THÈSES INTRODUCTIVES

"L'histoire ne fait rien, elle ne "possède - pas de richesse énorme", elle ne "livre pas de combats" ! C'est plutôt l'homme, l'homme réel et vivant qui fait et possède tout cela et livre des combats; ce n'est pas  "l’histoire" -comme si elle était un personnage à part - qui se sert de l'homme comme moyen de réaliser ses buts, car elle n'est rien d'autre que l'activité de l'homme poursuivant ses buts."

 

MARX - La Sainte Famille.

1. - On ne trouvera dans ce numéro que des affirmations et aucune démonstration. Celle-ci sera 1'œuvre  des numéros suivants d'Invariance. C'est pour ce1a que nous avons utilisé le mot thèse. Ces thèses sont une prise de positions vis-à-vis de 1a doctrine considérée comme invariante et vis-à-vis de la réalité sociale en devenir qui n'entre pas en contradiction avec la première. Elles sont en même temps délimitation vis-à-vis de tous les courants revendiquant  un marxisme quelconque.

 

2. - Cet ensemble de thèses n'est pas une simple réponse à une situation contingente : celle actuelle οù le programme a été falsifié οu rafistolé. Car c'est encore être sur le terrain adverse que de répondre simplement aux données de l'actualité; c'est de l'immédiatisme. Ι1 faut intégrer la réponse dans le corps de doctrine.

 

3. - Toute étude fondamentale doit poser ses limites dans le temps. Celles de ce travail sont : surgissement de la doctrine prolétarienne (1848), perspective de 1a révolution future dans les années 1975-80. Le raisonnement dialectique se fait entre ces limites. Cependant il est des domaines οù il y a dépassement : études des sociétés pré-capitalistes et description de 1a société communiste.

 

4. - Tout travail de restauration doctrinal, de maintien de la tradition programmatique de la classe, de déchiffrement du futur de celle-ci et, donc, de celui de 1a société humaine, implique, non pas une réaffirmation pure et simple d'un corps de doctrine mais, avant tout, en fonction de celui-ci, dêtre capable d'intégrer le résultat auquel était parvenu la pensée agissante de la classe unifiée dans son parti au moment de sa dernière grande phase révolutionnaire.


5. - Etant donné que l'époque de 1917-28 n'a pas pu accomplir la restauration intégrale de la doctrine, mais que l'effort - avec 1a discontinuirévolutionnaire à laquelle il était lié - fut réabsorbé par le démocratisme ambiant, il est nécessaire de remonter jusqu'au point le plus haut du potentiel théorico-pratique de la classe: 1848.

 

6. - L'histoire présente une suite de discontinuités dues à 1'interventtion des classes. Ce sont elles qui coupent les nœuds  gordiens et résolvent les énigmes. Les continuités interdiaires ne sont qu'écoulement d'un contenu affirmé au moment des éruptions sociales.

 

7. - L'œuvre  théorique vise donc à comprendre de façon totale 1a base sur laquelle s'est manifestée la classe en tant que classe et donc la base sur laquelle elle se manifestera demain. C'est par cette œuvre que le parti formel, puis les quelques éléments demeurés fidèles à la ligne de classe, peuvent être le lien entre les différentes époques et participer au parti historique: 1a véritable Gemeinwesen du -prolétariat.

 

8. - Comprendre à quel niveau do conscience le prolétariat se manifestera dans 1a prochaine révolution, c'est se lier déjà matériellement à 1a révolution future. Cela implique de lutter contre les obstacles actuels à sa manifestation; c'est individualiser le devenir initial des fausses directions qui demain tenteront de dévier le flot révolutionnaire.

 

9. - En période de contre-révolution totale, comme d'ailleurs en période de rupture de la phase de colle-ci, seule 1a pensée réflexive, ayant pour base médiatrice le programme de la classe ouvrière permet de retrouver l’action véritable du passé et de voir celle de l'avenir. Par 1à elle est potentiellement un réel dépassement, parce qu'elle ne se borné pas à être un élément du contenu s'épuisant entre deux phases révolutionnaire. Cette pensée n'est pas "une passion de la tête " mais "la tête de la passion". Son objet est 1a lutte contre toutes les influences de 1a société capitaliste. Son but est 1a description de la discontinuité effective future (la révolution), celle de 1a société communiste qui lui succède et la mise en évidence de la façon dont le mouvement réel prépare cette discontinui (volution).

 

10. - La réflexion peut concevoir, comprendre, expliquer les discontinuités, elle ne peut les créer; seule l'action de la classe peut le faire. Cependant celle-ci ne peut effectuer ces ruptures que si elle se constitue en tant que classe, donc en parti. Elle devient alors un être qui a une pensée collective et un programme.

 

11. - Le programme n'est pas notre propriété privée. Nous devons le transmettre inaltéré aux générations montantes et nous pensons justement (à 1'échelle mondiale) qu'elles n'ont pas rigoureusement besoin de notre moyen terme pour accéder à sa comphension. Elles y parviendront en grande partie par elles-mêmes. Notre ferme maintien sur la ligne historique permettra, au moment οù 1a société sera révolutionnée, d'accélérer 1e processus d'intégration programmatique. La réformation du parti est la tache de millions et millions d’hommes.