CAPITAL ET GEMEINWESEN

 

 

IV - TRAVAIL PRODUCTIF ET IMPRODUCTIF

 

 

 

Nous avons vu que pour qu'il y ait capital, il faut qu'il y ait échange d'argent contre une valeur d'usage particulière; une valeur d'usage vis-à-vis de laquelle il ne peut y avoir indifférence: c'est la force de travail. Car au cours du procès de production, elle νa être consommée productivement et engendrer la plus-value. Comment se présente donc le travail au cours des différentes périodes de domination du capital. Ι1 faut donc aborder la question du travail productif et improductif. K. Marx 1'a fait dans la V° section du premier livre du Capital, dont nous avons déja parlé. Ι1 y est simplement donné une définition et affirmé que la notion de travail productif a une autre signification lorsque le capital est pleinement développé (c'est-à-dire en domination réelle; ce qui montre que la périodisation du VIèmeChapitre soustend en fait tout le premier livre). La question est amplement traitée dans le VChapitre ainsi que dans le livre IV, lorsqu'il est question d'A. Smith ainsi que de ses adeptes et contradicteurs qui les premiers posèrent le problème. Enfin, on trouve dans l'appendice qui figure dans le tome 2 de l'Histoire des doctrines économiques (Ed. Costes), un exposé presque en tout points identiques à celui du VIème Chapitre sous le titre «L'idée du travail productif ». Nous indiquerons brièvement les points essentiels.

 

A. - Travail productif et improductif en domination formelle.

 

 

Il ne faut pas se laisser leurrer par la forme salariale. Ce n'est pas parce qu'un homme touche un salaire qu'il est - pour le capital - un travailleur productif. En effet, un travailleur est productif lorsque son «travail s'objective immédiatement pendant le procès de production en tant que grandeur de valeur fluide» (VIème, p. 227). Ι1 permet un procès de valorisation et donc le cycle A-M-A' Le travail improductif est un service; ce qui intéresse, dans ce cas, c'est la «valeur d'usage particulière du travail pour autant qu'il est utile comme activité et non en tant qu'objet». (ibid.). Le travail est alors « acheté pour sa valeur d'usage et non pour sa valeur d'échange». Autrement dit, le travail productif est celui qui s'échange contre de l'argent en tant que capital et de ce fait, il produit de la plus-value, le travail improductif est celui qui s'échange contre de l'argent en tant qu'argent ». (ibid.).

 

«Avec le développement de la production capitaliste, tous 1es services se transforment en travail salarié et tous ceux qui les exercent en travailleurs salariés» (Idem). Ι1 en est ainsi parce que le capital tend à s'assujettir toutes les valeurs d'usage et, tout ce qui était pour l'homme doit devenir pour le capital. C'est alors la période de domination réelle du capital. De là, deux autres caractéristiques du travail productif:

 

1) «L'expression: le travail productif est celui qui s'échange immédiatement contre du capital englobe tous ces moments et n'est qu'une formule dérivée de 1a suivante: c'est le travail qui transforme l'argent en capital, qui s'échange contre les conditions de production en tant que capital, qui ne se comporte en aucun cas en tant que simple travail, vis-à-vis d'elles, en tant que simples conditions de production, sans, dans les deux cas, une détermίnisociale spécifique. » (L. IV t. 2, p.198).

 

2) «On peut donc dire que la caractéristique des ouvriers productifs, c'est-à-dire des ouvriers produisant du capital, c'est que leur travail se réalise en marchandises (produits du travail), en richesse matérielle». (L. IV, t. 2, p. 211).

 

Enfin il est des secteurs de l'activité humaine où le capitalisme n'arrive pas à s'implanter et où donc la notion de travail productif n'a pas de sens. L'exposé de la question se termine dans le VIème Chapitre comme dans l'Appendice sus-indiqué par une même remarque: «Nous n'avons affaire ici qu'au capital productif, c'est-à-dire au capital directement occupé dans le procès de production immédίat. Nous nous occuperons plus loin du capital dans le prorès de circulation. Et c'est seulement plus tard, au sujet de la forme particulière que prend le capital en tant que capital marchand (merkanles) qu'on pourra répondre à la question jusququel point les ouvriers qu'il occupe sont-ils productifs οu improductifs? (L. IV, t. 2, p. 215).

 

Que devient donc le travail lorsque le capital s'aιιtonomise, donc qu'il tend à se libérer de plus en plus de la valeur d'usage qui est le fondement de son être, puisqu'elle permet la valorisation: la force de travail? Pour pouvoir répondre à cette question, il nous faut analyser auparavant quelle est la- tendance générale du capitalisme vis-à-vis des prolétaires. C'est ce que K. Marx analysé dans le VIème chapitre, dans 1a rubrique: «produit brut et produit net ».

 

 

Β. - Produit brut et produit net.

 

 

Ι1 faut remarquer que:« Parallèlement à l'augmentation relative du produit net (plus-value n.d.r:) l'idéal suprême de 1a production capitaliste est de diminuer le plus possible le nombre de ceux qui vivent du salaire (ici les travailleurs productifs n.d.r.), et d'augmenter le plus possible le nombre de ceux qui vivent du produit net ». (VIème Chapitre, p. 245).

 

Ceci est en parfaite concordance avec ce qui a été dit au sujet de la dévalorisation et de l'autonomisation. C'est en même temps une réfutation de tous ceux qui déclarent que la diminution relative οu même absolue, constatée dans certaines zones (Etats-Unίs, par exemple), du nombre des prolétaires est une infirmation du marxisme. Mais ce que nous venons de citer n'est pas une remarque isolée, sans conséquence. Car, dans le Livre IV, tome 5, dans le chapitre « Mélanges », K. Marx arrive à la même conclusion lors de son analyse des contradictions du capital dans sa relation au travail. «Deux tendances s'entrecroisent sans cesse: celle d'employer le moins de travail possible pour produire autant ou plus de marchandises, de produit net, plus-value, revenu net, et celle d'employer le plus grand nombre d'ouvriers possible (bien que le moins possible en rapport au quantum de marchandises produit par eux), parce que pour un certain degré de la force productive, la masse de 1a plus-value et du surproduit augmente avec celle du travail employé.» (ibid., p. 161).

 

Voici donc 1a même affirmation que dans le VIème chapitre, mais, ici, K. Marx ajoute:

«La première tendance jette l'ouvrier sur le pavé et crée de la surpopulation; l'autre réabsorbe ces ouvriers et ne cesse d'élargir le salariat, si bien que l'ouvrier balloté sans cesse, né peut jamais sortir de sa misérable condition. C'est pourquoi l'ouvrier considère avec raison que le développement des forces productives de son propre travail lui est hostile, tandis que le capitaliste le traite comme un élément à éloigner constament de 1a production. Voilà les contradictions dans lesquelles se débat Ricardo dans ce chapitre. Ce qu'il oublie de mettre en évidence, c'est l'augmentation continuelle des classes moyennes qui se tenant au milieu entre les ouvriers d'un côté, les capitalistes et les propriétaires fonciers de l'autre et vivant, dans une proportion croissante, d'une grande partie du revenu, pèsent comme un fardeau sur 1a classe travailleuse et accroissent la puissance et la sécurité sociale des dix mille éléments les plus aisés ». (ibid., ρ: 161). K. Marx précise donc qui est le sujet de la consommation du revenu net dont il a été question plus haut. Ι1 s'agit de déterminer maintenant quelles sont ces classes moyennes et selon quelles modalités elles consomment 1a plus-value.

