Un autre devenir





Je ne désire pas vous souhaiter une nouvelle année mais un autre devenir.


Pour cela je dois vous signaler le point d'aboutissement de mon investigation qui s'est conclue juste à la fin de 2018 et qui concerne mon devenir et celui de l'espèce. En ce qui me concerne je suis parvenu à me connecter à ma naturalité et à la puissance de l'enfant que je fus et non à un enfant intérieur. Pour l'espèce il s'agit de la fin de l'errance. Avec le mouvement du capital elle pense avoir atteint une sécurité et être sortie de la dépendance, de l'enfance. Autrement dit la prématuration du bébé humain a été cause d'un traumatisme – à partir du moment où elle s'est trop séparée du reste de la nature et a perdu la continuité. L'enfant et sa supposée infirmité – sa dépendance - est ce contre quoi les hommes vont lutter. Il faut sortir de l'enfance et cette exigence s'imposa tant aux hommes qu'aux femmes. Mais cela redoubla d'intensité chez les hommes du fait que les femmes sont assimilées à des enfants (l'état d'enfant est le paradigme de l'infériorité) afin de les dominer. Ceci implique qu'on ne peut pas étudier l'assujettissement des femmes par les hommes sans tenir compte de la répression sur les enfants qui est à la base de toute la dynamique de celle-ci qui s'impose au départ comme une dynamique de protection: se protéger contre un risque d'extinction.


La dynamique de l'inimitié s'origine dans la lutte contre la nature et contre la naturalité cause de notre dépendance. Donc, lutte contre les êtres vivants, les phénomènes naturels, et lutte contre les enfants.


On ne doit pas omettre que toute dépendance dérive d'une séparation car elle crée un manque, une incomplétude que ce soit dans une dynamique positive afin de se séparer de quelque chose qui apparaît comme un obstacle à un développement ou dans une dynamique négative lorsqu'on subit ce qui est vécu comme une perte ou un abandon. Dans tous les cas au niveau de l'espèce comme de l'individu cela induit la mise au point d'un grand nombre de représentations compensatrices et justificatrices.


L'espèce ne se déploie plus dans l'errance mais dans l'artificialité qui nécessite une innovation toujours redéployée pour justement «créer» un substitut à tous les manques, c'est-à-dire toutes les données naturelles rejetées.


Au niveau individuel s'impose à chacun, à chacune de retrouver sa naturalité ce qui implique de revivre son enfance et la dépendance où elle fut placée, où il fut placé et, par là, se rendre apte à saisir ce que fut la communauté originelle de Homo sapiens. Dans cette dynamique tend à se réaliser l'individualité-Gemeinwesen et l'espèce n'est plus une entité séparée susceptible d'être hypostasiée. Dit autrement: on n'a pas à créer quoi que ce soit mais à retrouver la continuité.


Je me trouve dans une situation comparable à celle qui me conduisit à mettre fin à la rédaction des gloses en marge d'une réalité - une sorte de séparation non mutilante parce qu'elle visait à centrer l'investigation sur le devenir hors ce monde – je pense nécessaire d'abandonner la dynamique de la mise en évidence des possibles tant actuels qu'historiques de l'inversion, mais dire, signaler sa réalisation. On ne doit pas faire comme si elle était déjà réalisée, car le comme si dans ce cas a une dimension conjecturelle. Or, pour moi l'inversion ne dépend pas d'une conjecture (cf. Positionnement).


Les éléments fondamentaux concernant l'enfance ont été exposés dans De la vie, Addendum 2010 et Gloses IX. C'est dans ce dernier texte qu'est abordée la question du rapport enfance et esclavage, suggérée activement par Viviana Pâques. Pour moi le contenu des deux est la mise en dépendance, en sujétion, et donc recèle la dynamique de l'inimitié dont on ne peut échapper que si nous changeons totalement notre approche du bébé, de l'enfant.


Je vous transmets un résumé et n'ai pas rapporté en particulier comment, enfant de sept ans j'ai essayé de comprendre ce qu'adulte je nomme spéciose-ontose à travers la recherche d'une réponse à diverses questions comme: pourquoi les adultes sont-ils si méchants? Ou: à quoi ça sert la vie?


J'ajoute que je compte porter à bout la rédaction de la totalité de ce qui est prévu en ce qui concerne Émergence de Homo Gemeinwesen.


Fuir la dépendance vis-à-vis du temps c'est vivre un autre devenir: ce que je vous souhaite.


Affectueusement,



Jacques.


05 janvier 2019