CAPITAL ET
GEMEINWESEN
C'est
sous ce titre[1]
qu'auraient dû
normalement paraître, en traduction italienne, les
textes suivants: Le Vl°
Chapitre inédit du Capital
et l'oeuvre économique de Marx
(1964-1966) augmenté de
notes écrites
en 1972,
Thèses sur le capitalisme (1969), À propos du
capital (1971),
De la révolution (1972). La maison d'édition Dedalo en décida autrement et ils parurent sous le titre
Ιl
capitale totale
1976.
S'il est vrai qu'il
y a chez K. Marx une recherche
au sujet
du devenir
du capital à la
totalité,
cela
n'épuise en rien l'étude qu'il fit de ce
dernier. On ne peut pas laisser de côté
tout ce qui
concerne
l'opposition entre capital total et
capitaux particuliers
et le fait que même parvenu à la totalité le capital ne peut vivre qu'en se
particularisant, en
se différenciant en
un grand nombre de quanta-capitaux. Dans tous les procès divers, ce qui
permet au capital de ne pas se perdre, c'est qu'il s'est édifié en une
communauté matérielle. Il
en est
ainsi
parce que
c'est l'élément mort, matériel qui domine le
vivant. C'est à partir de ce qui
est mort, réifié que s'épanouit cette communauté. Mais, par suite du
mouvement d'anthropomorphose, le capital devenant homme sa communauté se pose en tant que Gemeinwesen. Ainsi les
hommes sont piégés
par
l'être qu'ils ont
eux-mêmes produit.
Cela
nécessite encore plus
l'opposition-affirmation: «L'être humain
est la véritable Gemeinwesen (communauté) de l'homme »
(K. Marx) proclamée
dans Origine et fonction de la forme
parti (1961), dans le tract sur
le mouvement de mai 1968,
et dans Prolétariat et Gemeinwesen (1968).
K.
Marx a
considéré le prolétariat comme étant la classe qui pourrait permettre l'instauration
de la véritable
Gemeinwesen, d'où la dimension profondément humaine
de la révolution prolétarienne: une révolution
à un titre
humain.
Il a
en outre donné beaucoup
d'indications sur
le devenir
du capital à la Gemeίnwesen. C'est
cela
qu'on a repris en essayant, en fonction du développement récent du capital, de pousser
l'analyse jusqu'à son terme. Cette étude entreprise bien avant 1961 a
été exposée,
en dehors du
texte publié ci-dessous, dans les numéros
2, 3, 4, 5 et 6 de la série II d'Invariance.
Si l'œuvre
de
K. Marx n'est
plus
actuellement opérationnelle, je considère
cependant que
ce qu'il a écrit sur
la communauté humaine demeure fondamental. On a
toujours en présence la
réalisation du capital en Gemeinwesen et
le possible de
la véritable Gemeinwesen de l'Homme: l'être humain. Mais au lieu
de les
concevoir comme des
antagonistes,
ce qui impliquerait
que le
second doive s'opposer au premier,
nous
affirmons que la communauté humaine n'est
réalisable que
si les hommes et les femmes abandonnent le monde du capital.
La communauté
matérielle est devenue communauté pour les hommes dans la mesure οù le capital est représentation.
Il n'est pas
seulement le substrat économico-social de leur vie, il est aussi leur idéalité. Hommes et femmes doivent rompre
avec cette représentation. Cela
leur permettra d'entreprendre une
autre dynamique. En outre s'il y a des
cassures
dans la
base, c'est-à-dire au sein de la communauté matérielle, ils
pourront d'autant plus facilement remettre en question et même rejeter la représentaton du
capital.
La rupture avec ce dernier ne peut pas être un phénomène uniquement
passif-déterminé οu
uniquement
volontaire. Voilà pourquoi
il est encore nécessaire d'approfondir
le mode d'être du capital afin de pouvoir lui
échapper et d'étudier en quoi
peut réellement consister l'«être humain», la «véritable Gemeinwesen» des
hommes et des
femmes.
Mai 1976
[1]
C’est Domenico
Ferla qui l’avait proposé. Je l’ai repris, pour la publication chez
Spartacus,
parce qu’il était très adéquat à ce que je visais.
Les
textes ont été traduits par Giovanni Dettore et Nicomede
Folar, pseudonyme de Domenico Ferla qui inclurent quelques notes très
intéressantes dont la principale et initiale : Note sur la
traduction.
J’avais envisagé pour cette édition sur Internet d’inclure les références, en allemand, aux textes de K. Marx et de F. Engels. J’y ai renoncé pour ne pas alourdir les notes. Les lecteurs qui en auraient besoin peuvent me le signaler.
Capital et Gemeinwesen a été publié par René Lefeuvre dans les Cahierws Spartacus en novembre 1978.
Mai 1978