiat: la destruction des
conséquences du capital, mais ne s'élèvent pas à la compréhension de ce qu'est le monstre automatisé. Cela dérive du fait que le prolétaire est
à la fois de cette société et
d'une autre; l'homme des nouvelles classes
moyennes est la fois lié
à cette société, et prolétaire. Il
peut donc arriver jusqu'à la vision
immédiate du prolétaire, jusqu'à un
communisme grossier, mais non au communisme intégral.
La classe ouvrière, en se constituant en tant que classe, et donc en parti, devient
sujet historique. Elle entreprend la transformation du
monde: passage au communisme, Ι1 est évident
qu'un grand nombre
d'éléments de ces nouvelles classes moyennes pourront entrer dans le parti.
L'homme
est la négation du
capital, mais sa négation active, positive, c’est le
prolétariat.
4.7.21. - "S'il découvre que les produits du
travail sont les siens, condamne la dissociation de ses conditions de
réalisation et juge qu'on lui impose une situation intolérable, l'ouvrier aura acquis une immense conscience, qui découle d'ailleurs
du mode de production reposant sur
le capital. Le glas du capital sonnera; ainsi,
lorsque les esclaves se rendirent compte qu'ils ne pouvaient être la propriété de tiers et qu'ils prirent
conscience de leur personne, l'esclavage se mit à végéter artificiellement et cessa de
représenter la base de la production." (Fondements, t. Ι. p. 426-27.)
La contradiction la plus aiguë à
laquelle parviendra le développement de la valeur d'écharge devenue capital est la suivante: d'un côté,
tendance croissante à la
négation dè la valeur par suite de l'augmentation
de la productivité du travail, d'un autre côté, fixation de celle-ci par les hommes. Dès lors le heurt est inévitablc entre eux et le capital. Parallèlement, le
travail sera devenιu de
plus en plus absurde, la société plus irrationnelle. La nécessité
d'une révolution à un titre humain s'imposera naturellement. Seul le prolétnriat en
tant quc négateur
absolu du capital (il retrouvera ce
caractère avec la crise) peut être le
support de la conscience de cette grande
révolution qui verra la mise en mouvement de l'immense majorité de
l'humanité contre les défenseurs du monstre
automatisé. On retrouve ici, sous une forme précisée
l’affirmationde Marx au sujet de la polarisation entre le
capital ct la masse prolétarisée de l'humanité.
Remarques
sur le point.4.
Nous avons
intitulé ce point 4 développement du capitalisme, afin de délimiter l'objet de l’étude . Ι1 s'agira
ultérieurement de reprendre la critique de l'économic politique telle que
l'envisageait Marx.
"J’examine le système de l'économie bourgeoise dans l'ordre suivant: capital,
propriété foncière, travail salarié, État, commerce extérieur,
marché mondial." (Préface à la contribution.)
"De même, dans la
société développée, ce qui se manifeste en surface c'est l'échange des marchandises.
Mais au travers de celles-ci, on aperçoit ce qui est au-delà: les rapports de production économiques. C'est pourquoi l'organisation
interne de la production ne constituera que notre seconde section; sa synthèse dans 1'État, la
troisième; les rapports internationaux, la quatrième, et le marché
mondial, la
conclusion, car la
production
y apparait à la fois dans sa totalité et dans chacun de ses
éléments on y voit toutes les contradictions
en mouvement. Mais, à son tour, le marché
mondial représente la présupposition et le support de l'ensemble. En général, les crises mettent en évidence cette
présupposition et poussent à l'adoption d'une nouvelle forme sociale."
(Fondements. t. I. p.169.)
Marx ne put accomplir sa tâche de façon exhaustive. Cependant, il y a dans ses ouvrages
toutes les lignes
directrices essentielles pour la réaliser. D'autre part, il est possible d'utiliser les apports de divers éléments
de l'école marxiste.
Ce faisant, on pourra redonner à la théorie du prolétariat toute sa dimension.
De divers côtés, on a remis en évidence que Marx avait fait une critique de l'économie.