 

Les classes moyennes, voilà encore une pierre d'achoppement pour l'opportunisme. Le marxisme serait faux, â cause non seulement de leur existence, mais, surtout, en vertu de leur accroissement. K. Marx aurait tout simplement proclamé que 1a société capitaliste verrait leur disparition et ne serait plus formée que de capitalistes et de prolétaires. Or, tout cela, comme les deux citations précédentes le prouvent, est un tissu d'erreurs mensongères. Nous allons rétablir les véritables affirmations marxistes.

 

 

a) Disparition du capitaliste en tant que personnage.

 

 

K. Marx a expliqué la disparition, au sein de la société bourgeoise, de certains individus qui en étaient pourtant des défenseurs acharnés: les capitalistes individuels. «D'une part, le simple propriétaire de capital, le capitaliste financier, s'oppose au capitaliste actif et le capital financier lui-même, avec l'extension du crédit, revêt un caractère social concentré dans les banques qui lui prêtent désormais au lieu et place de ses propriétaires immédiats; d'autre part le simple directeur qui n'est à aucun titre possesseur de capital, ni comme emprunteur, ni autrement, remplit toutes les fonctions effectives que nécessite le capital actif en tant que tel; il s'ensuit que seul le fonctionnaire demeure, le capitaliste disparaît du procès de production comme superflu ». (Livre III, tome 7, pages 52-53).

 

Ι1 y a de plus en plus tendance à l'apparition de gens se caractérisant non par la possession directe d'un capital, mais par la détention de droits sur l'exploitation du travail d'autrui, exploitation opérée par le capital social. C'est pourquoi ils doivent rer au mieux la production afin d'avoir toupours la possibilité de s'approprier une partie de la plus-value. C’est ce que l’on appelle, par exemple, à l’heure actuelle, les technocrates[1]

 

 

b) Quelles sont les classes moyennes qui disparaissent?

 

Pour répondre à cela, il est nécessaire de revenir à notre formule qui indique le mouvement du capital de A en A':

 

 

et de voir à travers elle les caractéristiques du capitalisme et ses tendances en fonction du sujet qui nous inresse.

 

1.     A Μ (ν)

 

Le capital se présente tout d'abord comme diminuant le gaspillage de temps de travail, puisqu'il rassemble les producteurs autrefois dispersés (coopération). Ι1 élimine, d'autre part, le marchand qui allait prendre la production de ces derniers et la vendre sur le marché. Le capital s'incorpore le commerce et devient capital commercial.

 

Dans l'agriculture, il exproprie les petits paysans parcellaires qui sont remplacés soit par des salariés travaillant sur de grandes exploitations agricoles, soit par les fermiers exploitant intensivement une parcelle de dimension moyenne. Cette expropriation rencontre de nombreux freins mais dans tous les cas, il y a une diminution absolue de la population agricole.

 

2.       M' A'


Ι1 élimine les artisans dans 1a mesure où ceux-ci lui faisaient concurrence, car l'artisanat peut ressurgir sur une base capitaliste, tout comme le travail à domicile.

 

Et, comme c'était inclus dans le premier point, il évince les petits commerçants au fur et à mesure de l'accroissement de la concentration.

 

Ainsi, les antiques classes moyennes, reliquats de modes de production anrieurs, son détruites parce qu'elles étaient un obstacle à la valorisation du capital. Au cours de son développement, le mode capitaliste de production devient, par suite de leur élimination, de plus en plus pur. Nous avons, en fonction de cela, défini un indice de pureté du capitalisme (Réunion d'Asti, 1954) [2]

 

 

C. - Les classes moyennes, produits du capital.

 

 

La tendance du capitalisme est de remplacer les ouvriers par des machines, ce faisant, il augmente la productivi du travail et donc, l'échelle de 1a production. D'autre part, tout produit contient de plus en plus de plus-value, du travail non-payé. Comment va-t-elle se réaliser? Ce problème a été confondu avec celui de sa création. D'où 1a remarque de K. Marx dans le Livre Ier du Capital : « Les défenseurs conquents de cette illusion, à savoir que la plus-value provient d'une sulévation nominale des prix, ou du privilège qu'aurait le vendeur de vendre trop cher sa marchandise, sont donc forcés d'admettre une classe qui achète toujours et ne vend jamais, ou qui consomme sans produire. Au point de vue où nous sommes arrivés, celui de la circulation simple, l'existence d'une pareille classe est encore inexplicable.»[3](Tome Ι, page 165). K. Marx affirme donc que sur la base de 1a circulation simple elle ne peut pas apparaître, mais il ne nie pas qu'elle puisse se développer. D'autre part, elle n'aura pas le rôle que lui voudraient ses apologistes. Enfin, une considération d'ordre méthodologique nous permettra, en outre, de saisir le surgissement d'une telle couche d'hommes. « La consommation est immédiatement, aussi, production, comme dans 1a nature, 1a consommation des éléments et des substances chimiques est production de la plante. » (Introduction de 1857, in Fondements, t. 1, ρ. 19) K. Marx indique plus loin: « La production est consommation; la consommation est production. Production consommatrice. Consommation productive. Les économistes les appellent toutes deux consommation productive. Mais ils font encore une différence. La première figure en tant que production; la seconde en tant que consommation productive. Toutes les recherches sur la première sont des recherches au sujet du travail productif et du travail ίmproductif; les recherches sur la seconde portent sur la consommation productive et improductive.» (Ibid., p. 21).

 

Nous avons analysé le travail productif et improductif (avec la restriction indiquée plus haut) de même que la consommation productive: l'utilisation de la force de travail (donc le rôle du prolétariat à l'échelle sociale, dans le procès de production du capital); il nous reste donc à voir 1a consommation improductive. Les classes moyennes sont le sujet de celle-ci. En effet, la plus-value qui existe sous forme de marchandises doit se transformer en argent, il faut qu'elle soit consommée. Qui peut le faire? Ce ne peut-être le cas des capitalistes, s'il en était ainsi, nous l'avons vu, ce serait la production pour 1a jouissance, l'inexistence du capital donc. Cela ne peut pas être non plus le cas du prolétariat. Si les prolétaires consommaient la totalide 1a plus-value, ce serait 1a négation du salariat. Reste le cas d'une couche d'hommes qui seraient consommateurs improductifs. Ι1 faut qu'ils aient ce caractère, car s'ils produisaient quoi que ce soit, ils entreraient en concurrence avec la production spécifiquement capitaliste. On voit ainsi que ces classes ne peuvent plus être les antiques couches sociales dont nous avons parlé, puisqu'elles doivent être liées au capital de la manière suivante: elles doivent permettre la réalisation de son incrément, celle de la plus-value.

 

K. Marx aborda cette question danL'Histoire des Doctrines Économiques, lorsqu'il traita de Th. Malthus, dans le Chapitre: «Surproduction et surconsommation ». Comme dans le Second Livre du Capital, il envisage les deux section: 1) celle produisant les moyens de production; 2) celle produisant les biens de consommation. Ι1 considère de même des sous-sections telle que celle qui produit les moyens de production pour fabriquer les produits de luxe et celle produisant ces objets de luxe.

 

Après avoir analysé en détail les échanges entre ces différentes sections, il écrit: « Ι1 est difficile de comprendre comment un profit peut ainsi surgir puisque les échangistes se vendent réciproquement leurs marchandises à un taux supérieur, qu'ils se dupent dans le même rapport.

