D’où vient la Terreur ?

 

 

 



Les défenseurs de ce monde se sont sentis menacés non par  les théorisations révolutionnaires des gens de Tarnac – qu’ils ont utilisées pour justifier la répression - mais par leur mode de vie, leur approche  d’une communauté humaine.  Ceux-ci ont en effet assuré une belle convivialité dans le village où ils vivaient comme le confirment  les gens du pays et des journalistes. Les divers tenanciers du pouvoir, à quelque échelon qu'ils soient, ont eu devant ce fait,  la même réaction que la personne anonyme qui écrivit ceci à Louise Michel:

 

«Je voudrais vous voir attachée à un poteau et vous faire souffrir, mais j’espère bien qu’on vous fera pire que la torture car cela m’est odieux de vous entendre dire que tout le monde peut être heureux»[1].

 

   Cela remet en cause tout ce qu'ils ont vécu pour recouvrir le fait d'avoir dû abandonner toute naturalité, d'avoir dû être domestiqués, réprimés. Cela leur est insupportable que des hommes, des femmes osent vivre ce que, jadis, ils auraient aimé vivre, réactivant la terreur et la menace  qu'ils vécurent du fait de ne pas être acceptés et de devoir se plier à un mécanisme infernal qu'ils réactualisent aujourd’hui en proclamant que ceux de Tarnac les menacent et, pour se justifier, ajoutent qu'ils menacent tout le pays. Mais cette terreur est en eux, et ce n'est pas en la déléguant à d'autres qu'ils pourront résoudre leur immense inquiétude, la hantise de la menace.

 

  Les gens du pouvoir ont toujours essayé de manipuler la terreur afin de chasser ce qui les hante et qu'ils n'atteignent jamais. En dépit des massacres perpétrés au cours de millénaires, ils ne se sont jamais sauvés parce qu'ils ne parvinrent jamais à percevoir que l'ennemi est en eux et, que pour sortir de l'enfermement où ils se trouvent, ils doivent ressentir qu'il n'y a pas d'ennemis.

 

 

Mercredi 04 décembre 2008

 

 

 

 




[1] Lettre anonyme du 01 juillet 1890 à Louise Michel, citée par Françoise Thébaud, Louise Michel en toutes lettres, in «Le Monde», 07 janvier 2000. Le contenu de la remontée de l’anonyme est: ce que j’ai vécu fut pire que la torture.