Mais lors de la présentation de celle-ci, on se trouve en présence d'une théorie déformée. Les situationnistes, par exemple, (beaucoup de trotskystes aussi) à la
suite de Lukacs, mettent au centre de la critique la marchandise. Ils oublient que pour Marx : " Ce qui, deuxièmement, distingue spécialement le mode capitaliste de production est que sa fin immédiate et son moteur
déterminant est la production de plus-value. Le capital produit essentiellement du capital, il ne le fait, que dans la mesure où il
produit de la plus-value." (Le Capital. t .8. p.257.)
Dans
le capitalisme toute marchandise est en fait du capital sous forme marchandise.
" Dans le capital, la
consommation de la marchandise ne constitue pas la fin; elle fait partie du procès de production, elle apparaît comme un moment de la production, c'est-à-dire
un moment qui réalise la valeur (wertsetzens)." (Fondements, t, ΙΙ. pp. 21-29.)
"Inlassablement, il dépouille sa forme éterrnelle d'argent pour
révêtir celle, périssable de la
marchandise. L'éternité (Unvergänglichkeit), en effet
ne peut se manifester que sous forme éphémère ; elle est ce qui passe : à la
fois le procés et la vie.
Mais le capital n'acquiert cette. qualité
qu'on suçant constamment l’âme du travail
vivant, tel un vampire." (Ibid. pp. 154-l55. )
"Mais ces marchandises sont maintenant aussi les porteurs du capital.
Elles sont le capital valorisé et
sont grosses de plus-value.
Comme
telles, leur circulation
devient aussi le procès de reproduction du
capital et implique des
déterminations qu'ignorait
l'analyse abstraite de la circulation des marchandiscs. Ι1 nous faut donc maintenant considérer la circulation des
marchandises en tant que procès
de circulation du
capital. C’est ce
que nous allons faire dans le prochain livre." (VI° chapitre.)
À tous ceux qui veulent sur une analyse de la marchandise, fonder la critique de
la société, de la vie quotidienne, etc., nous dédions, entre autres, ce passage des notes
sur un livre de J. Mill, de K. Marx.
"Le crédit, c'est le jugement économique porté sur la
moralité d'un homme. Dans le crédit au
lieu du métal et du papier c’est l'homme
lui-même qui devient l'intermédiaire de l’échange non pas certes, en tant
qu'homme, mais en tant qu'existence d'un capital et des intérêts. Dés
lors, le moyen de l'échange, en quittant sa forme matérielle a sans doute
fait retour à
l'homme et s'est réinstallé en lui, mais c'est uniquement parce que 1'homme est devenu extérieur à lui-même: et
qu'il est devenu pour lui-mêmc une forme matérielle. Dans le système du crédit, ce n'est pas l’argent qui s'abolit, c'est l'homme lui-même qui se convertit en argent; autrement dit,
l'argent s'incorpore à l'homme. L'individualité et la
morale humaines deviennent des articles de commerce et la substance de l'argent. Au lieu de l'argent, du
papier, c'est ma propre existence, ma chair et mon sang, ma
vertu et ma
réputation sociales, qui sont la matièrc et
le corps de l’esprit-argent. Le crédit taille la
valeur vénalc non pas dans l’argent, mais dans la chair humaine, dans le cœur humain. C'est ainsi que tous les progrés représentent au sein de ce système mystificatcur; autant de régressions et d'abjections.(...)
" Enfin,
le système du crédit trouve
son achèvement dans le
système bancaire. La
figure du banquier, la domination de l'État par les banquiers, la
concentration de la fortune entre les mains de
quelques-uns, un véritable aéropage économique
de la nation, tel est le digne achèvement du système monétaire. La reconnaissance morale d'un
homme et la confiance en l'État, etc., ayant reçu la forme du
crédit,
le mystère qui se cache dans le mensonge de la valeur morale, l'infamie
immorale de cette morale
tout comme l'hypocrisie et l’égoïsme de cette confiance dans
l’État, éclatent au grand jour et apparaissent tels qu'ils
sont
dans la réalité."[4]
[1] Jean Louis Darlet
constatant que la formule (à noter qu’il n’avait pas été précisé que la
productivité ρ est le rapport du temps de travail extra au temps de travail
nécessaire) n’était pas correcte, reprit l’étude de la question de la
variation de plus-value (ou
plus-valeur), de la valorisation, donc de la capacité du capital à engendrer du
capital à partir de l’exploitation de la force de travail. Il publia le résultat
de ses recherches dans Invariance, série II, n°2, Au-delà de la
valeur, la surfusion du capital, 1972, ainsi que dans Note au sujet de
la composition organique du capital, 1972, et, enfin, dans des lettres
datant de la même époque et publiées dans la même revue, série III, n°2, pp.