 

On remédierait à cette anomalie si, outre l'échange entre les diverses classes capitalistes, survenait encore une troisième classe d'acheteurs, un deus ex-machina; une classe qui paierait les marchandises à leur valeur nominale, mais sans, de son côté, les revendre, sans recommencer 1a plaisanterie; une classe qui parcourait le cycle A-Μ mais non le cycle A-Μ-A, non pour remplacer avec profit son capital, mais pour consommer les marchandises, une classe qui achèterait sans vendre. Dans ce cas les capitalistes ne réaliseraient aucun profit en échangeant leurs marchandises entre eux, mais ils le réaliseraient: 1°) par l'échange avec les ouvriers en leur revendant pour la somme que leur a coûté le produit total (déduction faite du capital constant), une partie seulement de ce produit total; 2°) grâce à la portion de subsistances aussi bien que d'articles de luxe vendue à la troisième sorte d'acheteurs. Ceux-ci payant 110 pour 100, sans revendre 100 pour 110, il y aurait en réalité et non seulement nominalement réalisation d'un profit de 10%. Le profit se réaliserait doublement en revendant le moins possible du produit total aux ouvriers et en vendant le plus possible à 1a troisième classe qui paie en argent comptant, sans vendre elle-même, achète pour consommer.

 

Mais des acheteurs qui ne sont pas en même temps des vendeurs doivent être des consommateurs qui ne sont pas en même temps des producteurs - des consommateurs improductifs - et c'est préciment cette classe de consommateurs improductifs qui, chez Malthus, solutionne le conflit. » (Livre IV, t. 6, pp. 76-77).

 

C'est 1a classe dont parlait K. Marx qui ne peut se manifester qu'à partir du moment où le capital s'est réellement développé; elle est donc impossible sur la base de 1a production simple des marchandises, ou bien, ce serait une classe de parasites du capital,et non une classe permettant 1a réalisation de 1a plus- value. C'est ,ce que nous allons voir.

 

Tout d'abord, K. Marx caractérise cette classe de façon plus précίse: « Mais il faut, en outre, que les consommateurs improductifs soient des consommateur solvables et constituent une réelle demande: il faut que les sommes (Wertsummen) qu'ils possèdent et qu'ils pensent annuellement suffisent à payer non seulement la valeur de 1a production des marchandises qu'ils achètent et consomment, mais encore l'augmentation nominale du profit, la plusvalue la différence entre 1a valeur de vente et la valeur de production: Dans 1a sociétét, cette classe représentera la consommation pour 1a consommation, comme 1a classe capitaliste représente la production pour la production; l'une incarne la « passion de la dépense », l'autre la « passion de l'accumulation » (p. 77).

 

A ce stade de la démonstration, K. Marx n'affirme pas encore que cette classe existe, qu'elle a effectivement un rôle à jouer. Ι1 demeure au stade de la réfutation de Th. Malthus, car, nous l'avons dit, cette classe ne peut qu'être produite par le capital, et non léguée par le mode de production antérieur. Nous voyons seulement, pour 1e moment, se manifester sa nécessité. « Nous avons donc, d'une part la classe ouvrière qui d'après le principe du peuplement, et parce que toujours trop nombreuse, proportionnellement aux subsistances qui lui sont destinées, constitue la surpopulation par sousproduction, puis la classe capitaliste qui, d'après le même principe, est toujours capable de revendre aux ouvriers leurs propres produits à des prix tels qu'ils ne peuvent acquérir que juste assez pour ne pas mourir de faim [4], ensuite, l'énorme catégorie des parasites et des frelons jouisseurs, maîtres et valets, qui s'approprient gratuitement sous l'appellation de rente ou d'autres titres, une masse considérable de la richesse, tout en payant ces marchandises au-dessus de leur valeur avec l'argent enlevé aux mêmes capitalistes; et la classe capitaliste, poussée à 1a production, représente l'accumulation, tandis que les improductifs ne représentent au point de vue économiqque, que le simple instinct de 1a consommation, du gaspillage ». (Livre IV, t. 6, pp. 80-81).

Voilà donc ce que veut Th. Malthus! Mais une classe de ce type produite par le développement du capital, une classe qui ne fixe pas la valeur (puisqu'en prenant la rente, par exemple, les composants de cette classe entraveraient le mouvement de valorisation du capital. C'est d'ailleurs pour cela que les capitalistes ont lutté contre les propriétaires fonciers) mais qui permette au contraire son mouvement en lui facilitant sa métamorphose de marchandise en argent, n'existe-elle pas en société capitaliste? Nous approchons de 1a solution, lorsque K. Marx fait un parallèle entre D. Ricardo et Th. Malthus, en mettant en évidence deux aspects complémentaires et contradictoires du capitalisme (il indique en même temps ce que Th. Malthus apporte de réalidans l'exposé). « Ricardo est le représentant de la production bourgeoise dans la mesure où, sans 1e moindre égard, elle signifie le développement effréné des forces productives sociales, quel que doive être le sort des producteurs capitalistes ou ouvriers. Ι1 a maintenu le droit historique et la nécesside ce degré du développement. Autant ί1 manque de sens historique quand il s'agit du passé, autant i1 en montre pour son époque. Malthus, lui aussi, veut le développement aussi libre que possible de la production capitaliste, dans 1a mesure où la misère des classes ouvrières, celles qui assurent cette production, en est la seule condition: mais il demande que cette production s'adapte en même temps aux besoins de consommation de l'aristocratie et de tout ce qui 1a complète dans l'Église et l'État, (sa classe de consommateurs improductifs chargée de résorber la surprodution! n.d.r.) qu'elle serve de base matérielle aux prétentions surannées de ceux qui représentent les intérêts légués par la féodalité et la monarchie absolue. Malthus veut la production bourgeoise dans 1a mesure où elle n'est pas révolutionnaire, ne constitue pas un moment historique mais crée simplement une base matérielle plus large et plus commode pour l'ancienne société» (ρ. 79-80). Voila donc son aspect réactionnaire. «Mais dans 1a mesure où il décrit un mouvement réel, il a un inrêt, car cette surproduction existe, et la nécessité de cette classe se fait sentir au fur et à mesure du développement du capitalisme». (C'est nous qui soulignons, n.d.r.). Ainsi, c'est la surproduction croissante (niée par Th. Ricardo) avec le devenir du capital qui crée une classe surnuméraire. Elle représente l'aspect subjectif du gaspillage social qui s'exprime objectivement par l'existence d'une quanti énorme de marchandises inutiles.

 

K. Marx ajoute: «Nous avons vu combien Malthus est puéril, faible, trivial et vide, quand, appuyé sur le côté faible d'A. Smith, il essaie d'édifier une théorie opposée à celle que Ricardo avait construite en s'appuyant sur le côté fort d'A. Smith. Son traité de la valeur nous montre probablement le comble des efforts que peut faire l'impuissance. Mais, dès qu'il arrive aux conséquences pratiques et qu'il se retrouve sur le terrain économique, (...) il est absolument dans son élément. Il ne peut cependant renoncer à son vice inné, le plagiat ». (L. IV, t. 6, ρ. 81). K. Marx le prouve ensuite en citant et commentant des œuvres de Sismondi. Cela est inressant pour montrer que la question n'est donc pas actuelle et que K. Marx lui avait accordé (comme ses prédécesseurs) une grande importance. Th. Malthus envisage donc de façon correcte les conséquences du système capitaliste, du procès de valorisation toujours poussé à l'extrème. Le capital s'il ne veut pas que la valeur se fixe et que la valorisation soit enrayée, doit réaliser une augmentation de la surface d'échange sur laquelle pourra se faire la métamorphose de la valeur, de ce fait, il faut qu'il y ait multiplication des individus ne produisant pas, mais consommant. Pour Th. Malthus, c'est une occasion de défendre l'existence d'une classe léguée par un mode de production anrieur. C'est pourquoi il est réactionnaire. Mais, encore une fois, cela n'empèche pas que les bases pour 1'existence d'une telle classe se vérifient. « Son plus grand espoir (de Th. Malthus, n.d.r.) il voit du reste lui-même plus ou moins d'utopie[5], c'est que la classe moyenne grandisse sans cesse et que le prolétariat (la classe travailleuse), malgré son accroissement absolu, constitue une portion toujours moindre par rapport à la population totale. C'est en effet la marche de la sociétét bourgeoise.» (ibid, p. 93).

