REMARQUES

 

 

 

 

 

                   Ces textes[*] qui viennent à l’appui de la première partie des thèses sur la révolution communiste publiée dans le n° 6, sont groupés en fonction des grands chapitres qui le composent. On a cependant mis au début les Eléments d’orientation qui correspondent, en fait, à la totalité des thèses. Ils représentent la même tentative que celle que nous entreprenons aujourd’hui : indiquer les bases d’une activité qui doit se manifester surtout théoriquement mais qui a en vue la praxis fondamentale de demain : la révolution.

                   Ensuite, nous avons les textes se rapportant aux chapitres 1, 3, 4, et 5. Il n’y a rien se rapportant au chapitre 2 : « La question russe et la théorie du prolétariat ». Cependant il est illustré dans presque tous les textes. Le lecteur doit tenir compte de la part d’arbitraire que toute classification comporte. Ici les textes ont été classés en fonction de leur argument principal. D’autre part, la liste de ceux-ci n’est pas exhaustive. Il s’agira, ultérieurement, de la compléter.

 

 

 

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                   Les sujets de l’histoire ce sont les classes. La classe prolétarienne est celle qui a pour mission d’en finir avec les classes et de porter à terme le processus d’unification de l’espèce : la formation de la communauté humaine, le communisme. Cette mission est déterminée par les processus économiques. Cependant, il faut qu’elle devienne consciente au sein de la classe elle-même. Les différentes révolutions dans lesquelles le prolétariat est intervenu sont autant de moments de perception toujours plus intégrative, totalisante, de cette dernière. Ce long processus est douloureux mais il n’est pas vain. Le dernier grand moment fut celui qui va de 1917 à 1923. Au cours de celui-ci, le prolétariat de Russie et de l’aire euro-nord-américaine tendit à dépasser de façon positive et définitive la démocratie bourgeoise. Ce fut un vaste mouvement de convergence dont l'aspect réflexif se perçoit de la façon la plus claire et la plus décisive dans l’œuvre de la Gauche communiste d’Italie.

                   Ce qu’il y a d’important chez les communistes de conseil, le KAPD, etc., ce n’est pas leur revendication du Conseil, car c’est aussi unilatéral, aussi parcellaire, aussi faux que de revendiquer un parti qu’on a abstrait de la classe, mais leur coupure – malheureusement incomplète – avec la démocratie bourgeoise. Par là ils expriment parfaitement le devenir de la classe prolétarienne qui tend à la constitution de la véritable Gemeinwesen humaine. Voilà pourquoi nous avons publié et que nous publierons leurs textes (nous avions l’intention de faire paraître la Réponse à Lénine de Gorter mais, entre temps, elle était parue à La Vieille Taupe. C’est une bonne chose.). Notre intention est telle parce que, d’autre part, les communistes de conseils actuels ne se rendent même pas compte, dans leurs polémiques contre le léninisme, qu’ils sont eux-mêmes léninistes (cf. par exemple, Information et Correspondance Ouvrière, les Cahiers du Communisme de Conseil, ou Révolution Internationale, en France). En effet, ils parlent de capitalisme d’Etat, font, de l’organisation , un problème, etc. De plus, ils pâtissent de l’infirmité commune à tous les groupes (autres exemples : les diverses espèces de trotskystes et leur variante critique, le Parti Communiste International) : prendre, de la manifestation globale de la classe prolétarienne, un moment, une donnée, la monter en épingle (c’est la forme sous laquelle ils « font » de la théorie) et ainsi ils peuvent se présenter en tant que courant, groupuscule, secte ou en tant que non-courant, non-groupuscule, non-secte. Ils utilisent le prolétariat pour pouvoir affirmer l’apparence d’une théorie, ne parvenant même pas, comme les théoriciens du capital, à faire une théorie de l’apparence.

                   Nous considérons qu’il est essentiel de mettre en évidence le processus d’unification de la classe qui s’est produit dans le passé, son inhibition ; le recul de la classe dans la fragmentation infinie où l’a plongée la contre-révolution et, maintenant, le nouveau processus d’unification qui commence. Il faut tenir compte, pour percevoir au mieux ce dernier, de tous les points de différenciation et voir, dans quelle mesure, ils participent au mouvement total, réel de la vie de la classe tendant à son émancipation et donc à celle de l’humanité. L’unification sera d’autant plus puissante qu’elle sera dépassement à la fois de tous les mouvements particuliers et du mouvement global de la classe dans les années 1919-1923. Il s’agira, dans ce cas, d’en finir de façon positive avec la démocratie et de poser la communauté humaine. Le but immédiat d’Invariance est d’être, dans cette perspective, un point de confluence, comme le furent Rassegna Comunista ou Kommunismus. Confluence n’implique pas éclectisme. Notre position se rattache à celle de la Gauche communiste d’Italie qui, dans la période de négation absolue de la théorie du prolétariat, fut le seul courant à être en mesure de la défendre en sa totalité. Elle n’a pas pu mener sa tâche jusqu’au bout. Mais, cette dernière devra être reprise, de toute part, par la classe ouvrière à l’échelle mondiale. D’un phénomène particulier – lié à la phase de résistance dans une période de recul profond – nous passerons à un phénomène universel : le retour du prolétariat sur des bases de classe.

 

 

 

 

Invariance, série I, n° 7, 1969

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                                          



[*]           Les textes dont il s’agit sont republiés dans les brochures portant le titre : « Textes de la Gauche communiste d’Italie », ainsi que dans le n° Spécial de Mars 1987 (Gauche allemande), enfin d’autres textes paraîtront ultérieurement. [Note de décembre 1991]