64-88.
Au sujet du résultat de cette recherche et au sujet des considérations
théoriques concernant le rapport valeur capital, je mis en évidence dans Remarques - dans le même n° d’Invariance, aux
pp. 92-93 – les deux comportements théoriques qui s’imposaient en ce qui
concerne l’investigation au sujet de ce dernier.
« Enfin,
à partir du travail précédent de J.L. Darlet, deux possibilités:
1 - La valeur-travail, c'est-à dire le travail substance de la
valeur, le temps de travail mesure de la valeur, est une représentation déjà inadéquate du
temps de Marx. Celui-ci serait la conscience a posteriori d'un phénomène révolu. Le mot valeur désignerait en réalité une certaine visée-appréhension humaine du monde, mais en étant incapable d'en exprimer la totalité. Marx n'aurait fait que réduire
encore le phénomène. Ι1 ne pourrait pas y avoir d'échappement du capital. Ce dernier étant une forme particulière de la valeur et celle-ci n'ayant
pas été saisie dans sa totalité, il se peut que le capital réalise la valeur et donc une totalité que nous n'avons pas
perçue. À la base de cette perception du phénomène-valeur il y aurait l'idée
d'un projet humain tout à fait inconscient qui se
réaliserait à travers le capital.
En outre la représentation de la valeur selon l'école
classique de W. Petty à D. Ricardo et selon K. Marx serait une réduction telle qu'elle empécherait la compréhension du surgissement du phénomène valeur. Ainsi
il serait impossible de comprendre la dissolution des communautés primitives
en faisant intervenir le mouvement de 1'autonomisation de la valeur d'échange.
2
- La valeur travail est une réduction qui est liée à une réalité historique: la parcellisation de l'activίté
totale et la tentative de ressaisir celle-ci au travers de
l'activité productive (l'argent monétaire apparaissant comme le moyen de tout conquérir, avoir - aliénation de l'être à l'avoir),
K. Marx voit bien qu'en dehors de
cette activité il y a d'autres domaines; mais il la juge déterminante et
c'est essentiel pour son projet révolutionnaire, parce qu'il est possible à partir d'elle de faire
oeuvre scientifique,
prévisionnelle (prévoir les crises, la révolution).
Ι1
constate aussi que le
capital
tend à englober toute l'activité des hommes.
Il ne perçoit
pas pleinement l’échappement du capital qui est effectif avec, en même temps,
la réalisation d’un ‘projet’ humain avec l’utopie-capital. Quand on dit cela on
pose quelque chose à la fois externe aux hommes (qui les opprime) et qui leur
est interne, car c’est quelque chose en lequel ils se retrouvent : volonté
de dominer la nature, de se poser en seigneur et maître (qui ne fait que
détruire) ; avec le capital les hommes pensent
pouvoir, enfin, échapper à la nature, sortir de l'animalité.
Avec le
capital 1'autonomisation est effective,
tandis qu'avec la valeur les hommes ont une présence efficace, car leur agir
était déterminant.
C'est
cette seconde approche que, personnellement, j'expose (cf. Ce monde qu'il faut quitter et C'est ici qu'est la peur, c'est ici qu'il faut sauter !). Le reproche le
plus important que je puis faire à
l'autre «possibilité » c'est d'entériner une vision structuraliste. Tout le phénomène historique est
escamoté. Ce qui paradoxalement fait ressortir, simultanément, la nécessité de
préciser la génèse de la valeur. Ce que Marx a écrit à ce sujet est nettement insuffisant. (Octobre
1975)
Dans le chapitre
9.1. de Émergence de Homo Gemeinwesen j’ai abordé cette question. La
mise en évidence de la mort potentielle du capital à la fin des années 70
rendit obsolètes toutes ces recherches mais imposa la nécessité de bien définir
la valeur ; ce que j’ai essayé de faire dans le texte supra cité .