 

K. Marx affirme ici tout le contraire de ce que ses adversaires présentent comme étant sa position: l'accroissement de la classe moyenne. Seulement la question théorique délicate n'était pas tant la mise en évidence de celle-ci, puisque l'observation permettait de l'individualiser, que l'explication de son rôle dans 1a société.

 

Le point de départ de 1a polémique Th. Malthus-D. Ricardo était celui de savoir s'il pouvait y avoir ou non surproduction dans la société capitaliste. Th. Malthus l'affirmait, et K. Marx est d'accord avec lui. Mais 1a surproduction existe non pas parce qu'il y a sous-consommation de la part des ouvriers comme l'affirment beaucoup, puisque cette sous-consommation est déjà incluse dans les caractéristiques du travail salarié, (Cf. Le Capital, Livre Trois, t. 6, pp. 262 et 269-70). Ι1 y a surproduction parce qu'il y a production en vue de 1a production et non en vue de 1a consommation de qui que ce soit. La production est production de plus-value. Les marchandises ne sont que les vecteurs de celle-ci et n'ont d'inrêt que dans la mesure où elles gardent ce caractère dans le procès total du capital. Dans ce cas, on peut parler de consommation, mais par le capital. À 1'origine du capitalisme, ce phénomène n'apparaissait que faiblement parce que les fondements de la nouvelle société n'étaient pas encore assurés. Ainsi, le développement du capital fixe, qui peut absorber une grande partie de la surproduction, était à son début. Mais, à partir du moment où celui-ci domine la société, la surproduction se manifeste de façon chronique et se pose, alors, la nécessité d'une classe d'hommes consommant sans produire. Seulement, il ne s'agit pas de n'importe quelle consommation; il faut qu'elle soit utile au capital et non pas, comme le voulait Th. Malthus, qu'elle satisfasse une foule de parasites légués par la société anrieure. Elle νa se faire par l'intermédiaire du travail salarié, qui est un des fondements du capitalisme. Pour comprendre cela, ί1 nous faut individualiser de façon plus précise les bases sur lesquelles cette classe se manifeste.

 

1. - Les classes moyennes - parce que situées entre prolétariat et capital - sont les représentants vivants du surtravail social. Cette affirmation découle de l'analyse théorique de la plus-value: « Lorsque la productivité sociale du travail est peu développée, que le surtravail est donc relativement petit, la classe des individus vivant du travail d'autrui sera peu nombreuse par rapport à la totalides ouvriers. Elle peut s'accroître dans des proportions consirables avec le développement de la productivité, de la plus-value relative ». (Livre IV, t. 3, p. 155) [6]. Plus les forces productives sociales s'accroissent, plus augmente la plus-value relative et donc 1a quanti des individus qui vivent à ses dépens. Dans le capitalisme, cette couche d'hommes ne semble pas, - prima facie - intervenir par suite de la mystification du capital.

 

2. - L'existence de ces classes est liée à 1a diminution du temps de travail nécessaire qui s'exprime corrélativement par celle du nombre des producteurs. Ceci, on 1'a déjà vu a un aspect contradictoire: « Le capital est lui-même la contradiction en procès puisqu'il ne la réduction à un minimum du temps de travail tandis qu'il pose, par ailleurs, le temps de travail comme la seule mesure et seule source de la richesse. Ι1 diminue donc le temps de travail sous sa forme nécessaire pour l'accroître sous sa forme de surplus; dans une proportion croissante, il pose donc le surtravail comme la condition - question de vie ou de mort - du travail nécessaire ». (Fondements, t. 2, p. 222). L'ouvrier ne peut prétendre à un salaire, c'est-à-dire au minimum qui lui est nécessaire pour entretenir sa vie matérielle, qu'à 1a condition de fournir le maximum de sur-travail. Or, en diminuant toujours plus le temps de travail nécessaire à la production de tous les produits, le capital crée du temps disponible. Mais il est évident qu'à la limite, ce serait sa propre négation, puisque il n'y aurait plus de possibilide valorisation parce que plus besoin de travail vivant. « Mais sa tendance est toujours de. créer du travail disponible d'un côté et de le transfor­rrιer en surtravail de l'autre. S'il réussit trop bien à créer du temps disponible, il souffre de surproduction; et le temps nécessaire est interrompu parce que le capital ne peut plus valoriser aucun surtravail ». (Ibid, pp.225-226). En d'autres termes, la tendance du capitalisme est de réduire le prolétaire dans une pendance telle que le maximum de son activité se réalise en surtravail. Malgré ce, il arrive que le capital le trouve encore superflu. L'ouvrier est chassé de la production. Ιl faut alors, pour ce capital variable libéré, trouver de nouvelles branches de production, non seulement pour lui soustraire de la plus-value, mais aussi pour l'empécher de se révolter. Le capital se trouve obligé de créer des industries artificielles afin d'assurer un procès de production. «La tendance du capital est de soustraire à chaque industrie son fondement naturel, de transférer des conditions de production en dehors de celui-ci, dans un ensemble de rapports, avec la transformatίon de ce qui apparaissait superflu en quelque chose de nécessaire, affecté d'une nécessiproduite historiquement. » (Fondement, t. 2, p. 19). C'est ainsί que le capital s'annexe un très grand nombre de branches de production qui aupauavant étaient de luxe et non régies par lui. Seulement, 1à encore, la loi de réduction au minimum du temps de travail nécessaire νa s'accompagner d'une liration des travailleurs. Ce sont ces éléments qui pourront être utilisés par une autre grande fonction du capital: la circulation.

 

3. - L'augmentation du temps de circulation, donc de la période de réalisation de la valeur est une autre base favorisant le surgissement des classes moyennes. En effet, ceci se présente sous deux aspects: augmentaton du nombre des marchandises capital, et augmentation du nombre d'hommes dont l'activité est de permettre la transformation, la métamorphose du capital de la forme marchandise en 1a forme argent.

 

(a) Le capital produit une telle quantité de marchandises qu'elles encombrent le marché. De ce fait, parallèlement, augmentation de la concurrence pour les faire consommer. D'où l'accroissement des points de vente, des circuits de distribution qui doivent faire connaître la marchandise. D'autre part, développement énorme de la publicité qui prend, dans les investissements, le relai du capital fixe en tant que moyen d'enlever au prolétariat une partie du produit. On a le gaspillage d'une fraction de capital afin de faire circuler l'autre (comme K. Marx l'indiquait, d'ailleurs dans le passage cité à propos de la protection de l'autonomie de la valeur d'échange). Le capital s'est assujetti la science pour l'incorporer dans le procès de production; il en fait autant de l'art pour l'incorporer dans le procès de circulation. Toutes les formes artistiques sont utilisées pour faire circuler le capital. C'est l'expression même de Ι'inessentialité de ces productions. Tous les hommes adonnés à ces activité vivent donc de la circulation de la plus-value. Ils touchent un salaire d'autant plus élevé que la situation économique est plus prospère.

 

(b) Pour accomplir les multiples fonctions de son procès total, le capital a besoin d'un appareil qui rentre dans les faux-frais de la production: la comptabilité, le système bancaire, une grande fraction du service des Postes, etc... Nous avons tout ce que l'on appelle aujourd'hui le secteur tertiaire. Une grande partie des hommes qui s'y trouvent et qui sont des salariés, sont surexploités parce que le capital ne peut pas laisser s'immobiliser une trop grande partie de la plus-value. Ce serait encore une expression de la jouissance pour l'homme, si la plus-value en sa totalité pouvait être pâture d'une couche sociale. Le capital demande pour un temps de travail nécessaire donné, le maximum de surtravail; ce n'est qu'à cette condition que la plus-value ne se fixe pas. Le mode selon lequel leur salaire est payé est déjà une indication de cette nécessité: elle s'effectue par le compte chèque postal. Par ce système, on tend à ce que peu d'argent soit retiré à la fois. Le contraire pourrait provoquer des troublés dans 1a circulation monétaire épiphénomène de la circulation dé la valeur et donc de la plus-value. On remplace les entrées et sorties d'argent par des opérations d'écriture, ce qui permet à celui-ci de rester sous forme de capital, à la disposition de l`État, et donc; des capitalistes:

 

Arrivé à un certain stade de développement, le capital ne peut plus se permettre une telle fixation partielle de valeur [7], et i1 remplace les hommes par les machines, augmentant à nouveau le travail disponible. Mais c'est comme toujours pour mieux accaparer du sur-travail en augmentant la dépendance des hommes vis-à-vis de lui et en favorisant la concurence entre eux. Tout comme il s'était formé dans l'industrie une armée de réserve, il s'en constitue une, actuellement, dans ce secteur. En période de prospérité, un nombre croissant d'hommes peut avoir un emploi; avec la crise, ceux-ci tombent dans le chômage: ce sont des marchandises qui n'ont plus cours. D'autre part, la tendance du capital à réduire le travail complexe au travail simple se vérifie à nouveau à ce stade. Le développement de 1a cybernétique est en tout point comparable à celui de la machine. Ι1 y eut dans les deux cas: 1) intense division du travail et augmentation de la population; 2) étude des mouvements élémentaires auxquels étaient réduits les hommes; 3) production de machines capables de les exécuter et même de les intégrer dans un tout plus vaste. L'origine sociale de la cybernétique est donc 1a même que celle de 1a machine [8].

 

 

D. Théorie des besoins et des loisirs

 

 

L'augmentation de la productivité du travail s'est traduite par l'augmentation du temps disponible, mais aussi par celle toujours plus importante de la masse des produits engendrés. Ce temps de travail social disponible a été absorpar les besoins de la circu­lation du capital. Mais, à son tour, dans ce domaine, il y a eu production de temps disponible, de telle sorte que toujours deux problèmes se posent: 1) comment consommer tous ces produits; 2) comment utiliser le temps disponible. Cela veut dire que le capital régénère perpétuellement les couches sociales qui vivent de 1a circulation de 1a plus-value. Elles s'accroissent même au cours de ce processus. Ces deux éléments ont engendré deux théories complémentaires: celle des besoins et celle des loisirs.

 

Elles semblent toutes deux en contradiction avec les exigences du capital. En effet, celui-ci apparaît, comme nous l'avons indiqué, en proclamant l'abstinence et le travail forcé. Cela correspondait à la période il avait encore à se former, à assurer sa domination. Ι1 fallait sacrifier la valeur d'usage afin d'avoir la valorisation la plus grande possible [9]. Actuellement, la production en est arrivée au point suivant: la quanti de valeurs est telle qu'elle inhibe les nouveaux mouvements de valorisation; la masse des marchandises est telle que se pose la consommation à tout prix pour permettre la valorisation.

 

Les adeptes de 1a théorie des besoins la justifient en proclamant qu'ils ont en vue la jouissance de l'homme. C'est en fait une doctrine du capital. En effet, les objets proposés à la consommation humaine sont de moins en moins nécessaires à l'espèce parce que artificiels ou nocifs, tandis que ceux qui sont réellement nécessaires sont de plus en plus chers. Le capitalisme sort de 1a sphère de 1a satisfaction des besoins matériels de l'homme: « À notre époque, le superflu est plus facile à produire que le nécessaire. » (Mire de la Philosophie, ED. Sociales, p.53). Ceci est logique puisque le capital est la négation du temps de travail nécessaire, donc de ce temps de travail au cours duquel le prolétaire produit pour remplacer la valeur qui représente son salaire.

 

C'est parmi les classes moyennes que l'on trouve les plus ardents défenseurs de cette théorie. C'est pourquoi, corrélativement, ils demandent une planification démocratique, c'est-à-dire une plus grande partie de la plus-value sociale afin de satisfaire à leurs besoins. Ces classes vivant de la réalisation de la plus-value manifestent ainsi leur réalité en réclamant un partage qui leur soit plus favorable. En ce sens, les adeptes de cette théorie son des malthusiens. Comme Th. Malthus, ils veulent que la production bourgeoise assure une « base plus large et plus commode à leurs classes ». Ils polémiquent avec les défenseurs de la production capitaliste intégrale qui veulent, eux, que la plus-value soit utilisée pour produire à nouveau de la plus-value et qui savent bien que si on enraye ce mouvement, on met en cause tout le système. Ils sont partisans, en conséquence, de l'utiliser dans les branches de production où la consommation est directe, où la circulation est réduite à zéro: l'industrie de guerre. D'où tous les anathèmes lancés par les porte-parole des classes moyennes contre 1l course aux armements, les diverses forces de frappe.

 

Nos malthusiens modernes ne s'attaquent jamais au rapport capitaliste fondametnal: le salariat. Ils veulent la production bourgeoise sans les graves conséquences qu'elle implique et qui conduisent à 1a crise, substrat de la révolution. Ce sont les valets de la réaction, même s'ils s'élèvent, s'ils murmurent contre le pouvoir du capital. Ils voudraient embrigader le prolétariat dans cette veule contestation. Ils trouvent, il est vrai, une base à leur manœuvre: une apparente similitude de situation devant le capital, prolétaires et hommes des classes moyennes sont tous des salariés. Ils ont enfin, devant 1a surproduction, la même attitude que Th. Μa1thus. Celui-ci disait que pour la résoudre, il fallait une classe d'oisifs; eux, considèrent le développement de la population comme la panacée. Ι1 faut plus d'hommes pour consommer les surplus agricoles, par exemple.

 

Mais le capital n'a cure de leurs remarques. De même qu'il a éliminé les antiques classes moyennes, il n'hésitera pas à sacrifier les nouvelles à son procès de valorisation et à la garantie de 1'autonomisatίon de celui-ci. En effet, en dernier ressort, il règle les problèmes comme nous l'avons vu dans la longue citation de K. Marx à propos de la baisse tendancielle du taux de profit: par la guerre. Ι1 est à noter qu'au cours de la crise leur caractère inessentiel réapparaît. Le capital les sacrifiera à son autonomie. En revanche, l'attitude du capital vis-à-vis du prolétariat est différente étant donné que c'est lui qui apporte l'incrément de valeur qui est source de vie du capital. Au cours de la crise, c'est plutôt le prolétariat qui peut menacer le capital: 1a révolution.