« Á
partir de ces remarques introductives, il est possible d’anticiper en
présentant une définition la plus compréhensive possible de la valeur. C’est le
phénomène de représentation du discontinu opérant dans la communauté se
désagrégeant, posant par là la nécessité d’une quantification rendant apte la
représentation du positionnement de ses membres en son sein. Toutefois, étant
donnée la tendance de toute communauté à enrayer sa dissolution, il va
permettre en même temps la réalisation d’un phénomène de compensation qui
cautérise en quelque sorte les blessures infligées au corpus communautaire.
Simultanément va se déployer un mouvement de substitution qui acquerra au cours
du temps une ampleur toujours plus grande. Le but plus ou moins conscient de
ces actions sera d’aboutir à un équilibre, lequel agira ensuite comme système
de référence, comme référentiel et comme opérateur de la connaissance. Et ceci
visera à contrebalancer les effets néfastes d’une autre détermination que la
valeur a originellement en commun avec le pouvoir : la dépendance.
L’échange sera vécu comme une abolition de cette dernière. » (. Cf. 9.1.6)
« La
valeur est un opérateur de l’activité humano-féminine, à partir du moment où il
y a scission d’avec la communauté. C’est un concept qui inclut mesure,
quantification, jugement d’existence. Il se purifie au cours de son
autonomisation, c’est-à-dire qu’il se détache des représentations mythiques, et
se charge de déterminations nouvelles par suite de son opérationnalité dans
divers domaines – hors de celui strictement économique d’où il a surgi dans sa
détermination qui le rendit opératoire – qui peuvent connaître des devenirs
plus ou moins divergents. » (cf. 9.1.13)
De même en ce qui
concerne le capital, le phénomène capital. À son sujet je puis dire que conceptuellement
le rapport qui définit le capital consiste en l’échange d’un quantum de valeur
contre une marchandise particulière, la force de travail, dont la
caractéristique réside en ce que sa consommation est productive d’un incrément
de valeur, la plus-valeur, ce qui implique l’existence d’un procès de
production, ‘doublé’ d’un procès de valorisation ou d’incrémentation de valeur,
de production de plus-valeur. Dés lors la valeur avancée est devenue capital
que K. Marx caractérise comme la valeur en procès.
L’intérêt de cette
approche est d’inclure la dimension historique - le passage de la valeur au
capital et la délimitation de l’existence de celui-ci à une période historique
déterminée - et la dimension sociale: la mise en dépendance d’hommes et
de femmes, leur mise sous contrôle (ce à quoi se réduit désormais le salariat),
mais aussi la possibilité de comprendre l’échappement du capital, son
autonomisation, en rapport au rejouement du phénomène spéculatif opérant dans
l’argent sous sa troisième détermination, en tant que monnaie universelle,
caractéristique du phénomène valeur en sa phase la plus évoluée. Dés lors, il
est possible de percevoir pleinement ce que représentent la valeur et le
capital au sein du déploiement de la spéciose.
Note
de septembre 2009
[2] Tout ce sous-chapitre 4.3.1. est constitué par la partie finale de La question agraire d’A. Bordiga, il programma comunista, n°12, 1954. Ce texte a paru en traduction intégrale dans la revue (Dis)continuité. Il est également disponible sur Internet, grâce à Jean-Marie Tremblay, site : http://classiques.uqac.ca/ .
[3] Imprécision: le luddisme fut un mouvement de destruction des machines; mais cela peut valoir analogiquement.
Note de septembre 2009
[4] L’importance du crédit et de la spéculation - dont depuis 1968 nous suivons l’évolution au travers des crises dites monétaires - qui se déploie à partir de lui, révèle le désir caché, inconscient de la conquête du futur, en même temps que celui de fuir l’état présent, le désir d’être hors limite, inaccessible et d’atteindre enfin une satisfaction où l’être s’abolit en se réalisant (du moins en pensant se réaliser). Cette dimension profonde de la spéciose se dévoile pleinement de nos jours.
Note de septembre 2009