 

Si donc, la crise est trop forte, il ne reste que la guerre pour sauver le capital. Celle-ci se présente à la fois comme une branche de production et, la consommation par excellence. Non seulement des marchandises inutiles sont consommées, mais le sont aussi des hommes devenus à leur tout inutiles, produits sur le temps de surtravail de l'espèce; ce qui veut dire qu'ils ne lui sont pas nécessaires. Les classes moyennes seront donc sacrifiées. D'où leur terreur devant 1a guerre; terreur qu'elles essaient de faire partager au prolétariat. Or, celui-ci sait, par toute l'histoire de l'affrontement de classe avec la bourgeoisie, que la guerre peut faciliter l'acte lirateur, l'explosion révolutionnaire. Il en fut ainsi en Octobre 1917.

 

 

Ε. Travail productif et classes moyennes.

 

 

Parvenu à ce stade de la généralisation du salariat, et donc de la domination de la valeur d'usage, de l'homme - tous le services étant transformés en services pour le capital - la différence entre travail productif et improductif tend à s'estomper, non pas en ce qui concerne le prolétariat, car pour lui, il ne fait aucun doute que seul son travail est productif, mais, vis-à-vis du capital et des classes moyennes. En effet, le travail qui permet la réalisation de la plus-value se présente comme utile et donc productif puisque grâce a lui un autre cycle de production devient possible. Dans son analyse du «travail productif chez Storch: la production intellectuelle », K. Marx écrit: « Un philosophe produit des idées, un poète des vers, un pasteur des sermons, un professeur des manuels. Un criminel produit des crimes. Si l'on considère d'un peu plus près le rapport qui existe entre cette dernière branche de production et l'ensemble de la société, on reviendra de bien des préjugés. Le criminel ne produit pas seulement des crimes, mais encore le droit criminel, le professeur qui fait des cours sur le droit criminel, et jusqu'au manuel inévitable où ce professeur condense son enseignement en vue de la vente. Ι1 y a donc augmentation de la richesse nationale, sans compter le plaisir de l'auteur du manuel».

 

« Le criminel produit en outre toute l'organisation de la police de la justice criminelle, les agents, les juges, le bourreaux, les jurés, etc...; et les diverses professions qui constituent autant de catégories de la division sociale du travail, développent les diverses facultés de l'esprit humain, créent de nouveaux besoins et de nouvelles manières d'y satisfaire (voici définie de façon lapidaire la théorie moderne des besoins, n.d.r.). La torture, à elle seule, a donné lieu aux inventions mécaniques les plus innieuses et occupé toute une foule d'honnêtes ouvriers à la production de ses instruments.

 

Le criminel produit une impression soit morale, soit tragique et rend ainsi «service » au mouvement des sentiments moraux et esthétiques du public. En dehors des manuels sur le droit criminel, du code criminel et des législateurs, il produit de l'art, de 1a littérature, des romans, voire des tragédies comme le montrent Les Brigands  de Schiller ou Oedipe et Richard III Le criminel interrompt 1a monotonie et la sécuriquotidiennes de la vie bourgeoise. Ιl la défend ainsi contre le marasme et fait naître cette tension inquiète, cette mobilide l'esprit, sans quoi le stimulant de la concurrence elle-même finirait par s'émousser. Ιl donne donc une nouvelle impulsion aux forces productives. Le crime enlève au marché du travail une partie de la population en exdent, diminue la concurrence entre les ouvriers et empêche, dans une certaine mesure, le salaire de tomber au-dessous du minimum; et d'autre part, la lutte contre le crime absorbe une autre partie de la population. Le criminel apparaît donc comme un de ces facteurs qui établissent l'équilibre salutaire et ouvrent toute une perspective d'occupations utiles.

 

Nous pourrions montrer en détail les influences du criminel sur le développement des forces productives. L'industrie des serrures connaîtrait-elle son actuelle prospérité s'il n'y avait pas de voleurs. La fabrication des billets de banque en serait-elle arrivée à la perfection d'aujourd'hui s'il n'y avait pas de faux-monnayeurs. Le microscope aurait-il pénêtré dans les sphères commerciales (cf. Babbage) sans 1a fraude commerciale? La chimie pratique ne doit-elle pas autant à la falsification des marchandises et aux efforts faits pour la découvrir qu'au zèle innieux des honnêtes gens? Par des attaques sans cesse renouvelées contre la propriété, le crime provoque de nouvelles mesures de défense et a la même influence productive que les grèves qui font inventer les machines. Et, si l'on quitte 1a sphère du crime privé, aurions-nous un marché mondial, s'il n'y avait pas eu des crimes nationaux. » L. IV, t. 2, pp. 162-63).

 

Ce fragment fute de façon ironique 1a prétention des intellectuels à produire des valeurs supérieures ou des valeurs tout court. Ι1 s'adapte - mutatis mutandis - à tous les apologistes actuels du capital qui justifient toutes les manifestations de celui-ci par une théorie des besoins. D'autre part dans un autre passage du livre IV, K. Marx expose quel est le devenir de certains travaux que l'on présente comme nécessaires: «Si l'homme a autonomίsé sous une forme religieuse son rapport à sa propre nature, à la nature exrieure et aux autres hommes, à tel point qu'il est dominé par ces représentations, on a alors besoin des prêtres et de leur travail. Mais avec 1a disparition de la forme religieuse de la conscience et des rapports, le travail du prêtre cesse aussi d'entrer dans le procés social de production. Le travail du prêtre cesse avec le prêtre; de même cesse avec le capitaliste le travail qu'il accomplit en tant que capitaliste ou qu'il fait accomplir par un autre.» (t. 8, ρ. 175). Ι1 en est de même du capital et des classes moyennes.

 

Le capital produit une quanti énorme de marchandises. Toute activiqui sera apte à les écouler, à les faire consommer, sera productive [10]. La production crée des besoins, mais non de façon immédiate. Ιl faut des intermédiaires entre les consommateurs po­tentiels et les marchandises accumulées sur le marché; il faut un entremetteur qui excite chez l'homme le désir de consommer, lequel asservit à ses exigences la vie privée elle-même. Ι1 faut donc des hommes pour assurer toutes ces fonctions: c'est une autre genèse, complémentaire, des classes moyennes.

 

Ι1 ne suffit pas de faire acheter, il faut que l'achat se renouvelle souvent. Car il est nécessaire d'entretenir une propension à la con­sommation. Ici, la théorie des besoins se mue en théorie du progrès (notre entremetteur se mue en progressiste) indéfini qui ne peut se réaliser qu'en l'augmentation indéfinie d'une richesse matérielle continuellement renouvelée. Ce qui est en même temps, le mépris du passé et de 1a richesse matérielle [11] (c'est l'autre aspect subjectif de la dévalorisation que nous avons précédemment analysée). L'homme est transformé en un thésaurisateur d'une richesse évanescente, à peine acquise, dévalorisée. S'il n'en était pas ainsi, cela voudrait dire que la production serait encore - en une faible mesure, il est vrai - pour l'homme. Or, on ne demande pas à celui-ci de consommer des valeurs d'usage, mais de réaliser des valeurs d'échanges, de permettre leur valorisation. Elle ne le peut que si elle se métamorphose de marchandice, où sa valeur d'usage freine son mouvement, en argent où elle retrouve toute sa mobilité. «Dans le capital, la consommation de la marchandise n'est pas une fin; elle fait partie du procès de production; elle apparaît comme moment de la production, c'est-à-dire de ce qui pose la valeur (Wertsetzens). » (Fondements, t. 2, pp. 28-29).

 

C'est pourquoi si, comme dit K. Marx, « derrière l'invisible mesure des valeurs, le dur agent est là qui guette », derrière la consommation des marchandises, le dur capital est là qui guette. Cela se manifeste clairement lorsque l'homme ne veut pas consommer. Le capital recourt alors à des moyens violents - économiques évidemment (il agit selon son être) - pour le contraindre. C'est le cas de 1a construction, de nos jours; on oblige les hommes à dépenser un tant pour cent de leur salaire pour le loyer ou pour l'achat d'un appartement. Le capital ne peut pas accepter que la valeur se fixe; il ne peut pas accepter que le prolétariat puisse avoir à sa disposition une certaine réserve même sous un aspect fallacieux: monétaire. Aussi cherche-t-il tous les moyens pour lui arracher ce qu'il lui a donné en salaire.

 

Augmenter la consommation pour accroître la vitesse de circulation des marchandises, donc du capital, tel est le «travail» auquel s'adonnent les individus qui «vivent du produit net». K. Marx raillait les intellectuels en leur montrant que le crime aussi était productif. Les apologistes actuels du capital en défendant une illusoire productivi des classes moyennes défendent le crime lui-même. Car n'est-ce pas un crime contre l'humanité que de la condamner à vivre dans une telle société ?

 

 

F. Productivi- Temps disponible - Loisirs.

 

 

Le capital produit du temps libre, disponible; c'est en définitive du temps dédié à la consommation du capital. L'ouvrier qui produit pendant onze mois ou onze mois et une semaine de l'année, accumule plus ou moins bien une certaine quantité d'argent pour le mois ou les trois semaines de congé. Durant cette période, il va se comporter comme n'importe quel consommateur improductif et νa perdre l'apparence de réserve qu'il aura acquise dans les mois antérieurs. Mais cela a d'autres conséquences:

 

(a) Planification de 1a production. Pendant une période donnée, celle-ci est ralentie. Cela permet de diminuer la tension qui peut se manifester sur le marché, en même temps, les ouvriers ne peuvent pas intervenir, revendiquer, etc... puisque dispersés. C'est pendant ce laps de temps que le capital recourt à des transformations, réorganisations de l'entreprise qui, dans 1a plupart des cas, sont défavorables aux prolétaires.

 

(b) Possibilité de faire fonctionner des «industries» qui sont totalement parasitaires comme le tourisme ou la culture de masse. L'ouvrier comme l'homme des classes moyennes devient la proie docile des idéologues du capital.

 

(3) Au cours de ce congé, l'ouvrier devient perméable à l'idéologie de la classe dominante. K. Marx disait dans les Manuscrits de 1844: tout le désir des bourgeois est de voir l'ouvrier mettre de l'argent à la caisse d'épargne, afin qu'il se comporte comme un bourgeois, ait des réflexes de bourgeois; non pas remettre en cause la production de plus- value, mais défendre 1a valorisation du capital [12]. Le capitalisme veut plus, à l'heure actuelle. Ι1 veut noyer le prolétariat dans les classes moyennes et proclamer, ainsi qu'il n'existe plus. La base de cette négation, c'est 1a généralisation du salariat.

 

À vrai dire, cette tendance n'est pas nouvelle. Elle se manifeste, seulement, avec plus de virulence, étant donnéee la domination réelle du capital. En effet, les économistes bourgeois du siècle dernier vantaient le développement du machinisme qui, en augmentant la productivité du travail, aurait l'heureux effet suivant: «Le propriétaire foncier et le capitaliste profiteraient non pas de l'accroissement de leurs rentes ou de leur profits, mais de la répartition des mêmes revenus sur des marchandises d'une valeur considérablement réduite. Quant à 1a condition des classes laborieuses, elle se trouverait aussi considérablement améliorée, 1° par une demande plus considérable de domestiques; 2° par le stimulant que les revenus nets, abondants, communiquent toujours à l'épargne, et 3° par le bas prix des articles de consommation que payent leurs salaires. » (D. Ricardo, Principes de l'économie politique et de l'impôt, Ed. Costes, 1934, t. 2, p. 218).

 

K. Marx commente ce passage de la façon suivante: «Jolie perspective que cette transformation d'une certaine partie des ouvriers en domestiques! Quelle consolation également pour les ouvriers que de se dire que l'accroisssement du produit net ouvre au travail improductif de nouvelles sphères qui vivront du produit des ouvriers et dont l'intérêt se lie plus ou moins directement à celui des classes exploiteuses.» (Livre IV, t. 5, p. 158).

 

Propriétaires fonciers et capitalistes en tant que personnages ont été balayés de 1a production, mais la tendance est la même: faire des ouvriers des domestiques du Capital. C'est en quoi consiste l'activité des classes moyennes qui accomplissent des services pour le capital, mais n'effectuent aucun travail productif. L'intérêt de ces classes se lie à celui du capital: transformer des ouvriers en domestiques, c'est détruire la force révolutionnaire du prolétariat.

 

On comprend alors pourquoi la question des loisirs octroyés revêt une telle importance de nos jours. Bien qu'il faille ici encore faire remarquer que les nécessités du devéloppement du capital peuvent le conduire à renier ce qu'il proclame aujourd'hui et donc, à réduire de nouveau ce temps libre, parce qu'il aura besoin - dans des domaines donnés - d'une plus grande quantité de plus-value. Les loisirs ne sont intéressants que s'ils sont une affaire pour le capital, ce qui implique que l'ouvrier ne peut pas se reposer librement: son temps de repos doit être celui de consommation pour le capital. Le jour où ceci n'est plus possible, le capital essaiera de reprendre ce qu'il a, auparavant, accordé.

 

 

G. Mouvement du Capital - Fixation des hommes.

 

 

On voit ainsi comment l'augmentation de la productivité du travail, l'augmentation du temps disponible avec leurs corollaires, la dévalorisation de la force de travail et la diminution du nombre des prolétaires, s'accompagne d'une généralisation du salariat. Le capital reproduit artificiellement le rapport sur lequel il est fondé, parce qu'il ne peut pas détruire l'appropriation privée. D'autre part, l'activité humaine assujettie au capital s'ordonne maintenant de 1a façon suivante:

 

A. Un groupe d'hommes productifs: les prolétaires. Β. Un autre lié au capital de la façon suivante: 

(a) Une partie directement intéressée au développement de celui-ci, parce qu'elle touche un quantum de plus-value sociale. Elle gère le capitalisme; elle est en fait la classe des capitalistes.

(b) Ceux qui vivent aux dépens de la plus-value, parce qu'ils permettent sa réalisation: ce sont les classes moyennes.

(c) Ceux qui défendent l'appropriation du travail non-payé (ils vivent aussi aux dépens de la plus-value) et en garantissent 1a perpétuation: la police, les gendarmes, l'armée, etc... en un mot, l'État.

 

Ceci est compréhensible parce que nous avons vu comment le capital domine d'abord dans le procès de production immédiat: despotisme de fabrique (Livre Premier), puis comment il s'est assujetti toutes les valeurs d'usage (étude du capital fixe dans le Livre Deux et dans les Grundrisse), s'est emparé du commerce et est devenu autonome sous la forme de capital financier (Livre Trois et les Grundrisse). De même qu'il en arrive à présupposer les νaleurs individuelles (prix de production), il tend à présupposer toutes les activités qui les produisent ou permettent leur réalisation. Cela veut dire que le capital s'est assujetti la société dans son ensemble et a conquis l'État, instrument de domination de celle-ci et donc du prolétariat. Tout homme a une fonction qui doit être utile au capital; elle est donc médiatisée par lui, ce qui est la généralisation de 1a forme salariale. « On comprend maintenant l'immense importance que possède dans 1a pratique ce changement de forme qui fait apparaître 1a rétribution de 1a force du travail comme salaire du travail, le prix de la force comme prix de sa fonction. » (Livre Ι, t. 2, p. 211). Ι1 y a donc mystification généralisée et masquage du rapport social fondamental, créateur de plus-value: celui entre ouvriers et capital. « Cette forme qui n'exprime que les fausses apparences du travail salarié, rend invisible le rapport réel entre capital et travail et en montre précisément le contraire; c'est d'elle que dérivent toutes les notion juridiques du salarié et du capitaliste, toutes les mystifications de la production capitaliste, toutes les illusions lirales et tout les faux-fuyants apologétiques de l'économie vulgaire». (Ibid.). Mais une telle généralisation de la forme salariale est dans le même temps une affirmation négative, mystifiée, du communisme.

 

Elle exprime, par ailleurs, une autre contradiction: le capital, valeur en procès perpétuellement en mouvement, a besoin de fixer les hommes en des situations données afin de garantir l'autonomie de son procès. Ainsi, i1 tend à se comporter comme les sociétés anciennes caractérisées par leur propension à «rendre les métiers héréditaires, à les pétrifier en castes ». (Ibid., page 31). C'est un aspect du féodalisme industriel dont parlait Fourier. Ιl est l'affirmation de la domination absolue du capital sur la société humaine. Dans la même mesure où il tend à nier la valeur, il tend à nier les classes, mais il ne peut pas les détruire. C'est dans cette tentative que réside la plus haute expression de la mystification du capital, laquelle est la base de la démocratie sociale actuelle, c'est-à-dire le fascisme. S'il n'y a plus de classes, la démocratie pourra se réaliser; pour les marxistes, c'est le moment où elle disparaît. (Cf. Lénίne: L'État et la Révolution).

 

 

Note à propos de salariat et fonction.

 

Dans le texte allemand il n'est pas question, dans la phrase reportée ρ. 132, de fonction: « On conçoit l'importance de la transformation de la valeur et du prix de la force de travail dans la forme du travail salarié ou dans la valeur ou prix du travail lui-même ». (Werke, t. 23, p. 562). En conquense il semblerait que nous ayons fait dire à K. Marx, par Roy interposé, plus qu'il n'aurait voulu expliciter. Or, comme ceci a une très grande importance pour la suite de cette étude, il est bon de vérifier s'il y a eu ou non distorsion de la pensée de K. Marx. À 1a page suivante (563) on peut lire: «Enfin, 1a valeur d'usage que l'ouvrier fournit au capitaliste, n'est pas en réalité sa force de travail, mais sa fonction (souligné par nous, n.d.r.) un travail utile, déterminé... ».

 

Ceci est absolument logique puisque ce qui interesse le capital dans la force de travail, c'est sa valeur d'usage, son aptitude à être consommée et elle ne peut l'être que si elle entre en fonction. Page suivante encore (564, p. 212 dans le texte francaίs): « Le mouvement réel du salaire présente en outre des phénomènes qui semblent prouver que ce n'est pas la valeur de la force de travail, mais la valeur de sa fonction, du travail lui-même, qui est payé».

 

À ce sujet - en élargissant le champ d'investigation - nous ferons remarquer qu'il est possible de présenter 1a théorie de K. Marx non plus réductible à un structuralisme, mais à un fonctionalίsme. On pourait étayer cette « présentation » avec les argument suivants: K. Marx considère le capitaliste comme ayant une fonction à remplir dans le procès de production puis, quand il y a séparation entre propriété du capital et fonction du capitaliste, il décrit le ravalement de ce dernier au rang de fonctionnaire; il envisage les différentes figures du capital: capital-marchandise, capital-argent etc..., comme ayant des fonctions dans le procès de production total, etc...

 

Ι1 est bien vrai qu'une telle entreprise théorique témoignerait d'un crétinisme certain, tout aussi affirmé que celui de ceux qui immergèrent K. Marx dans le structuralisme. Cependant toute démarche, même si elle aboutit à la démence, repose sur une donnée réelle. En tant qu'être, le capital a une structure déterminée, le mode de production capitaliste - l'efficace de cette structure c'est le capital lui-même - et il est un ensemble de fonctions.

 

La pensée rackettiste a besoin d'originalité et d'aliénabilité (il ne suffit pas de produire, i1 faut vendre); elle autonomise, pour ce faire, des particularités sur lesquelles elle fonde un discours apte à concurrencer les autres, taxés alors d'idéologie, dans «l'espace théorique », l'espace de la folie du capital. (Note de mai 1972).

 

 



[1] Les opérateurs économiques, les promoteurs et divers spéculateurs qui ne possèdent pas le capital, puisque celui-ci est social, mais qui ont une participation à l’exploitation. Ce sont eux qui forment en réalité la classe capitaliste en domination réelle du capital.

 

[2] Le compte-tendu de cette réunion rédipar A.Bordiga est Volcan de la production ou marais du marché? Cf. Ι1 programma comunista 1954, numéros 13 à 19, (republié en volume avec Proprieté et capital en février 1972 à Turin par le groupe  Sinistra comunista (note de mai 1972).

 

[3] Souligné par nous n.d.r.

 

[4] « Um Leib und Seele zusammenhalten » afin de maintenir corps et âme unis.

 

[5] En français dans le texte.

 

[6] (1) Cf. 1a même affirmation Livre IV, t. 8, pp. 121-22.

 

[7] Ι1 y a fixation, puisqu'une fraction de la plus-value est consommée pοιιr payer le travail nécessaire de ces hommes. Nous laissons de côté le rôle que peuvent jouer, ici, les impôts.

 

[8] Cette analyse de la formation de nouvelles classes moyennes n'est valable qu'à un moment donné de 1a vie du capital. À l'heure actuelle, en pleine domination réelle du capital sur 1a société, ceci est totalemente passé. (Note de mai 1972).

 

[9] Ensuite tout n'est que valeur, même l'homme puisqu'il est une marchandise. S'il garde l'aspect de valeur d'usage pour le capital, il est bien une valeur dans le plein sens du terme. Seulement sa valeur se réalise dans une production, donc dans un usage. Les autres ne peuvent se réaliser qu'au travers de 1a circulation. Par là-même, toute différence tend à s'estomper Les valeurs apparaissent comme ayant des fonctions différentes. On peut dire que 1a force de travail n'apparaît plus que comme valeur, son aspect humain a disparu à force d'avoir été assujetti à cette dernière.

 

[10] K. Marx montre dans les Grundrisse que tout travail qu'il faut dépenser pour faire circuler la valeur est du temps de travail nécessaire, qui diminue le temps de sur-travail. Donc nouvelle contradiction du capital qu'il surmonte en apparence en faisant du travail humain du travail nécessaire pour lui. Mais cela n'enraye par 1a dévalorisation. Nous ne faisons que signaler le fait, celui-ci demandant de trop longs développements.

 

[11] «L'industrie moderne ne considère et ne traite jamais comme définitif le mode actuel d'ιιn procédé». (L. Ι, t. 2, p. 165). C'est la base du renouvellement constant des produits et donc d'une consommation répétée.

 

[12] Pour les bourgeois: «L'ouvrier doit avoir juste assez pour vouloir vivre et ne doit vouloir vivre que pour posséder »: (Manuscrits de 1844, p. 103).